FROM THE DAWN OF TIME TO THE END OF DAY I WILL HAVE TO RUN AWAY I WANT TO FEEL THE BLOOD AND THE BITTER TASTE OF THE BLOOD ON MY LIPS AGAIN
J’avance. A pas lourds, à pas lents. Traînant derrière moi une fatigue sans fin. Mais j’avance.
Aveuglément, perdue dans la tempête et dans l’obscurité la plus totale, je traverse le jardin qui sépare les bungalows des dortoirs – mes pieds nus écorchés par le gravier de la cour. Fouettée par le vent cinglant, trempée par la pluie qui vient griffer mes joues. J’avance, seulement muée par cette rage pure qui m’empêche même de trembler.
J’ai mal. Si mal – oh, c’en serait insupportable. Mais j’ai les dents serrées et le sang encore bouillant dans le bout de mes doigts. Mes yeux s’arrêtent un instant sur l’entrée du dortoir – vides de toute expression. Même penser devient fatiguant. Mais c’est ce qui m’empêche de ne pas m’évanouir – alors je continue. De me parler. De fixer ma conscience sur les éléments du paysage. De ressasser les évènements qui venaient de se produire – et d’ignorer cette terreur qui me glace les os.
Chaque goutte de pluie semble se mêler à mon océan de tourments. Poison. Acide.
J’arrive en silence devant la porte de la cabane 19. Mon corps se raidit alors que je reste plantée là pendant quelques minutes qui me paraissent une éternité. Je peux encore partir. Je peux encore trouver un autre endroit où passer ces quelques heures avant le lever du soleil – un endroit bien sombre et tranquille où je pourrais crier, griffer et pleurer toute la rage de mon cœur, avant de lentement échafauder ma vengeance. Méthodiquement. Insensiblement. Inhumainement. Mais j’ai peur. Bien trop peur de moi. Et j’ai parfaitement conscience que cette fois-ci, je ne pourrais y arriver seule – Drew et moi sommes allés trop loin dans la violence pour que d’autres personnes ne soient pas impliquées.
Ma gorge se serre, et j’avale ma salive – sentant de nouveau le goût métallique du sang sur mes lèvres. Fer et acier. Je dois devenir plus forte. Ma main frappe deux coups secs sur la porte.
J’aurais pu tomber sur Crystal, Artus, Sony. J’aurais pu tomber sur le vide. Mais dans ma folie, j’avais cru un instant au destin. J’ai besoin de lui – et ce sera donc lui. Après quelques minutes, la porte s’ouvre sur le jeune homme aux cheveux aussi pâles que la Lune.
J’avais pour intention d’affronter son regard, mais quelque chose au fond de mon ventre m’en empêche. Je baisse ma tête avant même qu’il ne puisse l’apercevoir. Honte, honte de me montrer ainsi. Faible, laide, morceau de charbon usé. Mon front vient se poser contre son torse, alors que mes mains agrippent le tissu de son t-shirt. La douleur tombant comme une massue –
Contre-coup. Et c’est tout ce que j’ai retenu devant Drew qui me retombe sur les épaules – qui fait imploser mes os. Tremblements, souffles secoués, et larmes. Mes larmes si chaudes de souffrance qui glissent le long de mes joues engourdies et toutes peintes de sang séché.
Pitoyable Sarah.
Méprisable et ridicule. J’essaie de retrouver mon calme – calant ma respiration sur la sienne, avant d’essayer de décrocher mes mains de son torse. Impossible. Je suis bien incapable de tenir debout seule. Alors, doucement, je lève la tête, rencontrant enfin son regard. Lui montrant mes yeux révulsés, mon nez en sang, ma lèvre gonflée. Essayant de composer un sourire, écorchant un peu plus mes commissures.
Et priant, naïvement, pour ne pas le blesser. Tout mais pas lui. Un faible murmure sort de ma bouche.
« J’ai besoin de toi, Orwenn. » De manière simplement égoïste - j'ai besoin de toi. Tu es le seul à faire ressortir le beau en moi. Alors fais-le. Rends-moi belle. Répare-moi, je t'en supplie. Sans toi, je ne pourrais plus supporter le son de la pluie plus longtemps.
Une si longue journée. Tu avais passé ta journée en cours. Tu étais bien forcé d'y assister. Une menace nommée Nemesis planait sur toi depuis quelques temps déjà. Le métisse est, depuis quelques temps, très envahissant. Que ce soit avec toi ou avec les autres. A croire que quelque chose lui soit arrivé. En toute honnêteté, tu t'en moques bien. Mais, comme beaucoup, tu es bien incapable de lui tenir tête. Bien trop intimidant pour que tu oses dire quoi que ce soit. Tu t'es d'ailleurs souvent demandé si les S ont peur de lui. Probablement pas.
En retournant donc à ton cabanon en compagnie d'Artus, tu traînais des pieds. Autant que ton meilleur ami qui semblait tout aussi épuisé que toi. Deux loques qui se sont laissées tomber sur la première chaise ou lit qui passait. Mais la journée ne s'arrêtait pas pour toi. Cuisinier attitré oblige, tu étais de corvée. Sachant qu'Artus est sans doute incapable de différencier un oeuf d'un kiwi, tu t’attelles donc à une simple omelette. Artus est peut-être un abruti complet en matière de cuisine, mais il est pas difficile. Du moment que ça se mange...
Le temps passe. Le repas est englouti par un Artus affamé et crevé qui part se coucher bien vite. Tu traînes un peu et tu pars ensuite te coucher après avoir passé un peu de temps avec Crystal qui, comme d'habitude, s'est comporté de manière très étrange. Mais passons. Tu ne tardes pas à te coucher, distinguant la pluie se répercuter contre le bois du cabanon. Tu frissonnes et tu enfiles un t-shirt large, restant en caleçon. Puis tu pars te coucher, te constituant un véritable cocon de chaleur avec ta couette.
Puis tu entends le bois des marches grincer. Tu émets un grognement. Sûrement Sony que tu n'as pas vu ce soir. Tu refermes l'oeil. Mais deux coups te réveillent. Sony n'aurait pas toqué. Tu te lèves, grognant et insultant déjà la personne qui se pointe à cette heure alors que tu commençais à dormir. Tu te moques de ta tenue et tu vas ouvrir, grognant.
Non mais, sérieusement, t'as pas v-
Tu n'as ni le temps de finir ta phrase ni le temps de voir les yeux du visiteur. Qui n'est autre que Sarah. Tu clignes des yeux alors qu'elle est collée contre toi, agrippant ton t-shirt. Tu restes immobile un moment, ne sachant pas quoi faire, ni quoi dire. Jusqu'à ce que tes mains se posent sur ses bras. Tu sens ton t-shirt s'humidifier et tu fronces les sourcils. Elle finit par s'écarter et tu vois son nez, ses lèvres, ses yeux.
Tu la fais entrer aussitôt. Pas un seul mot ne sort de ta bouche. Tu la conduis jusqu'à ta chambre, la faisant asseoir doucement sur ton lit. Elle est trempée mais tu t'en moques. Tu attrapes ta couette et tu l'enroules dedans avant d'aller chercher un gant de toilette mouillé et d'autres trucs pour la soigner. Tu reviens et, comme s'il s'agissait d'un animal blessé, tu approches doucement ta main de son visage, épongeant doucement le sang de sa lèvre. Toujours en douceur. Puis tu t'occupes de son nez. Tu pars rincer le gant de toilette avant d'y glisser un glaçon.
