Sujet: running out of time •• pv. sarah Lun 24 Nov 2014 - 18:58
RUNNING OUT OF TIME
Ses yeux d’obsidienne s’ouvrirent de nouveau sur le monde fade qu’il avait tant espéré ne plus revoir - comme il l’espérait à chaque fois qu’il s’endormait. Aiden se redressa et observa le décor qui l’entourait, surpris de voir qu’il s’était endormi sur le canapé de sa cabane. Il était là depuis deux ans et pourtant, il lui arrivait parfois de se sentir comme un nouvel arrivant - peut-être parce qu’il venait d’être transféré dans cette nouvelle chambre. Ou peut-être à cause de son horloge temporelle... particulière. Il se redressa et passa une main dans ses cheveux qui avaient encore poussé durant la nuit - les changements physiques se faisaient ressentir de plus en plus au fil du temps. Cet enfoiré de temps.
Regarde-toi Aiden, dans ce corps juvénile. Regarde-toi dans ce corps qui ne s’arrête plus de vieillir.
Tu te sens normal ? Tu te sens humain ? Pas vraiment. T’as envie de vivre maintenant que tu le peux vraiment ? Non, pas les couilles d’essayer.
C'était cruel d'expérimenter le contre-coup d’un pouvoir que tu n’avais jamais demandé. T’as toujours voulu qu’une existence normale et c'était à ça que ton unique souhait se résumait ; la seule chose qu’on a refusé de t’accorder. Tu t’es fait baiser Aiden, on t’a filé les moyens d’être plus fort que le monde sans t’octroyer le caractère pour y arriver. T’arriveras pas à mourir, tu pourras pas rester seul - t’as plus qu’à t’attacher en espérant un jour être capable d’oublier ces personnes dont tu finiras par être forcé de te détacher.
Ca fait presque cent ans et tout est resté. Ca fait presque cent ans, et maintenant qu’on t’a rendu la possibilité de vivre, tu comprends cette existence ne durera que le temps d’un soupir. Tu vieillis Aiden, beaucoup trop vite - et t’as encore plus peur de t’attacher maintenant, t’es même incapable de savoir si t’auras le temps d’essayer. Elles sont belles toutes ces connaissances que t’as accumulé, sûrement pas plus utiles que cet argent que t’as économisé. T'as vécu une existence vide et ça ne fait que continuer.
On achète pas le temps Aiden, pourtant dans tes histoires c’est toujours la seule chose qui ait bien pu manquer. Il ouvre la porte de sa chambre à la volée, glisse les mains dans les poches de sa veste d’aviateur qu'il a appris à ne pas quitter. Toujours la même dégaine, toujours ce regard qui a force de souffrir a cessé de briller. Cadavre, vampire, fantôme - c’est peut-être pas tellement éloigné de ce que t’es. T’es pas plus différent qu’un autre pourtant, rien de plus qu’un type en train de mourir - t’es malgré tout incapable de profiter d’une vie qui se terminera et d’une fin à laquelle t’avais arrêté de penser.
T’as peur de commencer quelque chose sans être capable de le terminer. C’est ça de vouloir toujours aller au bout des choses Aiden, on t’avait pourtant dit que chaque chose a une fin - simple vérité que le temps t’avait fait oublier. Il jette un regard dédaigneux à la salle intemporelle qui dépasse, se retient de frapper cette horloge qu’il a toujours détesté. Ruthel est le plus apte à le comprendre pourtant, alors Aiden comprend juste pas que cette salle puisse encore exister.
C’est pas un cadeau le temps, juste un délai qu’on vous force à tenir - et aujourd’hui on lui reprenait ce qu’il avait longtemps volé. Une vie, dont il n'a jamais été capable de profiter. Il grimpe les escaliers quatre à quatre, pousse la porte de la salle des miroirs pour s’y perdre, pour se perdre dans ses propres reflets. Regarder chaque jour l’effet que le temps lui fait. C’est logique Aiden, tu devrais le savoir, elle vient de là cette impression de pas être à ta place. Dans ce monde qui n’a plus rien de celui dans lequel tu es né.
