Alchemy || PV Alessandra Petrovsky

La musique sur les oreilles, à fond, portant son casque et battant le rythme du pied, Jim était assis au bureau de la salle commune des A. Autour de lui, certains bossaient, d’autres discutaient. Devant lui, des fiches étalées, et plusieurs ouvrages, dont un ouvert, sur lequel glissait son regard concentré.  De la mutation génétique et de l’évolution de l’être humain. « Encooooore sur ce bouquin ? Ca te suffit pas de t’être fait coller ? » Jim mit un temps à capter qu’on lui parler, releva finalement la tête pour esquisser  un sourire. « Nan ça m’suffit pas.» Oui, le cours de bio des A avait été animé aujourd’hui. La sublime professeur, Mademoiselle Petrovsky, faisait son cours tranquillement, s’appuyant sur son propre Essai pour argumenter, jusqu’à ce que Jim - soit, en cours, Monsieur-je-sais-tout - prenne la parole pour parler d’un autre scientifique qui élaborait une théorie allant à l’encontre de celle de la prof. Cette intervention, qui prouvait encore une fois que Jim était un élève d’exception (les autres n’ayant jamais entendu parler du dit-auteur) était d’abord innocente, intéressante même. Mais le blond, ayant l’esprit taquin, n’avait pas lâché le bout de gras, et avait continué à contredire sa prof, de façon de plus en plus virulente. Finalement, un véritable débat s’était ouvert et, provocateur, Jim était allé trop loin, remettant en question tout le chapitre.

Ce n’était pas question de briller, ni de vexer la prof. Première chose, il avait voulu comprendre. Il n’aimait pas les mystères, les doutes. Deux théories, il voulait comprendre, éclaircir et trouver la vérité. Et puis, il fallait l’avouer, il avait cherché à tester cette nouvelle prof. Quoi, c’était leur deuxième cours avec elle, elle avait bien le droit à un bizutage. Bon, voila, ça s’était terminé en heure de colle, Mlle Petrovsky étant, aussi joueuse et taquine que lui, l’avait provoqué et nargué avec cette punition. Bien. Ca ne rendait leur petite rivalité que plus intéressante.

Affaires rangées, le blond se dirigeait désormais vers le laboratoire, sac sur l’épaule. C’était donc l’heure de sa colle. Étonnamment, il n’avait pas pour ordre de se rendre dans la salle de colle, surveillé par un pion. Non, il devait passer sa colle dans le labo, surveillé par la sublime professeur de bio. Quel honneur. Un léger sourire narquois aux lèvres, le blond traversait les couloirs, un sourire de vainqueur aux lèvres : si elle tenait à s’occuper personnellement de sa colle, c’est qu’il l’avait intêressée, d’une manière ou d’une autre. Oh, détrompez vous, il n’avait pas cherché à l’intêressé de la façon que vous pensez. Mlle Petrovsky était une sublime créature, mais plus important que ça, Jim avait souhaité l’affronter sur le terrain des savoirs, des connaissances, se mesurant à plus forte que lui. Il était l’un des premiers A, toutes matières confondues. Véritable surdoué, il ne trouvait pas vraiment d’égal avec qui converser de choses intêressantes. Il y avait bien Jess et Anshu, mais l’une préférait picoler, quand l’autre se montrait toujours d’une humeur glaciale.

Bon, il fallait l’avouer, cette rivalité de génies n’en était que plus intéressante lorsque l’adversaire était une véritable bombe, un fantasme réel, qui plus est, posant sur lui un regard... gourmand ? Il toqua, puis entra, et posa son regard sur elle en même temps que son sac sur la table la plus proche. « Bonsoiiiiir. ♪ » Timidité ? Honte ? Regret ? Désolé, ces choses n’existent pas dans l’univers de Jim.

« Ah, mon rencard de ce soir est là. » Jim haussa un sourcil, penchant légèrement la tête, son sourire s’élargissant légèrement.

