Tu as du mal à le croire. C'est simple à dire, ça, "je vais me faire tatouer". Je vais me faire tatouer. Mais non, décidément, ça sonne mal dans ta tête. Toi. La pauvre italienne poissarde et sans père. Ça te paraît tellement inattendu, mais bon. On aurait pu s'y attendre, tu te dis, après un an de fréquentation avec cette fille. Même si ça reste assez bizarre. Tu aimes ses tatouages, tu trouves que ça lui va bien. Et avec un peu de dialogue, elle t'a plus ou moins volontairement convaincue de t'en faire un. Mais un tout petit, simple, discret. Le symbole astrologique stylisé du bélier. C'est ton signe astrologique. Tu vas te le faire en rouge. Tu hais cette couleur, mais tu crois que tu commences à l'aimer un peu. Un tout petit peu.
Tu es donc dans ta cabane. Enfin celle que tu partages avec Spoofy, Dean et Ashkan. Tu ne les connais pas tous encore très bien, malgré la tentative d'enseignement à la sociabilité de Naëlen. Tu es assise par terre, les jambes pliées vers le haut, le dos contre le mur frais. Tu portes encore des vêtements craignos, tes propres vêtements, malgré les quelques séances shopping forcé auxquelles tu as participé avec ton amie. Tu stresse un peu, car tu entendais toujours que se faire tatouer, c'est douloureux, très douloureux. C'est pour ça que tu n'as pas voulu un tatouage aussi lourd que ceux de Naëlen. On va commencer doucement, s'il y aura une suite.
La verte ne devrait pas tarder. Tu aimerais vraiment qu'elle arrive avant le tatoueur, ou même avec le tatoueur. Tu n'es pas vraiment sûre de votre coup, ni même si vous avez ne serait-ce que la tolérance de l'administration de faire venir un tatoueur ou un perceur dans les cabanes. Mais tu as une confiance aveugle envers Naël. Elle sait ce qu'elle fait - du moins, tu l'espères. Non, tu en es sûre. Elle ne ferait rien te concernant sans être sûre d'elle. Mais, quelque part au fond de toi, tu crains toujours que ton cœur te lâche encore. Même s'il a survécu à une année de la quelque peu brutale joie de vivre d'Amelia, il s'agit là d'un tatouage. Tu espères que ça va bien se passer. Tu es devenue tellement faible, aussi bien physiquement que psychologiquement...
Tu entends des pas dehors. A chaque fois que quelqu'un passe, tu espères que c'est Naëlen, et tu pries de toute ton âme que ça ne soit pas l'un de tes colocataires. Ça te foutrait les boules. Surtout que tu n'aurais aucun moyen de prévenir Naël... Oh, si. Nokia. Ton lézard d'amour est en train de faire bronzette au bord de la fenêtre.
Pa-pa-pa-pa-p.
Pitié, faites que ça soit Naëlen. Pitié, faites que ça soit Naëlen. Pitié, faites que ça soit Naëlen.
A chaque son, tu te répétais cette phrase comme une prière. Et tes prières semblent avoir été entendues.
Pas le temps de me préparer. Une bonne pince à cheveux, des cheveux en bataille et un chignon vite fait, pas de soutif, un bon gros sweet qui tient chaud et un jean troué, rien de mieux quand on se rend compte de son retard. Pour les chaussures, des chaussons iront très bien. Je ferme la boîte à dodo de Niwi et l’emporte avec moi, dans ma poche. Maintenant le cash. Terminé. Je cours.
C’est en arrivant devant le bungalow que je réalise. J’suis contente putain, elle a enfin décidé de porter ses ovaires et d’être courageuse. Il y a du progrès. Je rentre, ferme la porte et lui souris de toutes mes dents. Un grand hurlement me sort de la bouche, un “C’est moiiiii !” et je fonce vers elle, la prenant un cours instant dans mes bras.
“Tu vois quand tu veux, ma belle ! T’en fais pas. Tout va bien se passer.”
Je m’assois en tailleur donc, devant Lio. Là, je vois bien. Je vois qu’elle a peur. Peur d’avoir mal, de faire le bon choix. Je lui souris de plus belle, il n’y a vraiment pas à s’inquiéter.
“Écoute la douleur est subjective. On en a parlé par lms, l’endroit que tu as choisi pour ton tatouage est parfait. C’est un des endroits les moins douloureux.”