« Tiens, mets ça sur ta lèvre. Ça dégonflera... »
Ta voix est douce mais, tout comme ton expression, ton inquiétude est parfaitement visible. Tu l'observes un moment avant de la rejoindre sur ton lit, refermant ta couette autour d'elle. Tes bras l'emprisonnent, la ramenant contre toi. Tu la frictionnes à l'aide de ta main. Tu as conscience qu'elle est trempée mais peu importe.
« ...qu'est-ce qu'il s'est passé, Sarah... ? »
Tu essaies de dissimuler ta colère, mais l'inquiétude ressort plus que le reste. Tu trembles d'émotion. Tu inspires profondément et tu t'écartes un peu pour plonger ton regard dans le sien. Tes mains posées sur ses joues, ton front collé au sien, tu ne lui laisses pas vraiment le choix.
« Dis-moi qui t'a fait ça... s'il te plaît... »
Si c'est Marwin, tu le tueras. Si c'est Drew, tu le tueras. Qui que ce soit, tu le tueras. Personne ne touche à ta Sarah.
I WANT TO HIDE THE TRUTH I WANT TO SHELTER YOU BUT WITH THE BEAST INSIDE THERE'S NOWHERE WE CAN HIDE
Docile poupée, je me laisse guider – les yeux perdus dans les limbes de ma souffrance. Je le suis aveuglément, mes doigts restant accrochés à son poignet.
Stupide. Evidemment que ça allait le blesser.
Posée sur son lit, emmitouflée dans la couverture moelleuse toute remplie de son odeur – je commence à appréhender. Si j’avais eu la force de me trainer ici, et de le regarder, je savais que je n’aurai pas celle de le voir blessé par ma faute. J’avais été stupide en venant ici – je regrettai déjà. J’aurais dû rester bien seule dans mon coin, étouffant ma douleur dans un autre petit bout de mon cœur obscur. Sous la couette, une de mes mains vint griffer mon bras – putain de besoin devenu instinctif.
M’avait-il seulement déjà vu lorsque je faisais une crise ? Je n’en avais pas le souvenir. Si Orwenn était celui à qui je soufflais tous mes états de conscience – toute la vérité - j’avais pris soin de ne pas laisser mon tourbillon d’émotion me noyer lorsqu’il était en ma présence. Pourquoi ? Je ne savais même pas. Après tout, Orwenn était bien le seul à m’accepter toute entière, et telle que j’étais. J’essaie de contenir mes tremblements et de respirer de manière égale, mais rien n’y fait. Un léger gémissement s’échappe de mes lèvres alors qu’il vient nettoyer mes blessures – si consciencieux dans le moindre de ses gestes. Lui, le garçon explosif, la bombe ambulante – en qui j’ai totale confiance. Il passe le gant sur mon nez, et je bloque ma respiration pour ne pas crier et compliquer la tâche. Me revient alors en mémoire le son qu’il avait en se brisant. Ecoeurant craquement. Mes ongles s’enfoncent un plus profondément sous ma peau, à l’abri de son regard.
Au final, j’aurais préféré qu’il éclate de colère. Son silence, plus que tout, me fait peur.
Déglutissement. Je tends la main pour attraper la glace, et la place sur ma lèvre, obéissante. Je frissonne au contact du froid sur ma lèvre, je frissonne au contact de sa chaleur toute remplie d’inquiétude. Son cœur battant fort contre mon oreille – je me sens faible. Petite. Disparaissant dans l’espace de ses bras. Et surtout, je me sens bien. Rassurée, protégée par sa simple présence. Plus que tout, Orwenn est cet étrange horloger qui est toujours là pour remettre à l’heure les aiguilles dérangées de ma mécanique du cœur. Celui qui vient raccommoder les morceaux déchirés de ma petite personne – déchirée par les autres, et surtout, déchirée par moi-même.
Je me sens bien, je me sens à l’abri – et pourtant j’ai peur. Peur du moment où il ira me poser la question. ...qu'est-ce qu'il s'est passé, Sarah... ? Je ferme les yeux pour échapper à son regard, et je sens ses mains qui viennent soutenir mon visage. Elles tremblent – tout comme moi, tout comme mon cœur. Elles tremblent de rage. Dis-moi qui t'a fait ça... s'il te plaît...
Mes yeux se rouvrent, encore hallucinés, encore vides. Hésitants à confier leurs secrets. Alors quoi Sarah ? Après ce que Drew t’as fait – après qu’il ait franchi cette limite, tu continues toujours à vouloir le protéger ? Tu lui avais pourtant dit que désormais, tu combattrais.
C’est ça, j’avais dit vouloir combattre. Et tout ça commence maintenant – avec ma victoire sur cette culpabilité qui s’accroche à mes os. Coupable de blesser Drew, coupable d’impliquer Orwenn – coupable d’exister ? Efface tout ça Sarah. Libère toi. Peu à peu, après un long moment de silence, je plonge dans la chaleur et la douceur des orbes d’Orwenn. Soupir. Il m'est impossible de lui mentir. Je laisse tomber le sac de glace, avant d’articuler d’une voix claire.
« J’ai eu une discussion avec Drew. Qui a plutôt mal tourné. » Avant qu’il ne réagisse, je viens trouver ses poignets, les enlaçant avec tendresse et douceur. Anticipant sa colère. « Il fallait bien que ça arrive un jour. » Ma prise se resserre soudainement, et je me mets à torturer ma lèvre inférieure déjà meurtrie – prise d’un élan de panique. « Je ne le laisserai pas te blesser Orwenn, alors ne pense même pas à aller me venger. Ce ne serait que rentrer dans son jeu. Je te protégerai»
Ferveur. Un silence se pose alors que je médite sur mes propres paroles et subitement, un rire faible s’échappe du fond de ma gorge. « Ca doit être vraiment ridicule venant de celle qui vient de se faire massacrer – » J’observe simplement, trop fatiguée pour m’étendre plus sur l’ironie de la situation. Mes mains lâchent ses poignets et tombent mollement sur mes genoux. Je ne sais pas quoi faire. J’ai mal. J’ai peur. Et en plus, me voilà devenue tout à fait laide. Ma propre misère m’étire un sourire moqueur. Et, droit dans les yeux, face à cette inquiétude et colère qui réside aux fond de ses pupilles, je lui demande d’une toute petite voix. « Orwenn, est-ce que tu me détestes ? »
Moi qui fais toujours les mauvais choix, et vient toujours profiter de ta gentillesse – véritable vampire s’accrochant à tout ce qu’elle peut trouver. Harpie. Monstre de rage et de sang que j’avais entraperçu dans le miroir devant lequel Drew m’avait trainée. Le détestes-tu ?
Et elle se confie. Car elle ne peut rien te cacher, tout comme tu ne peux rien lui cacher. C'est une relation de réciprocité. Elle t'aime autant que tu l'aimes. Et elle sait que tu seras toujours là pour elle. Elle sait à quel point elle compte pour toi, et ce dont tu es capable pour elle.
« J’ai eu une discussion avec Drew. Qui a plutôt mal tourné. »
Tu te crispes mais elle ne te laisse pas le loisir de bouger ne serait-ce qu'un petit doigt. Ses mains viennent trouver tes poignets, t'immobilisant doucement. Les dents serrées, les sourcils froncés, tu prends énormément sur toi pour ne pas exploser. Tu inspires profondément, cherchant à rester le plus calme possible. Ce qui, évidemment, sera impossible avant un bon moment.
