La pupille ballante lui procure un haut le cœur soudain. Assez. Assez de ce bruit. De ces élucubrations. De ces écoulements faussaires. Assez de cette discorde houleuse, commuant en martyrs les assistants à cette pantomime toute faite d'apparence. Qui était-il ? Le jeune homme qui se tenait à ses devants. Un roc fièrement apprêté. Il ne le distingue pas. À l'extérieur, c'est pourtant bel et bien lui, le gars qui s'égayait de l'apercevoir parmi la foule de début de soirée, qui l'incitait à se déchirer le plus rapidement possible, se mêlant à la première bagarre. Son pote à la gueule de bois qui, les lendemains de fêtes, n'était fringué que de son tee-shirt, tandis qu'il régurgitait des confettis en émergeant. Tout autre. Trop dissemblable de son « lui » d'origine pour paraître crédible.
Et j'lèche les bottes de personnes comparé à toi qui lèche les couilles d'Austen. J'ai pas d'comptes à vous rendre. Tu suis RED, je suis RTP, chacun son camps. Et me crache pas d'ssus quand c'est toi-même qui a dit qu'on était opposé, tu veux qu'je ressortes les LMS moi aussi ? Si tu veux on pourrait jouer à ça, à celui qui en veut le plus à l'autre, mais sache que c'est toi et toi seule qui n'a pas voulu de mon aide Anarchy. J'en ai ras-l'cul d'me prendre des reproches sans arrêter, tu sais maintenant c'que j'ai ressentis quand tu m'as envoyé chier comme beaucoup de gens.
La bête n'avait pas une once de repère concernant la situation. Il s'était immiscé sans raison valable dans ces ébullitions partagées. S'il désirait prôner quelque chose, il était là question de silence. Se reposer, c'est tout ce dont il avait envie. Et, bien qu'en fouillant, il ne se trouvait pas de justification afin de suppléer à son entremise. Il se taillait en conséquence de ce qui ne tarderait pas à s'aligner, ou de l'étincelle qui avait allumé ce brasier. RED, RTP, dissocier le bon du mauvais, choisir son camps. Au diable ces conneries. Le concernant, il n'était ni neutre, ni amalgamé à un groupe d'extrémistes préconisant un régime dit égalitaire. Il suivait sa propre voie, celle qui disait je m'en bats les couilles. Envers et contre-tout – concernant sa manière de voir les choses, c'était une complication de l'ordre du privé. Des comptes à régler, de la rancœur aisément admise entre ses deux camarades en E. Ils n'avaient pas prit assez de recul pour s'en rendre compte ; ils jouaient le jeu d'un démon. Quelque part, Ewan pouvait comprendre ce que ressentait Nathan. Bien que ses sentiments furent exagérés, ainsi que son amertume, il voyait avec quel mal il avait encaissé le fait de se faire entre autre abandonné par ses fréquentations. Quand on vous tourne le dos, que vous êtes oubliés, mit de côté, on est prêt à tout pour s'accrocher à un centimètre de passerelle avant de sombrer. Et ce, quelque soit cette passerelle. Nathan avait été arriviste sur le port de la manipulation.
Anarchy s'engagea sur le front, coupant le souffle court à Ewan, qui s'était préparé à répliquer. Elle les transcenda, ces piques, ces jets destinés à la rendre folle, désaxée. Ces remémorations de faits et hyperboles qui la faisaient douter de ce qu'elle était réellement. Un missile ne se souciant pas de l’environnement, déchirant l'air et les paroles du A dans sa course échevelée.
Dès qu’il fait quelque chose que tu n’aimes pas, c’est une manipulation, c’est ça ?
Elle ne lui dédie pas le droit d'en dire plus qu'elle l'éjecte en arrière, abandonnant son corps et ses mots à Nathan. Le brun chancelle près de la charogne, rendu à contempler la scène en sa compagnie. Ewan ne saisi qu'une paire de phrase parmi celle que la brune lance à l'envoûté avant de libérer le bras du jeune homme qu'elle avait fait prisonnier. Le monstre fleurait une fin imminente, alors que la fille se retournant vers lui.
