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 Judgement || ANARCHY

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MessageSujet: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockMer 24 Sep 2014 - 15:30

Judgement - Shane & Anarchy

Rien n'est plus beau que le désespoir absolu.

C'est cette pensée qui avait dessiné ce sourire sur les lèvres de Shane lorsqu'il avait regardé les nouveautés de l'administration, présentées par deux charmantes journalistes : Breaking News. Le concept était aussi récent que lui dans cette école, c'est certainement pour ça qu'il les préférait aux rumeurs de Shu. Ces derniers étaient belles, il fallait l'avouer, mais cet éclat s'éteignait un peu plus à chaque nouveau poste et les gens faisaient montre de toujours plus de méfiance et de nonchalance à l'égard des nouvelles rumeurs qu'elle créait. Shu avait fait son temps, le contexte était tout simplement périmé par le temps et le semblant de maturité qui avait gagné peu à peu les élèves. Et dire que chacun se croyait original en s'opposant à ses rumeurs - l'ironie, c'est que parfois, la vérité était ignorée dans cette optique.

Quelle disgrâce. Shane soupira, observant le dernier post écrit de la main de Sonera Di Gregorio, la jeune fille récemment passée en B - un dernier regard pour ces écrits avant qu'il ne se décide à quitter sa chambre. Sa collection commençait tout juste. Il avait retrouvé Sarah, par un malheureux hasard, décidé à écarter définitivement cette tâche de son monde parfait - à présent que le processus était enclenché, il entendait bien se dédier entièrement à ses nouveaux jouets. Il avait rencontré cette fille en D, une blonde, magnifique, parfaite comme il les aimait - et inexorablement, il avait décidé qu'elle serait au centre de sa nouvelle oeuvre. Cette admiration était telle qu'apprendre qu'elle trônait au poste de Miss de l'école ne le surprenait même pas. Alors, Shane avait tout simplement décidé de la conquérir elle aussi.

Mais l'ennui le gagnait.
Il lui fallait d'autres projets, toujours plus de divertissement. Cette nouveauté, sortie depuis maintenant un mois. Il l'avait attendu, ce jour, car maintenant qu'il avait atteint tous les objectifs qu'il s'était fixé, c'est l'ennui qui le gagnait. Shane n'avait même plus besoin de croiser Sarah pour lui imposer sa terreur, plus besoin de voir Felicia chaque jour pour enfermer un peu plus son emprise sur elle. Il ne manquait plus de rien à présent, et c'est ce sentiment de satisfaction qui avait fini par le submerger d'ennui. C'est cette monotonie, un peu trop omniprésente désormais, qui guidait ses pas vers la cabane 10. C'était aujourd'hui que sa nouvelle cible toute désignée revenait - et l'anglais avait décidé de l'accueillir en bonne et due forme.

Anarchy Scarlet était le joyau parfait. Rebelle, jolie, mais Shane n'avait admiré la demoiselle que de loin, désireux de se l'approprier dans cet ultime moment de faiblesse. Il était ainsi Shane, à attendre les gens au détour de leur malheur, il était ainsi Shane, à cueillir le malheur des uns dans ses bras si confortables pour les étreindre dans son propre engrenage. Il ramassait les personnes brisées Shane, et les reconstruisait pour les rendre à nouveau magnifiques, les ajoutant à la collection qu'il entretenait maintenant depuis des années. Il arriva Shane, d'un pas décidé, pénétra cette chambre vide gagnée par l'abandon et la solitude. Un sentiment d'amertume planait dans l'air - le regard de l'anglais se posa sur le tag présent sur l'armoire.

Sourire.
Il commençait à porter les S dans son coeur, tant leurs actions étaient belles. Shane observa l'endroit un peu trop rangé après le passage du frère qui l'avait désordonné. L'anglais s'avança, attrapa un bout de feuille posé sur le lit, entama la lecture de ce petit mot - sentant un regard posé sur lui alors qu'il déchiffrait l'écriture gracieuse.

Coucou Anarchy, je suis désolée pour le scandale sur le blog de l'école. J'ai rangé ta chambre et j'ai essayé de remettre les choses en ordre. Le tag sur l'armoire ne veut pas disparaître, en revanche. Felicia.

Shane se fondit en un sourire glacial, agacé par ce surplus de gentillesse. Il aurait tant aimé parler au milieu du chaos que l'ainé Scarlet avait provoqué, voilà que cette idée tombait à l'eau. Mais, entêté, l'anglais mit dans un coin de sa tête l'idée de dresser la Miss plus tard, et se concentra la nouvelle arrivante qu'il avait tant attendu.

« Bienvenue chez toi, Scarlet. Tu as des amis fidèles, semble-t-il. Enfin... ce n'est pas le cas de ton frère. »

Il lui tendit le mot, gardant ses distances, prêt à agir à tout moment avec son don. Il ne se voilait pas la face Shane, les félins étaient imprévisibles et n'écoutaient qu'eux-même. C'était un défi qu'il se fixait.

« J'espère que tes vacances t'ont aidée à t'en remettre. J'ai connu ça, moi aussi, sache que je suis là si tu as besoin de quelqu'un. »

Hypocrite d'enfant unique et moyen sans aucune aventure. Mais qui s'en douterait avec un jeu d'acteur si parfait ? Le parfait menteur.

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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockMer 24 Sep 2014 - 19:36
God dammit, he's a creepy stalker
featuring Shane
Poser le pied sur l’île, pour toi, ça a été un peu comme affronter le fameux « rez-de-chaussée » de l’éternelle allégorie de ta vie : l’ascenseur. Cette fois, pas moyen de retourner en arrière, de partir pour toujours. Cette fois, il va falloir être forte, il va falloir être sans pitié. Tu déglutis et poses brièvement tes valises autour de toi, incapable de quitter cette gare. Incapable de penser à autre chose que tes amis, que tu as quittés si lâchement. A Nathaniel, qui t’a tout simplement trahie. Tu prends une profonde inspiration, glisses tes doigts autour de tes bagages et avances. Ne regrette rien. C’était que des vacances, fallait bien s’attendre à ce qu’elles se terminent, aussi douces soient-elles.

Premier lieu où t’arrêter : ta chambre. Cette délicieuse chambre qui doit probablement être dans le même état qu’à ton départ ; à ta demande, Chan n’a pas certainement pas touché à ce jardin secret violé, à cette tranquillité brisée par les désirs d’un individu que tu considères ignoble, impitoyable et détestable : le Ranker. Même si tu as conscience de ces conneries, de l’énorme erreur qu’est la guerre des classes, tu ne peux pas t’empêcher de continuer, tu es entrée dans son jeu ; comme si tu espérais t’en sortir ou, mieux, gagner. Une E aussi faible ne gagnera rien que la misère. En souriant amèrement, tu repenses à Pandora, c’est ce qu’elle aurait dit, sans aucun doute. Tu es plus bas que terre, mais au lieu de chercher à sortir, tu creuses inlassablement, pour trouver l’autre côté, le chemin le plus dur. T’es pas allée assez loin à ton goût, et maintenant il va falloir que tu rattrapes ce mois de silence radio.