« J’espère sincèrement que je ne vous prive pas d’une beuverie entre potes. »
« Il y en aura d’autres. »
« Allons, approchez vous, et asseyez vous ici. Mettez vous à l’aise.  »

Wow, la table du boss ? Bien. Saissant la bandoulière de son sac, il continua sa marche pour arriver jusqu’au centre la salle, à son bureau à Elle. Il laissa tomber son sac à terre et, désinvolte, fit ce qu’elle lui avait demandé : il se mit à l’aise, bien appuyé contre son dossier, avachi, les mains jointes sur son ventre, les pieds croisés, jambes tendues. « Avant toute chose, je vous dois des excuses. Je ne pouvais pas vous laisser saper mon autorité devant toute la classe. Vous comprenez ça, n’est-ce pas? » Etonnement. Premièrement, elle l’accueillait avec politesse, de façon très amicale. Et maintenant, elle... s’excusait ? « Je comprend. Je m’excuse de vous avoir provoqué devant eux. J’aurai dû vous demander des explications en privé. » Elle enchaîna en lui expliquant qu’en vérité, elle avait aimé son comportement. Qu’il s’était montré audacieux, et qu’elle aimait ça. Jim la fixait, souriant toujours, l’air sûr de lui. Car il l’était, presque toujours.

Il eut néanmoins un léger sursaut lorsque, derrière le bureau, un placard s’ouvrit, sans qu’elle ne détache ses mains jointes sous son menton. Une bouteille et des verres en sortirent, se dirigeant vers eux, d’une façon adroite. Ils vinrent se poser entre eux, et la bouteille déversa d’elle-même de son contenu dans les deux verres. Jimmy avait observé tout le phénomène, d’abord surpris, mais se rappelant bien vite quel était le pouvoir de la scientifique. Il l’avait regardé plusieurs, à aucun instant elle ne l’avait quitté des yeux, n’ayant besoin d’aucun contact visuel avec ses objets pour les contrôler. « Impressionnant. » Admit-il alors qu’elle saisissait un verre pour le poser devant lui. Elle lui sourit.

« Vous êtes brillant Jim. Je suis très avare de ce compliment. De vous à moi, la seule autre personne que je connaisse qui le mérite, c’est moi-même. Alors trinquons. A vous, à moi, et à l’incertitude. » Il haussa les sourcils, s’esclaffant légèrement. « Me voila honoré. » Admit-il, inclinant légèrement la tête, et se saisissant du verre. Ils entrechoquèrent ces derniers, et y trempèrent leurs lèvres, sans se quitter du regard. Vodka, délice. Il prit le temps d’apprécier cette gorgée brûlante, tendant le bras vers la bouteille pour la faire pivoter, se penchant légèrement en avant, lisant l’étiquette, intéressé. Et, levant les yeux vers elle, il ajouta : « Quel genre de prof fait boire un élève pendant une heure de colle, lors de sa première semaine dans un établissement ? » Il haussa un  sourcil, souriant. Le genre de prof qu’il appréciait, assurément. Mais il était curieux. Très curieux, envers elle. Qui était-elle, pour être si différente de toutes les profs qu’il ait pu avoir dans sa vie, qui plus est, en sciences. Elle avait quelque chose de complètement décalé. Hors normes. Hors barrages. Outlaw. Première semaine, et elle enfreignait déja quelques règles, rien que ce soir. Il porta de nouveau son verre à ses lèvres, la fixant toujours.

Jim l’écoutait, faisant tournoyer distraitement le liquide dans son verre, fixant ce dernier, mais restant néanmoins à l’écoute de tout ce que son professeur disait. Sourire. Elle non plus n’aimait pas rentrer dans une case. Obéir aux dictâts de la société. Beaucoup disaient ça - n’importe qui tenai ce discours - mais bien moins nombreux étaient ceux qui, réellement, l’appliquaient.Tous se pensent différents, mais seule une poignée sort réellement du lot. C’est ce qui valait à Jim sa notoriété, et elle l’avait bien compris. « C’est paradoxal non? On est identiques parce qu’on ne ressemble à personne d’autre. » Il leva les yeux vers elle, l’observant. Tout deux semblaient se cerner l’un l’autre, mais seulement en surface. Et tout deux semblaient vouloir en apprendre plus sur l’autre. Curiosité réciproque. Il pencha la tête sur le côté.