Merci mec, mais touche pas Oswald. Il est à moi. Depuis quand tu me donnes des ordres ? Siffla-t-il en haussant les épaules. Son regard se pose sur le présumé Oswald, qu'il dévisage avec dédain. Sa taille est dérisoire, certes, mais il en a plus derrière la tête que ce qu'il n'y paraît. Et Ewan pouvait le sentir, maintenant qu'ils étaient rapprochés. Il pouvait humer à quelle point ce type était mauvais. Oswald fit mine de s'indigner, s'adressant au E.
Vous débarquez tous avec vos grands parangons de vertus, tels des moralisateurs envoyés par l’église catholique. Vous chantonnez vos psaumes en criant au loup dès qu’un des vôtres ne veut pas suivre le chemin sectaire que vous lui imposez. Vous êtes personnels, revanchards, violents et dangereux. Ça c’est votre nature. Le jeune homme leva un sourcil suivant ce monologue de pitié, tandis que Oswald marqua une pause, insistant du regard. C’est Scarlet qui m’a invité, Scarlet qui m’a humilié, Scarlet qui m’a frappé, et tu trouves encore le moyen Ewan de me dire de dégager ? Mais si ça n’en tenait qu’à moi je ne serais jamais venu ici. Bien au contraire. Et maintenant j’y reste. C'est vrai que t'es à plaindre. Lança sèchement le garçon, chaperonné d'un sarcasme aussi rasoir que ses canines. Tout simplement parce que j’aime Nathan, et que je n’abandonne pas les gens que j’aime. Je ne vais pas le laisser se prendre des coups parce que vous avez l’équivalent d’un poichiche en guise de self-contrôle. Tu veux me frapper, Ewan ? Viens. Anarchy aussi. Défoulez-vous. Montrez à tout le monde ce que vous êtes. Voilà pourquoi nous avons fondé RTP. La violence ne résout rien, elle se contente de détruire des vies. Hum... À vrai dire, c'est pas l'envie qui m'en manque. Te frapper, je veux dire. Mais, t'as entendu la miss ? C'est elle qui s'occupera de ton cas. Débuta le jeune homme en farfouillant dans sa poche arrière, la vidant de son dernier bonbon au caramel qu'il engouffra dans sa bouche après l'avoir déballé. De quelle violence on parle ? De celle que tu provoques ?... J'commence à cerner le genre de personne que tu es. Une petite raclure, un manipulateur conscient de ce qu'il fait et de ce qu'il faut pour provoquer la plus bénéfique des situations en sa faveur, en dépit du fait que les autres en souffrent. Le genre qui se délecte de voir son entourage se déchiqueter sur la scène qu'il a spécialement préparé pour l'occasion. Et c'est drôle... Il marque une courte pause en faisant contrebalancer les mèches verdoyantes lui parcourant le haut de la tête. Plus je t'observe, et plus je me dis qu'on se ressemble. Il se courbe vers Oswald, ripant jusqu'à son oreille. Ça me donne envie de vomir. Il jette sa main sur son épaule, effleurant sa nuque. Comment est-ce que tu arrives à trouver le sommeil, sérieusement ? Il ne le connaissait pas. Ne voulait pas en savoir plus à son propos. Il en avait assez vu. Je vais t'en apprendre une bonne ; tu as raison, c'est ce qu'on est. Et on persistera dans cette voie, inchangeables et scabreux. Tout simplement parce-que, comme tu l'as si bien dit, c'est notre nature. Tout simplement parce-que... nous sommes les méchants de l'histoire. Son visage était si proche du sien qu'Ewan pouvait déceler les pores de sa peau céramique. Une mine fière et assurée ; il savait ce qu'il faisait, il n'avait jamais été aussi alarmant. Avait doué Oswald de peur panique dans toute sa suffisance.
Le E se redressa, échine piquée en hauteur, et enroula ses doigts dans le col de l'uniforme du A, qu'il accula d'une force brute tellement conséquente sur cette anatomie chétive qu'il crut écraser. Ewan bousculait Oswald loin. Loin de Nathan, loin d'Anarchy, loin de tout ce qui était à sa portée. Loin de tout ce qu'il avait le don de détruire : la confiance, l'amitié, les liens qui enchaînaient en bon terme les deux camarades. Il était traîné en direction de la porte principale de la salle commune. Le brun allait s'en allé, et la bête allait pouvoir sommeiller.
Son regard est glacial, alors que ses yeux sont bien posés sur Anarchy. La rage s'installe, s'immisce lentement dans son esprit. Parce qu'il est déçu Nathan, déçu qu'on ne le comprenne pas, qu'on ne cherche même pas à comprendre, se demandant même si elle l'avait seulement comprit un jour. Et il doutait, de plus en plus. Il doutait comme il n'aurait jamais cru possible pour Anarchy. Il doutait d'elle, de sa sincérité. Il doutait de leur amitié. Et il serrait les poings, et il serrait les dents, car jamais il n'avait pensé comme ça. Depuis avait-il ses pensées ?
- Nathan, ne cède pas à la violence… Ses yeux se posent sur Gabriel. Plus facile à dire. Plus facile à dire quand il en avait envie, quand il ne demandait que ça. Mais il s'interdisait de s'en prendre à Anarchy, encore et toujours, même si elle avait tenté, elle.
D'où tiens-tu cette force Anarchy, d'où tiens-tu cette rage ? Comment peux-tu réussir à le frapper alors que lui-même n'arrivait pas à lever la main sur toi ? Le détestes-tu à ce point ?
Et celle-ci lui attrapa le bras, le plaçant à sa hauteur, l’assénant encore un peu plus de mots glacials, blessants. Tais-toi. Mais elle continuait, elle ne s'arrêtait pas. Je te l'ai dis, je te connais, que tu le veuilles ou non. Il fronce les sourcils. C'était faux. T'es pas un connard, du moins tu l'as jamais été avec moi. Encore faux. Nathan avait toujours été un connard, même avec elle, c'était dans sa nature. Regardes la vérité en face Anarchy, celui qui te fais le plus de mal en ce moment, c'est qui ? C'est lui, lui et seulement lui. La pourriture, le minable, le déchet humain. L'homme incompris, incompréhensible qui ne se reconnaissait même plus. Perdu. Il ne savait plus qui il était, il ne savait plus ce qu'il faisait. Il ne savait plus rien. Comme naufragé de ses pensées où le bien et le mal se mélangeaient, son regard vacillait, fixant un point au hasard à ses pieds, ne percevant que des brides de la conversation.
- ...parce que j’aime Nathan, et que je n’abandonne pas les gens que j’aime. Il releva la tête vers lui, presque choqué.Venait-il de dire qu'il...l'aimait ? Parlait-il d'amitié ou de réel amour ? Nathan ne comprenait pas, il avait du mal à comprendre dans quel sens c'était dit. Pour lui, Gabriel était un très bon ami, il ne l'avait vu que comme ça. Peut-être était-ce différent pour lui ? Mais le rouquin préféra laisser cette question en suspend, ayant déjà bien trop de doutes en tête. Son ami était en danger, et il ne pouvait laisser passer le fait qu'il aller se faire frapper. Il devait intervenir.
Il attrapa le bras de la demoiselle soudainement, peut-être plus fort qu'il ne l'aurait pensé, le visage sombre.T'es sûr de bien me connaitre, Anarchy ? Serrant un peu plus sa prise, il approcha son visage d'un air menaçant, plongeant ses iris dans les siennes. J'ai toujours été une merde, qu'importe avec qui je suis et avec qui je serais, ça changeras pas, je changerais jamais. Un sourire s'afficha sur son visage. Tu me connais pas Anarchy, tu sais pas qui je suis ou ce que j'ai fais. Tu ne sais rien. Je suis un gros connard, la plus belle ordure qui puisse exister. Sa voix déraille, sa rancœur explose et libère les mots qu'on lui a répété tant de fois. J'ai trahis tellement de gens, mes amis, mon frère, mes proches, ma classe, tout le monde en a fait les frais. Un rire, enraillé, dérangé, brisé. On t'avais pourtant prévenue Anarchy, de pas me faire confiance, on te l'avais dis. On t'avais mit en garde. Et il baissa la tête. Parce que la vérité était tout autre, parce qu'il aurait aimé pouvoir mieux la protéger. C'est moi qui t'ai fais le plus de mal dans l'histoire, alors que j'avais promis de te protéger. Il se dégoûtait. Gabriel n'y est pour rien dans tout ça. Et il continuait de le défendre. J'ai toujours été comme ça.
Et il la lâcha sans la regarder, car il culpabilise, car il étouffe trop. Au fond, il avait juste envie de lui demander pardon, de la prendre dans ses bras. Tu peux pas comprendre à quel point c'est moi qui avait le plus besoin de toi. Mais elle avait décidé d'aller chez RED, le laissant seul, le laissant sombrer.
Il s'éloigna d'elle, s'approchant d'Ewan qui entraînait de force son protégé vers la sortie. Il l'attrapa, le tirant violemment pour le faire lâcher prise Gabriel. Le touche pas connard. Le regard noir, l'air menaçant, il n'allait pas le frapper, pas encore.
(c) Zelda. hrp : indianred ; WALA. J'pense que c'est le dernier tour du coup. J'savais pas trop quoi faire et à force Nana tient plus son don, soo... Bref z'avez compris, krkr.
Feat. Gabriel, Nathan & Ewan.
I'm gonna punch your face
Tu n'écoutes plus. Perdue dans tes propres pensées, tes propres souffrances. Tu crèves d'envie de laisser cette colère éclater, de laisser ton pouvoir prendre le dessus. Mais tu ne peux pas risquer de blesser Nathan, ou d'écoper une nouvelle fois d'heures de colle – même si l'idée d'être collée pour avoir perdu le contrôle de ton don est d'une ironie douloureuse. « Parce que j'aime Nathan... Coupure. Il l'aime ? Tu ouvres la bouche mais es coupée par les deux autres, particulièrement ton... allié ? Tu cherches à t'approcher de lui, ne serait-ce que pour l'empêcher de faire une connerie, mais le rouquin attrape ton bras trop fin, le broyant presque entre ses doigts. T'es sûr de bien me connaître, Anarchy? Tu retiens ton souffle, pas certaine d'être prête à recevoir tous ses reproches. J'ai toujours été une merde, qu'importe avec qui je suis et avec qui je serais, ça changeras pas, je changerais jamais. Tu me connais pas Anarchy, tu sais pas qui je suis ou ce que j'ai fais. Je suis un gros connard, la plus belle ordure qui puisse exister. J'ai trahis tellement de gens, mes amis, mon frère, mes proches, ma classe, tout le monde en a fait les frais. On t'avais pourtant prévenue Anarchy, de pas me faire confiance, on te l'avais dis. Ton cœur ne bat plus, il tambourine dans ta poitrine, chaque mot s'enfonçant dans ton esprit comme un millier de dagues. C'est moi qui t'ai fais le plus de mal dans l'histoire, alors que j'avais promis de te protéger. Gabriel n'y est pour rien dans tout ça. J'ai toujours été comme ça. »
Prise au dépourvu, tu ne le retiens pas, tu ne bouges pas pendant quelques instants. « Tu peux pas comprendre à quel point c'est moi qui avait le plus besoin de toi. » Serrement dans ta gorge, tu retiens de plus en plus difficilement un nouveau flot de larmes.
Il a raison. C'est une merde, mais t'es encore pire que lui. Tu peux te détester, mais lui n'a pas le droit. Il est bon, au fond. Il est gentil. Il l'a toujours été avec toi. Ah, quand tu t'obstinais à vouloir faire de lui ton ami, quand tu l'emmerdais jusqu'à ce qu'il t'offre un sourire. C'était bien. C'est pas si loin, mais t'as l'impression qu'un siècle te sépare de ces moments. Un sourire triste fend ton visage, un sourire résigné ; pas à perdre Nathan, mais à tourner la page. Ca sera plus jamais pareil, visiblement.