« Il fallait bien que ça arrive un jour. » « Tu plaisantes j'espère ? » « Je ne le laisserai pas te blesser Orwenn, alors ne pense même pas à aller me venger. Ce ne serait que rentrer dans son jeu. Je te protégerai. »
Tu hausses un sourcil, perplexe. Tu la fixes longuement, détaillant l'état de son nez et de sa lèvre. Tu lèves les yeux au ciel et tu détournes la tête, la secouant en émettant un soupir agacé, énervé.
« Ça doit être vraiment ridicule venant de celle qui vient de se faire massacrer. » « C'est plus du ridicule à ce stade. C'est de l'idiotie pure et simple. Ou de l'inconscience, j'me tâte encore. »
Ses mains quittent tes poignets et tu la regardes de nouveau, par mécanisme. Elle plonge ses yeux trahissant sa peur, sa fatigue, dans les tiens. La regarder ne t'énerve que davantage. Ta haine est presque palpable. Tu hais Drew pour avoir oser lever la main sur une femme. Et pas n'importe laquelle qui plus est. Tu en veux à Sarah de toujours vouloir protéger cette ordure. Tu te hais toi-même pour ne pas déjà être parti exploser la tronche de cet écossais.
« Orwenn, est-ce que tu me détestes ? »
Tu hausses un sourcil et tu secoues la tête avant de glisser ton bras autour de sa taille, la ramenant contre toi. Tu émets un grognement vexé, blottissant son corps et son coeur meurtri contre toi. Ton autre main vient trouver ses cheveux humides, les caressant tendrement. Ton corps brûlant épousant presque son corps glacial.
« Comment oses-tu penser un seul instant que je puisse te détester ? »
Tu t'écartes, lui offrant un sourire se voulant rassurant. Tes mains viennent épouser sa mâchoire et tu relèves doucement son visage.
« C'est pas ta faute si tu es une idiote. »
Tes lèvres viennent embrasser son front et tu la libères de ton emprise. Tu quittes ton lit, disparaissant un instant. Tu reviens moins de 5 minutes plus tard, une tasse de chocolat chaud en main. Tu lui confies la tasse avant de sortir un de tes t-shirts de ton tiroir. Large pour toi, mais qui servira amplement de chemise de nuit à Sarah.
« Tiens, mets-ça. Je vais aller faire sécher tes vêtements. »
Par respect, tu lui tournes le dos pour qu'elle puisse se déshabiller sans gêne. En attendant, tu réfléchis. Tu es suffisamment calme pour ne pas partir te frotter à Drew, mais pas assez pour oublier ce qu'il a fait à Sarah. Tu te masses la nuque, soupirant. Tu n'acceptes pas qu'un homme puisse frapper une femme. C'est juste impardonnable. Tu fermes les yeux. Sarah aura beau dire ce qu'elle veut, elle ne pourra pas te dissuader de ne pas t'en mêler, et encore moins de ne pas aller à la rencontre de Drew. Son geste ne restera pas impuni. Tu le feras descendre de ce petit trône de fierté sur lequel il siège. De quel droit peut-il se permettre de lever la main sur une femme ? Il ne vaut pas mieux qu'une ordure, qu'un déchet.
Tu finis par te retourner, observant Sarah avec ton t-shirt. Tu retiens un sourire. Elle est tellement fine qu'un simple t-shirt finit presque en robe pour elle. Tu t'approches, prenant ses vêtements pour aller les faire sécher à la salle de bain. Les autres risquent de se poser des questions, mais tu t'en moques bien. Tu reviens ensuite, détaillant Sarah en silence. Tu finis par soupirer, la voyant si désemparée, si perdue, assise sur ton lit, tasse en main.
Tu te glisses derrière elle, ton torse se collant contre son dos. Tes mains entourent sa taille et tu essaies de lui transmettre ta chaleur. Ton menton retrouve rapidement son épaule, tête collée contre la sienne.
« Pourquoi faut-il que tu rendes toujours les choses si compliquées, Sarah ? » Courte pause. « Arrête de faire les mauvais choix. Arrête de protéger cet espèce de... ce Drew. Arrête de t'enticher de mauvais mecs comme Marwin. Arrête de choisir la souffrance Sarah... je pourrais pas survivre longtemps à l'idée de te savoir si malheureuse. » Ta voix se perd dans un murmure suppliant. « Je t'en supplie Sarah, sois heureuse... »
I WALKED IN CIRCLES, WALKED THE LINE TRIPPED ON TANGLED HEART STRINGS MADE AN ENEMY OF TIME MADE MESS OF ALL THINGS, ALL THINGS
Comment oses-tu penser un seul instant que je puisse te détester ? Il m’a attiré de nouveau dans son étreinte – et mon cœur se remplit d’une douce torpeur. C’est ça, traite moi d’idiote Orwenn, c’est toujours mieux que folle. Je ferme les yeux quand il dépose un baiser sur mon front, souriant faiblement. C’est ça, traite moi d’idiote. C’est toi le plus idiot dans l’histoire, à continuer de m’aimer alors que je prends toujours plus que ce que je ne donne.
Il continue à s’efforcer d’étaler de quoi soigner mes blessures – maintenant mentales – en m’apportant un chocolat chaud. Rempli de bonnes intentions qui font se serrer ma gorge de tendresse, et qui ne font qu’accentuer l’impression que je ne mérite pas tout ça. Les vieilles habitudes meurent difficilement.
Gorgée de chocolat, je me raidis sous l’effet de la chaleur sur ma langue. Le liquide coule dans ma gorge, l’écorchant, et je lutte pour ne pas tout recracher – repensant immédiatement au goût du sang qui avait bloqué ma gorge un peu plus tôt. Mes yeux ne quittent pas le dos d’Orwenn qui fouille dans ses tiroirs, en sortant un large t-shirt. Oh. Tiens. C’est vrai que je suis trempée et à moitié frigorifiée. J’avais tellement de choses à l’esprit – douleur, questions, silence – que je ne m’en étais même pas aperçue. Même plus foutue de m’occuper de moi-même.
J’attrape le haut qu’il me tend, le fixant longuement avant de commencer à me déshabiller – otant ma chemise de nuit qui collait à ma peau glacée. Restant un instant à contempler les cicatrices sur ma poitrine. A penser à celle qui restera sûrement sur mon nez, plus légère, mais quand même présente. Bientôt, l’on pourra lire toute ma vie sur mon corps. Je soupire, enfilant le vêtement bien trop grand et une fois de plus imprégné de son odeur – si apaisante. Je dois tout de même m’y prendre à trois fois avant de réussir à l’enfiler sans trembler.
Et je reste là. Si horriblement passive. Désorientée, les battements de mon cœur encore au bout de mes doigts – en plein naufrage. C’est vraiment étrange, la manière dont mon cerveau me semble vide et sur le point d’exploser à la fois. La manière dont la présence d’Orwenn me sauve comme me tue. Dont tout ce que je semble faire se transforme en paradoxe. Sa chaleur me rejoint de nouveau, m’obligeant à rassembler les morceaux éparpillés de ma conscience. Mes yeux se fixent sur ma tasse, que je serre un peu plus entre mes doigts.
Je me désagrège, et me reconstruit. Déborde et se contient. A chaque fois sauvé par un geste, un souffle le long de ma joue.
Pourquoi faut-il que tu rendes toujours les choses si compliquées, Sarah ? J’inspire doucement, attendant la suite. Essayant de me concentrer – car je sais que ce qui va suivre est important. Et que cela me forcera à ouvrir un peu plus mon cœur, à le disséquer. Dans un chuchotement dont chaque parole s’encre sur ma peau à vif, il me questionne. Sur moi. Moi et mes passions désastreuses. Pourquoi est-ce que je me lance toujours dans le pire ? Parce que je trouve ça beau. Et parce que je ne pense pas mériter mieux. J’ai cette chose en moi, cette maladie qui compose mes os, et qui m’empêche de me donner une valeur. Un mal d’être si profond qu’il en est devenu incurable.
