ftg •• pv. aurora

— Me voilà. Et lui, au passage.
— Ferme ta gueule, devrais-je te rappeler qui est vraiment de passage dans cette cabane ?
— ...Vous savez - il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureuuux... hmm-mmh ♪
Le Livre de la Jungle ; de loin son film Disney favoris.
À cette simple pensée, elle ne put s'empêcher de se fondre en un sourire et de laisser échapper un gloussement. Et c'est dans ce rire étouffé qu'elle s'accroupit vers eux. À la moindre occasion qui se présentait à elle, Aurora en profitait pour chantonner un air tiré de ce conte. Ce conte qui était sans nul doute la plus belle chose qui ait pu arriver dans son enfance - avec, un peu plus tard, la rencontre des deux idiots qui gisaient présentement sur le sol. Pas une seule journée ne passait sans qu'elle n'ait visionné ce film ou qu'elle en ait feuilleté les pages du livre.
À vrai dire, elle aurait aimé qu'à la place ce soit cette femme qui était supposée jouer le rôle de sa mère, bien qu'elle ne l'ait jamais vraiment considérée ainsi, qui vienne la bercer à tous les soirs, au bord de son lit, en lui racontant mainte & mainte fois ce même récit jusqu'à ce qu'elles en tombent toutes les deux de sommeil. Pouvoir recevoir de sa chaleur, pouvoir se sentir réconfortée rien qu'en humant son parfum, c'était tout ce qu'elle désirait. Elle s'est cependant rapidement rendue à l'évidence qu'un tel miracle risquait de ne jamais se produire, mais elle continuait malgré tout à rêvasser, en ayant cet espoir enfouit au plus profond d'elle-même qu'un jour peut-être que ça finira par se réaliser. Peut-être que cette honte finira par se transformer en une fierté et que ce dégoût deviendra de l'amour. L'amour d'une mère. L'amour de sa mère.

C'est suite à une longue inspiration qu'elle se débarrassa de ces idées qui lui hantaient l'esprit. Après qu'elle s'eut éclaircit la voix, son regard se posa une nouvelle fois sur les deux garçons, laissant par la même occasion son air sérieux refaire surface.
— J'espère vraiment que vous ne comptez pas rester couchés par terre comme ça encore longtemps, dit-elle, leur lançant un regard réprobateur. Oh et d'ailleurs... mon lézard a pissé exactement là où vous êtes tout à l'heure.
Mensonges, mais ça en valait la peine, selon elle, puisqu'elle sentait que leur réaction allait probablement être épique et qu'en plus ils allaient pouvoir se relever davantage plus rapidement. Deux en un, si vous voyez ce que je veux dire.
— Et en parlant de lézard... j'ai suivi ton conseil, Andrew. J'ai commencé à la dresser. J'pense que ça commence déjà à marcher hehe, ajouta-t-elle, en dirigeant son regard vers les toilettes, fière d'elle-même.
En fait, elle avait jugé intelligent d'attacher son lézard par la queue au dessus du bol de toilette afin de le terroriser par l'idée d'y tomber et qu'il finisse par l'écouter par la suite au doigt et à l'oeil. Cruelle, oui.

pv Andrew&Frans

— J’pue déjà la mort au pire...
— Je confirme.
— Je déconnais, mais si vous l'dites...

Elle hausse les épaules & soupire à son tour. Un silence pesant s'installe dès lors où elle eu terminé de parler. Awkward moment, pensa-t-elle, mais elle commençait à s'habituer à ce type de situation. Il faut bien s'y attendre quand on ne peut s'empêcher de faire des remarques quelques peu déplacées. Ça va au delà de ses capacités. Pourtant, elle sait très bien que ça a le don de mettre mal à l'aise certaines personnes. Le vrai problème, en réalité, est qu'elle ne sait pas filtrer ce qu'elle dit. C'est ce même genre de fille à qui l'on demande sans cesse de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de se mettre à parler, mais qui ne le fait jamais.