Plus rien, à quelques exceptions près. Car les sentiments restent et les regrets continuent de te brûler le coeur à chaque fois que tu te rappelles de ton passé - à chaque fois que certaines choses se chargent de te le rappeler. Comme ce visage familier que tu ne pourras jamais oublier.
« Salut, Blackmore c’est ça ? »
Un nom qui n’en terminera jamais de brûler ta langue usée. Usée par le mensonge et la lâcheté.
« Tu es magnifique. » lâche-t-il sans réfléchir.
La voilà, ta vérité. Son unique fierté, celle de ce bel héritage qu’il a laissé.
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 25 Nov 2014 - 2:03
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 25 Nov 2014 - 4:18
RUNNING OUT OF TIME
C’est comme une lumière qui s’allumerait au milieu d’un océan d’ébène. On la voit au loin, elle nous fait sourire, nous rend heureux le temps de s’approcher et de constater que sa lueur n’est pas si blanche qu’elle n’y paraît. On cligne alors des yeux devant la pâleur de ce qui semblait s’apparenter à l’espoir et on finit par être déçu. Déçu de retourner à cette réalité dont on avait cru s’échapper. Sarah n’avait pas déçu Aiden, loin de là, et cette façon qu’elle avait de se juger lui faisait comprendre à quel point elle pouvait être belle.
Il ne voyait pas Aiden, les courbes de corps presque adulte, il ne voyait pas Aiden, la courte chevelure noire qu’elle héritait de lui. Il ne voyait pas ce corps, Aiden. Il voyait tous les efforts d’une jeune femme qui faisait tout pour plaire.
Ca n’avait rien à voir avec son physique, c’est ce regard qu’elle portait envers elle-même qui la rendait si magnifique. Vouloir s’améliorer au point de s’en détester, s’efforcer d’avancer avec cette volonté d’aider. Bienveillante Sarah, lueur tâchée d’une haine envers elle qui n’a eu cesse de l’enfoncer. Elle n’était pas si sombre qu’il pouvait l’être, elle n’était pas aussi malveillant qu’il avait bien pu l’être - et c’est sans le moindre doute du côté maternel que provenait cette lueur qu’il avait si longtemps aimé. Qu’il n’avait, à vrai dire, jamais cessé d’aimer.
C’est ça Aiden, ce corps immortel qui a décidé de pourrir - et ces sentiments blessants qui ont décidé d’être éternels. C’est pour ça qu’il est incapable de formuler l’excuse qu’il aurait dû crié depuis longtemps déjà. C’est pour ça qu’il n’arrivait pas à regretter d’avoir fait preuve d’un tel élan de sincérité. Peut-être qu’il s’en moque, ou peut-être qu’il a juste décidé de ne pas se presser - il a déjà fait bien trop de choses sous l’influence du temps.
« Aiden Hamish Beckers, le type immortel. » « J’aurai apprécié ton pouvoir, si c’est moi qui l’avait eu 95 ans plus tôt. Dans ces circonstances, c’est autre chose. Moi qui espérait rester discret. Rester… normal. »
Une phrase qui sonne tellement faux. Comment paraître normal quand on est incapable de reconnaître ce monde comme étant le sien ? Arrête ça Aiden, c’est pas de cette façon que tu y arriveras. C’est pas en jouant avec des masques que tu t’en sortiras. Soupir presque blasé, lassé - c’est toute une centaine d’années qui s’échappe de part son souffle quand il se décide à de nouveau croiser son regard. Elle ne peut pas en savoir plus, et pourtant, il ne peut s’empêcher de se poser la question - cruel scepticisme qui lui serre le coeur qu’il croyait depuis longtemps arrêté.
T’as pas le droit Sarah, de deviner qui il est. T’as pas le droit d’arriver à l’aimer. Lui offre pas cette chance de pouvoir enfin s’attacher - il s’est tant battu pour rester éloigné.
« Tu ressembles vachement à … mon oncle. »
Sourire amusé, il se contente de croiser les bras, ô combien fier de découvrir de nouvelles branches à l’arbre qu’il avait fait pousser. Le sourire fier, qui lui brûle ces lèvres dans cet inquiétude qu’il n’arrive même plus à formuler. C’était plutôt l’oncle qui lui ressemblait. Blackmore, le sang qu’il avait volé — Beckers, le nom qu’il avait emprunté. Les Blackmore représentaient sa dépression là où les Beckers lui évoquaient la joie de vivre qu’il avait maintenant oubliée ; là où Ollie le rendait fier, Sarah l’inquiétait plus qu’il ne pouvait l’admettre.
