I feel so far from the sky | Personne n’avait réussi cet exploit jusque là. Il y avait eu énormement d’occasions pourtant, notamment la nonchalance de Céleste Remington face à la tentative de suicide de son frère. Ce jour-là, la suédoise avait bien cru qu’elle bougerait jusqu’au bungalow des S pour lui casser la figure, mais elle s’était résignée. Elle avait beau se savoir en mesure d’arranger le visage de la soeur de son amie, c’est justement parce qu’elle l’était que Felicia s’était retenue. Même si c’était frustrant, ça n’était pas ses affaires, et elle n’avait aucun droit de reprocher à Céleste ce qui tenait de la famille - parce qu’elle n’en faisait pas parti.
Mais cette fois, les choses étaient différentes. Elle s’en voulait Felicia. Elle s’en voulait parce que si elle avait su, si elle avait pensé ne serait-ce qu’une seconde à sa protégée, rien ne lui serait arrivé. Elle avait ce pouvoir à présent, celui de passer d’un endroit à l’autre en un instant - et la téléportation n’était pas un pouvoir sur lequel on crachait. Elle aurait pu intervenir, mais elle ne l’avait pas fait - c’était en partie pour ça qu’elle estimait qu’elle devait régler ça elle-même.
En partie. Parce qu’elle avait beau vouloir se le cacher autant qu’elle pouvait, elle était en colère. Plus en colère qu’elle ne l’avait jamais été jusque là. C’est le regard brûlant de colère plus que d’anxiété qu’elle avait accueilli une Adèle blessée dans ses bras, réagissant aussi vite qu’elle pouvait - un téléport à l’infirmerie pour alerter les employés en question, puis elle était retournée auprès de son amie. Adèle. Pourquoi elle ? Dans toute cette école, c’était certainement la dernière à s’impliquer dans cette guerre, la dernière à mériter de se faire malmener par d’autres élèves.
Felicia était restée à son chevet toute la nuit, peinant à rester éveillée. Vers 3 heures, elle avait fini par s’assoupir, et c’était une Adèle éveillée qui lui avait fait ça. Elle avait bataillé pour savoir qui avait fait ça, et puis, elle avait fini par obtenir le nom de la coupable : Alessandra. Elle la connaissait de nom, de réputation, mais surtout parce qu’elle était une grande amie de Pythagore - mais cette fois, ça n’avait pas d’importance. Plus rien n’avait d’importance.
Elle se téléporta d’une traite dans sa cabane, ôtant ses affaires pour enfiler une tenue plus pratique. Elle retira ses rollers, enfila des chaussures de sport et fila au travers le pensionnat. Elle commença par la salle de cours des A qu’elle rejoignit en un éclair, se téléportant depuis la chambre de Léocade juste en face de la sienne - demandant des indications à quelques uns de ses camarades. Entre deux insultes, elle parvint à arracher “3ème étage” à un de ses amis, s’y rendant immédiatement.
Le trajet dura un instant, celui qu’elle prit pour sortir l’objet en rapport avec l’endroit. En un instant, elle se trouva à l’étage, balayant le couloir bondé du regard. Alessandra n’était pas bien dure à trouver puisqu’elle mettait une tête à la plupart des autres élèves, et Felicia la retrouva à l’extrémité du couloir, bifurquant vers la salle infinie. Impatiente, la suédoise se téléporta devant l’entrée de la salle dès lors qu’elle fut dans son champ de vision, ouvrant presque trop brutalement la porte de la salle infinie.
Elle était là. Juste là. La responsable de tout ça. Felicia sentait ses poings trembler sous l’effet de la colère, et la sensation lui semblait presque plaisante - parce que, pour la première fois, libérée de ses principes, elle se sentait libre de faire ce qu’elle voulait.
« C’est ton nouveau délire ? Taper sur des gamines de 13 ans ? C’est pitoyable, y’a pas d’autre mot pour le dire. Tu vas regretter ça Alessandra, amèrement. »
C’est une promesse. Et il ne vaut pas mieux la voir énervée. |