Arrête de choisir la souffrance Sarah... je pourrais pas survivre longtemps à l'idée de te savoir si malheureuse. Une toute nouvelle souffrance vient vriller ma poitrine, et ma respiration se bloque, tandis que je m’immobilise dans ses bras. Je t'en supplie Sarah, sois heureuse...
Sa supplique est pire que tout. Pire même que ces coups dont je ne suis qu’indirectement coupable. Un gémissement, lamentation aussi impulsive qu’instinctive siffle de mes lèvres. Et je réponds. Lentement. Ecrasée par ma propre personne.
« J’y arrive pas. A être heureuse. C’est juste comme ça, Orwenn.» J’accepte juste l’amour que je pense mériter – et quoi de mieux pour une traînée qu’un amour tordu et tâché de boue ? Un amour si méprisable que même Marwin n'en a pas voulu. Je me dénigre, et je m’étouffe peu à peu. Me tuant poussivement, mais sûrement – préparant un magnifique final pour le moment de ma mort. « Il y a des personnes qui préfèrent aimer qu’être aimées. » Et je suis de cette race, cette race malade d’amour. Cette bande de passionnés sauvages et insubmersibles, qui s’accrochent à tout ce qui vit pour en voler les sensations.
Je suis comme ça. Et je veux changer, même si c’est impossible. Je m’appuie un peu plus contre lui, et tourne légèrement la tête, fixant sa machoire serrée. Je sais que je viens de le blesser, encore et toujours. Et que plus je me confierai à lui, plus je resterai à son contact, plus sa belle lumière se ternira. Et je sais que j’ai besoin de lui, car il est le seul à pouvoir me faire respirer quand l’eau monte jusqu’à remplir la moindre parcelle de mon corps.
Il est ma rédemption, il est mon sauveur. « Est-ce que tu pourrais … ? » Je souffle, mes yeux d’ébène venant chercher les siens. «Est-ce que tu saurais comment me rendre heureuse ? J’ai besoin d’aide.» Apprends moi comment faire pour ressentir ça de nouveau - à moi qui ai oublié le goût du bonheur.
Pour moi, pour ma revanche sur Drew. J’ai bien compris qu’il n’y avait que deux moyens d’accomplir ma belle vengeance contre mon démon. La mort, ou le bonheur. Orwenn, toi qui recolle toujours les points défaits de mes sutures, serais-tu capable de m’apprendre à être heureuse ? De me faire remonter cette pente, et me faire briller, briller, jusqu’à le faire crever de jalousie et de haine ?
« J’y arrive pas. A être heureuse. C’est juste comme ça, Orwenn. »
Tu secoues la tête, sourcils froncés. Tu es loin d'être d'accord. Elle n'y arrive pas parce qu'elle n'essaie même pas. Essayer d'être heureux, c'est pas rester auprès de personnes à problèmes comme Marwin ou Drew. Naturellement, tu es bien loin d'être parfait, d'être quelqu'un de bien. Toi aussi tu es un mec à problèmes. Toi aussi tu es un voyou, un bad boy. Violent et impulsif, tu n'es pas un modèle. Mais tu peux au moins te vanter de pas frapper sur les femmes comme Drew, ou de te droguer et baiser tout ce qui bouge comme Marwin. Dans le fond, tu es encore ce petit orphelin coincé entre des murs vétustes et attendant que quelqu'un daigne t'adopter.
« Il y a des personnes qui préfèrent aimer qu’être aimées. » « Ah, pitié. Arrête de raconter des conneries pareilles Sarah. Tu serais pas là si t'avais pas besoin d'être aimée. Tu serais pas venue me voir si tu préférais aimer qu'être aimée. »
Tête sur son épaule, tu grognes, mâchoire serrée. Elle tourne la tête vers toi, mais tu ne cherches pas à te cacher. Oui elle t'a blessé. Parce qu'elle se voile trop la face. Et que t'en as marre de la voir sombrer sans rien pouvoir faire. Il paraît qu'elle se raccroche à toi. Quelle belle accroche tu fais là. Incapable de l'aider. Tu ne lui es d'aucune utilité. Et ça te ronge.
« Est-ce que tu pourrais … ? »
Tu redresses la tête, tes rubis croisant ses yeux sombres, fatigués.
« Est-ce que tu saurais comment me rendre heureuse ? J’ai besoin d’aide. »
Son appel à l'aide est une lame qu'elle t'enfonce en plein coeur. Poignante, sincère. Tu fronces les sourcils, essayant de lire la détermination dans ses yeux. Car l'aider si elle recommence après, ça ne fera que la briser un peu plus. Et toi avec. Car maintenant, quitte à ce qu'elle sombre, tu sombreras avec elle. Plus jamais tu ne la laisseras seule, recroquevillée dans les ombres de Marwin et Drew. Plus jamais.
« Je ne sais pas Sarah. Je sais pas si t'es prête au changement. Car si tu me demandes de t'aider, ce sera radical. »
Tu la fais basculer sur le côté, roulant sur ton lit. Côte à côte, tu regardes le plafond, un bras sous la tête, l'autre autour de la taille de Sarah. Tu réfléchis un moment. Un long moment. Est-ce raisonnable de penser à elle, à toi, à vous ? Tu te passes une main sur le visage. N'y pense pas Orwenn, c'est vraiment pas le moment.
« Tout d'abord, le Marwin, tu l'évites. Le mieux serait que tu le bannisses de ta vie, mais chaque chose en son temps. D'abord le déni, c'est déjà une bonne chose. Quant à l'autre macchabée... tu le rayes directement de ta vie. Ouais c'est peut-être plus facile à dire qu'à faire, mais cet enfoiré est juste plus pourri qu'un déchet. Frapper une femme. Putain je vais le démonter. »
Tu inspires profondément, pour te calmer. C'est le deal, soit elle coupe contact, soit tu vas lui démolir le portrait.
« Je t'avais prévenue, c'est radical. » Tu l'observes un moment avant d'adopter une expression très sérieuse. « Et, dans la mesure du possible, j'aimerais que tu m'acceptes. En tant qu'homme. »
La réalité, c'est que, depuis la Saint Valentin, t'as pas cessé de penser à ça. La réalité, c'est que tu ne veux pas l'oublier. La réalité, c'est que Sarah compte bien plus pour toi. Bien plus qu'une confidente. La réalité, c'est que t'es tombé amoureux d'elle à la minute où tu l'as vue. T'aurais voulu l'embrasser, mais tu sais que c'est pas le moment. Tu veux pas profiter de cette situation. Alors, au lieu de déposer tes lèvres sur les siennes, tu embrasses son front.
PLEASE DON'T STOP BECAUSE I'M SCARED TO PLEASE DON'T STOP BECAUSE I'M SCARED TO SO PUSH YOUR FINGERS IN COME ON AND TOUCH MY FRIGHTENED HEART BRING YOUR QUIET MOUTH CLOSER
Je sais pas si t'es prête au changement. Mon souffle tremble dans ma gorge, et je mords l’intérieur de mes joues avec force. Je veux changer – je veux devenir une autre personne que celle que j’ai été durant toutes ces années. Je veux redevenir moi – je veux retrouver la petite Sarah de bien avant Prismver, bien avant mon accident, bien avant mon premier baiser, bien avant le divorce. Retrouver cette part de moi que j’ai enfermé depuis maintenant plus de 13 ans. Je le veux plus que tout – c’est ma chair, c’est mon sang, c’est mon cœur qui hurle.
