Walking by your side { Bradleigh K. Miles } [Fini]

En soi, l'avoir rencontré avait été un moment important dans ma vie. Il avait réussi à faire renaître celui que j'étais avant tout ce qui m'était arrivé, comme Mabel, et Elise. Sans savoir pourquoi, j'avais comme le sentiment qu'il avait "ouvert une porte" en moi, fermée depuis bien longtemps. J'avais été aveuglé par ce que je ressentais depuis un moment, croyant cela tout à fait normal pour le temps qu'on avait passés ensemble à jouer, faire des idioties... Manger. J'avais encore peine à me dire que, j'étais heureux. Malgré que je ne puisse faire autrement que de souvent penser à ma tristesse et... Ma malédiction. J'avais peur qu'il lui arrive quelque chose, que je puisse lui faire du mal indirectement...

Ses lèvres frôlant les miennes, je revenais sur terre échappant à mes pensées. Je fermais les yeux en souriant, soupirant de bonheur. C'était presque irréel. De savoir qu'il partageait la même chose pour moi, de savoir qu'il n'avait aucunement refusé mon baiser. Perdant contenance au vu de ma proposition, il laissait un rire s'échapper de ses lèvres, taquin. Je laissais la surprise m'envahir, rougissant violemment, bafouillant des mots pas tout à fait formés et incompréhensibles. Il déposait ses lèvres sur les miennes, ne pouvant m'empêcher un contact physique restreint, une de mes mains se posait sur sa joue, doucement. Plus serein, je lui souriait tendrement.

« Autant que tu le désires. »

Il se relevait, me tirant du banc. J'obéissais sans rechigner, le fixant dans les yeux une fois face à lui. Je serrais ses doigts doucement, histoire de garder une certaine emprise sur lui. J'imaginais le retour au pensionnat, à rester avec lui, apaiser son sommeil. Je ne désirai que son bien être, surveiller sa fatigue, sa santé. C'était plus important que le reste. Jamais je n'avais pensé à mal, je n'avais aucune idée déplacée. Je ne voulais que son bien. Le contact de ses doigts sur ma peau m'arrachait un agréable frisson le long de l'échine. Je fermais les yeux, un sourire attendri éclairant mes traits. Je rouvrais les yeux sur lui, le fixant intensément. Surpris qu'il me mordille la joue subitement, alors qu'il tentait de prendre le carton du gâteau, je pinçais doucement sa hanche en riant.

« Vilain ! »

« C'est vrai qu'il commence à faire froid... J'étais bien contre toi, mais maintenant que je suis décollé, j'ai des frissons de partout ! »

Je ricanais diaboliquement en criant à la vengeance. On engageait la marche, alors qu'il venait se coller contre moi. Je lâchais sa main doucement, pour placer mon bras sur ses épaules et le coller contre moi en étirant les doigts, qu'il puisse reprendre ma main dans la sienne. Sans faire tomber le carton, évidemment.

« Réchauuuffe-moiiii Keee' ! Je vais mourir sinooon ! »

« Mais non ! Je te protège ! », je me penchais à son oreille, chuchotant doucement,« Au fait... Jamais le premier soir, voyons. Coquin. »

J'éclatais de rire, tout en pinçant délicatement et malicieusement sa joue. Je le gardait contre moi, histoire qu'il soit réchauffé au moins le temps du voyage.

Un moment agréable et qui ne nous appartenait qu'à nous. J'étais comme qui dirait, aux anges. Phoenix dans mes bras, son odeur envahissant l'espace. Mon cœur battait toujours avec cette vivacité que je pensais avoir perdu.

A peine quelques minutes plus tard, une voix étrangère interpellait Indianna, qui prit un air particulier. Un air que je ne voyais que pour la première fois. Son regard froid, blasé m'étonnait tant et si bien que je ne regardais que lui durant un moment, jusqu'à sentir des yeux sur moi. Vivement, je tournais le regard sur l'interlocuteur, sans animosité. Mon regard décidément trop éteint, celui utilisé fréquemment. Il parlait d'inviter Phoenix à une fête... Je savais l'australien capable de sortir, cela ne m'intéressait pas. Pendant qu'ils discutaient, je regardais autour de moi, sans prêter grande attention à la discussion qui se déroulait à côté de moi. Cependant, je me sentais légèrement impatient, voulant protéger Phoenix et dire à l'autre de décamper sur le champs. Lorsque je tournais le regard, reprenant peu à peu conscience de la discussion, de faibles mots, firent violence, résonnant en écho dans ma tête.