Traînant les pieds jusqu’aux dortoirs, tu coinces ton trousseau entre tes dents pour ouvrir ta veste d’une main, avant d’enfoncer insensiblement la clef dans la serrure. Sauf que la porte est ouverte ; surprise, est-ce que miss Xiang aurait séché les cours pour attendre ton retour ? Non, personne n’est encore au courant que tu es là. Du moins, c’est ce que tu penses, ce que tu espères. Méfiante, tu t’engouffres dans l’habitacle, t’attendant à trouver le même désordre qu’avant.

Plusieurs choses t’arrivent en pleine figure en même temps – au sens métaphorique du terme. Déjà, ta chambre est impeccable, mis à part le superbe tag – indélébile, il semble – de ton adorable frère. Ensuite et, des plus surprenants, un mec dont tu n’as aucun souvenir. Planté au milieu de ta chambre, comme si la situation était parfaitement normale. Bouche bée, tu prends machinalement le mot qu’il te tend et le lit sans vraiment y réfléchir.

Jusqu’à ce que le nom de la responsable s’affiche devant tes yeux. Felicia. C’est elle qui a rangé tout ce bordel, alors que tu t’es ouvertement foutu de sa gueule – et, cerise sur le gâteau, publiquement. Tu serres les dents et mets de côté l’émotion qui menace de te submerger, te concentrant sur ce putain d’inconnu qui te parle comme s’il connaissait tout de ta foutue existence. J'espère que tes vacances t'ont aidée à t'en remettre. J'ai connu ça, moi aussi, sache que je suis là si tu as besoin de quelqu'un. Sur le coup, t’éclates de rire. Comme ça. Un rire nerveux, qui cache au fond cette profonde envie d’accepter, de faire – une fois de plus – confiance à un inconnu.

Mais tu ne referas plus cette erreur. Parfaitement calme, tu déposes tes affaires sur le lit et t’y assois, toisant le jeune envahissant. Ouais ouais. Bon sinon on s’connait ? T’es pas un stalker au moins ? Une petite rafale de questions, toutes posées sur un ton affirmatif – sauf la dernière – signifiant qu’en réalité, ses réponses ne seront ni écoutées ni prises en compte. Tu soupires et enfouis ta tête au creux de tes mains. Une seconde. Trois secondes. Sept secondes. Et finalement, une bonne vingtaine de secondes. Avant de reprendre, levant l’index pour écarter toute protestation.

Comme tu le dis si bien, j’rentre de vacances, et c’est pas pour déterrer les cadavres. J’ai aucune putain d’idée de qui tu es, à vrai dire tu me fais un peu peur – c’est pas comme ça qu’on aborde quelqu’un, à part si on veut se la jouer grand psychopathe. Légère pause, le temps de reprendre ta respiration. Dooonc t’es qui, et qu’est-ce que tu veux à part que j’me confie ? Oh et t’attends pas à ce que j’le fasse, contrairement à une certaine Little Miss Sunshine tu m’inspires pas confiance. Autant le dire direct, histoire qu’il se fasse pas de faux espoirs. Tu te relèves pour déballer tes affaires – à défaut des états d’âmes. Cheveux ramenés en un chignon pas très droit, tu mets de côté la valise contenant tes vêtements et extirpes méticuleusement ta tablette ; en cachant soigneusement les autres outils informatiques. Pas la peine qu’il voit ton arsenal, tu tiens à garder l’anonymat. En plus, être découverte avant même le début du projet, c’est pas cool.

Tu lui jettes un regard méfiant, essayant de deviner ce qu’il pense – ou ce qu’il ressent. Avoir passé une demi-douzaine d’années à ressentir et traduire les émotions des autres, tu t’y connais pas mal en expression physique. Sauf que là, il a tout préparé. Il est parfait, et t’arriverais pas à savoir s’il est sincère ou non, même avec ta concentration et, qui sait, ton empathie ? Tes doigts frémissent à cette pensée, tu regrettes presque le côté « je sais tout c’que tu ressens » de ton ancien pouvoir. Deux mois. Deux foutus mois à te transformer aléatoirement en un félin. Manquerait plus qu’à faire des paris sur la prochaine race, et t’auras vraiment touché le fond – tiens, faudra appeler Midna, pour ça.

Plongée dans tes pensées, tu oublies sa présence un quart de seconde, jusqu’à ce qu’une dernière question titille ton esprit. Au fait, comment tu sais qui j’suis, où j’dors et que j’suis partie en vacances ? Ok, en fait c’est juste un putain de stalker. Les faits sont là. Et merde.


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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockSam 27 Sep 2014 - 13:51

Judgement - Shane & Anarchy

« Non, on ne se connaît pas. »

Il est prudent Shane, il a apprit à marcher au milieu des mines. Il a apprit à éviter les endroits dangereux, à ne pas mentir pour se préserver. Il a apprit Shane, à devenir cet ami parfait dont tout le monde rêverait. Il arrive au meilleur moment, comme un filet de sauvetage, comme la solution rêvée. Il a tout préparé, et c’est un piège que nul n’arrive jamais à éviter. Quand les gens se noient, ils saisissent d’abord la main tendue avant de regarder qui en est à l’autre bout - c’est ainsi qu’il fonctionne, d’un raisonnement si bien travaillé. Au fond, quand il détruit ses victimes, cet éternel sourire satisfait sur son visage parfait, il éprouve presque de la peine de les voir culpabiliser, elles qui ne se doutaient pas un instant qu’il n’y avait pas de porte de sortie dès lors qu’il était apparu dans leur vie.

Et il le sait ça Shane, c’est sur quoi il joue. Il le sait, et il se donne cette allure parfaite, cette allure inoffensive. Il n’est pas sur ses gardes, prend cet air autant détendu que désintéressé, comme un gamin perdu dans un endroit inconnu. Il met de côté toute cette attention, il oublie l’espace d’un moment cette envie de contrôle - son regard perçant est remplacé par une expression compatissante, comme un masque collé par-delà cette allégorie de la cruauté. Il laisse tout tomber Shane, son allure si droite, sa marche tellement calculée, ses gestes si parfaits. Il laisse tout tomber, se donne cette allure délabrée, un peu paumée, comme un type blessé qui n’a toujours pas su se relever de la douleur qui l’a tiraillé.

Lui entier, se complaît dans un jeu d’acteur absolument parfait.

Mais Shane vit toujours, Shane réfléchit toujours derrière tout ça. Son cerveau tourne, réfléchit, magouille, Shane pense sans laisser paraître, se réjouit en gardant cet air si frêle. Il a tant travaillé ce jeu et cette couverture douloureuse qu’il en doute lui-même. Au fond de lui, il sait qu’il a déjà gagné Shane, dès l’instant où il a échappé aux griffes félines de cette fille sur ses gardes. Il sait installer le doute, le scepticisme, pour le muer en cette empathie que les gens croient avoir. Il se joue de ça, intouchable derrière cette gentillesse si bien construite, prisonnier de sa propre antipathie - détruire ses propres sentiments à force d’écraser ceux des autres. Il les connaît bien Shane, les sentiments que chacun vit, tout en demeurant le dernier à les vivre.

