Walking by your side { Bradleigh K. Miles } [Fini]

J'éclatais de rire à sa réflexion. Pas capable d'aligner deux pas ? Heureusement que j'étais là alors ! Je le regardai, alors qu'il parlait de nouveau, affirmant que la bouffe et lui, c'était une histoire d'amour et la plus longue de son vécu. Je soulevais cependant un sourcil, à l'entente du "Et l'unique, en fait.". Tiens donc ? J'étais bien étonné de ce qu'il venait d'avouer, même indirectement. J'approchais mon visage de sa joue, assez proche pour souffler dessus. J'arpentais un sourire malicieux, les paupières baissées, pas complètement fermées.

« Ah ouais ? Tu m'en apprends une bonne. » , je laissais un silence nous envahir avant de reprendre, « Bah ouais ! La bouffe, c'est la vie ! »

Contre moi, je pouvais sentir, même sans mon pouvoir, son rythme cardiaque accélérer. Je pouvais sentir l'odeur qui se dégageait de ses vêtements, odeur qui s'infiltrait dans mon réseau de l'odorat, et même si je ne m'en rendais pas totalement compte, j'en profitais énormément. J'avais tellement d'opportunités pour le faire mais je n'avais jamais fait réellement attention à ce détail. Là, je profitais, tant et si bien que j'avais presque le nez dans sa nuque. Je fis semblant de poser ma tête sur son épaule en riant doucement. J'étais si rouge qu'il me fallu un petit moment avant de relever la tête et dégager mes cheveux sur mon front. Et puis, je lui avouais que j'avais besoin de lui. Oui, c'était vrai, sincère. J'avais besoin de lui, parce que... Parce que c'était Pho' et qu'il était unique en son genre.

« E.... ENCORE HEUREUX QUE TU AI BESOIN DE MOI. »

Je restais surpris de ce hurlement qui m'avait fait sursauté. Sur le coup, j'étais... Comme un idiot à l'observer les yeux écarquillés. Eh ben dis donc, il avait une sacrée voix quand il hurlait comme ça. Cette phrase me donnait la sensation que mon cœur venait de se pincer. Pas en mal, plutôt en bien. J'avais la sensation agréable, j'étais touché. Je souriais alors, le relâchant pour lui ouvrir la porte. Après qu'il soit passé, je passais à mon tour la porte, la refermant soigneusement derrière-moi. Les yeux fermés, le sourire étrangement calme, je passais mes mains dans les poches. J'ouvrais alors les yeux sur lui, puis mes yeux s'écarquillèrent à nouveau.

« C'est moi qui paye. Et tu te tais parce que je l'ai dis en premier. Et je te fais le shampoing de la mort qui tue si tu oses sortir son porte-monnaie avant moi, c'est clair ? »

« Mais... Maiiiiiiiiiis ! Ta menace est trop forte, j'abdiiiiique. »

Je levais les mains en l'air, un air faussement apeuré. Je n'aimais pas ça, mais si il tenait vraiment à faire plaisir, je n'allais pas le lui refuser. Je lui fis un sourire doux et je reprenais la marche doucement. Dans mes poches, je ne pu m'empêcher de sortir une main pour aller tripoter une des perceuses de couleur vert à mon oreille. J'étais devenu un peu nerveux et je ne savais pas pourquoi exactement. Je soupirais, tout en stoppant mon acte suspect.

La marche fut moyennement longue jusqu'à notre destination. Je regardais l'horloge de la pharmacie, pour me renseigner sur l'heure qu'il était. Génial ! C'était encore ouvert, il n'était pas trop tard. Excité, sautillant sur place, je me tournais vers Pho' lui prenant le poignet.

« Aller ! Viens ! C'est par là ! »

Lorsque je compris que je le touchait, mon cœur ratait un battement. Tout en le fixant dans les yeux, mon air joyeux s'effaçait pour laisser place à la surprise. Je rougissais légèrement, lui lâchant le poignet. Je passais une main dans ma nuque, tout en observant ailleurs.

« Ahem, ouais, c'est par là. »

J'engageais la marche, lentement pour qu'il me rattrape. Après quelques embranchements, on s'arrêtait devant la pâtisserie en question et en premier, je passais pour laisser passer mon camarade. A peine de fermais la porte qui tintait de sa petite clochette, je fonçais sur la petite vitrine qui présentait tout ces mets délicieux. Je bavais presque devant tant beauté.