Elle semble plus ou moins rassurée, mais ce n’est pas encore ça. Du moins elle a du mal à l’admettre : elle décidé aujourd’hui quelque chose de très important pour elle. Elle s’affirme, bordel, c’est bien.
“Je mettrai un peu de musique, il faudra que tu te concentres dessus. C’est soit ça, soit une conversation ou un film. Et on sait toutes les deux que tu ferais simplement semblant d’être attentive, donc je te mettrai de la musique. Il paraît que ça atténue la douleur, tu vois.”
Un éclat de soulagement s’affiche sur son visage. Elle voit bien que je suis là pour elle, que je sais ce que je fais, et ce qui est bon pour elle.
“T’as le temps encore, il devrait pas arriver trop tôt normalement.”
J’entends toquer à la porte. Je me retourne, surprise et replace mon regard sur la pauvre Calli qui commence à paniquer de nouveau, intérieurement. Je grimace, mais souris de plus belle, histoire de la rassurer encore un coup. Je lui adresse un clin d’oeil, tapote brièvement mon index sur son nez et me relève en un bond, courant vers la porte d’entrée. Je l’ouvre. Apparaît celui qui appliquera une modification sur le corps de ma twin qui restera encrée à vie sur sa peau. Je souris, encore et toujours. Il entre, je referme la porte, joigne mes mains et regarde avec attention l’individu en question. Polis, rassurant et aimable, happy quoi. Lio sourit en retour, mais ne semble pas très en confiance, ou plutôt perturbée. Je m’approche, tandis qu’elle doit s’asseoir sur une des chaises.
Je me dirige vers l’ordi de Call, go YouTube et je lance une chanson. La première qui m’est venue à l’esprit : Homestuck - Pale. Le tatoueur semble amusé, je lui jette un regard sérieux. -Nan toi tu peux être sérieuse omg attends je meurs là.- Ferme. Ta grosse gueule. Bordel. Le grand homme tatoué semble avoir compris, il efface ce sourire niais de son visage et se gratte le derrière de la tête, honteux. Il s’adresse à mon amie, elle acquiesce. Je n’ai pas entendu. Je reviens auprès de ma protégée, m’accroupis juste devant elle, le tatoueur à sa gauche.
La porte s'ouvrit rapidement sur une Naëlen souriante, vêtue d'un sweet trop grand et d'un jean troué. Ce style lui allait bien. Tout lui allait, à Naëlen. Elle avait monté ses cheveux verts pomme en un chignon grossier, mais ça allait avec sa tenue. Elle était dans le thème, disons. Tout comme toi, tu étais bien dans ton propre thème. Oh, elle portait des chaussons. Aucune tenue ne peut être parfaite.
Naëlen - C’est moiiiii !
Elle a hurlé, mais ton ouïe s'y est faite. Tu lui réponds par un doux et hésitant "salut", lui rendant son sourire. Mais le tien est un peu cassé. Forcé. Il va falloir que tu le garde un moment. Tu ne sais pas combien de temps ça va durer. Elle s'agenouille devant toi et te prend dans ses bras, comme une mère fière.
Naëlen - Tu vois quand tu veux, ma belle ! T’en fais pas. Tout va bien se passer.
Son sourire, qui s'était adouci, s'étant un peu plus sur ses lèvres.
Naëlen - Écoute la douleur est subjective. On en a parlé par lms, l’endroit que tu as choisi pour ton tatouage est parfait. C’est un des endroits les moins douloureux.
Tu la crois. Les endroits les moins sensibles du corps sont les épaules, les genoux et peut-être le dessus des pieds. Sauf que ces deux derniers emplacements sont un peu ridicules. Un tatouage sur le genou ou le pied, ça passe pour un Malabar, mais pas pour un à l'encre. Un vrai. Qui restera une vie entière sur le corps, et même après, jusqu'à ce que ce corps pourrisse sous terre.
Naëlen - Je mettrai un peu de musique, il faudra que tu te concentres dessus. C’est soit ça, soit une conversation ou un film. Et on sait toutes les deux que tu ferais simplement semblant d’être attentive, donc je te mettrai de la musique. Il paraît que ça atténue la douleur, tu vois.
Hm... De la musique. Tu aurais bien aimé un film, mais peut-être que la douleur t'aurais empêché de te concentrer dessus. Tu as rarement vu de films, tu t'en tenais aux classiques. Mais de la musique, c'est cool aussi.
Calliope - Ok...
Tu n'es toujours pas sûre de toi. Mais tu as plus confiance. Elle te dis que tu as encore le temps, alors tu te relèves et tu vas chercher des chaises. Ta crainte est remplacée par un mélange de nervosité et d'excitation.
