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Réponse à MORT AUX ROUGES

Journée type d’un E. Heath a dormi jusqu’à 10h20, parfaitement conscient que le cours de 8 à 10 ne se dérouleraient pas - ce prof là, il ne l’avait plus vu depuis quoi... deux ans ? Comme les autres, il avait essayé, le prof. Mettant de la bonne volonté pour essayer d’aider ces élèves en difficulté. Et puis, le bordel, couplé aux difficultés immenses des uns et des autres avaient fait qu’il avait fini par abandonner. Comme tout les autres. La classe E n’est qu’un cercle vicieux dans lequel élèves et profs se découragent les uns les autres pour finalement ne plus du tout essayer quoi que ce soit. Les E aussi ont leur part de responsabilité, Heath ne l’a jamais nié. ... Mais dans cette merde, il a préféré, comme tout les autres, se ranger du côté de ses « frères ». Ils ont pourtant essayé au début, avec Gautier, Pytha et Joach: ils se sont présentés dans les salles de classe à 8h, assis face à un fauteuil vide, des semaines durant. Espérant faire bouger les choses, montrer qu’ici il y a des élèves motivés. Mais ils étaient seuls, seuls élèves et livrés à eux-même. ... Qui n’aurait pas craqué ? Elèves et professeurs sèchent les cours, et voila, on se retrouve à dormir jusqu’à 10h - du moins les plus sérieux - pendant que les A, B et C apprennent des choses qui les aideront - ou pas - dans l’avenir. Heath se fiche d’être une merde dans les matières générales, ou plutôt, il a la chance de ne pas l’être; quand il lit les cours d’Ashley ou Hannah, il comprend, il a les capacités d’un C (d’où la lettre réelle e Ruthel) et en mathématiques, il résoudrait presque les exos d’Ashley, si un vrai prof lui donnait des cours au lieu de son amie. Parce-que les élèves tels qu’Ashley ou Jim, même avec toute la bonne volonté du monde, ne sont pas des professeurs. Ils n’ont pas le temps, pas les méthodes, pas les connaissances. Ils ne suffisent pas. Et c’est ce qu’Ashley semble avoir du mal à comprendre en ce moment. Et le fait qu’elle soit passée en C au moment où on lui propose à lui d’y monter le trouble grandement, et révèle combien les élèves sont mal placés, lui qui se pensait à l’autre opposé d’elle, les voila finalement de même niveau.

En caleçon, il observe son armoire, se demande comme tout les matins si ça faut encore la peine de porter l’uniforme ou non. Ca ne sert clairement à rien, mais si il ne le porte pas, Nemesis sautera sur l’occasion de le coller. Il y a des matins ou il tente le coup, d’autres non, et aujourd’hui il n’est pas d’humeur à être encore collé, alors son choix se porte sur l’uniforme. C’est au moment d’enfiler sa cravate que Joach débarque sans toquer, en pyjama, venant piquer à Heath un caleçon - ce dernier ne réagit absolument pas tant la scène est habituelle. Ce qui l’est moins, c’est de loucher sur cette cravate verte qui trône sur son bureau, au moment ou il noue la sienne, rouge flamboyante, autour de son cou. Joach capte cette oeillade, tout deux se regardent, et en silence se détournent de l’objet de leurs tentations. Pour Pytha. Pour Gautier. Et pour tout les autres qui n’ont pas la chance de s’en voir offrir une.

C’est lorsqu’ils arrivent devant leur salle, à 11h, qu’ils découvrent un mot de Sören. Ce dernier se répand en excuses, mais cette fois encore, on le force à faire un cours de soutien aux B pile à l’heure des E. Sören, trop proche des E, subit de lourdes pressions de la part de l’administration, Heath le comprend sans mal. Et ainsi les bleus ont des cours de soutien là où les rouges n’ont même pas de cours principaux. C’est blasés que les gars quittent le couloir, loin d’être offusqués ou ne serait-ce qu’étonnés. Ils traînent dans le parc, errent, croisant la majorité de leur classe et de trop nombreux D qui comme eux, n’ont rien d’autre à foutre de leur journée que d’attendre qu’elle ne passe. Forcément qu’autant de glande donne des idées. A son passage aux toilettes, Heath observe les lavabos, se baisse pour analyser la tuyauterie, lève les yeux sur le conduit d’aération, la fenêtre. Des scénarios se mettent en place dans sa tête. Car si il pense de moins en moins au cours en ce moment, c’est parce-qu’il est occupé à penser à la première mission de RED. Elle aura lieu ici-même. Et cette perspective l’excite bien plus que ce que l’absence de cours le déprime. Les membres de RED ont trouvé un sens à leur présence ici. Aussi peu honorable soit-il. En sortant des toilettes, il croise Anarchy, la salue, lui sourit sincèrement. Il a eu des soutiens inattendus qui ne font que l’encourager dans sa démarche.