« C'est si magnifique, c'est si... Appétissant... »

Oh là, oh là. Je fais royalement pervers là. La pâtissière avait l'habitude, elle ne m'inquiétai pas. C'était Phoenix qui devait me regarder bizarre. Je n'y faisait pas trop attention, trop obsédé par cette splendide brésilienne toute entière qui me faisait de l’œil. Han, coquiiiine.

« Vous avez fait votre choix ? »

« Ouhouhouh. Ouais... »

D'accord. Je peux aller me cacher dans un trou de souris, je sais. Mais j'étais toujours comme ça devant les pâtisseries et l'euphorie avait montée d'un cran en compagnie d'Indianna. Je me relevais lentement, fixant d'abord la pâtissière, puis je me tournais vers Phoenix en souriant. Je pointais la tarte joyeusement au travers la vitre.

« Tu voudras une part avec moi si j'la prend ? Ça te dérange pas que j'la prenne ? »

Il se tournait vers moi. En quoi était-ce une bonne ? Je tenais ma langue, jouant du silence pour le suspense, un sourire malicieux sur les lèvres. Il comprendra un jour... Ou pas. Je me contentais d'avancer et me faufiler dans sa nuque pour cacher mes rougeurs.

Après cela, il se désignait pour payer cette fois. Je me laissais faire, abdiquant très rapidement, sachant qu'il était très têtu, autant que moi. Cela pouvait être bizarre de rencontrer une personne qui nous ressemblait, que ces dites ressemblances étaient flagrantes. Je souriais, désespéré un sourcil levé à son manque de modestie pure. Il plaisantait évidemment, pour cela que je ne le prenais pas au sérieux. Pour accentuer ses dires, j'élevais la voix joyeusement.

« Bien sûr ! Comment peut-on te résister ? »

Le voyage ne fut pas vraiment porté sur la conversation, un peu de tout et de rien. Les mains dans les poches, je soufflais en tordant ma nuque bien cachée par ma petite écharpe. Je la portait sans arrêt, sauf lorsqu'il fallai dormir. Cela avait toujours été comme ça depuis que j'habitais l'Angleterre, je m'étais fait au climat, mais j'avais quand toujours bien froid. Le climat Européen était plus froid. Plus humide surtout. Et à croire que nous étions connectés, Pho' réagissait de la même façon que moi en se plaignant du froid. Je soupirais en gonflant les joues, la moue s'affichant sur mes traits.

« Ah, tu m'étonnes. Le climat est horrible, même pour un australien qui habite en Europe depuis quelques années comme moi. Pour ça que je porte toujours mon écharpe où que j'aille, je la met assez souvent d'ailleurs ou quand je n'en ai pas besoin, je la planque dans mon sac à dos. »

Cela me faisait du bien de discuter de ça avec Pho', je n'avais plus vu mon pays depuis que j'étais arrivé en Angleterre. Le simple fait de discuter du climat me faisait plaisir. Mon bien être se voyait, mon visage rayonnant plus que d'habitude. J'étais si enthousiaste, que je lui avait prit le poignet, la relâchant après avoir eu conscience de mon acte. J'étais surpris de constater que Pho' avait reprit ma main dans la sienne. C'était une sensation bien étrange, agréable, un geste si anodin qui avait un affreux impact sur moi. On lâchait nos mains une fois devant la boulangerie, bavant tous les deux devant tout ce qui nous faisait face.

Après être entrés, et accessoirement, après avoir baver devant la tarte qui m'faisait de l’œil, je demandais à Pho' si il voulait partager cette brésilienne avec moi. Il acceptait avec joie et déclarait vouloir la plus grosse brésilienne coupée si possible. Je manquais d'éclater de rire devant la face de la vendeuse qui devait certainement se dire "Un de plus... Oh là là.". Le paquet en main, je me laissais guider par Indianna, sortant ainsi du magasin.

Je tournais le visage vers lui, avec un petit sourire niais.

« Oui, d'accord. Allons-y. »

En marchant lentement à ses côtés, j'apercevais l'entrée d'un petit parc que je lui montrai du doigt. Une fois dans ce décor de verdure et à l'écart du bruit, je lui proposais de s'installer sur un banc. Installés, je m'affalais aisément les mains dans les poches, la tête vers le ciel déjà presque noircit, ma cheville droite sur la cuisse gauche.

« Au moins, on est en sécurité en dehors du pensionnat. »

Je ne savais pas trop ce que j'avais à lui dire avant de manger un morceau de la tarte, j'avais l'impression que d'un seul coup, j'étais bloqué. Ou avais-je simplement envie de cet instant en sa compagnie dure.