« Déterrer les cadavres ? Tu ne trompes personne, Anarchy, tu n’as rien enterré. Un mois de vacances ne suffit pas à oublier la trahison d’un frère, lâche-t-il, baissant les yeux vers le sol. Pas même des années. »

Il prend cet air douloureux Shane, ce visage de l’homme tourmenté, mis à mal par ses propres doutes et encore tiraillé par sa souffrance. Il a le ton parfait, le visage décompensé, ses poings se serrent, comme guidés par une colère enfouie envers lui-même. Il reste quelques secondes immobile, regardant le sol avec des yeux douloureux, et tourne le dos, passe sa main dans ses cheveux, comme l’homme honteux de sa propre souffrance qui tente de la masquer au monde. Comme s’il s’était dit en arrivant, qu’il ferait de son mieux pour les autres, mais n’arrive même pas à résister à lui-même.

Et, d’une certaine façon, ça a un fond de vérité.

« En revenant de Londres, j’ai vu les Breaking News et j’ai demandé ton numéro de chambre à la secrétaire pour discuter avec toi, elle m’a donné toutes les informations nécessaires. Courte pause. Je ne m’attends pas à ce que tu te confies mais je ne peux pas rester sans rien faire quand une personne qui vit la même chose que moi se trouve à portée. Tu vois un mec s’écrouler dans la rue, tu l’aides ? Moi oui. »

Il hausse les épaules, se tourne vers elle, comme s’il cherchait à se convaincre de ses propres mots. Pourtant Shane sait, Shane n’a aucun scrupule à s’imaginer contourner le cadavre ambulant qui traînerait à ses pieds. Il ne se considère pas comme monstre en réalité, simplement comme quelqu’un empli de normes spécifiques, personnelles, régit par son propre sens moral - et de ce fait, celui de la beauté. Il n’a jamais trouvé ça différent de ceux jugeant par la richesse ou le comportement, n’a jamais trouvé ça plus cruel sous prétexte qu’il était le seul à en faire usage. Au fond, il ne devrait même pas avoir à faire semblant, même pas douter de sa propre éthique, mais le jeu est bien trop amusant pour qu’il ne prenne le risque de le gâcher par sa vanité.

Il les connaît Shane, les limites de l’esprit que chacun possède, et sait encore mieux les contourner.

« Désolé, je dois sans doute paraître étrange. J’avais un grand-frère qui a laissé ma famille de côté au profit d’un gang, il a prit leurs bêtises tellement à coeur qu’il a envoyé mon père… à l’hôpital. Il soupire longuement, puis lève les yeux vers elle. On partage la même chose, d’une certaine façon. Et on s’en relèvera si l'on s'entraide. »

Il se mord la lèvre, refoule les larmes construites de toute pièce qui semblaient lui monter aux yeux. Il passe son avant-bras sur son visage comme pour se redonner contenance, ôte ensuite sa veste pour la plier sur un fauteuil. Il tourne la tête vers elle, les habits déchirés de la demoiselle lui donnant vue, depuis sa position, sur son épaule où trône un tatouage. Et c’est à ce moment que le doute lui vint, que lui-même ne sait plus, exprime son scepticisme avec un haussement de sourcils surpris, comme un gamin qui vient de retrouver son ballon sous le canapé.

« T’as beaucoup de tatouages ? C’est un truc que j’ai toujours rêvé d’avoir… marquer mon corps des événements importants de mon existence, c’est quelque chose de génial. »

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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockDim 28 Sep 2014 - 21:15
God dammit, he's a creepy stalker
featuring Shane
Alors qu'est-ce que tu fous là ? Paroles presque crachées, tu te sens perturbée alors que tu désirais te reposer dans ta chambre sans te prendre la tête. Tu es agacée, dégoûtée, lasse. Tu n'aspires qu'à la sérénité, ne serait-ce qu'une poignée de minutes sans aucun problème, sans aucune réflexion. Et pourtant, tout ton être hurle, crie que tu ne devrais pas lui répondre, que tu devrais le jeter dehors et oublier son existence. Tu soupires et repousses cette idée, un semblant d'humanité te poussant à – au moins – l'écouter jusqu'au bout. Bousculée par une conscience que tu croyais enfuie à tout jamais, tu te retiens de l'interrompre, observant chacune de ses expressions ; tentant de déceler un détail, un détail qui te permettrais de douter de lui. Mais rien n'y fait, il semble si sincère que tu veux y croire, que tu y croies. Au fond, pourquoi mentirait-il ? T'offrir son soutien ne lui apportera rien, n'est-ce pas ?

Déterrer les cadavres ? Tu ne trompes personne, Anarchy, tu n'as rien enterré. Un mois de vacances ne suffit pas à oublier la trahison d'un frère. Pas même des années. Tes dents se serrent en même temps que ton cœur, ton regard dérive vers la porte. Si ce n'était pas ta chambre, tu serais partie. Affronter cette douleur, t'y arriveras pas toute seule. Mais en lui jetant un coup d'oeil discret, tu bug quelques instants. Il a l'air de souffrir, comme s'il avait enfoui au plus profond de lui un passé douloureux. Plus les secondes passent, plus ta méfiance s'effrite, et plus ta détermination à garder les lèvres soudées s'effondre. En revenant de Londres, j'ai vu les Breaking News et j'ai demandé ton numéro de chambre à la secrétaire pour discuter avec toi, elle m'a donné toutes les informations nécessaires. Tu clignes des yeux, surprise. Ah ouais, donc les infos sont données comme ça, avec rien de plus ? Quel système foireux. Je ne m'attends pas à ce que tu te confies mais je ne peux pas rester sans rien faire quand une personne qui vit la même chose que moi se trouve à portée. Tu vois un mec s'écrouler dans la rue, tu l'aides ? Moi oui.

T'as jamais été du genre à accorder ta confiance rapidement. Plutôt à tester les autres, à voir s'ils pourraient t'apprécier, si toi tu pouvais les apprécier. Si tu pouvais te confier sans avoir peur, si tu pouvais leur dire n'importe quoi sans regretter. Ils sont rares, ces gens-là. Et pourtant, c'est tellement plus simple de tout raconter à un inconnu, pour qu'il oublie ensuite, et qu'il ne se souvienne même plus de ton existence. Tu voudrais que ça marche comme ça, que tu puisses vider ton sac sans qu'il y ait de conséquence. Sans qu'on ne te réponde, sans qu'on ne te conseille. Parce que tu suis toujours l'exact inverse de ce qu'on te dit. Et parce qu'une Anarchy obéissante n'en est pas une.

Tu représentes bien ton prénom, mine de rien. Ne recevant d'ordre de personne ; sans pour autant te mettre dans une mauvaise posture. Tu ne contrôles rien, tu ne gouvernes sur aucun royaume, aucun groupe. Mais tu veux cette égalité que tant convoitent, tu veux pouvoir regarder tes amis sans te sentir inférieure ; jouer avec Chan sans cette pointe de jalousie envers sa maîtrise. Tu voudrais tellement de choses et pourtant tu sais que rien ne viendra, parce que si tu ne fais pas d'effort, les autres n'en feront pas non plus.

Ta silhouette tremblote, tes genoux s'agitent légèrement. Tu détournes les yeux à l'instant où les siens se posent sur toi, cherchant un moyen, une raison suffisante pour ne pas tomber dans ses paroles. Mais pourtant, tu veux le croire, tu veux penser qu'il a vécu la même chose que toi et qu'il peut t'apporter le soutien que tu désires sans l'avouer, plus que chaque bouffée d'air que tu prends. Désolé, je dois sans doute paraître étrange. Non, tu crois ? Des paroles à peine soufflées entre tes canines serrées. J'avais un grand-frère qui a laissé ma famille de côté au profit d'un gang, il a pris leur bêtises tellement à cœur qu'il a envoyé mon père... à l'hôpital. On partage la même chose, d'une certaine façon. Et on s'en relèvera si l'on s'entraide.