Et pourtant, j’ai si peur. C’est toujours la même chose, c’est toujours ce bonheur inconnu qui me terrifie. Et c’est toujours comme ça que je lui tourne le dos pour courir à l’opposé, ne me retournant jamais. Je tombe à ses côtés sur le lit – effondrée. Mes yeux glissent sur le plafond, avant d’aller trouver son visage. Sa mâchoire serrée - dure et solide. Je sens son bras autour de moi, si douce. Et j’ai espoir. Un tout petit, fol espoir – qui vient lécher mes poumons. Je suis détruite, anéantie – mais il pourra sculpter une nouvelle moi. Il en a la force.
Un long silence s’impose. Insupportable silence. Le silence, c’est la Mort, c’est l’absence, c’est le manque. C’est le moment où l’on redevient bien allongé, raide – inutile. Mais les battements erratiques et désordonnés de mon cœur sonnent à mes oreilles, prouvant que quelque chose la dedans s’accroche à son petit lambeau de Vie. Lourds, puis fébriles, puis lents, puis féroces à m’en crever la poitrine. J’essaie de retrouver une fois de plus mes sensations, mais tout est bien trop confus, mélangé en une seule masse de douleur sourde. Après quelques secondes, je lâche donc l’affaire – retournant à la contemplation muette de sa peau diaphane.
Tout d'abord, le Marwin, tu l'évites. Le mieux serait que tu le bannisses de ta vie, mais chaque chose en son temps. D'abord le déni, c'est déjà une bonne chose. J’ouvre la bouche pour avaler une gorgée d’air qui vient me brûler la gorge. Déjà, arrêter d’aimer Marwin – déjà, éteindre cet incendie permanent dans ta cage thoracique – déjà, étouffer cette peur chronique, cette insécurité. Déjà, aller détruire une partie de mon cœur. Déni. Mensonge. Quant à l'autre macchabée... tu le rayes directement de ta vie. Arrêter de penser à Drew, arrêtez d’aimer Drew, arrêter d’haïr Drew - effacer l’autre bout de mon palpitant.
Il me faudrait vraiment un cœur de plastique.
La colère le prend, encore à vif, face à la violence de Drew, et je pose ma main avec douceur sur celle qu’il a autour de moi – venant de nouveau le calmer. Je réfléchis. Vite. Ou un peu trop lentement. Quelque chose en moi se met à tourner vraiment de manière étrange.
C’est perdre mes deux démons pour garder mon ange. C’est enfin troquer ma souffrance – si douce, si tentante contre ce bonheur étranger qui me fait trembler d’effroi.
Lentement, j’articule. « J’essayerai. » Si c’est ce qu’il faut. J’essayerai. Avec cette détermination toute faite de rage et de sang, j’irai écraser la partie folle de mon cœur – pour toi. Seulement … « Il faudra que tu me surveilles, parce que je ne suis pas sûre de pouvoir réussir seule.» Je le vois déjà, ce moment fatidique où l’appel du danger sera si fort qu’il prendra possession de mon corps.
« Tu le fer- » Et, dans la mesure du possible, j'aimerais que tu m'acceptes. Mes sourcils se froncent, et mes pupilles viennent sonder ses yeux. Incompréhension. En tant qu'homme.
Mes lèvres s’entrouvrent pour sourire, rire, trouver une de ces blagues dont on avait l’habitude – mais je me fais transpercer par son regard. Un frisson qui n’a rien à voir avec les coups qu’on m’a portés me traverse.
Je comprends. Bien sûr que je comprends. Est-ce qu’il en avait toujours été ainsi ?
Evidemment Sarah. C’était quelque chose d’évident, de partout dans l’air – quelque chose de palpable entre nous. C’était ce quelque chose que nous avions pris soin de bannir, d’ignorer. Ne pas le voir dans nos sourires, étreintes, baisers enfantins. C’était ce quelque chose qui avait commencé à se réveiller ce jour de St Valentin. Cette étincelle de passion. Et elle vole vers moi cette étincelle, et elle vient se ficher juste au creux de mes côtes alors qu’il se penche vers mon visage. Et lorsque ses lèvres trouvent mon front – je me tends, je tremble, je vacille – et je me rends compte de la froideur de mes lèvres. De leur solitude.
C’était bien ce genre de pensées que je ne voulais pas avoir en sa compagnie.
Ne pouvais pas. Mes mains s’agrippent aux manches de son T-shirt, le repoussant lentement alors que tout s’organise dans ma tête. Une seconde, deux. Brusquement , mes mains attrapent ses joues, serrant son visage avec fébrilité – terreur.
Si je me mettais à le voir en tant qu’homme maintenant, tous ces moments passés prendront une autre couleur - tout comme cet instant changera de sens. Si je me mettais à le voir en tant qu’homme maintenant, je tomberai sûrement amoureuse. Pas sûrement. Certainement. Il prend déjà tant de place dans mon cœur après tout.
Et tout ça, une fois de plus.
J’essayerai d’être heureuse, j’aurai peur et poussée par cette crainte, poussée par mon désir de destruction … « Je te blesserai, parce que je suis ainsi faite. Je te détruirai. Et tu finiras par me détester, comme tous les autres. » Rauque, ma voix tremble, se déchirant sur les derniers mots. Les larmes qui avaient cessé de couler se remettent à glisser le long de ma pommette gonflée, tandis que mes yeux le fixe intensément.
« Et je ne veux pas. Je ne veux pas que tu me détestes. »
De manière toujours aussi égoïste – je ne veux pas. J’avais raison en disant que je préférai aimer qu’être aimée, Orwenn - cela fait bien longtemps que j’aime ta compagnie plus que mesure. Mais toi aussi, tu avais raison. Toi aussi, tu avais su voir ce sentiment fragile et éphémère. Que Drew me tue, me déteste. Que Marwin me méprise, m’annihile.
Mais toi Orwenn, aime-moi. « Car si tu te mets à me détester, si je fais de toi un monstre de haine … je. » Je mourrai. Mes os imploseront dans une culpabilité si forte qu’elle ne me laissera même pas le temps de crier.
Un sanglot se bloque dans ma gorge alors que mes mains lâchent ses joues pour retomber faiblement sur la couverture. Vaincues. Vaincues par la peur, la douleur de ce putain d’Amour – qui jamais ne m’accordera le bonheur.
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Sujet: Re: shattered pieces • SARWENN Ven 2 Mai 2014 - 22:52
Tu aurais dû te taire Orwenn. Tu aurais dû garder ça au fond de ton coeur. Laisser crever ce sentiment, cette sensation étrange mais délicieuse. Tu aurais dû accepter de l'aider et ne pas être un égoïste. Oui, c'est tout ce que t'es toi. Un égoïste. Tu veux bannir deux hommes de sa vie. Deux hommes qui ont compté pour elle, qui comptent toujours. Deux hommes qu'elle ne pourra pas oublier si aisément. Et toi, tu lui demandes de le faire. Pour son bien. Mais qui es-tu pour oser prétendre savoir ce qui est bon pour elle ?
