Wake up, wake up ☃ PV Mike [Terminé]

L’adolescente émergea de la salle de bain emmitoufler dans des serviettes, l’une entourant son corps, l’autre sur ses épaules et la troisième retenait sa longue chevelure, couleur de flamme. En temps normal, elle aurait essuyé le miroir d’un revers de main et fixé son reflet quelques instants, et en plongeant son regard azuré dans celui de son double immobile, elle aurait eu envie de fracasser la glace, et elle avec. Mais pas ce soir. Ce soir, il y avait la Jim’s. Ce soir, elle allait décompresser, tout oublier. Au revoir les soucis, rien à foutre de sa dépression, du monstre en elle et des voix qui tantôt, lui susurrent, tantôt lui hurlent, des obscénités sur sa personne.

Non, pas ce soir.

Ce soir, Marguerite disait bonsoir à la joie, à l’oubli, à la connerie multipliée par cent. Elle allait boire, juste assez pour planer, mais pas pour être saoul, elle allait fumer aussi, des cigarettes, un joint ou deux pourquoi pas, mais toujours juste de quoi planer, mais pas assez pour être totalement dans les vapes. Ça non. Elle devait se souvenir de cette Jim’s, comme de toutes les autres.
Alors, Marguerite avait continué sa marche, avait déboulé dans sa chambre, fouillé dans le bordel qu’était sa garde-robes, et pour une fois, elle voulait être présentable. Jolie. Ou un truc du genre. Elle avait pris des trucs qui lui semblaient s’assortir et les avait balancés sur son lit. Elle s’appliqua ensuite une couche de fond de teint sur toutes les parties mutilées de son corps. Puis elle s’habilla, mit des bijoux, sécha ses cheveux avec la serviette, parce que le sèche-cheveux c’est le mal et qu’il abîmerait sa crinière, de ce fait elle l’utilisait rarement. Elle était prête.

En se regardant dans le grand miroir, elle trouvait que le rendu était pas mal. Elle avait mis un grand t-shirt blanc avec la lune dessinée dessus et en dessous était inscrit « antichrist superstar », la référence à Marilyn Manson n’avait rien à voir avec le dessin, mais elle le trouvait fun. Space. La largeur de ce dernier couvrait le peu de formes qu’elle avait, tout cela à cause de son dos et de ses larges épaules. Y a pas à dire, le 3XL, ça gère. En dessous il y avait un short de la même couleur, qui était à l’origine un jean hors de prix, avec des bas blancs, le tout était accompagné de creepers noires et blanches à talon – yay 1m90 –, de bracelets à clous – pas trop grand, les clous – et à lanière, de trois bagues,–  l ’une à l’index, l’autre à l’annulaire de la main gauche et la troisième au niveau du pouce droit – , un collier à clou avec un croissant de lune en médaillon, et un autre dont le médaillon n’était rien d’autre qu’une croix inversé. Elle aurait voulu mettre ses lunettes de soleil, mais fallait pas déconner non plus, sa vue était à la limite, ainsi l’adolescente se contenta de planter ses lunettes de vue à grosse monture sur le sommet de son crâne.
Elle frictionna une dernière fois ses cheveux dans la serviette, puis les attacha simplement au niveau de la nuque avec un élastique, duquel quelques mèches courtes et rebelles s’échappaient déjà. Sa crinière continuait à ruisseler dans son dos, gouttant sur son t-shirt, mais elle n’en fit pas grand cas.

Clarissa prit son sac à dos nike, rouge, qui contenait son kit de survie et autres trucs qui lui étaient nécessaires, mit son portable dans une poche de son short, caché par son haut, y rattacha ses écouteurs qu’elle vissa sur ses oreilles et lança le flux de paroles et de mélodies, la chanson était des plus romantiques, « Anal elctrocution de Devourment », et dans la seconde, elle mit son briquet, son paquet de cigarette et de chewing-gum, bien sûr, après avoir mis un chewing-gum dans sa bouche, cela va de soi.

Elle sortie en claquant la porte de sa chambre et du bungalow qu’elle partageait avec les autres sorciers. Direction, Cabanon numéro 1. La fête seule, c’est fun. Mais à plusieurs, c’est mieux. Et puis il devait sociabiliser le petit, alors, elle allait le traîner avec elle. Elle entra dans le cabanon, tout comme dans la chambre de Mike, sans prévenir, ni taper à la porte comme le veut la convenance, mais au lieu de cela, elle agissait comme si elle était chez elle. L’albinos était toujours dans son lit bien au chaud sous sa couette, regardant un truc sur son pc portable, quand elle débarqua. Et sans lui laisser le temps pour réagir ou se remettre de sa stupéfaction, Marguerite piqua l’ordi et le posa sur la table de chevet, avant de prendre la couette et la balancer au pied du lit.

- WTF. CE SOIR C’est la JIM’S .. Et elle a déjà dû commencer en plus…. MERDE. BOUGE TON CUL. SORS DE LA SALE LARVE. Elle l’agrippa par le bras, le traîna hors du lit et le poussa vers la douche. WE’RE GONNA PARTY LIKE IT’S THE LAST NIGHT IN OUR LIFE.

Elle referma la porte de la salle de bain.

- Mike John Chailos, grouilles toi, ou j'te prends en photo et je les vends pour le plus offrant.

En attendant, elle faisait des bulles avec son chewing-gum.