« Et je ne sais pas si c’est vraiment un compliment. » « Pour lui, ça l’est. », lâche-t-il à brûle-pourpoint.
Son regard dérive sur son reflet qu’il n’a que trop contemplé - c’est plus que troublant de se savoir enfin grandi après cent ans figés dans l’immortalité. Le calvaire prendra bientôt fin, et il est incapable de déchiffrer son propre ressenti à ce sujet - tu devrais être heureux Aiden, la vie que tu détestes a enfin décidé de te quitter. Et pourtant, c’est seulement à cet instant qu’il se décide à entrevoir l’espoir de l’apprécier. Aiden, ça a toujours été un éternel refus de voir la réalité - et encore aujourd’hui, il était incapable de construire un lien par peur de le voir s’effriter. Pourtant, c’est maintenant qu’il se sent mourir qu’il a envie de tenter, d’essayer, quitte à voir quelques larmes couler.
Il aurait voulu lui dire pourtant, à Sarah. Il aurait tant voulu lui dire qu’elle était belle, qu’elle lui rappelait l’arrière grand-mère qu’elle n’avait pas connu. Il aurait tant voulu partager cet amour pour la franchise dont elle avait hérité, cette façon qu’elle avait de toujours aller de l’avant pour mieux épauler les autres, altruiste qu’elle était. Elle n’était pas parfaite Clara, mais au travers des iris ébènes de Sarah qu’il lui avait légué, Aiden revoyait la force du bleu des yeux de la femme qu’il avait tant aimé. Elle était belle Sarah, avec ce coeur trop énorme pour qu’elle n’ait assez de force pour le faire marcher.
« Bref. C’est très gentil de ta part mon coeur, mais je ne fais pas trop dans les vieux, désolée. » Naturellement - il fallait qu’elle ait l’humour de merde qu’il avait toujours détesté. « Je n’attendais pas de retour de ce compliment. »
C’est presque oppressant cette façon qu’Aiden a de regarder les gens dans les yeux pour leur balancer toute son expérience à la figure - et pourtant il a toujours pensé que c’était le meilleur moyen de faire preuve de sincérité. Il ne détache pas ses yux, ne se laisse pas de l’observer - c’est bien l’unique plaisir à cause duquel il aurait peur de se voir enfin décéder. Tu veux pas rester un peu Sarah ? Lui accorder un goût de rappel ce bonheur qu’il pensait oublié. Reste un peu, laisse-le embrasser l’illusion de toucher des doigts sa vie passée.
Il est pas si fort qu’il y parait Aiden, il restait bloqué dans ce passé, incapable de surmonter ce qui représentait la seule chose dont il était fier. Oublie-la Aiden, passe à autre chose. Des mots brûlants de souffrance que sa raison lui murmuraient. Et pourtant il était incapable de se débarrasser et d’oublier, il était incapable de mettre tout ça de côté - parce que cette renaissance aurait sonné pour lui comme un abandon. C’est ironique Aiden, venant de celui qui nous répète de ne pas gâcher nos vies - parce que la tienne était bien plus longue et t’as même pas été capable de l’amorçer.
« Le regard éteint à l’instar d’Arthur, j’imagine que ce n’est pas un compliment en effet. Léger sourire. C’est parce qu’on a baissé les bras Sarah, mais cette lueur dans tes yeux montre bien que toi tu n’as pas encore capitulé. »
Il joue avec la distance, la laisse entrevoir le lien tout en cachant l’étendue de la cruelle réalité. Il aimerait bien Aiden, l’aider à garder cette lumière en vie - voir un membre de sa famille se détruire une fois lui a amplement suffit. Rester à l’écart, par refus de voir les choses empirer. Et pourtant, il a toujours détesté Arthur dans sa façon de croire, il a toujours haït cet homme qui avait le courage que lui n’a jamais eu. Peut-être que c’est ça qu’il manque à Sarah, peut-être qu’il espère simplement la relever pour se donner une raison de la détester.