Je mordais dans mon morceau, évasif. Je fixais le ciel, le cerveau vide de tout. Même si la tarte était hyper bonne fallait l'avouer et que mes papilles étaient en extase totale, je ne pouvais faire autrement que d'être vide. Je n'avais pas envie d'imposer un silence de malaise. Cependant, Phoenix se décidait à se confier, naturellement. J'étais capable d'écouter les autres, et surtout lui. Je me tournais vers lui, l'observant tout en mâchant lentement.

La routine le fatiguait disait-il. Il avait l'impression qu'être ce qu'il était pour épater la galerie l'attristait. Un masque de protection ? Je soulevais un sourcil, pas très certain d'avoir les mots requis pour l'aider à raisonner. Je terminais ma part calmement, dans le silence le plus profond, signe de ma réflexion. Inconsciemment, mon pouce et mon index aillèrent chipoter la perceuse à mon oreille. J'eus un sourire triste, ornant mes lèvres. Le voir dans cet état m'attristait, réellement. J'étais aussi très touché qu'il se confie à cœur ouvert de la sorte avec moi.

A sa dernière confession, je restais ébahi, presque incapable de faire le moindre geste. Ma bouche entre-ouverte, je continuais de le fixer. Cette révélation ne me laissais pas indifférent, elle me touchait profondément. Je lui souriais, le regard brillant.

« Je... Je suis touché. C'est la première fois que quelqu'un me remercie pour lui être présent. En revanche, je vais te répondre que... C'est normal. Je suis ton ami, non ? Et puis, même si tu me le dit pas souvent, je le ressens, ne t'en fait pas. »

Il reprenait la parole, plus apaisé. Mais qu'est-ce qu'il... J'allais pas laisser passer ces mots aussi facilement, juré. Je me redressais légèrement, et le bras levé je lui donnais une petite tape non violente derrière sa tête. Les sourcils froncés, je le regardait très sérieusement.

« Tu vas te taire ouais ? Je serais toujours là pour toi, et le fait que tu te confies ne plombe en rien l'ambiance. »

Je me replaçai, alors que ses doigts étaient restés dans mes mèches. Je fermais les yeux, appréciant le moment autant que possible. Je tournais à nouveau le visage vers lui, jusqu'à observer ses lèvres. Je pouffais en apercevant un éclat de crème pâtissière au coin. Je me relevai un peu, sortant de ma poche un mouchoir inutilisé et je le tendais à mon camarade.

« Attends, bouge pas. » , je frottais délicatement l'endroit avant de me replacer en riant, « Voilà, comme ça tu auras l'air moins ridicule. »

Je relevais la tête vers le ciel à nouveau, différent, souriant. Cet endroit était calme, apaisant. J'étais bien là. Bien que mon cœur palpitait encore de ce que je venais de faire. Je m'embrouillais encore, ça n'allait pas le faire... Du tout.

« J'ai envie de te dire que tu ne dois pas te forcer à faire le pitre pour attirer les autres. Si tu n'as pas envie de faire la foire, ne la fait pas. Tu n'es pas obligé de dépendre du regard des autres pour vivre. Sois toi-même. Mes grands-parents disent toujours qu'on peut avoir une centaine d'amis, mais ceux sur qui on peut compter se comptent sur les doigts de la main. Ceux qui savent qui tu es et qui t'aiment pour c'que t'es vraiment reviendront toujours vers toi. »

Je tournais la tête vers lui, tout en lui souriant. J'avais envie de lui dire autre chose, mais je m'abstenais. J'devais pas le dire. C'était interdit par mon cerveau de le faire.

Je levais l'index menaçant, expression totalement inutile puisque je riais. « T'as intérêt ! »

J'aimais les faces qu'il pouvait faire, c'était adorable. Je pouvais le fixer comme ça des heures, l'observer et ne jamais me lasser. Parfois, oui, je le regardai dormir lorsqu'il était en ma compagnie et je n'avais aucune honte, ni gêne à ce propos. C'était le regarder non pas sans le voir, mais cela pouvait m'apaiser. Je lui frottai le visage délicatement, alors qu'il se laissait faire, étirant un peu son cou comme pour m'aider. J'étais content qu'enfin, il semblait plus motivé après mes paroles. Mon s'étirait un peu plus alors, hochant la tête sagement.

Il se levait du banc, changeant soudainement de sujet. Je relevais les yeux à nouveau au ciel, soupirant grossièrement.