Tes paupières s'abattent quelques instants et obstruent ta vue, le temps de pousser un soupir. Si tu t'fous de ma gueule arrête-toi de suite. Arrête de me donner envie d'y croire. T'as beaucoup de tatouages ? C'est un truc que j'ai toujours rêvé d'avoir... maquer mon corps des évènements importants de mon existence, c'est quelque chose de génial. Aussitôt, tes doigts se portent jusqu'à ton cou, où se dessine fièrement le signe représentant ton prénom et entourant une cicatrice emplie de doute. Ton corps est marqué à divers endroits, percé à d'autres. Tu suis les contours du tatouage, tes yeux glissent dans la direction des siens, vers des oiseaux volant sur ton épaule.

J'en ai quatre. Cou, épaule, dos et cheville. S'ils ont tous une signification particulière, ils ne marquent pas d'événements spéciaux. Tu esquisses un léger sourire, replaçant les pans de ton haut déchiré pour masquer en partie le dessin indélébile. Sentir le regard de quelqu'un sur toi, ça te dérange. Pas de la gêne, non. Mais la peur d'être jugée, au fond. Cachée derrière une fierté pourtant blessée, tu enfermes tes ressentis dans un cocon fragile, tu les accumules jusqu'à ce qu'elles explosent ; une manière stupide d'affronter le monde réel jusqu'à ce que la solitude te rattrape, en un sens.

On partage la même chose, hein ? Coup d'oeil rêveur vers la fenêtre, l'air faussement sereine ; tourmentée de l'intérieur. Alors tu devrais comprendre pourquoi c'est dur, de faire confiance. Tes yeux rouges se plantent dans les siens. Quand même ta propre famille arrive à te trahir, tu perds ce semblant de dureté, cette force que tu gardais uniquement parce que tu savais que, quelque part, t'avais une maison, et des gens qui t'aimeront quoi qu'il arrive. J'ai pas perdu ça, mais j'ai perdu pire, en un sens. Tu ne le lâches pas des yeux, cherchant toujours la faille, l'erreur qu'il ferait s'il n'était pas sincère. Et au fur et à mesure, tu te laisses aller à cette sorte de soulagement, tu te laisses happée par l'espoir d'avoir trouvé quelqu'un qui vit la même douleur. Certains disent qu'entre Nate et moi, c'était presque de l'inceste. Ils ont peut-être raison, mais après tout ça ne regarde que nous. J'ai l'impression d'avoir perdu mon âme sœur, tout simplement. Et ça, tu pourrais le comprendre que si tu étais assez proche de ton frère pour devenir ses yeux, pour sentir quand il va mal et pour deviner ce qu'il pense rien qu'en lui jetant un coup d'oeil.

Personne ne peut capter ça. Et pourtant, j'y crois encore. Est-ce que tu sais ce que ton père a ressenti, lorsqu'il a été emmené à l'hôpital à cause de son propre fils ? Est-ce que tu peux imaginer le fossé que sa poitrine a dû devenir, à ce moment-là ? Il t'a fait quoi à toi, ton frère ? C'est ça qui est important. Si tu ne le vis pas, ne prétends pas comprendre. Ne donne pas de faux espoirs.

Et finalement, tu tournes la tête vers le sol, tu fixes tes pieds. Rends-les vrais, ces espoirs.


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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockLun 29 Sep 2014 - 15:39

Judgement - Shane & Anarchy

Et ce sont des sarcasmes, des remarques qui piquent, qui blessent, une méfiance de dernier recours. Il a l’habitude Shane, il a longtemps vu la défense du désespoir. Il n’y prête pas attention, se mord parfois la lèvre, se fond en un hoquet surpris - son jeu est parfait, copie sans défaut à laquelle il ne manque que la véracité. Qui s’en douterait ? Il s’en moque Shane, prêt à tout pour s’emparer de la beauté qu’il convoite, prêt à tout pour agrandir sa collection à peine débutée. Les paroles murmurés, comme bridés par ses propres envies de confiance - et il voit tout Shane, il voit l’hésitation de la demoiselle dans son désir de le repousser. Il voit l’instinct animal qui dissimule son envie de lui parler. Il a fait ça toute sa vie, faire semblant, être celui qu’on voulait voir, devenir la personne que l’on aimerait voir. Il sait être tout Shane, il n’a pas besoin de feindre l’indifférence.

C’est un rire nerveux qui précède ses paroles quand elle hausse le ton, comme le gamin tourmenté, presque déçu, accablé d’être remis en cause sur quelque chose qui l’aurait tant blessé. Il sait y faire Shane, et son regard glisse d’une tristesse sans nom à la curiosité pétillante quand ses yeux se posent sur le tatouage de la demoiselle. Il sait tout Shane, il n’attaque pas impulsivement. Il a visé haut, décidé de s’en prendre à une affiliante de RED, de briser la popularité-même. Les rumeurs étaient fondés, le titre de Beauté du pensionnat se vérifie, et il regrette profondément de n’être pas arrivé à temps pour les élections de Miss. C’est rare que les gens s’en remettent à la beauté - même si d’un côté, il aurait certainement mal pris les résultats si tous ses choix n’avaient pas gagné.

Et, dans un sens, c’était tant mieux pour la gagnante. Felicia avait beau être déjà prise dans sa toile, son futur aurait pu être bien pire si elle avait surclassé celle sur qui Shane aurait misé. L’anglais ravale cette pensée noire, toujours caché derrière ce masque d’attention, se permet un léger sourire censé témoigner de l’intérêt qu’il porte à l’égard des tatouages. Quatre. Il plante son regard dans le sien, l’air d’en demander plus, comme une invitation à lui montrer. Son léger sourire est pris comme une victoire, et il ose Shane, il prend du terrain.

Sourire gêné, comme s’il n’osait pas demander. Il n’a pas de honte lui, c’est pour ça qu’il parle tant de beauté. Il se considère comme parfait, s’exhiberait même comme modèle s’il n’avait pas tant besoin de se cacher derrière une telle couverture de sympathie. Shane est conscient de l’ignorance des gens, du manque de discernement dont tous font preuve en rejetant la beauté comme critère de sélection. Pourtant, implicitement, c’est ce que chacun fait. Que ce soit pour choisir une file d’attente dans un magasin, choisir à qui parler en fête ou à côté de quelle fille s’asseoir en cours - il trouve ça normal, Shane, se définit simplement comme l’unique qui n’a pas honte de le dire. La beauté fait tout, et il cherche à la faire sienne.

Nouveau regard teinté de surprise quand elle reprend la parole, mots rhétoriques censés lui rappeler sa souffrance. Mais Shane n’a pas de souffrance, mis-à-part peut-être la sensation d’avoir perdu du temps lorsque son unique joyau lui a été retiré par le destin. Pourtant, il y trouve aujourd’hui compensation, lui ôtant toute sensation de douleur de l’estomac - et ce n’est pas ce qui l’empêche de serrer les dents, aborder à nouveau une expression frustrée. Pourquoi ? Pourquoi n’a-t-elle cesse de douter de ma souffrance ? N’est-ce pas dans mon, notre intérêt de nous entraider ? Au fond, Shane comprend, Shane sait, et Shane se joue d’elle, rit à l’idée de la voir se débattre pour rien, déjà prise au piège dans cette souffrance montée de toute pièce et cette soit-disant empathie qui attend toujours de voir le jour.