La noyer dans les promesses, les faux espoirs, les paroles sincères - tu vas t’en sortir Sarah, tout va s’arranger. Les mots sonnent faux couplés avec ce regard qui a cessé de croire.
Il sait même pas ce qu’il veut Aiden, il est resté bien trop longtemps loin de ceux qu’il aime pour les protéger. A force, c’est devenu un geste si automatique qu’il a fini par en perdre sa sincérité. Et récemment, il a entrevu l’espoir d’une vie de famille que cette vieillesse accélérée a rapidement balayé. Il peut sans doute plus se battre à présent, il arrive même plus à encaisser - toute cette souffrance qu’il n’a eu cesse d’emmagasiner.
Déteste-moi Clara, fais-moi porter tout le poids de la souffrance que tu as enduré - oublie rapidement cet amour qui ne durera jamais assez. Aime-moi Sarah, et déteste-moi toute la souffrance que ça va provoquer - pour cet amour qui n’aura pas le temps de durer.
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 25 Nov 2014 - 18:26
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mer 26 Nov 2014 - 3:30
RUNNING OUT OF TIME
Si le remord était un but, Aiden était un chef d’oeuvre. Il regrettait tellement Aiden, de ne pas présenter à son arrière petite fille un meilleur visage. Il regrettait tellement Aiden, d’être incapable même aujourd’hui de tourner la page.
Être fou de croire à la normalité, comme il pouvait être normal de croire qu’on n’est pas fou. Le léger sourire s’inscrit sur les lèvres d’un Aiden amusé par la répartie de cette demoiselle qui lui semblait tellement tenace, l’air de tant lutter pour ne pas perdre contre cette dépression qui la menace. Ce lien de sang avait beau les rapprocher, il ne pouvait pas prétendre la connaître après un échange de regards passionnnés - pas plus que ces quelques phrases vides de sens qu’ils avaient échangé.
Il essayait Aiden, les lèvres débordantes de sincérité, il faisait au mieux, l’assomant avec tout cet amour blessant dont il disposait. Il aimait un peu trop Aiden, l’ironie, c’est qu’il était bien incapable de voir réellement Sarah pour ce qu’elle était. Les yeux filtrés par un amour qu’il était incapable d’oublier, c'était toujours le visage de Clara qui se dessinait, lui obstruant la vue de cette cruelle réalité. L’illusion du savoir - bercée dans son désir de ne pas cesser d’y croire.
Pourtant il essayait, il n’avait jamais cessé d’espérer voir un jour son voeu exaucé. Une vie simple, pouvoir aimer, être apprécié, profiter, câliner, des plaisirs simples qu’il avait vu s’envoler jusqu’au dernier. Il perdait tout Aiden, jusqu’au moindre espoir de cette vie qu’il n’avait même pas eu le courage de démarrer. Il perdait tout, pour ne laisser que ce corps qui refusait de crever et une tristesse maladive à laquelle il ne cessait de penser. Alors il s’était vengé Aiden, il avait tiré profit de l’unique chose qui lui restait. Comme un animal désorienté, se renfermant sur des plaisirs charnels qui ne l’avaient jamais intéressé.
Et à présent, il commençait à perdre ça aussi. Ses sens, jusqu’au moindre lien qui le rattachait à la vie.
On lui avait fait oublier la mort et à présent on lui ôtait la vie, coincé entre deux sans même pouvoir décider. Il avait toujours été incapable de mettre fin à ses jours, et à présent, il était incapable de leur donner un sens. T’attends le meilleur moment, Sarah ? T’as au moins la chance d’en bénéficier. Lui a vu sa vie s’effriter entre ses doigts, incapable d’en retenir le moindre instant sans risquer de le briser. T’as encore la force de faire semblant, lui arrive même plus à se souvenir comment c’était quand il pouvait, auparavant.
Il aimerait s’énerver, hurler sa colère à celle qui refusait l’espoir. Il aimerait l’aimer, pouvoir lui faire oublier l’étendue de son désespoir. Il aimerait Aiden, être capable de la tirer hors de tout ce noir.