« Ouais... Les joies du décalage horaire hivernal... »

Je me penchais finalement pour attraper une part du gâteau, mais un bras me stoppai rapidement, me collant contre Pho'. Je restais surpris, jusqu'à sourire malicieusement. Je retroussais mon nez, mauvais perdant que j'étais. Je sentais à mon ventre une petite frappe, Indy' imitant alors un couteau qu'il enfonçait. J'étais légèrement chatouilleux, et sans faire attention, un petit rire se libérait.

« Pfrrr, je t'ai laissé faire c'est tout. »

J'avais le cœur battait fortement dans la poitrine, jusqu'à douter si le C qui m'enlaçait ne le ressentait pas. Les joues enflammées, je me contentais de ne pas bouger, plaçant une main sur les siennes. Et maintenant, je fais quoi ? J'bouge plus et je reste planté comme un blaireau ? Fait chier. Littéralement chier. Il me plaît, voilà. Merde. Fin de discussion, au revoir. Bordel, pourquoi j'ai été aveugle ? Pourquoi j'nie en bloc, pourquoi... J'suis con. J'enverrais tout chier si je n'étais pas assez fou, si je ne gardais pas en tête que peut-être Indianna ne partageait pas ce que je ressentais. Je soupirais, baissant légèrement la tête pour ne pas le déranger.

J'étais con ouais. J'avais peur aussi. Peur de le perdre, lui et ce qu'on partageait, notre amitié, nos délires. Tout s'envolerait l'espace d'une seconde. Je risquais gros si j'osais et que cela ne ne se passait pas comme prévu. Dilemme... Je relevais la tête pour le forcer à me regarder, plongeant mon regard dans le sien, même si ça avait l'air bizarre vu dans un certain sens. Et j'étais hypnotisé, envoûté. Difficile de penser en toute lucidité à vrai dire. J'voulais voir sa réaction quand même, chose que j'appliquais en étirant le cou pour l'embrasser au coin de ses lèvres. J'y restais un moment, ma main libre sur sa joue, avant de le lâcher.

« Moi aussi, je te remercie. Merci d'être là pour moi et d'être une personne exceptionnelle. »  

Je lâchais sa joue de ma main, lui souriant tendrement. J'ai fais une grosse connerie j'crois. Nan ?

Je n'arrivais pas à détacher mon regard du sien, ses mains contre mes joues. Je ne pouvais dire combien j'avais attendu de faire ça. C'était presque irréel à vrai dire. Qu'est ce qu'on faisait exactement ? Je ne pensais même plus, je vivais l'instant présent avec lui. Je pouvais sentir son cœur battre follement dans sa poitrine, tout comme le mien. Enfin, je me libérais. Libéré de cette attente qui était devenue insupportable. Un court baiser, trop court à mon goût. Ses lèvres contre les miennes, je fermais rapidement les yeux, pour apprécier le moment, aussi court fut-il.

J'étais cependant très étonné qu'il l'aie fait. je pensais simplement qu'il allait me rejeter et me demander ce que j'faisais. Mais pas du tout, tout le contraire s'était passé. Sans rien dire, il se réinstallait à côté de moi, le carton qui enveloppait le gâteau toujours entre-nous. J'avais oublié son existence l'espace d'un moment. En souriant comme un idiot, je passais mon index sur les lèvres, inspirant et expirant de l'oxygène joyeusement. J'avais l'air d'un con à côté de Phoenix qui devait être totalement perturbé de ce qu'il venait de faire. Ce pourquoi je détournais le regard du point invisible que je fixais pour le regarder.

Subtilement, je prenais la boîte et la posait à côté de moi après avoir doucement glisser, jusqu'à presque coller mon camarade. Un de mes bras passait derrière-lui, sans le toucher pour autant. De ma main libre, je prenais son visage délicatement, le forçant à me regarder. Je laissais apparaître un sourire rassurant sur les lèvres, qu'il sache que ce n'était pas si grave. A présent, je savais, je sentais qu'il partageait certainement la même chose que ce que je ressentais pour lui. A l'instant précis où nos lèvres s'étaient touchées, je l'avais compris. D'une voix douce, j'enchaînais.

