Time to be happy [PV Jessica ♥]

Pourquoi attendais-je depuis quinze minutes dans cette rue, esseulée, l'air paumée déjà? Ah oui. Un crétin avait due sûrement m'envoyer un LMS pour me faire une petite blague au lieu de proposer un quelconque rendez-vous et idiote comme j'étais je m'y suis rendue. Oui, bien sûr. Tellement prévisible de s'en prendre aux gens comme ça. Tellement intelligent. Ce genre de comportement m'exaspérait au plus haut point. Piétinant encore pendant une dizaine de minutes, je décidai de me résigner à faire une rencontre. Alors que je pestai, je sentis que l'on me regardait ainsi je me détournai vers un garçon qui me regardait avec insistance. Il n'était pas du pensionnat... Je le vis s'approcher dans ma direction pour me demander mon prénom mais ma personnalité revenant au galop, je lui bafouillai, rougissante, que je n'avais pas le temps. Fuyant comme une lâche quelques mètres plus loin, je m'arrêtai dans ma course pour décider de ce que je devais faire. Il faisait doux en cet après-midi de week-end alors autant se promener.

Marchant à mon rythme, mes pensées se dirigèrent vers mon paternel. Je connaissais juste vaguement son visage mais tellement de questions m'interpellaient à son sujet. Que faisait-il? Avait-il eu d'autres enfants? Était-il encore au Québec? Viendrait-il me voir un jour? Un soupire filtra mes lèvres. Toutes ces interrogations sans réponses n'étaient que plus frustrantes à mesure que j'y pensais. Et cette sœur dont ma mère m'avait parlé, est-ce que je la rencontrerai un jour? Mes seuls indices étaient Prismver et Québécoise. Mais après tout, Prismver accueillait des élèves du monde entier alors qu'est ce qu'une personne face au monde entier? Un infime grain de sable? Je ne voulais perdre espoir. Néanmoins, aussi prétentieux que ça puisse l'être, j'étais sûre que j'allais la connaître tôt ou tard et j'espérais devenir proche d'elle... Mais la réalité est tout autre.

Mes pensées se stoppèrent alors que j'arrivais devant un bar et que la soif tiraillait ma gorge. L'endroit avait l'air accueillant et pas mal de jeunes s'y rendaient le sourire aux lèvres. Qu'est ce que ça me coûterait de prendre un petit verre? Rien du tout. Alors je franchis le seuil de la porte, le personnel me saluant puis m'installant au comptoir je commandai timidement un verre de jus de fruits.

Une fois ta commande prête et servie tu te dirigeas vers le banc le plus éloigné des personnes présentes dans le bar. Tu t'assis et ruminas tes mauvaises pensées précédentes. Tu n'avais pas tellement envie de connaitre la vérité mais tu savais que ta curiosité te pousserait à faire le contraire. Verte de rage, tu te mets à siroter bruyamment ton jus de fruit. Tes pensées sont coupées par des vulgaires sifflements alors qu'une jeune fille aux longs cheveux chocolat pénétrait dans le bar. Ton cerveau se mit en pause quelques instants. Tu l'avais déjà vu, tu en étais sûre mais tu ne saurais restituer un prénom sur son visage mais tu te doutais simplement qu'elle devait être de Prismver pour t'être aussi familière. Tu haussas les épaules, désespérée par ton propre comportement et tu baisses la tête timidement car tu te sentais observée. Tu soupiras, las de ton comportement qui changeait d'un moment à un autre. Tu relèves légèrement la tête et tu vois la jeune fille précédente s'installant près de ta table et commandant de l'alcool. Tu ne fus par surprise car tu avais eu vent des échos à propos de certaines petites folies des élèves du pensionnat. Tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un petit rire en t'imaginant devenir comme ça. Tu replonges tranquillement dans tes pensées t'énervant toujours autant à propos de ta curiosité maladive. Tu essayais tant bien que mal de te persuader qu'il n'était pas important de te préoccuper de ton paternel mais une autre parcelle voulait absolument tout savoir de lui. D'un point de vue extérieur, on aurait pu croire que tu n'étais pas seule dans ta tête mais tu t'en fichais. Tu tapas rageusement du poing sur la table sentant quelques personnes qui te dévisageaient étrangement. Au diables ces abrutis, tu les emmerdais, tu n'étais pas d'humeur.