Il n’y a pas grand chose qui puisse le décourager. La pire chose étant peut-être lui-même. Lui-même et ces moments ou il se sent changer, ou il ne se reconnaît plus. Comme lorsque, à cet endroit même dans le parc, il s’est jeté sur Léocade pour le défoncer. Peut-être était ce lui déclarer une guerre, en attendant, plus un signe du violet.

Et comme d’habitude, la bande échoue au gymnase après avoir bouffé dans le bungalow 1 ou 4. Si l’équipe de basket a un tel niveau, c’est, au delà des talents monstrueux de Skygge et Pytha, parce-que le reste de l’équipe est en D et en E. Ils ont le temps de s’entraîner. Beaucoup trop de temps. Même Joach qui n’en fait pas partie a tellement d’occasions de taper le ballon qu’il en a un niveau intéressant. Leur après-midi se déroule donc au gymnase, pendant que les A, B et C se construisent un avenir. Ce soir, comme tout les soirs, Heath et Joach plongeront leur nez dans les cahiers d’Hannah, essayant de capter à peu près ce qu’elle a étudié dans les matières générales. Essayant de s’accrocher à ce niveau de C qu’ils peinent à avoir. Et ce, jusqu’à ce que l’administration ait la bonté de leur rendre Sören.

« Y’a plus rien à bouffer chez nous. »
« Nous non plus. »

Et à l’heure du diner, ça tire la gueule, parce-que les frigos sont vides et qu’ils vont devoir subir l’épreuve de la cafétéria. Au quotidien, ils préfèrent encore dépenser leur propre argent pour s’acheter à manger en ville. Mais manque d’organisation, ils sont là, dans le parc, et attendent, lançant des regards à la file d’attente pour aller manger. La plupart des A sont déja entrés, mangent chaud, tandis que les B font la queue dehors. Quelques C optimistes sont à leur suite. Les D et les E ne prennent même pas la peine de rester debout: ils ne passeront pas avant les trois premières classes. Assis à une table, dehors, la bande discute, les ventres - et Skygge - grognent, et Heath a comme toujours le nez dans son téléphone, un peu mal au bras parce-que Pytha a fait sa brute pendant le match de basket. Comme d’hab. Il accepte déja de traîner avec lui, faudrait pas non plus que ce soit trop facile pour le Renard. Ce dernier se fait discret, silencieux, il fait sa vie, n’emmerde personne. C’est ce qu’il est, de base. Le mec qu’on ne regarde pas, qui ne se met pas en avant, qui ne se mêle de rien. Le mec à qui vous n’aurez jamais l’occasion de parler, parce-que son monde c’est ses écrans et ses potes. Mais il faut croire que Prismver le change réellement, et ce de jour en jour.

Et faut croire que c’est pas l’seul à se sortir les doigts du cul depuis qu’il a mis un pied dans la guerre des classes.

« Bonsoir Prismver, Remington à l’appareil. »

Les regards d’Heath et Joach viennent se trouver l’un et l’autre à la seconde. ...wtf ? Et aussitôt, ça pue. Léocade qui s’empare du micro, qui va s’adresser à l’école entière. Heath lui a défoncé la gueule y’a moins d’une semaine, ça lui paraît très peu probable qu’il n’y ait aucun lien. La tension monte légèrement, il ne peut pas le nier, et comme toute la bande, tend l’oreille - peut-être un peu plus tendu que ses amis.

« Tout se passe bien ? Bon, certes, niveau confort c’est la looze, je pense aux A qui ont plus de fauteuils notamment... »

Ah oui. Ca, c’était y’a quelques jours. La bande est passée devant leur salle en fin de journée, ils ont un peu foutu le bordel. C’était pas une mission de RED, c’était vraiment en passant, imprévu, et pour s’amuser. C’était vraiment rien comparé à ce qu’Heath a en tête pour le hall...  « mais la bouffe est bonne au moins ? Bien sûr qu’elle est bonne, on est à Prismver putain. Enfin… bonne pour les A, les B et les C à la limite, qui ont réussi à chopper les meilleurs morceaux vu qu’ils ont la priorité au self, mais bref. » Oeillade sur la file d’attente. La moitié des B est passée. La bande n’est pas prête de manger, et les deux ours que sont Skytha grognent, encore. Heath reporte son attention sur son téléphone, ne manquant cependant pas d’écouter Léocade. C’est quoi le but, dire encore plus fort combien ils sont supérieurs ? C’est ça sa stratégie pour répliquer au cassage de gueule ? Mais fait donc Léo, ça l’arrange, Heath, que tu montre encore plus combien vous êtes des connards. Heath en sourirait presque, tant la perspective de cette intervention le sert. Mais il sait Léocade intelligent, aussi il ne crie pas victoire trop vite. Il ne s’emparerait pas du micro de Ruthel si c’était juste pour rire des privilèges de sa classe à la cantine.