« T’as tes parents, non ? Pas moi. Il est mort quelques jours après. Il a succombé aux coups que mon frère lui avait donné avec sa batte de baseball. Celle que mon père lui avait offerte pour ses 12 ans lorsqu’il est entré au club du collège. »

Sourire dégoulinant de douleur, dégoûté, submergé de souffrance. Des petits détails anodins qu’il est incapable d’oublier, ou tout du moins, qu’il serait incapable d’oublier si tout ça avait existé. Il sait y faire. Il sait mimer, faire vibrer sa voix de douleur, faire naître ces larmes au coin de ses yeux noirs d’insensibilité, mais baignant dans ces faux sentiments qu’il sait créer à la perfection. Le regard empli de douleur, de dégoût, de regrets. Et Shane continue, fait deux grands pas pour rompre la distance, reprend le contrôle. Il plante son regard dans le sien, la dépassant d’une tête. Il n’a pas peur parce qu’il est de son côté, parce qu’il est comme elle. Ou qu’il est censé l’être.

« Il m’a dit que j’étais trop pitoyable pour qu’il ne daigne me faire du mal. C’était la pire des humiliations. Courte pause, il serre les dents, la fixe toujours. Quand mon père est mort, il est revenu pour prendre ses affaires. Et tu sais quoi ? Il a voulu emporter celles de mon père en plus. Là, je me suis interposé, il n’a pas eu le choix. Il pointe ses jambes du doigt. Les ligaments croisés. Sa batte a frappé tellement fort qu’il m’a fallu six mois. Son bras se relève, sa main glisse par dessus son épaule pour pointer son dos. Le second coup a loupé la colonne vertébrale de quelques centimètres. A peu de choses près, c’était le fauteuil roulant. Heureusement, six semaines ont suffit pour arranger ça. En théorie. »

Il se laisse tomber assis, remet ses cheveux en place avec les mains. Le jeu d’acteur est épuisant, et pourtant, tout a été travaillé, décidé à l’avance, préparé pour qu’elle lui tombe entre les griffes. Shane prévoit, Shane calcule, Shane joue, danse avec sa proie, plante ses crocs dans sa chair brûlante d’innocence. C’est le sourire rassurant qui se dessine sur ses lèvres, déformée par la douleur qu’il a falsifiée, elle aussi.

« Je comprends, sache-le. On était proches. Enfin, c’était mon impression. »

Soupir, comme si tout extérioriser lui faisait le plus grand bien. Et ses yeux s’allument d’une lueur malicieuse, comme s’il venait de trouver un réconfort quelque part. Shane doit savoir, il doit juger maintenant. Il n’a jamais eu un très grand avis sur les tatouages, c’est l’occasion de parfaire sa vision de la beauté d’Anarchy. Le ton léger, amical, détendu, il se balance, les jambes ramenées contre lui qu’il a entourées de ses bras.

« Je peux voir tes tatouages ? Sauf le dos, je comprendrai. »

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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockLun 29 Sep 2014 - 21:11
God dammit, he's a creepy stalker
featuring Shane
T’as tes parents, non ? Pas moi. Il est mort quelques jours après. Il a succombé aux coups que mon frère lui avait donné avec sa batte de baseball. Celle que mon père lui avait offerte pour ses 12 ans lorsqu’il est entré au club du collège. Tu ne réponds rien, parfaitement insensible à sa douleur. T’as toujours été comme ça, à ignorer les souffrances des autres. Enfin, tu l’es depuis que ton pouvoir s’est dissipé. Egoïste, tu n’es qu’une égoïste. Et pourtant, tu dessines un sourire compatissant sur tes lèvres. Parce que cette partie de toi que tu repousses elle, a envie de se lever, et de serrer ce parfait inconnu dans ses bras ; pulsion réfrénée par tes propres sentiments, parce que tu détesterais que l’on te prenne en pitié comme beaucoup l’ont fait.

Il m’a dit que j’étais trop pitoyable pour qu’il ne daigne me faire du mal. C’était la pire des humiliations. Ton visage se ferme, refusant d’exprimer cette compassion que tu hais tant – une des nombreuses choses qui te déplaisent chez toi, en somme. Quand mon père est mort, il est revenu pour prendre ses affaires. Et tu sais quoi ? Il a voulu emporter celles de mon père en plus. Là, je me suis interposé, il n’a pas eu le choix. Les ligaments croisés. Sa batte a frappé tellement fort qu’il m’a fallu six mois. Le second coup a loupé la colonne vertébrale de quelques centimètres. A peu de choses près, c’était le fauteuil roulant. Heureusement, six semaines ont suffit pour arranger ça. En théorie. Oh. Si les blessures physiques sont apaisés, celles morales ne le seront probablement jamais. Blessé par son propre frère, hein ? Ton rictus réapparait, malgré tes efforts tu ne peux t’empêcher de souffrir pour lui, d’être empathique. Le faible s’écrase, l’émotif ne vaincra jamais les batailles et ça, tu l’as compris avec Nathan.

Etre sans pitié, rester impartial dans toutes circonstances. C’est comme ça qu’on gagne une guerre, mais aussi qu’on perd ses proches. Et ils ressentent cette douleur aiguë, leurs proches. De voir les « gagnants » s’élever sans éprouver une once de remords, sans jeter un regard en arrière. Le rideau se ferme, le public applaudit et les sensibles s’écroulent. Tu es tombée tellement de fois à cause de ça. Et pourtant tu continues, tu prends le chemin le plus dur pour remonter à la surface ; peut-être qu’au fond, t’es trop habituée à cette douleur pour en sortir ? Je comprends, sache-le. On était proches. Enfin, c’était mon impression. Toujours enfermée dans ton silence respectueux, tu l’observes, les lèvres scellées. Tu sens une pointe de soulagement en voyant son attitude changer, pensant naïvement qu’il était simplement mieux maintenant qu’il avait vidé son sac.

Alors tu t’autorises un sourire moins tendu, moins négatif. Tu t’autorises une expression presque heureuse – simplement pour oublier quelques instants, pour écarter la haine et la méfiance une poignée de minutes. Après tout, c’était une bonne attention. Vous pourriez être amis, enfin tu l’espères presque. Je peux voir tes tatouages ? Sauf le dos, je comprendrai. Tu pourrais refuser, tu pourrais faire semblant d’être gênée. Mais c’est pas le cas, t’es même fière de tes marques, fière d’avoir enduré les heures de supplices nécessaires à leur conception. Alors tu te grattes l’arrière de la nuque, d’un air désintéressé totalement factice – tu aimes voir les réactions des gens face à tes tatouages.

Ok ok, si tu veux. Rejetant ta chevelure en arrière, tu exposes le plus récent, ce signe anarchique qui, pour toi, prouve que tu n’obéiras que si les règles te plaisent, que si elles te vont. Aucune supériorité, qu’elle vienne de toi ou de l’extérieur ; aucun chef, juste une inégalité – utopie. C’lui-là je l’ai fait à New York, ‘pour ça qu’il a l’air encore.. Frais ? Lentement et méticuleusement, tu retires ta chaussure et ta chaussette, dévoilant un fausse chevillière et une plume, le tout tracé dans ta peau. Un des plus douloureux à faire – juste après les ailes. Je suis pas une petite prude. Sourire amusé, tu te retournes simplement et retires le haut déchiré qui couvrait ta peau, dévoilant le tatouage qui fait toute ta fierté. Le plus long, le plus difficile et le mieux réussi. Deux ailes angéliques. Ca risque de paraître stupide, mais j’ai fait celui-là pour me prouver que peu importe ce qui arrive, j’reste libre de faire c’que je veux. Même tout foutre en l’air.

