Sujet: MIND'S OVERDOSE. [Ft Chayton] Mer 25 Juin 2014 - 18:05
MIND'S OVERDOSE.
feat : Chayton I. Rivers
Everything makes me angry.
Dans ma tête, tout cogne. Encore une sale journée, pourtant il fait si beau. C'est dommage de tout gâcher comme ça. En attendant de commencer les cours, je me suis baladée dans les couloirs du pensionnat. J'avais pas prévu de tomber sur deux ou trois élèves stupides. Leur regard de travers, ça m'a foutue en vrac. Ils ne m'ont rien dit, rien fait. Juste moi qui déconne.
Alors j'ai marché comme une furie en essayant de me rappeler où j'allais quand j'étais élève et que je n'arrivais pas à gérer mon surplus d'émotion. J'ai fait le tour des lieux, et puis j'ai su où je voulais aller. De longues heures à y errer en quatrième année. Un petit sourire en pensant à ces moments, mais il s'efface bien vite. C'est insupportable, même pas capable de me contrôler pour trois fois rien.
Me voilà devant la serre. Mes doigts caressent la porte de derrière, comme j'en avais l'habitude. Ça fait quand même tout drôle d'être de retour ici. Je me prends les pieds dans un plan de tomates et je peste. Juron sur juron, c'est pas joli joli tout ça.
- Bon sang mais qu'est-ce que ça foutait ici, ça ? Saloperie de..
Silence. Je ne suis pas seule. Je relève la tête après avoir entendu un léger raclement de gorge. Un homme, que je ne distingue pas très bien. Il est à l'autre bout de la serre, et je ne sais pas comment réagir. Je l'ignore tout d'abord, encore énervée et tentant de contrôler mon souffle. Et puis merde. Je fouille dans mon sac à main et en sors laborieusement une cigarette, que j'allume tant bien que mal.
Première bouffée salvatrice. Je fixe l’intrus sans vraiment me gêner, après tout qu'est-ce que j'en ai à faire. D'ici, je dirais que c'est un adulte. M'enfin, je m'en fous. Pas comme si j'allais lui parler. Mon petit tube de nicotine se consume rapidement, mais ça ne suffit pas à me calmer. Je bous de l'intérieur, avec un furieux besoin d'exploser. Mentalement, je lutte : c'est tentant, mais il faut que je résiste.
Une minute, puis deux, sans que rien ne se passe. Et puis je craque, j'alpague le mec qui traîne un peu plus loin, véhémence dans la voix.
Sujet: Re: MIND'S OVERDOSE. [Ft Chayton] Mer 25 Juin 2014 - 22:53
Le thym ça calme, u want some ?
Pratiquement quatre années que Chayton enseignait la littérature à Prismver. C'était un renouveau d'être ici, avec des gens qui le comprenaient et qui ne le regardaient pas trop bizarrement quand il parlait avec un animal. Il évitait tout de même de le faire trop souvent en public. Ici au moins, il n'était pas pointé du doigt parce qu'il était proche des animaux.
L'homme soupira, alors qu'il prenait quelques branches de thym pour préparer un remède contre les maux de ventre. En ce moment, c'était l'épidémie et il se permettait de temps en temps de donner un coup de pouce naturel aux infirmiers de l'école. D'une, c'était plus sain à ses yeux, de deux, ça revenait moins cher tous les mois. Animkii, son perroquet rose, s'agita sur son épaule car quelqu'un rentra dans la serre. L'animal comme l'humain regardèrent en direction de la personne qui jura en s'emmêlant les pieds dans un pied de tomates. Pour le faire, il ne fallait vraiment pas être doué... Animkii se gargarisa mais ne "parla" pas, retenu de justesse par un raclement de gorge et un regard insistant de son maître - même si Chayton ne se considérait pas comme tel.
De là où il se trouvait, l'Indien n'avait pas beaucoup de mal à distinguer une jeune femme adulte qui semblait perdue. Son air hagard, ses jurons, les tentatives de contrôle sur elle-même bien visibles et la cigarette, tous étaient les signes d'une anxiété trop marquée. La clope, Chayton la connaissait bien, puisqu'il avait fumé pendant quelques années, avant d'arrêter grâce à l'acupuncture. Pour ne pas mettre le feu aux poudres involontairement en la fixant trop, il détourna le regard et s'occupa de prendre les branches de thym les plus belles mais raté, la furie semblait l'avoir pris en grippe.