Toi tu n'es que cet orphelin qui cache sa générosité derrière une façade de mec violent. Mais finalement, ce n'est pas qu'une façade. Tu fais du mal aux autres, à toi-même également. Tu n'es encore qu'un gosse qui rêve de liberté. Un gosse sans famille qui ne souhaite qu'en trouver une. Tu plonges dans son regard, et tu y lis le rejet, le refus. Et ça te flanque une douloureuse sensation, mais tu n'en montres rien.
« Je te blesserai, parce que je suis ainsi faite. Je te détruirai. Et tu finiras par me détester, comme tous les autres. »
Tu hausses un sourcil. Après tout ce temps, elle pense encore ainsi ? Fais-toi une raison Orwenn. Sarah ne te voit que comme un mec faible, que comme un être incapable de ne pas se laisser sombrer. Tu pousses un soupir, détournant le regard avant de te redresser, coudes sur tes genoux pliés.
« Et je ne veux pas. Je ne veux pas que tu me détestes. »
Tu secoues la tête en guise de réponse, lassé d'entendre toujours ce même discours. T'en as vu des gens qui n'ont pas confiance en eux, mais Sarah, elle, elle détient la palme. Et l'oscar de la plus grande idiote. Tu pousses un grognement, regardant par la fenêtre au dessus de ton lit. Tu entends ses sanglots, et tu n'en es que plus énervé. Contre qui exactement, difficile à dire. Mais tu sais que t'es énervé contre toi-même. Parce que t'as été con. Et énervé contre elle, parce qu'elle est idiote.
« Car si tu te mets à me détester, si je fais de toi un monstre de haine … je. » « La ferme ! »
Ça plane, ça impose un silence lourd, douloureux. Tu pousses un profond soupir avant de tourner la tête vers elle, le regard sérieux, déterminé. Celui d'un orphelin des rues américaines. Celui d'un mec qui n'abandonnera pas sa meilleure amie. Celui d'un homme simplement amoureux.
« Comment tu peux imaginer un seul foutu instant que je puisse te détester ? Sarah, je savais que t'étais atteinte, mais pas à ce point, sérieux. » Tu t'empares de sa main, la caressant tendrement. « Ecoute, j'sais que t'as pas besoin de te prendre la tête avec ce genre de trucs en ce moment. Mais arrête de penser des absurdités pareilles ! »
Tu ne lâches pas sa main, mais tu ne la retiens pas non plus, lui laissant le loisir de la reprendre si elle le désire. Ton regard se plante donc dans le vide. Tu secoues la tête avant de la ramener contre toi. Ta main sur sa nuque, tu apposes sa tête contre ton coeur avant de laisser glisser tes doigts jusqu'au creux de ses reins.
« Ecoute-le, Sarah. Tu crois vraiment qu'il battrait de cette manière si je te détestais ? Tu me crois vraiment capable d'une telle chose ? » Tu soupires. « J'en suis incapable, Sarah. »
Elle et Artus sont les seules personnes que tu ne pourras jamais haïr. Ce serait au dessus de tes forces. Ils pourront te haïr, mais toi non. Ils compte tellement pour toi que te séparer d'eux le moment venu sera un déchirement pour toi. Tu pousses à nouveau un soupir avant de capter le regard de la ténébreuse. Tu y lis sa détresse, sa peur. Et tu esquisses alors un large sourire, rayonnant.
« Laisse-moi être celui qui te balancera des coups de pieds au cul pour t'éviter de sombrer. Accorde-moi au moins ça. Et ne te soucie pas du reste. » Tu ébouriffes ses cheveux. « Cesse de croire que tout n'est que noirceur et malheur. Le bonheur existe, et il t'attend. Il te suffit de prendre le bon chemin. Laisse-moi être ton guide Sarah. »
Si tu ne peux pas être l'homme qui guérira son coeur, tu peux au moins être celui qui atténuera ses douleurs. Et c'est main dans la main que tu la conduiras vers la lumière. La tienne n'est pas vive, pas assez brillante, c'est vrai. Tu restes un mauvais garçon. Mais tu sais ce qu'est la solitude, la tristesse. Même si tu étais heureux à l'orphelinat avec les autres, tu ne pouvais que ressentir cette peine en toi. Ta famille, tu l'as trouvée ici, à Prismver. En la présence d'Artus, qui est comme un frère, et Sarah, comme l'amante. Amante qui ne sera jamais tienne.
« Allez, souris, t'es pas un monstre. J'te rappelle que t'as promis de m'accompagner pour racheter un orphelinat. J'veux pas d'une directrice avec des cernes et une allure de cadavre boltonesque. »
Jeu de mot pourri, tu peux te pendre Goodwin.
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Sujet: Re: shattered pieces • SARWENN Dim 4 Mai 2014 - 22:39
La ferme !
Et ça sonne, claque, retentit dans mes os – bloque les sanglots dans ma gorge. Mes muscles se tendent un à un sous la peur – cette peur viscérale qu’ont les animaux lorsqu’ils ont conscience d’avoir fait quelque chose de mal. Je me sens petite. Partie la grande Sarah qui a toujours tout fait pour paraître adulte – c’est l’enfant qui reste, paralysée, les doigts s’enfonçant dans la couverture. La petite Sarah qui tremble devant les reproches de sa mère et la violence des gens qu’elle aime. La petite Sarah qui a tellement honte d’être si faible.
J’aurais dû me taire, ne rien dire, laisser couler avec un silence ou un rire – j’aurais dû faire en sorte de dire soit ‘oui’, soit ‘non’ à sa demande, et d’éviter de lui faire part de ces sentiments tièdes qui sont les miens. C’est vrai, je rends toujours tout si compliqué – mais c’est parce que je n’arrive pas à me comprendre moi-même. Et alors que je le sens se fermer à côté de moi, j’ai l’impression de le perdre. Et ça m’est insupportable.
Son regard se plante dans le mien, et mon cœur se met à battre battre battre – ce n’est pas sain d’avoir sa vie au bout des lèvres de quelqu’un, au bout de ses mots. Ses mots qui sont injustement beaux. Non franchement, ce n’est pas du jeu. Je lui avais dit qu’il n’avait plus le droit de me dire des choses pareilles. Sa main autour de la mienne est douce, et j’augmente la pression autour de ses doigts – incapable de le repousser malgré mes paroles, car ayant toujours trop besoin de lui.
Je n’ai pas le temps de cligner des yeux, et je suis dans ses bras, ma tempe contre son cœur qui chante – pour moi à ce qu’il dit - et ça me laisse une drôle de sensation, rivée sous mes côtes gauches. Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait me rend faible – me fait perdre cette rage qui m’avait toujours permis d’avancer jusqu’alors. Elle n’était pas saine, cette hargne, mais c’était tout ce que j’avais – c’était tout ce que j’étais. J’étais juste ce morceau de charbon qui brûlait et qui s’étalait dans la cendre, bien résignée à rester noire de vices et à laisser la chance de devenir diamant à ceux qui étaient nés pour ça.
Alors pourquoi, putain, pourquoi ? Chacun de ses mots plie ma volonté, reforge ma décision – et sous son regard je me sens aimée. C’est égoïste et orgueilleux – mais je pense bien que c’est ça. Cet éclat qui m’avait manqué et qui m’avait changée après ma rupture avec Drew. Cette tendresse pure qu’il m’offre sans même y penser.
Le bonheur existe, et il t'attend. Il te suffit de prendre le bon chemin. Laisse-moi être ton guide Sarah.
Je dois vraiment être conne pour continuer de m’obstiner à le repousser – non ? Idiote comme il dit. Même si dans le cas présent, c'est bien lui l'idiot - l'idiot qui se préoccupe du sort d'une idiote. Il me dit de sourire – m’accordant même un de ses jeux de mots toujours aussi peu drôles, et j’arrête de penser un instant. Juste un instant.
