Tu te souviens que tu étais au bar avec Naëlen.
Mais maintenant, tu es devant une falaise. En bas, il y a des grenouilles qui se prélassent tranquillement. Tu ne veux pas les rejoindre, mais tu es vaguement tentée. Elles ont l'air si paisible, et ta tête entière te fait souffrir comme une termite à moitié écrasée sous une enclume. Juste assez pour encore se sentir. Ce qui est pire. C'est abominablement douloureux.
Il fait frais. Tu sais où tu es - où plutôt, où tu n'es pas. Enfin, psychologiquement. C'est bizarre. Deux toi ? Non. Enfin, peut-être. Tu ne comprends pas de toutes manières. Et si chacune de ces grenouilles représentaient un être humain ? Tu veux trouver Naëlen.
Où est Naëlen ?
Naëlen sait toujours quoi faire. C'est parfois un boulet et elle est parfois brutale et bruyante, mais elle est toujours là. Sauf maintenant.
Ca ne dure pas longtemps. Tu sens que tu t'endors. Enfin que tu te réveilles. Enfin, que tu reviens à la réalité. Parce que la réalité, ce ne sont pas les grenouilles, n'est-ce pas ? Ca serait triste. Parce qu'au fond, tu serais abominablement seule.
Tout va bien.
Pshttt.
Tes yeux s'ouvrent avant même que tu ne te sentes. Et quand tu te sens, tu ravales un couinement. Ton nez. Te. Fais. Mal.
ABOMINABLEMENT. MAL.
Tellement que tu a l'impression que tu pourrais retomber dans les pommes sous la douleur. Mais Naëlen est là. Tout va bien.
Tu ne reconnais pas l'endroit, mais ce doit être l'infirmerie. Classique. Comme toutes les infirmeries scolaires du monde, tu supposes.
Qu'est-ce que tu fais là, déjà ? Ah, oui.
QUOI ?!
T'en reviens pas. T'as versé du jus d'orange sur une personne.
Oh mama. Mais quel culot. Surtout de ta part. Tu étais possédée ou quoi ?
A part ton nez qui te fais un mal de chien et le reste de ta tête qui pèse comme un millier de kilogrammes, tu vas bien. Tu prends donc l'initiative de lever ton bras pour poker Naëlen et attirer son attention, tentant de sourire mais ton visage se tordant en une grimace presque rigolote. C'est marrant de te voir souffrir, Calliope.