« Hé toi là-bas, t'as un problème ? »
L'homme mit ça sur le compte de l'anxiété, cette familiarité extrême. Animkii se permit une remarque sur cela et Chayton se contenta simplement de lui pincer le bec entre deux doigts. La femme ne parlait sûrement pas le langage animal mais on n'était jamais trop prudent. Il se retourna donc entièrement vers la rousse qui se permettait de fumer, non sans un regard insistant vers la cigarette et ouvrit enfin la bouche, prenant un ton qui se voulait amical malgré sa voix tonnante.
« Juste avec cette cigarette qui pourrait provoquer un incendie ici, sinon non. Vous ne vous êtes pas fait mal au moins avec le plan de tomates ? »
Il se retint de sourire et conserva un ton neutre mais cette jeune femme était la maladresse même, semblait-il. Enfin, il avait appris à ne pas se fier à ses premières impressions avec son ex-épouse, il ferait de même ici.
Ma phrase raisonne dans la serre. Quelques secondes de silence, je me mords la lèvre. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que je fasse des trucs stupides ? Le regard de l'homme se pose sur moi, profond et paisible. Ça me perturbe. Inconsciemment, je me rapproche et je distingue maintenant mieux mon locuteur. En m'apercevant qu'il est mon aîné de quelques années, je me sens légèrement honteuse. Et le respect, ma vieille ?
Ce qu'il dit m'irrite encore un peu. Me reprocher de fumer dans la serre, me prendre pour une empotée capable de la réduire en cendres ? Pourtant, sa voix n'est pas inquisitrice. Et puis il place sa remarque d'une manière si subtile que je n'ai pas le courage de m'insurger. Il me demande juste après si je ne me suis pas fait mal avec le pied de tomates. Merci l'affiche, donc. Je souffle pour écarte une mèche de cheveux me tombant devant les yeux, fermant ceux-ci une fraction de secondes avant de les rouvrir troublée.
Mes lèvres commencent à former des mots mais l'inconnu ne me laisse pas encore parler. Tout en moi bouillonne, c'est une flopée de sentiments contradictoires qui danse à l'intérieur. Moi, nouvelle ici ? Un ricanement sarcastique m'échappe avant que je n'ai eu le temps de le retenir. Je ne sais pas l'image que je dégage à cet homme, mais il est temps de rectifier le tir.
- Ça dépend du point de vue, je suppose. Par ailleurs, je n'ai jamais provoqué d'incendie ici depuis que j'y suis élève, mais peut-être que maintenant que j'y enseigne les choses vont changer.
Clair, net, précis. Pas trop agressif mais pas vraiment amical non plus. Pour qui il se prend, franchement. Tout mon corps demande à exploser, à hurler, mais une petite case dans ma tête m'implore de rester calme. Ma main vient frotter ma tempe douloureusement, mes yeux se plissent et je soupire. Je voudrais juste que tout ça cesse.
J'observe mon homologue en silence. Je suppose que c'est un professeur, vu son comportement qui incite au respect. Quoique à regarder les plantes comme il le faisait, c'est peut-être un jardinier. J'en sais rien, mais je m'en fous. Il est grand, sa stature est plutôt impressionnante, du moins pour n'importe quel quidam. Nouveau mordillement de lèvre inférieur, je voulais juste être tranquille. Évacuer toutes ces choses qui font la java en moi, sans être dérangée. On dirait que c'est loupé. Ma tête vient se poser sur mon épaule, je ne sais plus quoi faire. Dois-je partir en quête d'un nouveau lieu ? Ce serait malpoli de partir en pleine discussion. Mais en est-ce vraiment une ?
- Sommes-nous en train de discuter ?
Bon sang ce que je peux être conne. Penser à voix haute, on t'a jamais dit que ça te faisais passer pour une débile ? Mes doigts s'entremêlent entre eux, se tordent, se cherchent. Dans un craquement dérangeant, je fixe maintenant droit dans les yeux mon locuteur. Sa réponse sera-t-elle un laisser passer, ou au contraire un emprisonnement ? Je suis dorénavant bloquée ici, attendant sa réponse. Je peste à voix basse, tant pis pour la politesse.
H.S : Désoléééééée du retard j'avais pas vu que tu avais répondu QAQ
La jeune femme ne répondit même pas à la question un peu inquiète de Chayton, qui n’en prit pas ombrage pour autant. Si elle tenait debout sans vaciller et en fumant, c’est qu’elle devait aller bien logiquement. Il fallait dire aussi qu’il ne lui avait pas le temps d’en placer une, ne reconnaissant pas cette personne. Il était au pensionnat depuis quatre ans, il se serait souvenu de son visage et ses cheveux roux tout de même… Et sa question fit rire la rousse. Elle n’était peut-être pas si nouvelle que ça et à en juger par son physique, elle devait être jeune. Peut-être une ancienne élève ? Sa réponse ne fit que confirmer la pensée de l’Indien.
▬ Ça dépend du point de vue, je suppose. Par ailleurs, je n'ai jamais provoqué d'incendie ici depuis que j'y suis élève, mais peut-être que maintenant que j'y enseigne les choses vont changer. ▬ Vous êtes devenue pyromane à vos heures perdues entre temps ?
Ce n’était qu’un trait d’humour mais la façon qu’avait eu l’inconnue de répondre à Chayton l’avait amusé et une ombre de sourire s’était allongée sur ses lèvres. Elle semblait sur la défensive et il ignorait pourquoi. Certes il avait une carrure assez imposante et un visage pas toujours très lumineux mais il ne faisait pas pour autant la gueule. Surtout que dans les serres, il y avait généralement peu de monde alors Chay s’autorisait une petite pause dans sa froideur apparente.
Ses gestes intriguent le professeur car elle ne semblait pas dans son assiette ni très à l’aise. Peut-être avait-elle mal à la tête ? Elle avait juste trébuché tout à l’heure, sans pour autant tomber mais au cas où, Chayton se tenait prêt à la réceptionner, au cas où elle tomberait dans les vapes. Son perroquet battit des ailes tout en ricanant à son oreille, voyant bien l’état de la femme, lui aussi. “Elle est bizarre”, qu’il disait. L’homme lui attrapa de nouveau le bec en le fusillant du regard mais la jeune rousse ne sembla pas en prendre ombrage. Elle ne comprenait donc pas le langage animal, heureusement.
▬ Sommes-nous en train de discuter ?
Chayton haussa un sourcil, intrigué. Animkii avait peut-être bien raison en fait, l’inconnue était pour le moins étrange dans ses réactions et ses paroles. Il croisa les bras sur sa poitrine, des brins de thym écrasés dans sa main et il haussa les épaules en souriant légèrement, ignorant les grommellements de la jeune femme.
▬ On peut parler d’interaction entre vous et moi, en effet. À vous de voir si vous voulez continuer à discuter. Certains disent que je ne suis pas de la meilleure compagnie, c’est à vous d’en juger.
Il ne savait pas pourquoi elle parlait toute seule à voix basse mais une chose était sûre, cette femme était à prendre avec des pincettes, vu sa nervosité. Le perroquet perché sur l’épaule de Chayton battit des ailes un instant et partit voleter à l’extérieur de la serre. “Pour se dégourdir les ailes et arrêter de supporter la femme”, affirmait-il. Cependant, l’humain lui, ne voulait pas en finir là de cette conversation.
▬ Je suis Chayton Rivers, un des professeurs de littérature. Et vous ? Vous m’avez l’air tendue, vous êtes sûre que tout va bien ?
Cet homme a l'air bien trop calme pour que ce soit vrai. T'es jalouse, c'est tout. C'est sans doute ça, ouais. Toujours est-il que je n'arrive pas à comprendre pourquoi il sourit autant, ça devrait pas être permis. Et puis qu'est-ce qu'il a à me regarder comme ça ? En plus, son perroquet me glace le sang. J'ai jamais trop aimé les volatiles.
"Vous êtes devenue pyromane à vos heures perdues entre temps ?"
C'est un petit comique, à ce que je vois. Je lui décoche un sourire laconique, juste histoire de.
- Si seulement c'était que ça. je lâche, en soupirant.
Mon locuteur attrape le bec de son perroquet en le fusillant du regard, et ça le rend encore plus flippant. C'est quoi son problème, à lui ? J'esquisse par réflexe un mouvement de recul, m'écartant ainsi de l'animal. Remarque, je ne sais pas qui est le plus étrange entre le propriétaire et l'oiseau, parce que moi j'attrape pas le museau de mon chien sans raison hein. Enfin j'ai pas de chien, mais c'était pour illustrer. Bref.
Après lui avoir demandé si nous étions en train de discuter, je vois bien qu'il me regarde comme si j'étais dingue. C'est un peu le cas, après tout. C'était stupide de demander ça, surtout qu'apparemment j'ai enclenché la machine à paroles. Je n'avais pas vraiment envie de ça, mais maintenant je suis bloquée là à devoir écouter, et surtout répondre. Youpi.
"On peut parler d’interaction entre vous et moi, en effet. À vous de voir si vous voulez continuer à discuter. Certains disent que je ne suis pas de la meilleure compagnie, c’est à vous d’en juger."
Même son piaf a l'air d'en avoir marre, il s'éclipse hors de la serre. Tant mieux, son départ me détend un peu et ça doit se voir, je soupire en libérant un brin de tension de mon corps. Je ne sais pas si je veux continuer à discuter, je ne veux pas débattre sur ce bonhomme que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam. Je veux juste être seule. Mais bon, avant que je n'ai eu le temps de répondre quoique ce soit il continue de parler. Comme quoi, je n'avais pas vraiment mon mot à dire. Je lâche un ricanement ironique.
"Je suis Chayton Rivers, un des professeurs de littérature. Et vous ? Vous m’avez l’air tendue, vous êtes sûre que tout va bien ?"
- Effy Adams, professeur d'arts plastiques il paraît. je grommelle avant de poursuivre. Je n'ai vraiment pas envie de répondre à cette question, mais bon, politesse oblige.. Oh, ça. Juste mes troubles comportementaux habituels.
Ma voix dégage un tel sarcasme que la commissure de mes lèvres esquisse un sourire satisfait. J'espère qu'il est mal à l'aise, tiens. Avec un peu de chance, il ne saura pas quoi répondre et j'en profiterai pour filer en douce. Alors coco, comment tu vas te débrouiller avec ça, hum?
La jeune femme ne semblait pas rassurée à la vue d’Animkii, qui l’avait bien compris et en profita, mais Chayton lui cloua littéralement le bec et lui demanda de quitter la serre. Déjà qu’elle n’avait pas l’air très à l’aise, il ne fallait pas qu’elle fasse une crise de nerfs ou un truc du même genre. Et il avait eu raison car il sentit bien que l’inconnue se détendit un peu. Légèrement mais c’était presque palpable dans l’atmosphère. Pourtant le perroquet n’était pas bien méchant, juste un peu moqueur…
Le professeur se sentit légèrement envahissant alors que ce n’était pas vraiment son habitude mais il ne pouvait s’empêcher d’être un peu inquiet lorsqu’une personne ne semblait pas dans son assiette, or c’était exactement le cas avec la femme ici présente. Mais puisqu’il ne s’était pas présenté, il rectifia vite le tir, se jugeant impoli de rester ainsi dans l’anonymat. C’était une présentation simple et efficace.
▬ Effy Adams, professeur d'arts plastiques il paraît. Oh, ça. Juste mes troubles comportementaux habituels.
Troubles comportementaux ? C’était donc ça qui clochait chez la dénommée Effy ? Chayton hocha la tête en signe de compréhension. Maintenant qu’elle le disait, tout semblait assez logique. Cet énervement si facile même après un plan de tomates, ces tics nerveux… Sa réponse très incisive fit sourire très légèrement l’homme. Elle s’attendait à le mettre en colère et le faire partir de cette manière ? Elle ne le connaissait pas encore, loin de là.
Si Effy parlait aussi facilement de ses troubles comportementaux, soit elle n’en avait pas honte du tout, soit c’était une sorte d’appel à l’aide. Chayton décida de ne pas trancher mais lui montra tout de même les branches de thym qu’il tenait dans sa main depuis tout à l’heure. Avec la chaleur de la serre plus celle de la paume de sa main, les toutes petites feuilles écrasées sentaient à plein nez. Il prit alors la parole, expliquant son geste démonstratif.
▬ Je tiens un magasin de produits naturels, dont des calmants. Peut-être pourrais-je vous en offrir de temps en temps, si vous le souhaitez ?
L’Amérindien se tourna vers un plan de sauge, qui devait servir à Betsabe et Indiana de temps en temps, pour leur cuisine. Cette plante ne serait sûrement pas utile à la professeure pour ses nerfs puisque ses propriétés résidaient juste dans l’anti-sceptique, la digestion facilitée et l’apaisement des menstruations douloureuses mais il en cueillit tout de même un peu pour créer des décoctions.
▬ Je ne promets aucun miracle, mais si ça peut vous apaiser un peu.
C’était peut-être déplacé de demander ça, peut-être présomptueux de vouloir l’aider avec des méthodes naturelles, mais Chayton avait laissé sa gentillesse transparaître un peu. Il espérait juste qu’Effy n’en prenne pas ombrage.
Sur tous les gens qui traînent dans ce pensionnat, il a fallu que je tombe sur celui qui pensait pouvoir m'aider. Ç'aurait été encore un autre psy, j'aurais pu comprendre. Mais là.. Il me montre une brindille, sûrement cueillie avant que j'arrive. Ça sent fort. Il s'attend à quoi, que je la mange ?
"Je tiens un magasin de produits naturels, dont des calmants. Peut-être pourrais-je vous en offrir de temps en temps, si vous le souhaitez ?"
Quand il prononce le mot calmant, je ne peux retenir un petit rire sarcastique. Ah mon pauvre, si tu savais tout ce que j'ai essayé.. J'essaye quand même d'y mettre du mien, le pauvre. Il essaye de m'aider, je ne vais pas non plus lui mettre des bâtons dans les roues.
- C'est gentil à vous de proposer, mais je ne pense pas que ce soit vraiment utile. J'ai essayé presque tout ce qu'on peut essayer, il n'y a rien à faire. Vive les pouvoirs..
Petite pointe ironique à la fin, il faut pas non plus exagérer. Mais je me surprends à me rendre compte que je ne suis plus furax. J'hausse un sourcil, étonnée. C'est vrai que cet homme a un effet apaisant. C'est drôle, personne ne m'avait jamais fait ça avant. D'habitude, les gens ont plutôt tendance à m'agacer.
"Je ne promets aucun miracle, mais si ça peut vous apaiser un peu."
Je reste perplexe. C'est qui, ce gars ? Il est prof, mais on dirait qu'il s'y connaît bien, en plantes. En l'observant plus calmement, on dirait un hippie. Ou un vaudou, au choix. Peut-être que c'est un grand manitou ou je ne sais quoi. Cette pensée me fait sourire, mais c'est vrai qu'il n'a pas l'air d'être anglais. Je hausse les épaules, résignée. Après tout, si c'est gratuit, pourquoi pas ? Je grommelle quand même un peu, pour ne pas avouer ma défaite.
- Mmh.. Et votre truc, c'est quoi exactement ?
Je le regarde, lui faisant comprendre que je baisse les armes. Mais attention, il ne faudrait pas croire que tout est gagné d'avance !
Chayton n’aimait pas qu’on le prenne pour un gentil nounours mais il appréciait tout de même de pouvoir aider son prochain. Certains pourraient penser qu’il crâne et étale sa culture, d’autres le trouveraient serviable à l’extrême, c’était peut-être les deux mais il décelait chez la jeune femme quelque chose qui le poussait à l’aider un petit peu.
Quand l’homme parla de sa boutique et de son contenu, Effy émit un rire grinçant qui le fit hausser un sourcil. Son cas était si désespéré que ça pour qu’elle soit ironique à ce point ? Si elle refusait son aide, Chayton n’insisterait pas, préférant rester neutre plutôt qu’en mauvais terme avec les professeurs. Avec les élèves, il s’en fichait un peu mais les adultes, tout devenait rapidement plus délicat.
▬ C'est gentil à vous de proposer, mais je ne pense pas que ce soit vraiment utile. J'ai essayé presque tout ce qu'on peut essayer, il n'y a rien à faire. Vive les pouvoirs…
Vive les pouvoirs ? Quel pouvait donc être son don pour que la jeune femme soit autant sur les nerfs ? Malgré ce qu’elle disait, Effy semblait s’être apaisée et non plus sur le point de lui sauter à la gorge à n’importe quel moment. Avec un petit sourire intérieur, Chayton se prit à penser qu’elle avait déjà oublié les pieds de tomates, ce qui était plutôt une bonne chose. Animkii parti, cela aussi avait paru l’aider. Il nota mentalement de ne pas apporter son perroquet s’il rencontrait à nouveau la professeur, pour son bien-être.
Il l’informa que cela ne fonctionnerait peut-être pas parfaitement, lui-même le savait bien mais son métabolisme s’y adapterait peut-être. Cela parut étonner la jeune femme que quelqu’un se préoccupe d’elle et son grommellement fit sourire Chayton. Alors ma petite, trop fière pour s’avouer vaincue ?
▬ Mmh.. Et votre truc, c'est quoi exactement ?
Encore une fois, l’amérindien lui montra le brin de thym qu’il tenait dans la main, même s’il n’utiliserait pas ça pour calmer.
▬ Eh bien, des plantes. Sous la forme que vous souhaitez. Cela peut être en tisane, en huile essentielle ou bien en crème. Je ne vous propose pas de massages, cela pourrait être mal venu de ma part, ajouta-t-il avec un petit rictus amusé.
Quand sa fille ou son ex-femme tombaient malade, Chayton avait l’habitude de leur faire des petits massages aux huiles essentielles, aux tempes ou dans le dos selon le mal qui frappait. Tout d’abord, cela créait un effet placebo, elles se sentaient un peu rassurées et ensuite les plantes agissaient. Sauf que le professeur ne connaissait pas Effy et ne se serait pas permis cela.
▬ Généralement, je fais payer les produits mais pour certaines personnes du pensionnat, je fais une entorse au commerce. Et si vous cherchez quelqu’un sur qui vous défouler ou simplement avec qui parler, n’hésitez pas à venir me voir.
Je le vois qui me jauge, qui m'observe, on dirait même qu'il s'amuse de me voir. Qu'est-ce qu'il a, j'ai un truc sur le visage ou quoi ? Mes sourcils se froncent imperceptiblement, mais je prends sur moi pour ne pas faire de commentaires.
Lorsque je lui parle de mes pouvoirs je vois bien qu'il est intrigué, ça me fait sourire. Je suis plutôt satisfaite d'avoir éveillé sa curiosité et de maintenir sa frustration en éveil. Ma manière à moi de lui dire que je ne suis pas un mystère à décrypter en deux secondes chrono.
Lorsque je lui demande ce que signifie exactement son traitement, il me remontre la branche de thym. Bon sang mais qu'est-ce que j'en fais de son machin moi ? J'hésite à le saisir, je ne sais vraiment pas ce qu'il faut que je fasse. Mais au moment où je m'apprête à lever la main, il recommence à parler et je me fige pour l'écouter.
"Eh bien, des plantes. Sous la forme que vous souhaitez. Cela peut être en tisane, en huile essentielle ou bien en crème. Je ne vous propose pas de massages, cela pourrait être mal venu de ma part."
J'hausse un sourcil, à la fois étonnée par son audace et amusée par la tournure que notre conversation prend. Pour la première fois je regarde vraiment mon locuteur. Il doit avoir approximativement la quarantaine mais reste imposant. Il est gigantesque en fait, et sacrément musclé. Et puis il y a ses cheveux aussi, ils sont longs et en fouillis, j'y aperçois même une plume. Mais c'est qui ce mec sérieux ? J'essaye de répondre avec une certaine légèreté, de mettre une touche d'humour sans trop de cynisme. Après, qu'on vienne pas me dire que je fais pas d'efforts.
- Attendons de se connaître un peu mieux pour le massage, d'accord ?
J'esquisse un sourire pour lui montrer que je fais de l'humour, parce que ça se comprend pas forcément ok. Puis voyant que c'est loin d'être gagné pour être drôle, je continue en reprenant un certain sérieux.
- Hum. Bon. Sinon, je pense que les tisanes ça m'irait. Et combien ça me coûterait votre incantation vaudou ?
Oups, ça m'a échappé tout seul. Je croise son regard et je hausse les épaules un peu gênée. Si seulement je pouvais faire croire que ma mal-politesse venait aussi de mes pouvoirs, ce serait bien pratique. Mais là je me suis grillée toute seule, et rien ni personne ne va me venir en aide. Pourtant, il ne réagit pas tout de suite et te réponds calmement.
"Généralement, je fais payer les produits mais pour certaines personnes du pensionnat, je fais une entorse au commerce. Et si vous cherchez quelqu’un sur qui vous défouler ou simplement avec qui parler, n’hésitez pas à venir me voir."