Alors que tu finissais ton verre rapidement, le serveur se pointa avec un shooter à vodka. Tu le regardas à la fois surprise et crédule. Tu n'avais jamais commandé une telle chose! Devant ton air interrogateur, il te dit simplement que c'était de la part de la brunette puis il déposa ton verre devant tes yeux et repartit tranquillement à son travail. Tu restas immobile pendant environ cinq minutes avant de te réveiller et de te décider à te bouger. Tu prends le shooter et te diriges vers la table de celle qui te l'avait offert. Tu le poses timidement sur la table et tu relèves la tête pour l'observer.

« Hum... Excuse-moi... C'est très gentil de ta part pour le verre mais je ne bois pas d'alcool alors... Euh... Au lieu de gaspiller je te le redonne et je vais te rembourser! »

Tu te rediriges rapidement vers ta place en prenant ton sac et tu rejoins de nouveau la jeune fille. Tu fouilles dans ton porte-monnaie et tu lui tends une somme au hasard afin de lui rembourser ta dette.

Alors que tu avais la main tendue vers elle, tu la regardas rire en observant ton geste. Tu arquas un sourcil en te demandant si elle se moquait de toi alors qu'elle finissait son verre d'une traite - elle a une sacrée descente pensas-tu - mais ton ressenti s'évapora alors qu'elle te souriait amicalement. Elle te propose de t'asseoir mais tu hésites tout de même un petit instant avant d'accepter. Tu poses tout de même l'argent sur le coin de la table et tu réfléchis aux possibilités qui s'offraient à toi. Soit tu fuyais poliment en déclinant son invitation prétextant une quelconque excuse soit tu restais et tu discutais tout simplement avec elle malgré ton immense gêne. Tu fus interrompu dans tes pensées par la voix de la brunette qui te demanda de confirmer ton identité. Tu fus surprise quand elle t'indiqua ton prénom. Tu savais que tu n'étais pas la plus populaire des A et qu'on passait son chemin devant toi comme si tu étais invisible. Tu l'écoutas jusque la fin et elle se présenta à son tour. Jessica... Jessica... Mais oui! C'était cette fille! Celle qu'un certain barbu surnommé la « prostipute ». La pauvre! Ce n'était pas très valorisant mais le pensionnat était conscient du caractère grincheux du surveillant alors tu ne te fierais pas à ce surnom.

« Oui oui je suis bien Mammon. Et ne t'inquiètes pas, je n'ai pas tilté sur le moment mais tu es bien plus connue que tu ne le crois parmi les A... Hm. Enchantée! »

Tu lui souris timidement et finalement tu hausses les épaules, t'installant en face d'elle car de toute manière, tu n'avais rien à perdre et au pensionnat tu te serais royalement ennuyée. Tu joues avec les mèches de tes cheveux signe que tu es nerveuse. Tu ne sais pas de quoi parler, tu n'as jamais été forte à ça à part pour râler en fait. Tu regardes à gauche et à droite cherchant toujours un sujet de conversation mais rien ne s'inscrit dans ton crâne. Tu jures intérieurement. Mais étrangement tu n'étais pas nerveuse de la même façon qu'à l'habitude, cette fille avait quelque chose qui te mettait à l'aise mais tu ne savais pas pourquoi. Peut-être parce qu'elle paraissait forte et inébranlable qui sait? Il fallait vite que tu trouves quelque chose à dire sinon elle allait sûrement te trouver ennuyeuse - chose qui ne t'étonnerais pas d'ailleurs - alors tu essayes de jouer la carte de la simplicité.

« Tu viens souvent ici? Personnellement c'est la première fois que je viens ici et je trouve que c'est plutôt sympa à part les relous qui se retournent dès qu'une fille passe le pas de la porte enfin moi je trouve ça chiant mais on s'en fout de mon avis je crois... Hm désolée j'ai pas trop l'habitude de parler aux gens au fait. »

C'est vrai, tu n'avais pas l'habitude de lancer les conversations mais à ton avis elle devait le savoir que tu étais un peu la fille à côté de la plaque qui ne cause à personne mise à part ses plus proches amis et encore même avec eux tu as galéré à nouer des liens. Tu soupires et tu aperçois du coin de l’œil le serveur qui revient vers vous. Tu te dis que tu devais à tout prix la rembourser. Tu fuis son regard tout en souriant maladroitement.

« Si tu ne veux pas de l'argent je peux te payer ce que tu souhaites si tu veux... »

HRP: