On ne blague plus. En fait on a jamais rigolé.
Trottinant pour se maintenir au rythme du jeune homme avec qui Clove a finit par échouer pour son binôme, elle murmure pour lui indiquer de prendre la direction des bungalows. Pas question de s'occuper des cabanes, quoi que certains de ses voisins auraient sans doute besoin d'une bonne correction. Mais elle n'était pas là pour une vendetta personnelle. Non.
Cigarette terminée, Clove l'écrase entre ses doigts, sentant sa peau se recouvrir de cette carapace translucide encore nouvelle. C'est drôle, ces sensations de la vie. Car même atténué par l'armure, Clove sent le monde autour d'elle. Et ça la rend vivante. Bien plus qu'elle ne l'était avant. Cendre froide, elle laisse tomber le mégot au sol, enfonçant ses mains dans ses poches pour cacher leur étrange lueur argenté.
Elle ne s'y fait pas encore, Clove, à ce changement brutal de don. On l'a arraché de sa torpeur la complête pour lui offrir l'espérance. Avant de détruire le tout à néant. Bien trop protégée dans son cocon translucide, elle ne peut plus sentir le sang couler sur ses tempes, le craquement de ses os, la douceur de la lame contre la peau. Enfin qu'importe. Aujourd'hui n'était pas un jour à ruminer.
« On prend à droite ? »Sa voix un peu cassée s'élève dans les couloirs. Les autres ont déjà commencé la fête, à eux d'entrer dans la danse maintenant. Clove dépasse Pythagore sans plus attendre et ouvre la porte d'un grand coup de pied. Pas délicate pour deux sous, elle entre dans le bungalow avant de se tourner vers son coéquipier.
« Donc on fait comme on a dit ? Tu surveille et je pète tout?J'ai un sérieux besoin de me défouler ce soir »
Ouai. Parce que y a un trop plein de malaise qui l'habite. Y a un trop plein de douleur. Un trop plein de rage. Frustration. Et se concentrant le mieux possible, Clove active son don et se retrouve soudain recouverte entièrement de sa carapace translucide. Petit sourire aux lèvres elle adresse un clin d'oeil à Pythagore avant de commencer la danse. Ouai, ils doivent juste couper l'eau et le courant. Mais Clove a pas envie. C'est son coude dans la vitre, bruit de verre répandu sur le sol. Son pull se déchire, et Clove jubile de cette nouvelle indemnité. Coup de pieds répétés, elle renverses tables, chaises, objets. Pas trop quand même, elle n'est pas conne à ce point. Rien de précieux ou de cher, elle en profite pour défoncer le radiateur, arrachant les fils à main nu. C'est bien plus drôle comme ça. Elle rigolerait presque Clove, de ce moment de fureur pure où même l'électricité n'arrive pas à la stopper. Moment de suprématie qui ne s'éternisera pas. Elle sait. Alors profitant des dernières minutes restante, elle fracasse le ballon d'eau chaude, inondant la pièce. C'est rapide, efficace. Plus que le courant et tout sera parfait. Alors revenant dans la pièce principale, elle cherche du regard l'objet de ses convoitise et y plante des ciseaux ramassés dans la cuisine. Ca grésille, étincelle et soudain tout devient noir.
« Promis le prochain, c'est toi. »Et lentement l'argenté de sa peau disparaît et Clove redevient ce qu'elle a toujours été, vulnérable.