« ... Où on m'a dit qu'il s'était passé des trucs étraaanges entre ce mec et toi à une fê... »


Mes sens en alerte, mon sang ne fit qu'un tour. Aussi silencieux que je pouvais l'être, le calme dont je pouvais faire preuve, je fulminais. Et en général, mon calme ne présageait jamais rien de bon. La main dissimulée dans ma poche se crispait, mon regard brûlait d'une étincelle de démence, prêt à cracher le venin qui m'arrachait la gorge. Boule au ventre, impatience, colère. Mes traits paisibles laissaient entrevoir à quel point les ténèbres coulaient dans mes veines, mordant brusquement l'intérieur de ma joue. Un goût ferreux glissait jusque dans le fond de mon œsophage, réalisant alors que je saignais.

Je ne disais absolument rien, un silence froid et pesant, alors que Phoenix me regardait en s'excusant. Mes yeux grands ouverts, je le fixai. Sur le fil de la folie, il suffisait simplement qu'il se brise que j'explose en un milliers d’éclats. J'aurais voulu lancer un Sortilège de Mort, mais mon regard ne pouvait que suffire à ce que je pensais à l'instant. Ce n'était pas contre Pho' que j'en avais, loin de là. Mais oser venir et lâcher un tel secret... Je ne le supportai pas. Il m'appartenait. Il était à moi. Et je me foutais éperdument de ce qu'il avait fait avant de réaliser ses sentiments envers moi. Alors pourquoi. Pourquoi j'étais en colère ? Le lâchant du regard, je fixais droit devant nous.

« Tu devrais faire un tri dans tes connaissances. »

Une voix froide sans émotions. Je ne pouvais faire autrement. Jusqu'à, ce que, d'une grande violence, je revenais tout sourire, toutes émotions et comportements négatifs... Envolés. Un claquement de doigt n'aurait même pas été aussi rapide.

« Mais ce n'est pas grave ! Tant que ce n'est pas souvent que cela arrive. »

Je le reprenais dans mes bras, le serrant contre moi. Il était à moi, il m'appartenait, je lui appartenais. IL était MIEN. Et j'étais bien plus possessif qu'on ne le pensait. Bien plus...

« Pardon... Je l'aurai tout de suite envoyé bouler si j'aurai su... Qu'il aurait abordé un tel sujet.»

Je le regardais, sans rien dire me contentant simplement de sourire. J'avais dérapé, de mon comportement versatile et je savais que je pouvais être très déstabilisant. Pourquoi cela arrivait-il ? Je ne le savais pas moi-même, je ne comprenais pas toujours mon comportement, qui s'avérait être plus complexe que je ne le pensais. Je fermais les yeux, tout en caressant sa joue délicatement alors qu'il posait ses lèvres timidement sur les miennes. Je voulais le rassurer, mais j'avais encore un peu de mal à prendre la parole. Je le sentais plus gêné, moins enthousiaste. C'était de ma faute. La preuve que déjà ma possessivité et ma jalousie étaient bien présentes. J'ouvrais à nouveau les yeux sur lui, posant ma main dans ses cheveux. Je ne voulais pas lui faire de mal, cela me détruirait entièrement.

« T... Tu sais... Hm. Ce n'est pas du tout mon genre... Loin de là, de faire ce genre de choses ... Ni même d'avoir ce genre de relation avec les autres... Et puis... Comment dire... Cela n'a aucune importance parce que... Tu sais quoi ?»

« Ce n'est pas-... »

« Tu es le premier dont je suis réellement tombé amoureux... J'en suis plus que certain désormais.»

Et bam, dans ta gueule Bradleigh. Cette révélation me volait un battement au passage, mon regard qui était auparavant attendrit avait totalement viré à un air contemplatif. Pas étonné, bien malgré que mes yeux étaient grands-ouverts et qu'ils allaient sortir de leurs orbites. Le rouge montait à mes joues, brusquement, mon sang bouillonnant dans mes tempes. Saisi de ce que Phoenix venait de me déclarer, je restais sans rien faire pendant un long moment, tandis qu'il tenait ma main dans la sienne, ajoutant à cette étreinte de petites caresses de son pouce. Et ce qui se passait ensuite dévoilait ma personnalité, si fragile était-elle. Les yeux larmoyants, je ne laissais aucunement le temps de les laisser couler que je fonçais sur mon tendre compagnon, le prenant dans mes bras. Ma tête sur son épaule, je renifflais grossièrement. J'étais si orgueilleux que je ne voulais pas pleurer devant les gens. Orgueil ou fierté, c'était pratiquement pareil. Après avoir repris contrôle de mes émotions, je relevais la tête, alors qu'on engageait à nouveau la marche.