« Si tu as la force de faire semblant alors bats-toi. Tu as encore de l’espoir mais il fait trop mal pour que tu avoues qu’il continue d’être là. »
Il connaissait ça Aiden, être incapable d’arrêter d’y croire. Un amour trop éblouissant pour son coeur figé, des sentiments trop imprégnés pour espérer un jour pouvoir les mettre de côté. Il n’oublierait pas Aiden, parce que cette douleur n’avait eu cesse de le forger. Il n’oublierait pas Aiden, parce qu’il n’arrivait pas à croire qu’il pouvait exister sans cette souffrance qui le déchirait. Le coeur immortel d’un amour qui le consumait - incapable de se débarrasser de cette souffrance lascive qui l’habitait.
« Qui es-tu pour mon oncle ? »
La froideur, distance cruelle qui le ramène à la réalité. Il se souvient Aiden, que Clara est déjà partie - il se souvient, se contente de regarder l’héritage qu’il a été contraint d’abandonner. Ramasse les miettes Aiden, fixe les traits d’une femme qui ne sera jamais comme tu n’auras cesse de te le rappeler. Sarah est elle-même, mais cet amour assassin t’aveugle, t’empêche d’apprécier sa véritable beauté. Allez, ouvre les yeux Aiden, cesse de la regarder comme celle qu’elle ne sera jamais. Ouvre les yeux Aiden, oublie cet amour qui t’empêche continuellement d’avancer.
« Qui es-tu pour moi ? » « C’est quelque chose que tu décideras par toi-même. »
Il n’a pas envie de s’imposer Aiden, la voir articuler papy d’un ton amer sur ses lèvres déjà tant abimées. Il voyait bien le schéma qui se répétait, cette cruelle abysse qui n'avait cesse de l'aspirer. Il voyait bien cette souffrance qui la dévorait, comme une malédiction innée qui l’avait tant détruit qu’il en était fatigué de lutter. Fatigué de chercher, Aiden, de s’accrocher à quelque chose qui ne reviendrait jamais.
« Qui vois-tu en moi ? »
C’est un coup de poignard, car entendre d’un autre ce qu’il n’a jamais osé révéler le blesse comme jamais. Sa bouche s’entrouvre, et il ne trouve pas un mot à balancer, aucun rempart à dresser devant l’unique sentiment qu’il est autant incapable d’oublier que d’assumer. Il voit sa femme, alors qu’elle tient bien plus de la fille dont il a à peine pu profiter. Il ressent l’amour, là où ce devrait être de la simple paternité. Il mélange tout Aiden, il sait même plus quoi penser - cette fille a recollé son coeur, mais il a bien trop souffert pour qu’il espère de nouveau s’y retrouver.
« Je vois ton arrière grand-mère, Clara Blackmore. »
La vérité tombe, langue brûlée à la simple énumération de ce nom qu’il avait tout fait pour oublier. Il peut plus Aiden, il est las de jouer à un jeu qu’il se sait incapable de gagner. Il aimerait tant, tu sais, pouvoir étouffer sa propre souffrance pour s’y laisser mourir sans voir personne blessé. Cent ans à encaisser, et à présent, il était incapable de vivre une seconde de plus disparaître dans ce silence qui le détruisait.
« C’était ma femme. Et ça fait d’Arthur mon petit fils. »
C’est peut-être trop dur à avaler, mais la prudence est un sentiment dont il a cessé de se soucier. Il se pensait pourtant résolu quand il l’avait vu, déterminé à la relever. Tes yeux brillent encore Sarah, faut pas abandonner - c’est pourtant lui qui l’avait tiré dans la chute éternelle qu’il vivait. Désolé Sarah, désolé de vouloir aimer. Désolé d’être incapable de vivre plus longtemps à tenter de vous oublier. Il sourit Aiden, si aimant, le coeur étouffé de culpabilité.