« N'aie crainte, car...  », je me rapprochais encore plus de ses lèvres, « Je ressens la même chose...  »

Je déposais un baiser tendre et rapide, avant de recommencer, plus longuement, pressant mes lèvres sur les siennes. Par Merlin, c'était... Incroyablement exaltant. Je n'avais pas de mots pour définir ce qu'il se passait à ce moment-là, moi qui était d'habitude très timide et qui avait du mal à avouer mes sentiments, j'avais réussi à me mettre très l'aise. L'effet Phoenix. Il était un tout, l'ami idéal, celui qui arrivait à me faire rentrer dans ses délires aussi rapidement que je ne réfléchissais même plus, sauf après coup. J'étais très différent avec lui, j'étais moi-même. Il avait déteint sur moi, j'étais devenu celui que j'étais avant. Avant de tout perdre. Il était apparu comme une lumière devant moi et pendant que je pensais que ma jalousie naissante envers les autres qu'il côtoyait à côté n'était qu'amicale, j'avais nier les faits. A présent je savais, cette jalousie n'était pas soudainement apparue pour rien. Et bien que je ne l'avais pas cherché, mon pouvoir s'activait sans rien demander, nos cœurs battant en rythme, d'un geste totalement synchronisé, comme si ils étaient liés. Surpris, j'ouvrais rapidement les yeux et doucement je rompais le baiser. je reculais la tête pour le regarder, les yeux encore écarquillés de ce qu'il venait de se passer.

« Je-je... Désolé, c'était pas voulu, j'ai...  »

Je sentais mes lèvres se presser un peu plus sur les siennes, alors qu'une légère pression se faisait sentir sur ma nuque. Je n'avais pas la moindre envie que tout s'arrête, je voulais que ça dure, encore et encore, que cela ne cesse jamais. Je frissonnais alors, ses doigts en contact avec ma peau. Un sourire s'étirait alors que j'étais toujours contre ses lèvres. Comme une addiction, il entrait dans mon esprit, y prenant la plus grande place. Je savais à ce moment-là que je ne pourrais plus me passer de ça, de lui, du reste qu'il me procurait. Comme avant j'avais besoin de lui, là, c'était encore plus fort. Je voulais être à lui, rien qu'à lui.

J'avais du mal à me dire que c'était bien la première fois que ça m'arrivait. Et pourtant, c'était bien le cas. C'était la première fois que ça m'arrivait, ressentir l'amour comme je le ressentais là, c'était totalement différent des autres fois. C'était comme si je tombais pour la première fois, réellement amoureux. Je n'avais pourtant pas avouer, je n'avais rien dit, c'était venu tout seul, sans crier gare. Des sentiments nourris depuis un sacré moment, des sentiments qui inspiraient la passion. Des sentiments qui me rendaient un tantinet gaga et adulte en même temps. Je le désirait, mon être tout entier le voulait. C'était certainement ça, l'amour, le vrai. Je n'avais plus besoin de réfléchir plus.

Il n'avait pas compris que nos cœurs s'étaient enclenchés en synchronisation, ce qui le laissait penser que je m'étais excusé pour le baiser. J'assumais totalement le fait de l'avoir embrassé, et si j'avais envie de le refaire, je le ferais. Son front contre le mien, je souriais en fermant les yeux.

« Non, pas pour ça... Tu n'as pas senti ton cœur battre d'une façon moins brutale ?  »

« Hmm … Je n'aurai jamais cru ça possible … Venant de toi … Je pensais que tu ne portais que ton intérêt sur les filles. »

« Vraiment ? Tu t'es mal informé. », je lâchais un petit rire, tout en reprenant,« Plus sérieusement, j'ai déjà eu des relations avec des garçons, seulement, je ne parle jamais de moi en général. Je changerais de comportement, pour toi, si tu désires vouloir en savoir plus sur moi. »

C'était vrai, je ne disais jamais rien de moi, alors je pouvais comprendre qu'il s'était fait des idées sur ma personne. Il ne savait pas ce que j'avais vécu, je parlais vraiment très peu de ma vie hors Prismver. En général, c'était lui que j'écoutais, parce que je savais à quel point les gens avaient besoin de parler à quelqu'un de confiance. Moi ? J'écrasais. J'avais assez vu mon psychologue. Et encore, je ne lui avait pas dit grand chose. Son diagnostique ? "Votre petit-fils est perturbé." point. Barre. Je revenais à moi alors qu'il stoppait ses petites caresses si tant agréables.

« Et je ne pensais surtout pas... Que cet intérêt aurait pu un jour se tourner vers moi... Un tant soi peu tout du moins...»