Tu remets ton vêtement et te retournes, replaçant à peu près convenablement une chevelure trop volatile à ton goût. Léger rire, et tu te réinstalles sur le lit, croisant les jambes. Anyway, désolée pour ta famille. J’comprends pas pourquoi t’es venu, c’est pire c’que t’as vécu. Pause, le temps de rassembler tes pensées. Mais tu t’attendais à quoi, en venant ? Et maintenant, qu’est-ce que t’espères ? Mine on ne peut plus sérieuse, tu ne le lâches pas des yeux.

Autant voir si ça vaut le coup.


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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockLun 29 Sep 2014 - 22:39

Judgement - Shane & Anarchy

Ok ok, si tu veux.
Il va savoir. Ses iris d’ébène se focalisent déjà sur le corps de la demoiselle, suivent son regard pour être certain de ne pas louper une miette de ce qu’elle va lui montrer. Il est prêt à juger Shane. Il est prêt à mettre fin à toute cette comédie pour devenir enfin sincère avec elle. Il est prêt à s’ouvrir réellement, à devenir ami de celle qui semble être enfin conquise par ses mots. Ses yeux se posent sur le premier tatouage, à l’image du prénom qu’elle porte. Subtil, et bien trouvé - il n’ose pas sourire, reste stoïque, fixant avec sérieux le tatouage. Longuement. Et ses yeux, aussi profonds et inexpressifs qu’un gouffre, détaillent le dessin - et c’est son cerveau entier qui travaille, observe, juge, détaille, demeurant de marbre, imperturbable, acteur inégalé.

Fait à New-York. L’information se cale dans un coin de la tête de Shane, n’ayant pas réellement d’importance, mais c’est devenu une habitude chez lui. Mémoriser. Utiliser. Le tout pour mieux blesser - il n’a jamais pu s’en empêcher, même face aux personnes qu’il avait pu supporter. Il coule ses yeux vers la cheville dénudée de la demoiselle, observe le tatouage dessiné sur un endroit douloureux, hausse même les sourcils avec admiration. Endurer la souffrance pour un tatouage, c’est pas évident - Shane peut au moins lui reconnaître ça. Il sourit, roule sa langue dans sa bouche pour se retenir de commentaire, la laissant terminer son exposé.

Le dernier tatouage est certainement celui qui permit à Shane de trancher. Il s’arrêta un instant lorsqu’elle se mit de dos, se figea de stupeur devant l’image qui s’offrait à lui. Deux ailes angéliques - et leur signification n’était pas difficile à deviner : symbole de liberté. Et il décide à ce moment Shane, dessine ce sourire sur son visage alors qu’elle est tournée, montre sa véritable nature l’espace d’un instant. Il la voit la beauté, il l’apprécie la beauté, et il l’a vue toute entière, celle d’Anarchy. Surpris de sa propre réaction, il se reprend, a de nouveau bâti cette expression curieuse et innocente sur son visage le temps qu’elle se retourne. Les paroles tombent tandis qu’elle se rhabille et il a vu juste - symbole de liberté, rejet des lois, des ordres, de l’obéissance.

Une vraie, une pure E. Il plante ses yeux dans les siens avec un sourire franc, heureux que cette distance ait enfin sauté. Elle se permet des rires, des sourires, certaines familiarités qui montrent qu’elle a enfin ouvert une brèche. Et Shane, sans détour, s’y engouffre - il la regarde s’asseoir, se détendre, aborder le sujet avec familiarité et s’excuse. Marque d’amitié, et Shane sourit avec franchise, porte son regard sur elle, écoute ses mots. Pourquoi est-il venu ? Son sourire s’efface, lentement. Son expression se durcit, alors que les mots lui résonnent dans la tête.

« Mais tu t’attendais à quoi, en venant ? Et maintenant, qu’est-ce que t’espères ?
- Qu’est-ce que j’espérais, serait plus juste. »

Le ton est différent. Désormais, sa voix ne reflète plus de sentiments, elle est la fenêtre de toute l’insensibilité qu’il représente. Les yeux noirs, exempte de remords, de sentiments ou d’une soit-disant empathie qu’il feignait jusque là d’avoir. Il se relève Shane, fait face à la demoiselle - et c’est lui qui la regarde de haut à présent, les yeux emplis de ténèbres.

« Beauté du pensionnat, qu’on m’avait dit. Une Scarlet, une rebelle, une sauvage. Présenté comme ça, ça semblait vraiment attrayant. Il soupire, ferme les yeux un instant et les plante cruellement dans les siens. Mais tu es simplement à vomir. »

Le fil de marionnettiste se tend, file vers sa veste et il tire d’un coup sec, récupère l’objet dans sa main. Invisible, donnant l’illusion d’un pouvoir magique, d’une télékinésie ou d’un autre pouvoir bien plus dangereux encore. A son instar - ce pouvoir est mensonge.

« Des ailes. Le symbole de l’anarchie. Es-tu atteinte d’une stupidité viscérale ou prends-tu plaisir à bousiller ton corps avec de telles horreurs ? Vraiment Scarlet. C’est navrant à quel point tes goûts sont dégueulasses. »

Et le sourire apparait enfin, le véritable, ce sourire glacial qui le caractérise. Il n’a pas peur Shane, parce qu’il la connaît bien assez pour s’être préparé à elle. Ses fils sont prêts, prêts à intercepter le félin en quoi muera ce corps si dégoûtant, et peut-être est-ce la seule façon pour lui d’échapper à cette vision répugnante. Il n’a plus envie de jouer Shane, il a suffisamment cuisiné sa proie, et à présent, il n’a plus qu’une envie : celle de la dévorer. Alors, avec soin, perfection, il remet sa veste dénuée de plis, reprend à nouveau cette apparence si parfaite.

« Sérieusement, je me demande comment tu as pu tomber dans le panneau. Tu rentres de vacances pour oublier ton frère, et un type ayant vécu la même histoire sort de nulle part pour être ton ami ? Tu te donnes des airs de grande avec tes mots vulgaires mais tu restes une gamine. Je comprends pourquoi ton handicapé de frère t’a laissée derrière. Tu ne vaux rien Scarlet, tu es tout bonnement répugnante. »

Et il aime ça Shane, descendre ceux qui l’ont déçu. Ceux qui ne correspondent plus à ses critères. Il se frotte les mains, fier de son oeuvre, déjà prêt à manier ses fils pour achever, au-delà de psychologiquement, l’abomination qu’elle est.

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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockMar 30 Sep 2014 - 19:57
God dammit, he's a creepy stalker
featuring Shane
Qu’est-ce que j’espérais, serait plus juste. Tu tiques. Sa voix change, son attitude se transforme. Légèrement surprise – carrément choquée – tu ne bouges pas d’un millimètre. A partir de maintenant, tu vas fonctionner à l’instinct, c’est décidé. Beauté du pensionnat, qu’on m’avait dit. Une Scarlet, une rebelle, une sauvage. Présenté comme ça, ça semblait vraiment attrayant. Mais tu es simplement à vomir.