[color=lightsteelblue]« A vrai dire, tu ressembles plutôt à ma fille. Il faut dire qu’elle a presque tout hérité de moi. »[/color
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Ven 5 Déc 2014 - 3:14
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 9 Déc 2014 - 20:24
RUNNING OUT OF TIME
Je sais. Je sais tout ça, c’est ce qu’il a envie de hurler. Bien sûr qu’elle est morte là-bas, il a assisté à l’extinction de sa fille sans pouvoir interférer. Il a vu l’être le plus cher qu’il avait partir, persuadée qu’il l’avait laissée - il a vu sa fille mourir en le haïssant. Il n’a rien fait pour l’aider Aiden, il savait qu’il n’était pas fait pour ce monde et cette vie alors il l’a fuit avant de trop la voir éclater. Impuissant, victime de sa propre existence ; il était condamné Aiden, dès le moment où il s’est éveillé. T’as raison Sarah, il est pas comme toi, tu tiens pas de lui. Son existence-même est un péché qu’il s’efforce de purger, il n’a eu besoin de rien pour commencer à couler.
Il a jamais voulu de drama ou de tristesse, Aiden. Il a été plongé dans cette noirceur qui a fini par le briser. Oublie ta vie, t’en a jamais vraiment eu - les pensées que cette douleur lui a insufflé. Reste sur la touche, loin du monde, contente-toi d’observer en espérant crever. On t’a laissé entrevoir le monde Aiden, juste assez pour espérer sans jamais avoir le droit de t’y immiscer. Tu t’es rendu compte trop tard de ce que tu étais, t’étais déjà dépendant de ce bonheur quand t’as compris qu’il te serait jamais destiné.
Bien sûr qu’il le sait Sarah - il aurait sûrement pu l’en empêcher, mais il se refusait de briser cette distance qu’il avait tant souffert à créer. Il a tout enduré Aiden, résolu d’emblée à subir pour éviter de tirer des gens dans la chute qui finira par l’entraîner. C’était cent ans d’une bataille dont il voit enfin le terme, seulement c’est une nouvelle qui commence et il n’a pas eu la force de la mener. Désolé Sarah, désolé de ne pas être en mesure de rester sur le côté. Il s’est battu pendant longtemps et il ne peut plus vivre à l’idée de te voir mourir sans l'avoir rencontré. Laisse-le faire s’il te plaît, laisse-le t’aider - il supportera pas de voir une autre personne qu’il aime mourir sans arriver à l’aider.
« C’est à moi de m’excuser... » Il s’avance de nouveau, rompt la distance et plante ses yeux dans les siens - la souffrance brosse toujours son regard mais il fait tout pour la masquer. « Tu es Sarah, personne d’autre. Je suis désolé si je t’ai blessée, simplement la ressemblance m’a vraiment... étonné. »
C’est le mot Aiden, des dizaines d’années loin de ta famille, et la revoilà comme si elle n’avait jamais décédé. C’est presque le visage de ta fille que tu as vu vieillir, on te présentait à nouveau une personne précieuse que tu ne pourrais pas toucher. C’est pas ta vie Aiden, c’est la sienne et t’as pas le droit d’y interférer. Retourne à ton époque, reste loin d’elle - c’est ce que t’as toujours fait. Disparais, disparais. Arrête d’essayer d’aider, t’es qu’une âme engloutie par la cruauté du temps et tu n’arriveras qu’à tout gâcher. Tu peux t’excuser Aiden, ce sera jamais assez - t’es entré dans sa vie, t’as ouvert une plaie que rien ne pourra refermer.
T’as voulu te battre Aiden, alors souffre de tout ce que tu ne pourras jamais retrouver. Fais face à ce visage que par deux fois, tu ne pourras pas supporter. Excuse-toi, excuse-toi encore.
Excuse-toi d’exister.
T’es l’anomalie qui n’aura réussi qu’à faire souffrir d’autres personnes sans rien accomplir durant toutes ces années. T’as rien fait pour les autres, t’as rien fait pour rattraper ce temps que tu leur a volé. T’as fait l’erreur d’une fois de vouloir goûter au bonheur, et même si t’en souffres encore, tu peux pas t’empêcher de vouloir ré-essayer. Laisse-moi entrer, s’il te plaît - supplication poussé par son coeur brisé. Accepte-moi, laisse-moi espérer pour le peu de temps qu’il me reste pour tout briser.
Égoïste, égoïste - la culpabilité de l’homme qui n’avait plus la force de tout endurer.