Ca toque. Tu espères que ce n'est pas Dean, ou Spoofy, ou Ashkan. Mais enfin, ils n'auraient aucune raison de toquer. Voyons. C'est aussi leur propre cabane. Tu en déduis donc, avec ton espoir, que c'est le tatoueur. Naëlen ouvre, et c'est bien lui. Il a l'air sympa, confiant, un tout petit peu bourrin... Comme tous les tatoueur, tu supposes. Ou du moins, ceux qui passaient à la télévision. Eux-même tatoués, percés, avec un look un peu rock... M'enfin. L'habit ne fait pas le moine, tu le sais, alors tu ressors ton sourire cassé. Tu paniques. Tu vas souffrir.
Ta meilleure amie se dirige vers l'ordinateur, et rapidement une musique joyeuse et un peu gauche emplis la salle de son air entraînant et enthousiaste. Le tatoueur se rapproche de toi, assise sur une des chaises que tu es allée chercher, en souriant d'un air amusé. Après un regard échangé avec Naëlen, ce sourire disparut, et il s'adressa doucement à toi.
Tatoueur - Alors, bélier, tout simple, rouge, environ 7 centimètres, rouge ?
Tu acquiesces. Il s'assoit sur la chaise à côté de toi, tourné vers toi, tandis que tu enlèves ton pull. Tu portes une chemise sans manches en-dessus, blanche à carreaux bleus. Tu évites le regard de Naël, qui se tient accroupie devant toi, honteuse par rapport à tes goûts vestimentaires immondes. Elle, c'est une bombe. Elle pourrait réussir à draguer n'importe qui même en portant un sac à patates. Enfin, toi aussi tu pourrais, si tu prenais soin de toi plus que tu ne le fais.
Tatoueur - C'est parti.
Et le massacre commença. Pense à la musique, Calliope.
♪ 'Cus I'm pale, pale, pale fur you ♪ ♪ There's no combination that beats green and blue ♪
L'encre rougeâtre passe sous ta peau dorée, doucement, en petites doses. C'est à la fois douloureux et bizarre comme sensation, mais tu penses que c'est une question d'habitude. Naëlen, elle, doit être tranquille avec ça, maintenant. Courage ma grande. C'est ça, mords-toi la joue, ça fera diversion de la douleur en plus de la musique et du regard vert de ta braintwin.
Elle est décidée, la Calliope. Un bélier rouge, le symbole astrologique. Le tatoueur a déjà commencé son oeuvre, et Lio est plutôt courageuse sur ce coup là, même pas un hurlement lulz. Néanmoins elle reste crispée, je me relève lentement histoire de ne pas gêner l’artiste. C’est là que Call doit certainement me maudire.
“Pale, pale, paaale fur you. There’s no combination that beats green and blu-ue. Pale, pale, paaale fur you. ‘Cuz I’m pale, pale, paaale fur youuu !”
J’me suis mise à chanter, jouant avec deux mèches opposées de ses cheveux que je levais et agitais légèrement histoire de l’occuper un peu. Au moins, ma voix est agréable. Le tatoueur retient un sourire, se concentrant sur son boulot, vaut mieux pour lui. Je me retourne et me mets à chercher la cuisine, ouvrant chaque porte une par une. Ici. J’entre, jette un rapide coup d’oeil avant de repérer la raison de ma venue : deux chiffons. C’est dans ces moments là qu’il faudrait plutôt appeler les mecs en blouse blanche, histoire qu’ils m’embarquent un coup. Je retourne dans la pièce destinée à la torture de ma braintwin, je la vois grimacer légèrement puis poser ses yeux sur moi. Elle les écarquille directement. Mon dieu je vais me faire tuer, ou chassée par le tatoueur, mais j’en ai rien à foutre, tant qu’elle vit son premier tatoo le mieux possible.
Oui. J’me mets à agiter les deux chiffons en même temps. Je lève ma jambe gauche sur le côté en levant mon bras droit, inversement, j’enchaîne avec d’autres mouvements plutôt pittoresques. Je suis prête à tout pour attirer l’attention de ma chère Calliope. Ou alors, j’aurais tout simplement dû éviter le sucre avant de venir, ça m’réussi pas…
“Donnez-moi un B ! Donnez-moi un E ! Donnez-moi un L ! Donnez-moi un I ! Donnez-moi un E ! Donnez-moi un R ! Bé-”
Bam. Sur le cul. Stop les gamineries. Le pompom-girling c’pas pour moi apparemment. J’me gratte le derrière de la tête avec une bouille de looseuse, qui a un peu cogné contre le sol, ça picote. J’entends un rire masculin. Le tatoueur vient de terminer, et se fout littéralement de ma gueule. Je retrouve un visage sérieux et lui lance un regard noir, il essuie tout son bazar et commence à ranger son matériel. J’en profite pour lui faire un bon gros fuck derrière son dos. J’en rajoute un deuxième.
“C’est terminé. Pas trop dur, sous l’épaule. C’est parfait, mais tu auras des rougeurs autour de ton tatoo durant quelques jours, il ne faut pas t’inquiéter elles disparaîtront. Sur ce, je remballe !”
Je me relève nettement plus sérieuse, un peu sonnée. Je jette un regard noir au tatoueur tandis que Calliope souffle enfin. Elle l’a fait. Et moi, je me suis ridiculisée. Encore. Et j’en ai rien à cogner. Encore. Une fois ses affaires remballées, il nous adresse un aimable “bonne journée !”, Lio le remercie encore un coup, et moi je lui fous un admirable vent. Je le raccompagne à la porte sans même un regard, le fait sortir du bungalow et me contente de claquer la porte, de façon très civilisée.
“Ptain. Il s’est foutu d’ma gueule ce gros con. Fais voir.”
La douleur était présente, mais tu retenais des couinements de souris ridicules en ne cessant de te mordre la joue. Et voilà que ton amie se remet à faire des pitreries. Elle chante ? Alors que tu souffre le martyr devant elle ? Tu n'arrives pas à lui lancer ton regard le plus noir, malgré tes efforts. Ce regard est plutôt amusé et lassé à la fois. Elle est incorrigible, vraiment. Elle s'empare de deux mèches de tes cheveux ondulés, les faisant flotter légèrement au bout de ses doigts. Sa voix diffère de la voix aiguë venant de la vidéo, elle est plus matures, grave, et plus chantante.
Puis elle s'en va jeter un œil dans chaque pièce, avant d'entrer dans la cuisine. Tu espères qu'elle va te ramener du chocolat. Ou des chips. Tu te rends compte que tu as un petit creux... Tu mangeras après. Oh, elle revient. Oh, non. Pas ça.
Naëlen se met à danser, deux torchons en main. Elle devrait entrer dans l'équipe de pompom-girls du pensionnat, elle a un bon sens du rythme.
Naëlen - Donnez-moi un B ! Donnez-moi un E ! Donnez-moi un L ! Donnez-moi un I ! Donnez-moi un E ! Donnez-moi un R ! Bé-
Pouf.
Mais apparemment, pas de l'équilibre. Le tatoueur ris, mais restait concentré sur son travail, qui était presque terminé. Mais tu ne t'en rendais même plus compte, les bêtises de Naël te distrayant au mieux. Plus qu'une courbe, et voilà...
L'homme nettoya l'aiguille qui avait servi à glisser de l'encre sous la plus fine couche de ta peau, et rangea son matériel. Tu le remercies, la voix un peu tremblante, et maintenant tu sentais la douleur. Ca brûlait affreusement. Pendant ce temps, Amy s'amusa à lui lancer deux doigts d'honneur dans son dos, ce qui te fait légèrement sourire malgré la très désagréable sensation sous ton épaule.
Tatoueur - C’est terminé. Pas trop dur, sous l’épaule. C’est parfait, mais tu auras des rougeurs autour de ton tatoo durant quelques jours, il ne faut pas t’inquiéter elles disparaîtront. Sur ce, je remballe !
Calliope - Merci encore.
Tu peux enfin reprendre ta respiration, mais tu as vraiment l'impression que la douleur se propage dans tout ton corps. Ça te pince le cœur et te donne mal à la tête, mais tu te concentres sur autre chose. Le chignon de Naël est vraiment joli, même grossier et des mèches s'en échappant. Elle t'observe en accompagnant le tatoueur à la sortie, sans même lui dire au revoir, mais toi non plus tu ne lui dis pas au revoir. Trop concentrée sur le chignon de ta meilleure amie. Le claquement de porte te sonna un peu les oreilles, mais Naëlen se dépêcha de venir à toi. Son visage est rassurant, même s'il reste une trace de colère dans ses yeux.
Naëlen - Ptain. Il s’est foutu d’ma gueule ce gros con. Fais voir.