Il me prenait dans ses bras, mes mains se posèrent dans son dos, exerçant une légère pression, le coller encore plus contre moi. Sentir son odeur, écouter sa respiration. Était-ce simplement possible de devenir complètement fou à se faire enchaîner pour quelqu'un ? Je m'en persuadais. Si il me laissait... Non, je n'osais l'imaginer.

« Bah tu vois, c'est tombé sur toi... Et pour rien au monde, je ne changerais ça. »

Je le repoussai délicatement, pour le fixer intensément dans les yeux. Passais une main dans ses cheveux dorés et je l'embrassai à nouveau, plus passionnément, forçant doucement le passage pour y laisser passer ma langue. Je ne voulais pas le brusquer, je le laissait réagir à son aise.

Il finissait par comprendre ce pourquoi je m'étais excusé. J'étais rassuré qu'il n'y prêtait pas attention. Mais, cela ne m'étais jamais arrivé, ce qui m'intriguait et m'étonnait. Je baissais les yeux sur sa main étreinte à la mienne, évasif. Je me savais jaloux, possessif et surtout très étouffant ce pourquoi je craignais qu'un jour, il s'en lasse. Ou que je lui fasse du mal avec des crises. Comment allais-je pouvoir faire en sorte de contrôler cela, sachant qu'il accordait du temps à ses camarades ? Et si je n'avais rien fait, si je ne l'avais pas embrassé ? Finalement, j'avais bien fait, car dans un sens, je serais devenu froid, distant et extrêmement jaloux sans qu'il n'en comprenne la raison exacte.

Soudainement, je relevais les yeux sur lui, contemplatif de ce qu'il venait de dire. "Reste comme tu es...". Je n'étais pas normal, enfin, je le pensais tout du moins. Mais j'étais comme j'étais et je n'avais jamais changé. Je lui souriais finalement, après qu'il se soit confié. J'étais touché, plus qu'il ne le pensait. J'entrelaçais nos doigts ensemble, qu'il ne me lâche plus. Plus jamais.

« Je suis... Fou. De toi. »

Le contact de nos langues, cette passion tordante qui m'enchaînais à elle. Une prison de laquelle l'échappatoire ne nous traversait pas l'esprit. Les yeux fermés, face aux ténèbres éclairées par ce sentiment qui s'emparait de notre être, enflammant nos sens. Une exaltation, un frisson, un choc électrique qui se dégageait le long de la colonne vertébrale. Une poussée d'adrénaline explosant en une traînée de papillons dans le ventre. Un instant confortable, agréable. Mon cœur s'affolait subitement, alors que Phoenix s'accrochait à moi comme une bouée de sauvetage, un rempart sur lequel il pouvait toujours s'agripper.  Une main toujours dans son dos, je resserrais ses vêtements, refermant de ce fait mon poing, comme si moi aussi, j'avais trouvé mon rempart.

Il mettait fin au baiser après un moment, et j'ouvrais lentement les yeux. Je ne le laissait pas dire plus que son excuse, me redressant légèrement et brusquement, jusqu'à reprendre ses lèvres en ma possession. Une main dans ses cheveux, l'autre dans son dos. Je voulais l'avoir tout contre moi, par crainte qu'il ne disparaisse d'un coup de vent. J'étais ivre, sans avoir bu une goutte d'alcool, drogué sans avoir pris de drogue. Et je savais à présent, que tout entier, je lui appartenait.

Après un moment, je rompais le baiser, mon front contre le sien, pour garder le contact. Je tentais de reprendre mon souffle, le plus calmement possible. J'ouvrais les yeux sur lui, un sourire accroché aux lèvres. Doux et tendre. Légèrement gêné. Je ne pourrais plus jamais m'empêcher de le faire, j'avais une irrésistible envie de continuer, jusqu'au bout de la nuit si il fallait. J'avais faim, de lui et de tout ce qu'il était.

... Au fait, parlant de faim. Nous n'avions pas terminé la tarte. Je n'avais pas encore envie de rentrer, bien que, nous n'avions pas le choix. Avant de prendre la parole, je le prenais délicatement dans mes bras, pour simplement le cajoler, le câliner. Ma tête enfouie dans son cou, j'inspirais longuement son parfum.

« On a pas terminé la tarte, en plus. Il commence à faire un peu froid... », je me relevais pour le regarder, un peu gêné de mon idée, « Tu veux pas qu'on rentre et qu'on la déguste au chaud ?... Enfin, j'veux dire... Euh... Tu veux passer la nuit en ma compagnie ?... Enfin... J'veux dire... »

Qu'est-ce que... Bradleigh le penaud come back, quoi.