- Je ne voudrais pas vous importuner, ni vous harceler. Si je viens vous voir pour me défouler, vous risquez de devoir me supporter assez souvent ! À moins que vous soyez maso, je vois pas qui voudrait passer autant de temps avec moi.
Ça, c'est dit. Je me renfrogne un peu, exprimer à voix haute ce que je pense à propos de moi n'est pas vraiment agréable. Mais pourtant c'est vrai, je connais peu de personnes qui aiment passer leur temps en ma compagnie. Au lieu de baisser ma tête et passer pour une faible, je plante mon regard dans celui du hippie qui me fait face. Et maintenant, qu'est-ce que tu vas répondre hein ?
Cette petite amusait un peu Chayton avec son fort caractère. Elle avait du répondant, c’était une certitude ! Les gens comme ça trouvaient souvent grâce aux yeux de l’amérindien car cela lui rappelait ses jeunes années. Ah quand il était jeune… Cela commençait à dater un petit peu mais il ne s’était assagi que récemment, finalement… Il haussa légèrement les épaules et s’amusa intérieurement de la réaction d’Effy quand elle vit pour la seconde fois le brin de thym. Non il ne faut ni le sniffer, ni faire d’autres choses étranges et ce n’est pas pour vous, jeune fille.
Chay lui expliqua donc le fond de sa pensée par rapport aux plantes, même si ça pourrait bien ne pas fonctionner très longtemps en ajoutant une petite pointe d’humour pour tenter de désamorcer l’atmosphère tendue entre eux. En effet, il ne se serait pas permis de proposer des massages à une collègue qu’il venait à peine de rencontrer et apparemment, la professeur avait bien compris et continua sur la lancée. Chayton lui rendit son sourire, plutôt satisfait qu’Effy soit un peu plus calme qu’avant.
▬ Hum. Bon. Sinon, je pense que les tisanes ça m'irait. Et combien ça me coûterait votre incantation vaudou ?
Plutôt que de se vexer, l’homme eut un rictus moqueur. Ce n’était pas la première fois qu’on le prenait pour un chamane vaudou. Après tout, avec ses plumes dans les cheveux et ses origines, il ne s’étonnait plus de rien. Il n’ajouta rien de plus quant à ça, pourquoi se justifier quand les gens croyaient des choses de ce genre ? Ca l’amusait alors il laissait faire. À la place, Chayton proposa à la jeune femme de venir le voir quand ça n’allait pas. C’était une sorte de défi, vu le comportement d’Effy. Pauvre petite.
▬ Je ne voudrais pas vous importuner, ni vous harceler. Si je viens vous voir pour me défouler, vous risquez de devoir me supporter assez souvent ! À moins que vous soyez maso, je vois pas qui voudrait passer autant de temps avec moi.
Léger sourire sur les lèvres mâtes de l’amérindien. SI elle pensait se débarasser de lui de cette manière… Chay était le calme et la patience même, il supportait certains élèves et rumeurs le concernant, il pouvait bien supporter une jeune femme un peu psychotique. Il haussa les épaules et répondit avec une pointe d’amusement.
▬ Considérez que je suis maso alors mademoiselle. Ne vous en faites pas, j’ai tendance à beaucoup écouter les gens. Pour les conseils par contre, c’est autre chose, sauf quand il s’agit de remèdes naturels.
Consultant sa montre, Chayton se rendit compte de l’heure avancée. Il n’avait pas cours ce jour-là mais il était venu prendre deux trois plantes dans les serres, pour préparer quelques nouveaux produits. Les heures d’ouverture de sa boutique lui imposait de partir.
▬ Je m’excuse mais je vais devoir y aller, fit-il en sortant un bout de papier et un stylo de sa poche pour y griffonner quelque chose. Voilà l’adresse de la boutique, j’y serais aujourd’hui si vous avez besoin. Enchanté de vous avoir rencontré, Effy et courage pour vos cours.
Avec un visage avenant, Chayton la salua de la main et reprit ses sachets de plantes dans une besace, avant de quitter la serre. À l’extérieur, Animkii rejoignit rapidement son épaule et tous deux partirent pour assurer l’ouverture de Spirit Dove. Peut-être qu’il aurait une cliente assurée, aujourd’hui...
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Mer 25 Juin 2014 - 18:05
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