Entre ses bras, j’ai arrêté de trembler, j’ai réduit au silence mes pleurs et j’ai passé longuement mes paumes sur mon visage blessé pour effacer le manque de confiance qui s’y était étalé. Entre ses bras, j’ai pris une grande inspiration qui m’a écorché les poumons. Entre ses bras, j’ai dessiné sur mes lèvres un sourire, un peu gauche, un peu timide, perdu. Puis j’ai ri. Ri aussi fort que mes cordes vocales éreintées le pouvaient, allant crocheter son cou - le faisant tomber avec moi dans le lit, le serrant serrant serrant. Je suis allée me nicher contre lui, ma bouche frôlant son menton, continuant de forcer mon sourire à m’en saigner.
Sourire, pour éviter de pleurer. Pleurer pour tout, pour mon nez pété, pour mon cœur brisé, pour ma vie cassée – mais pleurer aussi pour ses mots. Ses jolis mots qui me remplissent d’une joie dont je ne peux que me sentir coupable en cet instant.
« C’est vraiment injuste. » La manière dont je lui prends des choses sans jamais rien lui donner. Mes bras autour de lui resserrent leur étreinte, tandis que mes yeux vont se perdre dans le vide. « Je t’avais dit que la prochaine fois que tu dirais des choses aussi belles, je te frapperai. Mais là, j’ai plus envie de t’embrasser. » Toi qui avais réussi à me voir dans l’obscurité.
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Sujet: Re: shattered pieces • SARWENN Sam 24 Mai 2014 - 21:16
Tu ne sens plus son mince corps trembler contre le tien. Tu ne sens plus son coeur complètement affolé, entraîné dans un rodéo fou. Ton regard glisse sur elle alors que ses mains se posent sur ses joues, sur son visage meurtri. Et plus tu l'observes plus tu imagines Drew se pencher sur elle, un sourire carnassier aux lèvres, crocs dévoilés comme un loup. A-t-il pris du plaisir à souiller un corps qui ne demande qu'à être aimé, qu'à être enlacé ? Tu fermes un instant les yeux, tournant la tête vers le mur. Tu pousses un profond soupir. Tu dois arrêter de penser à lui, ou tu pourrais te lever et aller exploser tout ce qui se trouve autour de lui.
Son rire t'interpelle alors soudain. Tu la regardes, perplexe. C'est ta blague vaseuse qui l'a fait rire ? Non, après tout ce temps non. Tu te redresses légèrement pour mieux la fixer. Elle semble évacuer. De se libérer de tout ce qui pesait dans son coeur. Tu esquisses alors un sourire, secouant doucement la tête.
« Ça y est, t'es bonne pour l'asile Blackmore. »
Elle s'agrippe à toi, te faisant basculer avec elle sans cesser de rire. Elle se colle à toi, et tu ne la rejettes pas, emprisonnant sa fine taille dans tes bras forts. Tu ris aussi un peu, entraîné par son rire. Ses lèvres frôlent ton menton, te calmant doucement. Tu devines son sourire, un peu forcé mais tu sens que ça part d'une bonne intention. D'une bonne volonté, celle de changer peut-être.
« C'est vraiment injuste. » « Bien sûr que c'est injuste. La vie est injuste. C'est pour ça qu'on lui dit fuck. » « Je t’avais dit que la prochaine fois que tu dirais des choses aussi belles, je te frapperai. Mais là, j’ai plus envie de t’embrasser. »
Calme. Silence. Gros blanc. Tu clignes des yeux. Après ce que tu lui as dit, elle ose te dire ça ? Tu hésites un long moment avant de pousser un soupir. Tu te mords la lèvre. T'as envie d'en profiter. T'as envie de saisir cette opportunité qu'elle t'offre. T'as envie de lui montrer, de lui faire comprendre que, toi aussi, t'es un homme comme les autres. Pas que le meilleur ami et confident. Qu'au-delà de ça, tu as aussi tes désirs. Des désirs d'homme. Et que ton corps, et ton coeur, ne peuvent plus ignorer Sarah. Ne veulent plus. Il y en a pourtant des autres. Les belles filles ne manquent pas à Prismver. Mais non. Dans ton coeur, dans tes veines, c'est Sarah.
« Alors dépêche-toi de me frapper avant que je ne perde le contrôle de moi-même. »
Non, tu ne lui laisses pas le choix. Ta main glisse le long de son bras, effleurant son épaule, épousant les courbes de sa nuque si fragile. Ils glissent avidement vers son menton, s'en emparant avec délicatesse, comme s'il s'agissait d'un objet de porcelaine. Tu redresses son visage, tu imposes le contact visuel. Tes yeux se plongent dans les siens. Tu veux transmettre ta force à cette femme, cette puissance qui te donne les tripes d'accomplir ce que tu veux.
« Je sais... c'est pas le moment. C'est décidément pas le moment de craquer. Mais comment pourrait-il en être autrement alors que c'est dans mes bras que tu te réfugies ? »
Tes lèvres approchent des siennes, une excuse soufflée contre elles. Vos lèvres se frôlent. Suffisamment pour qu'elle devine ton attention, ton désir grandissant, ton sentiment ravageur. Mais pas assez pour parler d'un véritable baiser. Car déjà tu recules, libérant doucement son visage. Tu soupires, posant ton front contre le sien.
« C'est toi qui est injuste Sarah. Quel sort m'as-tu donc jeté ? »
Un sourire étire tes lèvres tandis que tes bras la ramènent un peu plus contre ton corps, brûlant comparé au sien, presque gelé. Tu voudrais lui susurrer d'autres mots, mais tu te contentes de nicher ta main dans ses cheveux d'ébène, lui accordant une réconfortante caresse.
« J'aimerais tellement que tu sois heureuse. Que ma Sarah soit la plus heureuse de toutes les filles. Qu'elle illumine les autres de son sourire au point de les aveugler et de faire enrager les gens comme Drew. » Silence. « Acceptez-vous cette mission périlleuse, agent Blackmore ? »
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Sujet: Re: shattered pieces • SARWENN Dim 25 Mai 2014 - 20:49
Ce n’était sûrement pas la chose la plus intelligente à dire – ni la plus délicate. Mais ça s’était échappé de mes lèvres comme une évidence, un besoin viscéral de m’exprimer. En temps normal, j’aurais sans doute regretté aussitôt ces paroles ; mais ce soir, la culpabilité avait atteint un tel point qu’elle ne semblait pu vouloir m’accabler. Pour l’instant. Mes limites s’étaient brisées – et quelque chose m’empêchait de revenir sur mes mots. D’autant qu’ils étaient vrais – cruellement vrais, dangereusement justes.
Mon cœur a un raté, ainsi collé au sien – et commence à s’affoler alors que le silence s’impose, assourdissant. Ok Sarah, tu viens de faire une connerie – pour changer – ok, si ça se trouve, tu viens encore de casser quelque chose. De le blesser un peu plus. Fais chier, je suis vraiment bonne qu’à ça. Je l’entends soupirer, et tout de suite, l’envie de s’excuser me monte dans la gorge. Je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs –mais le frêle animal désorienté que je suis en cet instant se dit que c’est la chose à faire.
C’est alors que sa main glisse sur mon bras avec une infinie douceur. Et quelque chose de plus. Je cligne des yeux, sentant quelque chose d’inexpliqué monter en moi, en même temps que ses doigts caressent ma nuque, mon menton. Il dit avoir le contrôle – mais je vois au fond de ses pupilles cramoisies une flamme qui grandit – si belle. Elle m’hypnotise en un instant, et mon regard s’accroche au sien. Un souffle, deux battements de cœur, et il se rapproche.