Oh well, quand est-ce que vous avez dérivé sur ce sujet ? Tu l’observes attraper – faire voler – sa veste et l’enfiler, sans que tu t’y intéresses particulièrement. A vomir ? Très bien. Sans réaction, tu encaisses ses critiques, masque de neutralité pure collé contre ton visage. Et il termine en parlant de ton frère, ce qui te fait – finalement – briser les apparences, réagir.

Tu éclates de rire, d’un air presque joyeux. Tu te penches légèrement, tu te tiens les côtes et les serres presque fébrilement, une larme coulant même de ton œil gauche – aïe, par contre les lentilles, elles te font souffrir. Tu attrapes tranquillement le miroir de poche posé sur ta table de nuit, et t’en sers pour les retirer, quelques perles salées s’échappant de tes yeux en même temps. A l’instant où tu as terminé, tu les tournes vers lui, les plantes dans les siens. Tu soutiens son regard glacial sans souci – du moins c’est tout ce que tu laisses paraître.

J’m’en branle. Pause, tu te relèves, toises l’individu. Tu pourrais laisser libre cours à ton pouvoir, lui permettre d’éclater et refaire les mêmes erreurs. Après tout, personne ne se retient pour te faire souffrir, pourquoi toi, tu t’en empêcherais ? Désolée te de décevoir, mais t’es pas le premier à faire ce genre de plan. A force, ça ne m’fait plus rien. Être blessée ne te dérange plus. Qu’on te rabaisse ne t’importe plus. Ca m’fait une belle jambe que tu m’trouves à vomir, pauvre chou. Oui, t’es une gamine. Puérile, impulsive, égoïste. Mais tu t’en fous total.

De tout. De lui, de son avis, de son dégoût. Je t’ai rien demandé, alors soit tu comprends que c’que tu diras n’aura aucun impact sur mon existence et tu dégages, soit tu restes et on perd tous les deux notre temps. Autrefois, t’aurais été plus violente – enfin, tu lui aurais sauté dessus ou tu lui aurais braillé des insultes sans cohérence à la tronche. Mais cette fois, tu referas pas cette bêtise. Anarchy sera faussement pacifique, juste pour un temps. Pour quelques instants. T’es déjà brisée, il n’obtiendra rien à enfoncer le couteau dans la plaie ; parce qu’il a déjà transpercé ta carcasse, parce que chaque reproche le fait ressortir de l’autre côté, jusqu’à ce qu’il soit enfin totalement retiré. T’arrives trop tard, mon grand. Too bad.

Et ton sourire s’élargit, et tu te lèves totalement, la tête redressée pour extérioriser ton absence de peur ; qu’aucune douleur n’a été provoquée par cet inconnu. Tu approches ton visage du sien, ta main se pose sur son torse. Et tu le repousses durement, tu montres les crocs dans un rictus parfaitement calme.

Dégage. Tu sers à rien, ici. Rire. Même si t’as mal, t’es pas plus touchée que ça par ses paroles. Juste une pointe d’agacement, parce qu’il a gâché ton retour à Prismver et qu’il te fait perdre un temps précieux.

Putain d’inconnu. Ca vallait pas le coup, finalement.


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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockMer 1 Oct 2014 - 9:26

Judgement - Shane & Anarchy

Les mots ont claqué dans l’air. La vérité éclate, brise, brise ce voile d’illusions auquel elle a commencé à s’attacher. Shane construit et détruit, Shane répare pour mieux briser. Et, à ses yeux, la beauté est bien présente dans la destruction. Ses yeux, tout de noirs construits, la détaillent, impassible, le sourire bien présent sur son visage. Il a l’air si normal, si humain - mais il se complait dans la haine et la douleur d’autrui. Détestable détestable. Shane l’incompris. Shane le détesté. Shane le destructeur. Il est le maitre d’oeuvre, à l’origine de l’intrigue et déclencheur de la tragédie - il détruit les liens qu’il a lui-même tissé et se délecte de la douleur qui en découle. Mais est-ce mal ? Est-ce mal de reprendre son dû ? Il ne le croit pas, s’en moque. Il fait juste sa vie Shane, collectionne, garde, aime, détruit. Sa propre personne est tout ce qui l’intéresse.

Alors, lorsque les mots de la demoiselle franchissent ses lèvres, ça lui est bien égal. Il a rapidement capté son jeu. Son expression moue en un air moqueur, amusé, parce qu’il sait Shane, qu’il a agit sur elle. Renforcer sa méfiance, atténuer un peu plus ses possibilités de se réconcilier avec son frère. La dégoûter de la confiance et l’effrayer des liens, il fait ça Shane, et ça lui est plaisant. Il hausse les épaules, ce même rictus moqueur, comme un adulte compréhensif qui regarde un gamin foncer dans le mur - ça fait forcément quelque chose, il le sait. Ca a toujours été le cas. Quelque part, Shane se considère comme l’unique personne à rester étanche à ce genre d’épreuve - et c’est cette force qui l’a amené si loin.

Et de nouvelles paroles sortent, venin inoffensif pour le monstre qu’il est - il a l’habitude de tout ça. Tu sais Anarchy, t’es pas la première à lui dire ça. T’es pas la première à feindre l’indifférence, se fondre en nervosité, rires, moqueries, gamineries, nonchalance - t’es pas la première qu’il a détruit. Il le sait Shane, il sait que ça te fait quelque chose, et tu pourras pas lui cacher bien longtemps. Il sait que ses mots entaillent cette défense si parfaite que tu t’étais construite, qu’il est toujours possible de foutre un coup de pied dans un objet déjà brisé pour lui ôter tout espoir de reconstruction. C’est ce qu’il fait, c’est ce qu’il aime, c’est ce qui le fait vivre. Collectionner, détruire, se nourrir de cette souffrance pour ne plus jamais l’oublier. Monstre inconscient.

« Non, je suis arrivé au meilleur moment. »

C’est l’arrogance qui se peint sur son visage, la fierté d’avoir, à nouveau, un coup d’avance sur elle. Elle ne comprend pas. Peut-être que ça ne sera jamais le cas - sauf si elle tend à nouveau à s’ouvrir vers quelqu’un. Et là, il le sait Shane, il sait qu’elle verra son visage à la place de celui à qui elle s’attachera, il sait qu’il a fragilisé cette carapace qu’elle espérait s’être construite. Il s’en moque Shane. Et c’est l’indifférence qui le dessine jusqu’à ce qu’elle le repousse, pose sa main sur son torse et adopte un contact avec lui. Son corps, souillé par l’horreur qu’elle était - sur des paroles dénuées de sens. A rien ? Vraiment ? Il glisse sa langue sur ses lèvres, frotte son torse à l’endroit touché comme pour se nettoyer, sérieux. Réveillé.

Et il n’a pas besoin de mot pour exprimer son état. Le sourire glacial, exempte de toute pitié, émotion, le sourire effrayant, redouté, se peint sur son visage. Il lève la main, comme menant un orchestre, comme dirigeant le tempo. Il lève la main et les fils invisibles s’activent déjà, dirigent son corps, la force à se ployer. Immobilisée, le corps dirigé par le soin de son don. Shane dirige, est libre de blesser, détruire, libre de l’achever. Il fait lever sa main, serrer le poing et le propre poing de la E s’écrase contre son visage. Shane ne se salit pas. Shane reste dans les coulisses, contrôle dans l’ombre, fourbe, indestructible, hors d’atteinte - invincible.