«  Naaan mais j’déconne » Déclic. Sa voix a changé. Oui, il l’entend, son sourire. Il l’imagine très bien vautré dans le fauteuil du boss. Le sarcasme et la haine sont là,  et Heath visualise très bien Léocade d’ici, hargneux, arrogant, malîn, insupportable. Son regard supérieur, son sourire moqueur. La lueur au fond de ses yeux, celle qui le poussait à le frapper encore et encore. « C’est toujours sympa de se retrouver tous ensemble autour d’un bon repas, évitons de parler des cours. J’suis là pour vous divertir après tout ! C’est le moment d’oublier les tensions. » Quelques secondes, c’est ce qu’il faut à Heath pour sentir sa propre arrogance grimper en flêche en réponse à celle de Léocade Remington. Combat de coqs, il suffit d’entendre sa voix arrogante pour se sentir pousser un peu plus de balls et l’envie de la lui mettre profond, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse. Ennemies. Léocade s’est emparé de ce micro pour lui, pour eux, c’est certain. Léocade a l’arme en main, et eux ne peuvent que serrer les fesses en attendant que ça passe.

... Vraiment ? C’est mal connaître Heath.

« En espérant qu’Ackland... » Heath lève brutalement le doigt très haut, baissant la tête dans une position de Rockstar sur une scène devant laquelle la foule se déchaine. Léocade veut tourner les regards sur Heath ? Ce sera fait. Promis. «... et Hemelrijk se tapent pas dessus ce soir. Se disputer pour une fille, franchement les gars… Super mignonne certes, mais quand même. Ackland, lâche la rouquine une bonne fois pour toute et refile la à Hemelrijk bordel ! » Oui, les tensions sont là, à cette table même, tandis que Pytha regarde ailleurs, à l’opposé d’Heath, l’oeil flamboyant. Les tensions sont là, la guerre froide, ou brûlante sur le terrain de basket. L’alliance est fragile, l’amitié menacée. Mais Heath a foi en cette amitié. Elle se reconstruira, elle se reconstruit déja. Parce-que des frères se lâcheront pas pour une fille. Heath est fautif mais Heath assume. Cette histoire avec Charlie, comme tout le reste, il l’assume. Parce-que c’est dans son caractère, parce-que le regard des autres n’a AUCUNE importance à ses yeux, parce-qu’il aime au contraire provoquer. Heath subit Shu depuis longtemps, et est conscient qu’il subira les regards toute sa vie; c’est comme ça que le monde tourne. Et contrairement à Léocade et beaucoup d’autre, il a réussi à se libérer de ça. Du jugement des autres. Et c’est ce qui fait toute la solidité du personnage.

« Quel égoïste, t’en as pleins d’autres à disposition en plus… » Pas faux. « Belle preuve de fair-play de la part d’Hemelrijk n’empêche, qui l’a suivi dans son délire de révolte malgré le coup de pute. » Fierté que Pythagore soit un ami en or. ... Contrairement à lui-même. Heath n’est pas un bon ami, et il le sait. Il a juste la chance que eux le soient. « À votre avis, combien de temps se passera-t-il avant qu’Heath ne vous lâche VOUS, les E ? Une proposition à aller en C ? Bullshit. Une belle excuse pour tenter de vous convaincre de sa soit disant loyauté. M’enfin j’comprends qu’on y croit. » « Mais c’est qu’ça parle vraiment de moi mec ! »

Voix forte, oeillade à Joach, les  projecteurs sont sur eux tandis que Léocade essai de les brûler de cette lumière. Autant briller, puisqu’il est balancé sur le devant de la scène. Le A attaque, le E contre-attaque. « Je prie pour que ça s’arrange entre eux deux, qu’on perde pas le leader de RED suite à un fâcheux accident. » Leader ? Hoho, le mot est sorti, la classe. Un geste, et Heath fait tomber sur son nez les lunettes de soleil qui traînent sur le sommet de son crâne depuis près d’une heure. Et parce-qu’il sent que c’est loin d’être terminé, et que Remington est parti pour lui en mettre plein la gueule, Heath lance son appli musicale, cherche un son en souriant sous les regards curieux de ses potes. Joach, lui, a bien compris. Il lui a fallu un regard, un sourire. Et pendant ce temps, Léocade enfonce Pythagore, mais aussi Indiana et Sören. Heath ignore comment eux vont prendre ça. Et il s’en moque. Pytha fait la gueule, fermé, écoute avec probablement l’envie dévorante d’aller démonter Léocade. Heath est différent. Comme dit, la force du personnage est sa solidité face aux jugements. Autrement, il ne serait pas à la tête d’un groupe radical assumant actes et membres. Il ne se serait pas mis l’école à dos. Et il se cacherait à chaque nouvelle rumeur de Shu.

