[Brighton] Dancing trip

Welcome home

- Voilà d’où je viens.

Sourire. Jim se tenait dans le salon d’un tout petit trois pièces, au premier étage d’un vieil immeuble londonnien. Tout ce qu’il y a de plus modeste: on sentait que la famille vivant ici avait peu de moyens. Une déco très sobre, des murs ayant besoin d’un bon coup de peinture, du matériel premier prix, un canapé qui avait du vécu. Malgré tout, une ambiance chaleureuse, un petit cocon douillet, où l’on imaginait aisément de belles soirées en famille au coin du feu. On sentait vraiment beaucoup de simplicité et de modestie, dans ce lieu, et par extension dans la famille qui vivait ici. Ou plutôt, le couple. Il ouvrit la porte de sa chambre.

Le jeune homme avait intégré Prismver à 12 ans, ainsi, il avait passé absolument toute son adolescence dans les cabanons, cabanes et bungalows, ne revenant ici que de façon très ponctuelle. Ainsi, cette chambre n’avait plus grand sens: la décoration d’enfant avait laissé place à des murs blancs, tandis que l’adulte qu’il était ne passait pas assez de temps ici pour ressentir le besoin d’y recréer un nouvel univers. C’était presque devenu une chambre d’ami. Presque. La seule décoration restante semblait avoir été faite à la va-vite: quelques photos au dessus du lit, collées à la pâte à fixer, où on le reconnaissait à différents âges, accompagné de Morgan, Cale, ou Betsabe. Jim referma la porte de sa chambre après y avoir pris ses clés de voiture, la petite (et rapide) visite désormais terminée.

Il était très déroutant de découvrir que Jim Reed venait d’une telle famille, si modeste, populaire. Lui qui avait toujours des vêtements de haute couture sur le dos, qui réservait ses nuits dans de prestigieux hôtels et semblait avoir un budget sans limite lorsqu’on voyait l’organisation de ses fêtes. On l’imaginait venant d’une famille très aisée, et pourtant.

- Mes parents tiennent une friperie en plein centre. Ils gagnent pas grand chose, mais ça leur suffit pour vivre., expliqua t-il en se dirigeant vers la cuisine, ouvrant le frigo avant de reprendre, Moi j’ai exploité mon don, l’ancien, le contrôle des probabilités. J’allais régulièrement dans des casinos, ou en ligne, ou peu importe: là où je pouvais gagner de l’argent grâce aux probas. C’était de la triche, mais je voyais pas pourquoi m’en priver. Alors, j’ai profité, et je me suis enrichi.

Il sortit de quoi grignoter: jambon, saucisson, pain, bière, coca, jus de fruit. Ils venaient de prendre le train depuis Prismver, et devaient repartir en voiture désormais. Il invita Holly à s’asseoir cinq minutes, avant de lancer la machine à café.

- J’ai acheté des trucs à mes parents, je leur ai même proposé de changer d’appart... Mais ils ont jamais voulu de mon argent, ils étaient pas à l’aise avec le fait que j’utilisais la magie pour le gagner, puis, en tant que fils, c’était pas à moi de leur rendre la vie plus aisée, tu vois l’truc. Vas-y sers-toi !

Mangeant à l’arrache, un bout de jambon sur un bout de pain arraché, Jim se cala contre le plan de travail, jetant un regard évasif dehors.

- Bref, j’suis pas né dans l’milieu richos contrairement à ce que tout Prismver croît.

Il avala, le regard lointain, préférant ne pas parler de ce qui commençait à l’inquiéter, à savoir, son changement de pouvoir. Il n’avait plus le contrôle des probabilités. L’argent facile, la triche, c’était terminé. Désormais, il allait devoir reprendre le mode de vie de ses parents, et autant dire que ça allait être difficile. Très difficile. Surtout concernant les fêtes; il allait devoir trouver un moyen de les financer, et vite. Mais tout ça, c’était son petit secret. Les coulisses des Jim’s - et leurs problèmes - ne regardaient que lui.

Un quart d’heure et un café plus tard, ils quittèrent l’appartement familial des Reed pour prendre place dans une petite 206 turquoise. Ils n’avaient pas croisé ses parents, partis en week-end à la plage. D’après Jim, ce n’était pas plus mal: ils auraient collé Holly, lui posant un milliard de questions. « Si vous me trouvez chaleureux, vous avez jamais vu mes parents... » avait-il lâché en cours de visite, alors qu’il lui parlait d’eux.

Une fois au volant de la 206 CC, ils ouvrirent les fenêtres, et Jim demanda à Holly de trouver une pochette à CD dans la boîte à gants. Il choisi lui-même la compil’ et inséra le CD avec un petit sourire, se roulant rapidement une clope avant de démarrer. Il monta le volume presque à fond et cala sa clope entre ses lèvres pour sortir sa caisse de là où elle était garée; la musique démarra au moment ou la voiture se mit en route sur le boulevard.

- Let’s gooooo


Oeillade amusée à Holly, il lui balança un sourire avant de se passer la langue sur les lèvres; il activa alors un mécanisme permettant de retirer le capot de la voiture. Et ils roulèrent ainsi, en décapotable, Iggy Azalea & Ariana Grande à fond, Jim se trémoussant en rythme au volant; lunettes de soleil sur le nez et grand sourire aux lèvres. Direction Brighton.