Froide. Neutre. Concentrée. Tu coules un regard compatissant vers Nathan, comme si toute colère t'avais abandonnée – alors qu'elle grossit en toi, qu'elle enfle dans l'intention de te posséder. « T'as raison. J'peux pas être là tout le temps. Tu sais quoi ? J'suis désolée Nathan. Mais je comprends RED, peut-être comme tu crois comprendre RTP. Deviens un péteux et bois du thé comme un bourge, c'est pas mon problème. Mais tourner le dos à tes vrais amis, ça te ressemble pas. Ah non, pardon. C'est vrai, je sais pas qui t'es. Je sais pas c'que t'as fais. Rire. T'avais besoin d'moi et j'étais pas là. C'est con mais c'est comme ça. J'pensais que t'étais un peu plus résistant. Mais j'me trompais. Apparemment, tu m'as menti tout ce temps. J'm'en fous. T'en as rien à cirer, de ce qu'il était. C'est ce qu'il est maintenant, qui te choques. Et tu viens à peine de le réaliser.
Tu tournes deux yeux vers les trois, prenant conscience d'une réalité déchirante. Et tes jambes avancent toutes seules, ton regard se plante de lui-même dans celui du violet. Tu laisses enfin tes émotions transparaître dans tes paroles. Conneries. Tu l'aimes ? Menteur. Tu le manipules, tu fais de lui ton bon petit toutou. Mais tu vas en subir les conséquences, Oswald. Ton jeu est bientôt fini. Regard enragé vers le roux. T'es peut-être un connard, mais un connard que j'apprécie. T'iras pas dire que tu l'aimes, de peur d'être réduite au même niveau que l'ordure derrière toi. C'que toi t'as pas compris, c'est que c'est ce toi que j'ai connu. Celui qui faisait boulette sur boulette, celui qui venait jamais me voir pour pas m'impliquer. J'ai toujours été obligée de te sortir les vers du nez, et ça changera pas. J'suis plus têtue que toi, et j'reviendrais. Tu peux m'rejeter comme je l'ai fais, je m'accrocherais. Parce que putain, t'es comme mon frère. Tu fais signe à Ewan de te suivre, incertaine face à ses propres décisions. Après tout, libre à lui de frapper et de se faire taper. C'est plus ton problème. Adressant un majeur droit et bien levé vers Oswald, tu fais demi-tour et attrapes ta guitare.
T'en as assez, tu veux repartir et t'enfermer dans ton cocon. Mais avant, faut que tu fasses un tour dans un lieu... disons déserté. La bête en toi gronde, menaçant de sortir à chacun de tes pas. Tu trembles, tu titubes. Mais tu ne recules pas, ne regardes pas en arrière. T'avances et tu fuis, effrayée par toi-même et ce que tu pourrais leur faire.
Plus le temps passait, plus Gabriel semblait se délecter de la situation. Il voyait les larmes d’Anarchy, il voyait l’instabilité de Nathan, il voyait tout. Même les manies d’Ewan, ce gros lard qui aurait pu être autre chose qu’une flaque inutile de la Classe E. Tous. Ils étaient tous en E. Le dénominateur commun malveillant à tout ce qui se passait, ce ne pouvait être que lui. Il le savait. Les autres aussi, exceptés le garçon qu’il voulait charmer. Excepté le garçon dont il ne cessait de se rapprocher chaque jour un peu plus. Du moment où il s’était livré au RTP, du moment où cet énergumène trahissait ses congénères, Oswald s’était juré qu’il ne le laisserait plus repartir. Toutes ces relations prétendument parfaites lui donnaient la nausée. Il n’y avait sous ses yeux qu’un amas d’hypocrisie qui ne disait pas son nom. Ah… Ces jeunes, pensa le jeune homme. Si persuadés d’eux-mêmes, si persuadés qu’ils marchent sur le chemin de l’amitié éternelle. Le naufrage. Les mots du monstre ne surent l’émouvoir. Le britannique resta de marbre comme s’il ne ressentait pas la moindre émotion. Il ne voyait même plus l’utilité de porter son masque, personne ne faisait attention à lui, trop plongés dans leurs sentiments.
