Il était une fois, dans un graaaand jardin...! ★ Alice

Once upon a time... ♪

In a biggest garden ft. Alice

Avançant, toute guillerette, tu chantonnait cette comptine anglaise que ta mère biologique te soufflait, pour t'aider à dormir. Tu ne te souvenais même plus des paroles; juste cet air entraînant, bien que les paroles n'en étaient que plutôt glauques; les comptines ont ce côté flippant, décidément, qui ne te ressemble si peu. Mais comptine = enfantin = toi. Ouais. T'es une gamine Antanasia. Et ta gueule d'ange ne te sauvera pas toujours. Ni ta maman, ni ton tonton affectif. Mais ça, là, de suite, ce que tu t'en fous. Tu chantonnes entre les pâquerettes. La belle vie. Plus belle la vie. Série pourrie. Next.

Ou j'aurais pu faire la blague avec Auchan. Des gens aiment Plus belle la vie. Hors propos. Pâquerette. Écureuil.

Une abeille passa tout près de toi. Un sourire se dessina sur tes lèvres; tout le monde avait peur des abeilles. Pas toi. Bien sûr, tu n'irais pas en faire chier une, mais elles ne t'importunent pas. T'es miss nature, des fois. T'es 'gnionne. Tu fermes tendrement les paupières et continue de chantonner. Tu t'arrêtes d'avancer; maladroite comme t'es, tu serait capable de te ramasser en beauté. Le vent chantonne à ton oreille et tes joues rosissent de bonheur. Tu prends goût à cette liberté, à la liberté. Tu n'es pas aussi "libre", aussi indépendante que les autres élèves d'ici, t'as ta mère sous la main toi, mais tu aimes ce goût tout de même, bien que si léger comparé au leurs, à eux, aux autres. Au monde qui t'entoure, qui évolue, qui grandis; comme les fleurs, comme toi, qui grandis, qui pousse et te prépare à montrer tes couleurs similaires à celles d'un arc-en ciel, à autrui, ton sourire et ses petites fossettes qui se creusent quand il pointe le bout de son nez; tu t'apprêtes à grandir, tu n'as pas peur. Tu sais qu'une main sera toujours là pour se tendre vers toi et t'aider, alors tout va bien. Tu peux fermer les yeux et te laisser guider. Tu es une enfant confiante. Et aimante, aussi.

C'est drôle, comme il s'en passe des choses, entre tes deux oreilles. Rêveuse, et déjà pleine de pensées. Bien sûr, généralement, des histoires drôles, des âneries. Mais pas que. Ta maman peut être fière de toi. Jolie et maline. Mais pas encore assez pour voir ce qui est laid, entendre l'inaudible. La douleur, tu ne la vois pas encore. Et si on arrêtait de te couver ? Tu n'y penses pas trop, docile fleur. Tu continues d'avancer entre les fleurs, sous un soleil timide en ce temps. Ouais, tu trimbales toute seule dans le jardin en ce temps. Tout toi. Tu devais aller où déjà à la base...? Tout toi.

Tu as oublié. Tu ouvres de grands yeux. Tu te sens subitement très bête. Maline, je disais ? Tes joues s'enflamment; la gêne. Un peu de honte aussi. Enivrée par cet éphémère sentiment de liberté, tu as oublié que tu n'étais pas dehors pour contempler les merveilles de la nature. Surtout la nature taillée par l'Homme. Ouais. Surtout. Tu regardes autour de toi; comme si la réponse allait se dessiner entre les par-terre de fleurs, une réponse en alphabet romain, compréhensible; comme si le jardin allait te répondre. Bien sûr. Un soupire franchit tes lèvres et tu fais la moue. Mais très vite, un sourire narquois vient la remplacer sur ton doux visage; bon, bah tant pis, amusons-nous en attendant ! Tu exploses de rire et te mets à courir, sans aucun but précis, aucune destination. T'es contente. T'es libres. Full of happiness.

Tellement joyeuse. Trop joyeuse. Hop, ce qui devait arriver arriva; gamelle magistrale. Tu râles sur le moment; tu pleures pas. C'est pas ton genre de pleurer, gamine, okay, mais t'es pas comme ça. Et puis t'as pas mal. T'es vexée. Tu restes assise par terre et finis par lever le nez au ciel, contemplant les nuages. Tu rebaisses les yeux. Regarde autour de toi. Souris. Liberté, tu es délicieuse.