Oui, ce n’est certainement pas le moment. Et le savoir maintenant si proche – lui et ses sentiments brûlants, me font soudain sentir criminelle. Je ne devrais pas être dans ses bras, je ne devrais pas le regarder ainsi – je ne devrais pas aimer son contact à ce point. Marwin, Drew – ils réapparaissent, m’accusant. Mais pourtant, elle est là, cette putain de sécurité, de douceur, d’envie qui manque de prendre possession de mon corps – pour aller couvrir cette distance infime qui sépare nos lèvres. Nos respirations se mélangent, et je reste pétrifiée, ne le quittant pas des yeux. Retenant ce désir mélangé d’une douleur coupable qui ronronne entre mes côtes. Il se recule soudain, et une pointe de déception apparaît – aussitôt noyée par mes habituelles émotions. Peur, culpabilité, hésitation.
C'est toi qui es injuste Sarah. Quel sort m'as-tu donc jeté ? Sûrement une malédiction, Orwenn, et tu te laisses envoûter trop facilement. J’esquisse un sourire faible et bien pâle en comparaison de ce que ses mots peuvent provoquer en moi. Moi aussi, je me fais ensorceler. Tendresse, couleurs qui reviennent peindre mon cœur. Il devrait y avoir des limites à la beauté de ses paroles – comment je vais faire pour essayer d’être raisonnable maintenant ? Une fois de plus, je me retrouve nichée contre lui - et une fois de plus, l’électricité qui surgit de la différence de température entre nos corps me fait frémir. Vibrer. Il continue de parler.
Il continue de gorger mon cœur de cet espoir liquide. Boum. Boum. C’est ma passivité qui vole en éclat. C’est mes mains qui s’accrochent fiévreusement à son cou. C’est le fait d’être criminelle qui me colle à la peau – et qui vient chercher la sienne. C’est mes lèvres qui trouvent les siennes avec une simplicité effarante.
Effrayante.
C’est un simple baiser – ni trop court, ni trop long ; un simple baiser rempli d’une chaleur étouffante, et d’une timidité mêlée d’envie. C’est un baiser qui a le goût de mon sang, et qui fait mal – mes lèvres écorchées tremblantes de douleur. Mais surtout, c’est un baiser vital. Viscéral. Un besoin qui explose dans ma poitrine, retombant en nuées de petites étincelles, flambant mon palpitant. Et c’est doux. Et c’est coupable. Et c’est rapide – même dans ce moment qui frôle l’éternité.
Je romps le contact, silencieuse, et enfouit mon visage dans son cou. Refusant d’affronter son regard – ses questions, et le mal que j’y trouverai. Au bout de quelques secondes, je me rends compte d’à quel point sa présence était apaisante – même lors des pires moments. D’a quel point il aurait suffit qu’il me dise dormir pour que je sombre dans la chaleur de ses bras. Ils avaient toujours été le meilleur des refuges pour mon cœur blessé. Sérieux, je suis si stupide. L’embrasser était stupide, et toujours aussi cruel. Mais mains s’accrochent à lui, essayant de l’empêcher de bouger. Je reste un instant silencieuse, avant de chuchoter d’une petite voix.
« Ce baiser, c'était une manière de te remercier d'exister. Même si... il est évident que c'était la pire des choses à faire. » Les mêmes mots qu’il avait prononcés lors de la St Valentin. Je prends une inspiration – avant de reculer un peu, trouvant son regard. Les émotions passant telle une tornade dans l’encre de mes yeux. « Je serais heureuse, Orwenn. Pour toi, et pour moi aussi. Je serais heureuse, et pour ça, je crois avoir trouvé la solution. » C’est peut être un peu fou – oui, c’est sûrement complètement taré, perdu d’avance. Mais tout de suite, c’est tout ce qui s’impose à moi, au milieu de l'immensité floue de mes sentiments. Ma résolution se met en marche, soufflant les cendres de mes amours brûlés.
« Je vais tomber amoureuse de toi Orwenn, je te le promets. je t'aimerai si fort que tu ne pourras jamais plus te débarrasser de moi. Alors attend-moi juste. »
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Sujet: Re: shattered pieces • SARWENN Dim 25 Mai 2014 - 22:43
Elle répète mot pour mot ce que tu as dit, ce fameux soir de la Saint Valentin. Tes mots ont-ils plané dans son esprit depuis tout ce temps ? Difficile de le savoir. Tu déglutis, t'attendant à ce qu'elle te rejette oralement. Car elle a physiquement besoin de toi, d'un soutien, de quelqu'un à qui se raccrocher. Elle recule un peu et tu te raidis, pensant alors que, une fois encore, t'aurais mieux fait de te retenir plutôt que d'agir. Son regard se plante dans le tien, et tu le soutiens. Car tu ne fuis pas. Tu ne veux pas fuir.
« Je serais heureuse, Orwenn. Pour toi, et pour moi aussi. Je serais et heureuse, et pour ça, je crois avoir trouvé la solution. »
Tu es rassuré de voir qu'elle ne semble pas vouloir prendre ses jambes à son cou et se barrer en criant partout que t'es un gros pervers qui veut la violer. Oui elle en serait capable. On parle pas de n'importe quelle Sarah. L'espoir fait battre ton coeur un peu plus vite. Tu espères, comme un gosse à qui on vient de promettre une bonne part de son gâteau préféré, les étoiles dans les yeux.
« Je vais tomber amoureuse de toi Orwenn, je te le promets. je t'aimerai si fort que tu ne pourras jamais plus te débarrasser de moi. Alors attend-moi juste. »
Tu écarquilles les yeux. Tu as du mal de réaliser ce qu'elle vient de te dire. C'est à la fois tellement beau et inattendu que tu te demandes si tu rêves pas. Coup d'oeil à ses prunelles. Non, elle ne ment pas. Et tu sens son coeur battre contre toi. Tu pousses un soupire presque désabusé avant de secouer doucement la tête. Tu la ramènes contre toi avec tendresse, un sourire bienveillant aux lèvres.
« Je t'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra, Sarah. Et même si tu te perds en route ou que tu prends un autre chemin, je serais toujours là pour toi. »
Car il est impossible de contrôler ses sentiments. Elle pourra toujours y mettre du sien, ce n'est pas dit qu'elle tombe amoureuse de toi. L'amour, la passion, ça se contrôle pas. Et ça se commande encore moins. Tu sers son corps presque chétif contre toi, embrassant ton front.
« Jamais plus tu ne seras seule, Sarah. Car je veillerais sur toi jusqu'à ce que tu me dises de partir. »
Et, sur ses mots, tu te redresses, regardant l'heure. Tu te lèves, quittant le matelas pour aller éteindre la lumière. Tu reviens, à tâtons, jusqu'à ton lit, enjambant le corps de Sarah pour reprendre ta place. Tu tires tes draps, couvrant vos corps avec.
« Passe la nuit ici. Avec moi. »
Inutile de préciser que tu ne lui feras rien. Elle le sait. C'est pas comme si c'était la première fois qu'elle dormait avec toi après une dispute avec Marwin. Tu enroules alors un bras autour de sa taille, la rapprochant avant de fermer les yeux, un sourire aux lèvres. Les lumières d'une petite veilleuse éclairent difficilement la pièce, mais suffisamment pour distinguer un minimum le visage de quelqu'un de proche.