Sujet: 30/10. I don't care who you are. {Fe Alessandra}. Sam 15 Nov 2014 - 1:39
I don't care who you are. {Fe Alessandra}.
La réunion s’acheva et Gabriel n’attendit pas. Il sortit de la salle, et se mit à courir dans les couloirs vides. Sa fausse claudication devait attirer l’attention uniquement quand il y avait du monde, mais là, à cette heure, ce n’était pas le cas. Il s’avança, sans attendre, jusqu’aux bungalows du pensionnat. Sa canne ne lui servait que de fioritures. Le souffle rapide, avec ses gants en cuir, il s’avança parmi la nuit à la recherche d’Alessandra Wälkky. Il n’était jamais allé la voir, mais à présent qu’il foulait le sol de son perron, il ne recula pas, ne ressentant ni peur, ni effroi. La petite scène d’hystérie qu’elle venait d’éclater au sein de la réunion n’avait pas seulement grillé à jamais toute sa crédibilité auprès des autres, mais elle avait provoqué en Gabriel un besoin irrépressible de vengeance. Vengeance qu’il savourait depuis l’hôpital, vengeance qu’il savourait dès qu’il en avait l’occasion. Son précédent bouc-émissaire, Anarchy Scarlet, faisait presque partie du passé dans son esprit. Alessandra était maintenant sa pire ennemie. La sainte salope qu’il lui fallait éliminer par tous les moyens.
Il frappa frénétiquement contre sa porte. Avec une telle énergie, une telle vigueur qu’elle aurait pu réveiller tout le pensionnat si les bungalows n’avaient pas été isolés. Il allait s’imposer d’autorité. D’autorité, parce qu’il n’attendit pas son autorisation. D’autorité, parce qu’à peine la porte fut entrouverte qu’il y passa sa canne, et qu’il rentra à l’intérieur du petit bâtiment en bois. Il avança vite, s’appuyant sur sa troisième jambe pour qu’elle ne comprenne pas ses mensonges sur son état de santé. « Mais qu’est-ce qui t’a pris, pauvre folle ? » Asséna-t-il avec vigueur. « Tu as gâché toute la réunion des A avec tes putains d’excès sentimentaux ! » Il parlait tellement vite, tellement fort, qu’il en oubliait lui-même de respirer.
« Alors qu’on doit tous être soudés, tu te la joues solo parce que t’as un problème avec moi ? Ben viens le régler, allez. Montre-moi que t’es plus mature que ça. Au nom de l’intérêt commun. »
Oh, ça sentait mauvais. Ça sentait vraiment mauvais. Sa chemise lui permettait de porter un petit stylo sur une poche, un stylo doté d’une caméra. Gabriel Richardson-Oswald voulait provoquer un scandale. Un énorme scandale, quitte à se mouiller lui-même, pour couler une ultime fois celle qui avait voulu péter un plomb contre lui, celle qu’il avait empoisonné, sur qui il s’acharnait depuis son retour de l’hôpital. Depuis ce moment, où, amnésique, elle avait bien failli le détruire et l’emporter dans une vague de déprime incommensurable. Alessandra, je vais te faire tomber.
« T’as voulu me voir crever, malheureusement pour toi je suis encore là. Je compte pas partir. On va régler nos comptes. J’aime Nathan. J’ai pris son nom. Je m’appelle Oswald-Richardson, quel putain de problème ça peut te faire ? C’est ma vie, pas la tienne. C’est ma vie, celle que tu voulais que je perde. En quoi ça te regarde ? »
Oh, non, Gabriel ne perdait pas son calme. Gabriel maîtrisait parfaitement ses émotions. Gabriel maîtrisait parfaitement la situation. Gabriel était un sociopathe, et il allait encore une fois le prouver.