Je n'osais rien dire, je le laissais m'emporter, me racontant une anecdote sur son arrivée en montrant du doigt droit devant-nous. Un maigre rire s'échappait, alors que je me sentais un peu triste de mon comportement. Je l'avais froissé, je le savais. Ce pourquoi je m'arrêtais, resserant l'emprise de nos mains, histoire qu'il se retourne vers moi. Je me rapprochais doucement, de deux pas lents. Je lâchais sa main doucement et prenais son visage entre mes mains, plongeant mon regard dans le sien.

« Phoenix. », j'inspirais longuement en tentant de bien choisir mes mots, « Dans la vie, on ne fait pas toujours des choses dont nous sommes spécialement fiers. Ce qu'il s'est passé... Ce soir-là fait partie du passé. Tu n'as pas à t'excuser. C'est plutôt à moi de le faire. »

Je me penchais, frôlant d'abord nos nez, puis je posais mes lèvres sur les siennes. Je le voulais plus long, rassurant, amoureux, tendre. Je passais sa barrière, entremêlant nos langues ensemble le temps du baiser. Relâchant l'emprise, mais tout en restant proche, j'enchaînais.

« Je suis désolé, je n'aurai pas dû avoir ce comportement. », je caressais sa joue, « Je suis aussi amoureux de toi, que tu ne l'es de moi. »

Du bout de l'index, je pokais son nez avec délicatesse. Je lui volais un petit baiser, et prenais sa main réengageant la marche.

Comblé. Voilà ce qui me définissait largement sur l'instant. J'exultais, sentant les doigts de mon compagnon se crisper dans mon dos affichant alors au travers du baiser un fin sourire. Il était à présent clair que je n'avais rien ressenti d'aussi similaire auparavant. Phoenix était certainement le premier à qui je développais autant de sentiments, mais. Oui il y avait bien un mais dans l'histoire, car il fallait toujours quelque chose qui interfère.

Ce n'étais pas une histoire d'avoir honte de m'afficher avec lui, au contraire. Le problème venait à mes grands-parents. Eux qui avaient bien tendance à me faire remarquer qu'il fallait que je me fiance avec une jolie demoiselle pleine de compassion et d'amour. Qu'elle fasse en gros, une bonne mère et femme aimante. Comment aborder le sujet si délicat qu'était l'amour éprouvé envers quelqu'un du même sexe ? Je n'en savais pratiquement rien. Pourtant, ils étaient plaisantins parfois. Surtout lorsque j'avais rencontré le meilleur- ami du cousin Aedhan. Ah ça, je m'en rappellerais toujours. Le premier pour qui j'avais eu le béguin. Avec qui j'avais eu une relation, aussi. Enfin, oublions ce passage. Peut-être que maintenant, avec le recul, je me doutais qu'ils le savaient. Ouais, ils le savaient. J'étais ce qu'il leur restait de mes parents, de mon père, paraissait que je lui ressemblais.

J'engageais la marche, mais le blond ne daignait pas suivre, préférant me coller, m'enlaçant dans le dos. Je me stoppais de marcher, le laissant faire. J'éclatais doucement de rire, en répondant.

« T'achever ? Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. »

Je jouais la comédie évidemment. J'avais bien vu qu'il n'avait pas été indifférent à mes dires. Je sentis ses doigts effleurer d'abord ma nuque, ce qui eu pour effet de me faire frissonner. Et puis ses lèvres se posaient sur ma nuque, elles vacillaient dans mon cou. Un choc électrique parcouru ma colonne vertébrale. Comme si il cherchait à me faire perdre les pédales et bafouer mon éthique. Le cherchait-il réellement ou bien se jouait-il de moi ? Son regard empli de malice ne cachant pas cette étrange lueur tendancieuse, je m'imaginais qu'il devait certainement jouer, mais... Quelque chose me disait qu'il le faisait également exprès.

Avec le même regard, je le regardais fixement avant de reprendre la route.

« C'est toi qui cherche à me faire sortir de mes gonds. Tu n'as même pas idée de l'impact que tu as sur moi... », je renchaînais,« Ne crois pas qu'après ça, je te laisserai filé. »

Oh non, certainement pas.