« J’ai entendu dire que vous étiez proche du professeur Crane, de Nemesis et Guess, pendant vos années d’études ici, à Prismver. Est-ce que eux aussi sont... différents ? Est-ce que seuls les moutons noirs peuvent s’attirer vos bonnes grâces ? »

Etait-elle du genre à rejeter les gens conformistes ou, au contraire, comme Jim, était-elle d’une grande tolérance, acceptant ce que chacun est, même si il n’est que le reflet de nombreux autres ? Jim était plutôt du genre à penser que l’homme est fait de milliards de facettes, et que chaque être possédait des facettes intéressantes. Jim voulait les découvrir, il était avide de rencontres, d’étonnement. Oui, il était persuadé que la personne la plus banale en apparence avait, comme les autres, des ressources inattendues, étonnantes. Ca avait été le cas avec Morgan. Ce type paraîssait être le plus banal qui soit, mais aujourd’hui, il était la personne la plus intéressante et inattendue que Jim ait pu rencontrer. Jim n’aimait pas les jugements hâtifs. Juger une personne sur son look, ses fréquentations, ou quoi que ce soit d’autre. Il ne jugeait pas non plus les gens différents de lui, qui pensaient ou faisaient des choses que lui n’appréciait pas. Parce-qu’on peut être différents et s’entendre. Sa relation avec Jared en était une belle preuve. Il porta son verre à ses lèvres, puis le reposa, se servant dans le paquet de cigarettes qu’elle avait fait glisser jusqu’à lui. Il glissa le bâtonnet entre ses lèvres, l’allumant pour en tirer une bouffée. Il attendit sa réponse, curieux, évacuant la fumée légèrement sur le côté, le visage légèrement levé.

« Oui, ils sont différents. Chacun à leur manière. Mais c’est du passé tout ça. » Mmmmh. Je la sens tendue. De l’eau dans le gaz ? Maybe. Je n’insiste pas. J’ai la chance de m’être attiré les bonnes graces d’une prof sympa, sexy, fumeuse et buveuse. Je ne vais pas tenter le diable. Je glisse de nouveau sa cigarette entre mes lèvres, reportant de nouveau mon regard sur l’alcool que je fais tourner. Elle ma raconte sa vision des gens. Les moutons blancs, les noirs, le fait qu’elle recherche la compagnie d’un certain type de personnes. Alors je l’intêresse ? Flatteur. Etrange, aussi. Je n’ai jamaus eu à faire à une prof aussi directe. « Bon, assez parlé de moi. Vous êtes populaire, tout le monde vous aime. Mais vous, vous aimez quelqu’un? Une fille, un garçon, ou autre chose? Ou est ce que vous vous contentez de quelques aventures par-ci par-là? » Ok, ça pour être direct, c’est direct. J’hausse un sourcil une seconde, puis souris, restant détendu. Elle me demande si je suis amoureux, ou si je préfère me taper des relations d’un soir ? j’ai l’impression de. Je sais pas. De pas être face à ma prof, en colle. En fait, étant donné qu’on a eu que deux cours ensemble, j’ai limite l’impression d’être au bar, à discuter avec une inconnue. Sympathique. Après tou, pourquoi se mettre des barrières sous prétexte qu’elle est ma prof ? Si elle ne se conduit pas comme tel, alors je peux me permettre de sortir de mon cadre d’élève aussi. Bien, alors entrons dans les confidences, puisqu’elle le veut. Je prend une gorgée, me donnant le temps de réfléchir.

« On peut dire que j’aime tout le monde. Et à la fois personne. Je veux dire, je ne suis pas amoureux, et je suis célibataire. » Putain, c’est quand même bizarre de raconter ça à une prof. Mais j’aime les expériences bizarres. « Quand à mes relations... Je préférerais qu’elles soient sérieuses, mais j’ai tendance à être plus doué pour les dérapages de soirée que pour me trouver une copine fixe.» Je tire une taffe, plissant les yeux sur elle. « Quoi qu’il en soit, je reste rarement intéressé. Mes partenaires se comptent sur les doigts d’une main.» Je souffle. Je n’ai pas honte de le dire. Je n’ai pas eu beaucoup de partenaires. J’ai que 18 ans après tout, et puis, y’a autre chose que le cul dans la vie. Quoi qu’il en soit, mes partenaires en question ont tous été ravis de mes prouesses, c’est tout ce qui importe. Et puis, allez, j’avoue aimer le fait d’être quelqu’un de difficile, que n’importe qui ne peut pas mettre dans son lit. Ouais, j’aime me faire désirer. J’adore ça.