Mais le regard des autres ne le touche pas, ne l’a jamais touché et ne le touchera jamais. Le son s’échappe de son téléphone qu’il pose sur la table, et en un regard à Joach face à lui, tout deux se mettent à onduler doucement en claquant des doigts.


« Bon rassurez vous les E, les rebelles et les voyous ça plaît aux filles. Y a qu’à voir le compteur de nana à Ackland ! » « Say my name, say my name... ♫ »

Et ça tombe bien, que Léocade parle des conquêtes et du succès d’Heath auprès des nanas. Parce-que ce dernier, en duo avec Joach, évidemment, est en train de monter sur la table pour se trémousser langoureusement avec son pote, lunettes de soleil sur le nez, tout les regards sur eux. Comme le voulait Léocade, non ?

Ah, non. Par cet acte, Heath, Joach, et par extension RED, montrent au public combien ils se fichent de cette annonce, combien ils assument, combien ils se rient de Léocade, combien ils provoquent plus encore. « Ou pas hein. Suffit de voir sa côte de popularité aux dernières élections pour voir que de toute façon, vous le suivez même pas en majorité. » Vérité. Heath n’est pas aimé. Heath est impopulaire, détésté. Et c’est bien pour ça qu’il est libre. Il l’a dit à Charlie: sois forte, et emmerde le monde. C’est son credo à lui. Etre fort et emmerder le monde, c’est parce-qu’il vit pour ces mots qu’il est là où il est, à faire ce qu’il fait. Strong. Et c’est parce-qu’il sait qu’on ne peut compter que sur une minuscule poignée de gens qu’il s’est entouré de si peu de E pour RED, abandonnant l’idée d’une belle et grande Entropy unie. Que dalle. Heath a sa meute, et encore même en elle, les tensions peuvent se glisser. Alors, au fond, Heath ne compte que sur lui-même. Egoïste. Loup solitaire dans une meute. Heath est seul.

Seul ? Pas tout à fait. Son esprit est aussi dans un second corps, tout deux ne font qu’un au quotidien, et plus que jamais sur cette table, dansant ensemble de façon sensuelle. Parce-que le duo joue aussi sur cette image sexy, comme lors de leur “campagne” de délégués. Heath a du succès, Joach aussi, et oui, ils en jouent. Et se moquant des dires de Léocade, dansant chaudement ensemble, ils séduisent, provoquent et choquent ceux qui les entourent. Ils sont de toutes classes - les A à l’intérieur peuvent aisément les voir par la fenêtre. Ils récoltent diverses réactions, des rires, des huées, des insultes - un objet volant non identifié heurte même la jambe d’un Heath qui s’en moque éperdument.

« Qu’on soit en A, en C, en E, ça sera la même issue pour tout le monde. On va tous nous foutre dehors. » Nop. On ne mettra pas de tels dangers dehors. Prismver est un zoo, on y garde des bêtes dangereuses pour éviter qu’elles blessent les “autres”. On ne mettra personne dehors, et c’est bien là ce qui permet à RED d’agir ainsi.

« Comment un type qui sait même pas commander sa bite saurait commander RED ? » « AU MOINS LA MIENNE NE BANDE PAS POUR MA PROPRE SOEUR, REMINGTON ! »

La main en porte-voix, tête levée, la réponse à été lancée avec un sourire moqueur, mauvais.

La Haine est là.
L’Ennemi est là.
La Guerre est là.

... Mais en attendant, profitons encore quelques instants du corps sexy de Joach dans quelques mouvements de bassins bien placés, langoureux, sensuels, et admirablement insensibles à toute cette opération.

Tu peux attaquer Heath sur bien des points, Léocade. Mais le jugement des Autres est bien une arme qui ne l’atteindra jamais. C’est la base du personnage. Et c’est votre plus grande opposition, car au delà de ça, vous êtes diablement proches sur bien des points.


Sublime rivalité.

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#d03d29 × Mi-août, peu avant la mission RED dans le hall