Il ne craignait pas Ewan. Quand celui-ci l’agrippa par le col, il ne laissa transparaître aucune émotion, ne faisant même pas attention au petit drama juste à côté. Un rictus particulièrement sournois sur le visage, il humecta ses yeux par quelques battements de cils. Klein, si tu savais comme je me fous de ton existence. Des phrases assassines et des pulsions violentes l’animèrent. Il aurait aimé le mettre plus bas que terre (mais le pouvait-il ?), sauf qu’il n’en retirerait aucun intérêt direct si ce n’est un ennemi supplémentaire. Autant que ce porc retournât vaquer à ses occupations. « Mais tu sais Ewan… J’ai gagné… » Lui souffla-t-il à l’oreille, loin des beuglements bestiaux de Scarlet. Il s’était rapproché de son oreille, il avait parlé d’une voix douce en même temps qu’assassine.
Le bras de Nathan le happa. Enfin sorti de son emprise, Gabriel passa sa main sur sa poitrine pour réajuster sa chemise. D’un faible soupir, il se laissa tomber dans les bras de son ami. Il regarda sa proie pérorer, il écouta sa proie cracher son venin culpabilisateur comme si ce discours allait sauver sa relation avec Richardson. Qu’est-ce qu’elle pouvait être conne, putain. Oswald pensait beaucoup trop fort, il se rendit que si quelqu’un pouvait lire ses pensées, cela serait très facile de les lire. Il ancra ses yeux dans ceux d’Anarchy. Il l’épia, la considéra, mit toute son énergie à la mettre mal à l’aise. Elle devait se sentir mal. Elle devait souffrir parce qu’elle avait provoqué un ennemi bien plus fort qu’elle. L’adolescent gay se retira des bras du garçon quand elle lança son harangue verbale. Particulièrement confiant, son petit sourire patelin réapparut sur son visage, de sorte à ce que son partenaire E ne puisse pas le voir. « Essaie. » Balança-t-il en réponse à ses menaces. « Ne crois-tu pas en avoir déjà fait assez aujourd’hui ? » Fit-il de manière assez ambigüe pour qu’elle comprenne où il voulait en venir. « Je ne suis pas un manipulateur, ma chérie. » Il tourna les talons, face à l’autre gay.
Il lui saisit la taille et approcha sa bouche de la sienne pour y déposer un rapide baisé subit et inattendu. Gabriel posa ses mains sur le torse de Nathan, l’effleurant de quelques caresses, avant de lui prendre la main et de se retourner vers son interlocutrice, prenant inexorablement le chemin de la sortie. « Je vous laisse à vos délires comme quoi je suis prêt à embrasser quelqu’un pour le manipuler. » Lui lança-t-il avec un clin d’œil.
À partir de maintenant, plus rien ne l’empêcherait d’accéder à son but. Anarchy venait d’être éliminée de l’équation, Ewan s’était montré impuissant (même si ce ne fut pas son intention d’intervenir outre-mesure). La pitoyable offensive lancée par cette pitoyable jeune fille se soldait par un échec éclatant. Une consécration pour le Président du RTP qui allait enfin pouvoir passer aux choses sérieuses. Serrant un peu plus le poing de Nathan, il émit un large soupir. « Souhaitons que les choses s’arrangent entre vous. » En baissant la tête, Oswald tituba, entraînant Richardson avec lui. « On y va… ? A moins que tu ne préfères rester seul… ? Je comprendrais. » Il ne voulut même pas faire attention à l’autre morue. Il se foutait qu’elle soit là ou non à présent. Plus rien ne comptait d’autres que Nathan.