Pour lui, rien ne saurait être plus jouissif. Son regard d’ébène la détaille, réfléchit à quoi faire, comment diriger. Un geste de main vers le haut et il lui fait ôter son haut ridicule - un vêtement déchiré, quelle genre de goûts a-t-elle ? Mais dorénavant, la vision lui est égale. Shane reste impassible, Shane ne veut plus voir. Les bras de la demoiselle se croisent sur sa poitrine, mouvement forcés par le pouvoir, ses mains posées dans son dos. Et d’un nouveau geste, il la fait se crisper, sortir les ongles, prépare l’ultime acte de beauté. Un sourire glauque vient introduire sa détonation, puis il agite de nouveau ses doigts, et les propres ongles d’Anarchy se plantent dans sa chair et viennent la déchirer, cruellement, son propre corps la mutilant, ses propres mains la comblant de douleur.

Il observe Shane, la laisse se détruire, pour arranger un peu plus ce dos horrible. Et enfin, il la relâche, laisse son pouvoir se désactiver - oeillade satisfaite vers le dos et les ongles ensanglantés de la E. D’ici une semaine, les griffures auront disparu. Oubliées. Plus aucune trace, à part peut-être, sous ses ongles, l’odeur du sang séché - mais la raison n’atteint pas celui qui a déjà perdu toute lucidité.

« C’est bien mieux à présent. »

Satisfaction. Désormais, oui, il ne sert plus à rien ici. Tout est bien plus beau, pour lui.

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MessageSujet: Re: Judgement || ANARCHY   Judgement || ANARCHY 1400359500-clockDim 5 Oct 2014 - 11:27
God dammit, he's a creepy stalker
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Non, je suis arrivé au meilleur moment. Ce sentiment de sûreté qui s'effrite en même temps que ton sourire disparaît, cette peur qui s'infiltre par tous les pores de ta peau. Une voix te hurle de t'enfuir, de ne pas le laisser te briser encore plus. Mais ton corps refuse d'obéir, il reste paralysé par une terreur sans nom, plus forte encore que ta fierté, dévastant tous les autres sentiments. Et la bête apeurée s'écrase ; tes membres refusent de t'obéir, dirigés par une force extérieure.

Impuissante, tu sens ton poing se serrer, se lever. Il s'écrase contre ton visage, tu serres les dents pour retenir le cri de douleur en résultant. Ta lèvre inférieure s'ouvre, un léger filet de sang s'en échappant. Tu ne comprends pas tout de suite, tu restes faible et manipulée – à l'instar d'une poupée de chiffon, incapable de se contrôler. Ton rythme cardiaque s'accélère, la panique glisse sur toi, couleuvre gluante caressant ta colonne vertébrale. Tu voudrais hurler, te lever, courir vers la sortie. Un mauvais pressentiment serre tes entrailles, te donne la nausée. Et pourtant tu n'arrives pas à faire un seul mouvement, entièrement maîtrisée par cet inconnu.

Et c'est toujours cette même terreur qui torture ton esprit lorsque ton t-shirt glisse, lorsque tes bras se pressent contre ta poitrine ; l'horreur se lit dans ton regard, tu fixes d'un air désespéré ton tortionnaire. Tes ongles s'enfoncent d'un geste brutal dans ton dos, déchirent, lacèrent ta propre chair. Une cascade de souffrance s'échappe de tes yeux, sanglots répétés secouant tes épaules. Chaque millimètre tracé dans ton dos t'électrise, te donne envie de hurler. Tu serres vivement les mâchoires, ne laissant que des grognements traverser la barrière de tes lippes.

Tu as déjà souffert de nombreuses fois dans ta misérable vie. Tu aurais dû y être habituée, ne plus pleurer à cause de ça, maîtriser cette douleur aiguë. Mais cette fois est différente ; tu te fais ça toute seule. Mue par un pouvoir terrifiant, dirigée par un chef d'orchestre complètement malade. Et c'est d'une voix déchirée, brisée par la joie qui s'enfuit que tu lui réponds, priant pour que le supplice s'arrête. Espèce de dangereux psychopathe.

Paroles probablement inutiles, tu en as conscience. La chute est rude, ta frêle carcasse tombe mollement sur le sol, tes mains ensanglantées tâchent le sol. Ton dos mutilé te brûle littéralement, ta haine et ta peur se mélangent pour former une boule dans ta gorge, si grosse qu'elle t'étouffe – ou peut-être est-ce le sang coulant dans ta bouche qui t'empêche de respirer. Et tu as l'impression de te noyer, de revivre cette nuit dans la piscine. Pas de lumière, pas de touffe rousse là pour t'aider. Tu es seule, désespérément seule. Un gémissement guttural retentit depuis ta gorge, mais tu n'es pas sûre qu'il vienne de toi ; le doute s'insinue en toi, deuxième serpent sifflant dans ton inconscient des discours répugnants.

Ne leur fais plus confiance. Ne les crois plus. Reste seule, reste faible. Tu l'as toujours été. Tu le seras jusqu'à ce que mort s'ensuive. Peut-être que tu devrais leur prouver que tu n'as pas besoin d'eux. Qu'ils n'ont pas besoin de te blesser pour que tu souffres. Mais qu'ils n'ont pas besoin d'être compatissants pour que tu te sentes bien.
Tu es seule.
Seule et au bord du gouffre.
Tu devrais sauter, tu devrais te laisser couler.

Mais non, cette fois tu remonteras à la surface, de ton plein gré. Crachant une gerbe d'hémoglobine, tu ne fais pas attention, tu ne cherches pas à savoir s'il est toujours là. Tu ne te redresses pas, tu souffles juste. Tu inspires. Tu respires. Tu vis et tu souris, ignorant les hurlements silencieux de ton corps meurtri. L'irritation de ton dos cherche à te convaincre du contraire, comme une puissance qui te cloue au sol.

Tu renifles, les larmes extériorisant ta faiblesse coulant toujours par terre. Et c'est d'une poussée mobilisant toute ta force que tu soulèves ton corps, avec les mêmes mains qui ont ouvert ton dos, tremblantes, qui écrivent rapidement un message pour l'envoyer à Chan, pour un soutien quelconque.

Va-t-en. Tu ne sais pas toi-même s'il y a toujours quelqu'un, si tu parles seule, à toi-même ou non. C'est avec la motivation d'une désespérée proche de la mort que tu traces le chemin jusqu'à la salle de bain, que tu oublies tout le reste – décidée à laver ton corps de toute trace de liquide vermeil, de toute douleur physique. Même si celle morale est pire, même si au fond, tu sens qu'il ne suffira pas d'une douche pour nettoyer tout ça, tu actionnes l'eau, tu retires le reste de tes vêtements et tu glisses sous le jet, sans regarder le liquide devenir rouge. Tes yeux fixent le vide.

Tu attends. Tu pleures. Misérable.


wala, the end i guess

+ lms =

From : Anarchy.
To : Chan.
________________________________________
j'ai besoin de toi
viens dans la cabane, vite
j'suis dans la salle de bain


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