Sans vraiment en tenir compte pour le moment, tu te lèves, puis te tournes vers elle et tends un peu ton bras pour mettre le tatouage en évidence. Oh, oui, il est bien rouge. Un peu trop. Tu penses que tu ne pourras pas le toucher sans tomber dans les pommes. Encore moins appuyer dessus, par exemple, en dormant sur le côté. Misère. Au moins, il ressemblait exactement à ce que tu avais en tête.
Calliope - ... Alors ?
Tes sourcils étaient froncés par la douleur, mais tu tenais à avoir son avis. C'est elle la plus experte entre vous deux, après tout.
J'ai mes règles. Il suffit d'un petit quelque chose pour m'agacer, franchement. Je suis passée d'une joie de vivre et d'une énergie débordante à une gueule de coincée offensée. Il aurait pu rire pendant que je pompomgirlais, pas après ma chute ce gros con. Putain. Elle se lève. Elle me tend son bras afin de me montrer son nouveau tatoo, je souris. Il est, malgré l'individu totalement con qui l'a réalisé, parfait.
“C'est fait.”
Je souris de toute mes dents et lève ma main pour engager un tope-là, qu'elle respecte directement. La douleur la titille un peu, mais dans moins de dix minutes elle ne sentira plus rien, si elle touche pas. Dans quelques semaines je la tenterai pour se faire le pentagramme, histoire qu'on soit assorties. Il paraît que ça "renforce les liens", lol. J'lui dirai pas ça. J'vais me faire défoncer. J'lui dirai simplement que c'est joli, et que ça lui irait bien - ce qui est vrai. -T'es juste dans ton délire d'avoir un signe commun avec ta braintwin.- Va falloir que je vois un psy, pour toi. J'te supporte plus. J'en ai ras le cul. Tu parles trop, quand il faut pas, pour rien dire à part te foutre de ma gueule.
Enfin, c'est moi qui parle. Mais c'est ma conscience, je la contrôle pas. Je devrais. Elle parle toute seule. J'engage des conversations avec elle. Je commence à me poser des questions sur ma santé mentale. Ça ne doit pas être important, tant que je ne l'écoute pas et que j'fais pas ce qu'elle me dit.
Passons. Ce tatouage, sans malaise en plus, ça se fête. Et Lio le voit à mon regard. Je la fixe avec mon demi-sourire fait pour être discret mais qui l'est finalement pas du tout. Oui, ce sourire là. Je prends ses mains dans les miennes en montrant mes dents.
“Allez juste un petit verre de rien du tout ! Et puiiiis, si tu veux, toi, tu prendras du jus d’ananas, ou de banane, ou d’orange, ou de fraise, ouuuu… de c’que tu veux ! Mhh ? ”
Revoilà mes caprices habituels. Étrange quand on sait comment je gère l’alcool. Un demi verre de cidre doux me fait grimacer. Une bière me fait tourner la tête. C’est toujours très drôle de me voir boire. Lio en revanche, elle peut faire un malaise pour bien moins que moi, on fait la paire. Mais elle c’pas pareil. Elle a quelques petits problèmes, mais je suis là, et il peut rien lui arriver. Enfin, au moins elle restera pas évanouie dans l’allée. Elle se réveillera sur un canapé, couverte, voire à l’hosto. Call me fait toujours faire une crise cardiaque quand ses jambes lâchent. Je m’inquiète peut-être trop.
Elle accepte.
“Merciiiiiiiii. Rendez-vous dans une demi-heure au bar de Jim, tu sais j’t’ai montré où c’est. Je t’attendrai à l’intérieur. Allez je file.”
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Sujet: naëlen } tatoo 
Lun 27 Oct 2014 - 21:55
Tu as du mal à le croire. C'est simple à dire, ça, "je vais me faire tatouer". Je vais me faire tatouer. Mais non, décidément, ça sonne mal dans ta tête. Toi. La pauvre italienne poissarde et sans père. Ça te paraît tellement inattendu, mais bon. On aurait pu s'y attendre, tu te dis, après un an de fréquentation avec cette fille. Même si ça reste assez bizarre. Tu aimes ses tatouages, tu trouves que ça lui va bien. Et avec un peu de dialogue, elle t'a plus ou moins volontairement convaincue de t'en faire un. Mais un tout petit, simple, discret. Le symbole astrologique stylisé du bélier. C'est ton signe astrologique. Tu vas te le faire en rouge. Tu hais cette couleur, mais tu crois que tu commences à l'aimer un peu. Un tout petit peu.