« J’étais toujours là à vous observer. » Courte pause. « Je sais comment elle est morte, je connais toute la famille, tu sais. Enfin, eux non, à part toi maintenant. »
Et bien sûr, Nemo - mais le français jugea qu’il y avait peut-être déjà assez d’informations à digérer. Il mentait Aiden, mais il refusait de voir encore davantage de gêne s’installer entre elle et Sarah. Il a fait bien plus que ça, il a toujours fait bien plus qu’il ne veut l’avouer - bien plus pour se racheter. Vous observer, pas seulement - il a aussi tout fait pour que personne n’en vienne à les gêner. La même chose pour les Beckers, la lignée de la seconde fille - il surveillait, comme un maître d’oeuvres forcé à rester dans l’ombre de la pièce qu’il dirigeait. Que ce soit de l’argent ou se débarrasser d’une personne gênante, Aiden n’hésitait pas - il avait tant détruit le bonheur de cette famille qu’il faisait tout pour maintenant pour le conserver.
C’est pour ça qu’il venait Sarah - toute cause n’est pas perdue et il est prêt à tout pour arriver à t'en persuader.
« Je n’attends ni respect, ni reconnaissance, ni surnom ni même de traitement spécial. Et tant mieux si ce n’est pas ton genre. J’aimerais simplement faire parti de ta vie. » C’est tout ce qu’il demande - c’est ce qu’il a toujours cherché. « Par chance, j’ai déjà appris à t’aimer. » Dans ton coeur, arrière petite-fille.
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Lun 15 Déc 2014 - 1:00
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 16 Déc 2014 - 2:50
RUNNING OUT OF TIME
Il est fatigué Aiden, fatigué de se battre pour obtenir quelque chose de simple comme le droit d’aimer. Il est fatigué d’affronter la vie, fatigué de se retenir et de penser au mal qu’il fera. Il veut s’éclater Aiden, avoir le droit d’apprécier le bonheur qu’il a dû broyer entre ses doigts. La normalité, c’est tout ce qu’il désire. Une pince de joie dans toute la vie qu’il a dû porter pendant plus de temps que n’importe qui. Forcé à soutenir le poids d’une existence dont il ne pouvait même pas profiter. C’est cruel de le rejeter, cruel de lui repousser ce pour quoi il a brisé un siècle de combat acharné.
« Faire partie de ma vie ? T’es mon arrière grand-père ! Et tu vas faire quoi, dans ma vie ? Tu vas me regarder me débattre ? Me regarder crever comme t’as regardé crever ta fille ? C’est quoi l’intérêt ? Ton intérêt ? » « Y-a-t-il un intérêt dans chacune de tes relations ? »
Il est las, la question n’a même plus cet éclat d’envie qu’il était si fier de te montrer. Regarde Sarah, quelqu’un veut de toi - ton existence n’est pas si insignifiant que tu as l’air de le croire. Tu existes, tu sais, ne serait-ce qu’au travers de ses yeux qui semblaient si éteints. Prends ce désir sincère, t’en connaîtras pas deux. Il t’aime Aiden, bien trop pour arriver à supporter que tu sois toi-même la cause la solitude qu’il a plus le courage de traîner. T’en fais tout un cinéma Sarah, c’est jamais plus qu’une autre personne que tu vas briser.
Lui mens pas à lui, pas à celui qui comprend plus que tout cette dépression d’existence. T’es déjà bien trop ancrée dans cette souffrance pour te soucier maintenant de ce que ton bonheur va provoquer. T’es cruelle Sarah, lui ne prend même plus la peine d’insérer des sentiments dans les mots qu’il t’adresse. Il a soufflé bien trop vite tes défenses pour que t’espères pouvoir t’en débarrasser. Débats-toi comme tu le peux, tu sais plus que quiconque ce qu’il en est. C’est un amour bien trop fort qui fait naître notre culpabilité - un amour auquel tu ne pourras pas échapper.
Il t’aime bien trop Aiden, d’un amour qu’aucun mot ne saura effacer.