Il avait ouvert la porte alors qu’elle s’essayait sur son lit, et sortait sa psp, pour rejouer une énième fois à Persona. L’un des jeux qui l’avait le plus marqué dans son enfance et, il continue de la marquer encore maintenant. À chaque fois, elle se rappelait des journées sur la ps1 avec son frère et sa sœur. Leur déambulation dans cet univers pixélisé, les musiques, l’ambiance. Tout l’avait marqué en cette série de jeux. Inutile de préciser que le jeune homme parlait et que, elle, elle planait dans ses souvenirs, sans avoir remarqué qu’il était là, jusques ce qu’elle relève la tête par hasard.
L’incompréhension se lisait sur son visage, alors que le jeune homme attendait visiblement une réponse, l’air las.

- Euh ? LOL. Quoi ?

- Donne-moi une bonne raison pour que j'y aille à cette fête de débiles mentaux ? C’est qu’il a dit. Fit une voix sortie de nulle part.

Et là, un lutin émergea de sous le lit. C’était un moment purement what the fuck. Mais, c’était un fait normal dans la vie de Guenièvre, car son pouvoir déconnait parfois, quand elle pensait à une créature magique et, de ce fait, il s’activait tout seul. Enfin, en ce moment le petit lutin qui venait de s’asseoir sur ses genoux à la façon d’un pokémon, lui avait sauvé la mise.

- Ah… Une raison ?

« Comme s’il fallait une raison pour faire la fête… Peut-être l’alcool ?» pensa-t-elle. Oui mais non, il ne fallait pas être un génie pour savoir que ce n’était pas la réponse que l’adolescent attendait. Elle enchaîna.

- Et bien, c’est simple. Ça va être fun, on va bien déconner, on va voir des potes et puis faut vaincre ta timidité et te sociabiliser un peu.. Voir beaucoup. Et puis y a de l’alcool et on pourra faire les oufs sans se prendre des heures de colles. Azy t’as mieux ? Bref, pour faire simple. TU VAS T’AMUSER. Et puis bouge-toi le cul on est vraiment en retard là.

Sur ces paroles, elle se déconnecta de la réalité une nouvelle fois, en chargeant une sauvegarde. Elle jouait le plus normalement du monde en attendant qu’il s’habille, son lutin sur ses genoux. Et s'il ne se dépêchait pas de se fringuer, elle se jurait de le traîner dehors comme ça.

Tessa semblait jouer, mais en réalité elle ne faisait que cliquer aléatoirement sur les touches, attendant le verdict de l’adolescent. S’il refusait, elle ne savait pas comment le convaincre cette fois, déjà que ses premiers arguments n’étaient pas convaincant. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien pondre dans ce cas ?

Clarissa n’était pas idiote, elle connaissait la raison principale qui le retenait et l’empêchait de participer à cette fête. Morgane. Son ex, duquel il était visiblement toujours amoureux. Et Jim, le nouvel amour de son ex et l’organisateur de cette fête. Ça devait être pénible pour lui, elle n’en doutait pas, mais il ne devait pas sombrer, rester comme ça à comater dans son coin. Elle ne voulait pas le laisser comme ça, seul, à broyer du noir et à pester contre la vie. Toute bonne chose à une fin et cette expérience devrait rester malgré tout mémorable pour lui, et même si au bout du compte, leurs chemins s’étaient séparés, elle estimait qu’il ne devait pas haïr Jim pour ça, car c’est ainsi que vont les choses.

Selon elle, il devait garder en mémoire tous leurs souvenirs, accepter le passé sans l’oublier ni être obnubilé par lui et aller de l’avant. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, surtout qu’elle-même était encore prisonnière du passé, des fantômes de sa famille et de ses jumeaux… six ans après. Alors, pour une fois, elle fit ce qu’elle ne faisait que rarement, tenir sa langue, se taire. Ne rien dire et ne pas faire sa langue de vipère, parce qu’elle tenait à Mike et qu’elle ne voulait pas le blesser, ou encore remuer le couteau dans la plaie, car c’était la dernière chose dont il avait besoin. Non, ce qu’il lui fallait là, c’était surtout changer d’air, d’environnement. Tout oublier pour un moment. Et s’amuser. Voilà la raison principale pour laquelle elle était venue l’entraîner dehors - mais les autres aussi sont vraies, elle veut se ramasser à la petite cuillère et se prendre une cuite d’enfer. Oui, c’était un plan minable, mais c’est l’intention qui compte, non ? Et puis, elle aurait pu l’emmener faire la fête autre part, parce que choisir la Jim’s, ce n’était pas terrible comme idée, mais rien ne rivalisait les Jim’s ici et elle doutait vraiment qu’il la suivrait pour aller aux USA ou autre sans raison valable que boire et faire les oufs en boite.

- Bon, très bien, attends-moi là !

Elle releva son regard de la console portable pour le porter sur le mannequin.
Enfin.
Elle sourit et fixe l’écran de nouveau, tout en serrant l’elf tel une peluche. Victoire. Elle attend qu’il se prépare et cette fois, elle se concentre vraiment sur son jeu, quelques monstres abattu plus tard, il était prêt.
Elle se redressa affichant un sourire qui s’étendait aux oreilles, renvoya l’elf d’où il venait, rangea sa psp dans son sac à dos et en profita pour jeter un coup d’œil à son lézard, calé confortablement au fond, endormi.

-T’es super albinos. Vient, on va s’amuser comme jamais, cette soirée va être mémorable.

Elle enchaîna, un peu plus bas avec une moue enfantine, en gonflant les joues.

- Je suis désolée, mais je crois q’j’ai mouillé ton oreiller … Mes cheveux sont pas encore secs. Lulz… M’enfin. LET’S GO.

Elle sort en sautillant telle une gamine de cinq ans du cabanon, tout en restant à côté de lui.
C'était Marguerite.
Elle était aux anges.