On dit souvent que l’amour s’efface avec le temps, lui est bien placé pour savoir à quel point ces paroles sont fausses. C’est pas les yeux d’un homme antipathique qui détaillent ce visage paniqué. Ca sert à rien Sarah, ça sert à rien d’espérer le rejet. T’as pas besoin de lui rendre cet amour que tu peines à rejeter. Tu détestes ta propre existence, lui l’aime plus que personne ne le pourra jamais. Tu méprises ce que tu considères comme un cadeau empoisonné au monde - tu te doutes pas que tu puisses être un trésor aux yeux d’une personne sincère.
« Alors pourquoi tu t’excuses ? Pourquoi t’as l’air si désolé. Tu devrais voir ton putain de visage. » « Tu connais la réponse mieux que personne. » « Et qu’est ce que t’aimes en moi ? Pas en ta femme, en ta fille, non - juste en moi ? Je suis toute ouïe. »
Il ouvre la bouche pour répondre mais la voilà déjà qui enchaîne. Bien sûr qu’ils ont la même manière d’aimer, si elle en vient à demander ça, c’est qu’elle en est convaincue. Ils se comprennent parfaitement, parce qu’ils suivent le même schéma de vie - il recommence simplement la boucle qu’il a déjà terminée. T’es bien stupide Aiden, c’est Sarah qui a raison. T’es sur le point de renouveler la pire erreur de la longue vie que t’as jusque là supporté. Tu les vois en rêve, les pensées que personne n’ose formuler. Tu vois ces questions auxquelles t’es incapable de répondre. Pourquoi t’existes Aiden, pourquoi la mort a jamais voulu t’emporter. Pourquoi t’as pas déjà noué cette corde autour de ce cou que t’as tant espérer voir rougir de regrets. Rejette-le Sarah, rejette plus fort que tu ne l’as jamais fait. Ce sera probablement moins douloureux que de le laisser entrer.
« Tu penses que tu peux me blesser, Sarah ? »
Il s’avance à nouveau, laisse la question en suspens. La réponse est simple pourtant, bien sûr que tu peux le blesser. Plus que quiconque le pourrait - il a juste arrêté de ressentir la douleur à force de l’avoir encaissée.
« Tu penses que tu me feras plus mal qu’à Morgan ? Jim ? Ou même Orwenn. C’est une blague, j’espère. » Désolé - de remettre au goût du jour cette profonde culpabilité. « Tu ne pourras pas me faire plus mal, Sarah, parce que je suis déjà brisé. » Sourire. « Voilà ce que je suis. Une personne que tu pourras aimer aussi fort que tu peux, sans avoir à le regretter. »
Regarde ses yeux, demande-toi s’il ment. Cherche la vie dans ses iris que la vie a depuis longtemps déserté. C’est ça Sarah, son intérêt. C’est ça qu’il aimerait être - c’est cette vie qu’il aimerait te donner. Une vie aimante, ne serait-ce que pour quelques années. Il est cruel Aiden, parce qu’il finira lui aussi par s’écrouler. La différence c’est que c’est pas une chute que tu auras provoqué. Il disparaîtra, il s’effritera comme chacun des liens que tu auras construit. C’est lui le menteur, lui qui pourra jamais avouer qu’il fait ça pour lui. La vie est aimante elle est pour lui, parce qu’il regrettera personne une fois décédé. La voilà, la raison de ce regard - désolé d’imposer cette volonté inébranlable qui finira par te briser.
Il prétend pas pouvoir tout vaincre Sarah, cette dépression ou cette existence que t’as appris à détester. Il se battra même pas - il a juste depuis longtemps abdiqué.
« Tu m’as demandé ce que j’aimais chez toi, j’en sais rien. Sûrement tout. Le simple fait de te savoir là, vivante, me rend heureux. »
Grand-père sénile, maladroit avec les sentiments qu’il veut lui exprimer. Elle a passé sa vie à haïr sa propre existence, c’est sans doute pas facile d’apprendre qu’elle est précieuse pour quelqu’un qu’elle vient de rencontrer.
« Je t’aime, aucun de tes mots n’y changera rien. » Il baisse les yeux vers le sol, poursuit dans un murmure. « Si tu n’y crois pas alors fais maintenant ce que tu redoutes de voir arriver. Brise-moi. »
pv. sarah •• novembre •• lightsteelblue
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Sujet: Re: running out of time •• pv. sarah Mar 30 Déc 2014 - 17:54