Heureusement, ces instants légèrement embarrassants furent interrompus dès qu'Aurora aperçut le franc sourire que lui offrait le brun. ...Ah non. Je sais à quoi tu penses. Je refuse. Mais elle ne pouvait y échapper, car à peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que voilà elle se retrouvait déjà dans ses bras. On aurait pu éviter la partie câlins des retrouvailles, tu sais que j'aime pas çagfhmgfm Une fois séparé d'elle, cette dernière recula d'un pas, et soutenant son regard, elle glissa sa main dans ses cheveux ondulés pour se frotter le dessus du crâne. Elle se fond en un sourire, après quoi elle ajouta une dernière chose : Mais je t'avoue que tu m'as quand même beaucoup manq-...
— C’est un putain de dépotoire. J’espère que l’envie de ranger tout ce merdier a traversé l’espace d’une seconde ton brillant cerveau duquel j’essaie de ne pas attendre trop de choses, sinon je me verrai contraint de m’en occuper.
— Il te prend pour sa bonne ou quoi ?, lanca une voix masculine derrière Frans.
— Mai-
— Relou celui-là. Sérieux j’sais bien que je casse pas des briques mais y’avait mieux à trouver comme pote pour surmonter le chagrin de mon départ. Bravo pour ton lézard sinon, le mien ne m’écoute pas.
— Ta gueule Clayton.
— BORDEL MAIS, elle s'arrête, prend une grande inspiration, puis se reprend, optant pour un ton plus calme mais tout aussi énervé. Tu veux bien me dire ce que tu fous ENCORE dans mes putains de vêtements ? soupire T'es quand même vachement chelou comme type.

Le type en question, ils ne pouvaient pas le voir. En fait, ils ne pouvaient même pas l'entendre. De leur point de vue, leur amie était entrain de parler seule à un pyjama flottant dans les airs. Un pyjama rose poudre avec poussins & coeurs pour être exact. De son point de vue à elle, Aurora était entrain de se chamailler avec un grand châtain de presque deux mètres, une véritable montagne de muscles mais avec absolument rien dans la tête. Elle serre les poings. Ce mec lui donnait des envies de meurtre. Il déchirait ses vêtements les uns après les autres en essayant de les porter, tant et si bien qu'il venait de détruire son tout dernier pyjama sous ses yeux. Mon préféré en plus.

Mais je peux vous garantir qu'elle ne s'est pas encore rendue compte du pire dans cette histoire.
Parce que sans le réaliser, elle venait de se taper le honte de sa vie : Aurora aka la fille qui passe son temps à jouer les dures et à utiliser la violence à la moindre occasion qui se présente à elle porte des pyjamas à coeurs. Comment perdre toute crédibilité en cinq secondes. Et ce n'est que lorsqu'elle s'apprêtait à lui en flanquer une qu'elle le réalisa, s'arrêtant ainsi dans son mouvement. Ses joues se teintèrent rapidement d'une couleur écarlate tandis qu'elle se plaçait devant son ami imaginaire, essayant de cacher le plus possible ces bouts de tissus porte-malheur. Son coeur battait la chamade, et c'était bien la première fois qu'elle n'osait plus relever le regard du plancher, clairement gênée et inconfortable face à la situation.

— Vous avez r-rien v-vu.

Elle s'empressa de poser ses mains contre ses lèvres. Elle arrivait même à bégayer, elle n'en croyait pas ses oreilles.
Bordel, il va me le payer.

pv Andrew&Frans

— Ici c’est la tour annexe, salle de retenue et biblio, le reste c’pas important.
— Il est presque une heure du mat' vieux.
Bâillement. Après s'être fait taper la honte de sa vie, Frans a décidé de se barrer, claquant la porte derrière lui pour une raison qui lui avait échappée, tandis qu'Andrew, de son coté, a eu la brillante idée d'emmener Aurora pour une visite improvisée à travers le pensionnat. Ils auraient pu jouer aux échecs, regarder un film ou simplement rester assis à parler - bref, ce que des gens censés font habituellement à une heure aussi tardive, mais au lieu de cela, afin de passer du temps ensemble, la seule alternative qui lui est passé par la seule cellule qu'il a dans la tête était de sortir, et surtout, de marcher.

Passer du temps avec son ami ne la dérangeait pas, bien au contraire. C'était plutôt le fait de s'éloigner de cet endroit chaud et si confortable qu'était sa nouvelle cabane qui l'embêtait. Alors, toujours épuisée du trajet Russie/Angleterre, notre hollandaise faisait ce qu'elle pouvait afin de ne pas tomber de sommeil et de le suivre, tant bien que mal, traînant les pieds contre le sol, les doigts croisés derrière sa nuque & les paupières closes.
— Au fait, j’dois avouer que ton pyjama est quand même dégueulasse.
— Wesh qu'est-ce t'as dit là ?
Lentement, elle ouvre un oeil. Elle critique, mais n'accepte pas les critiques. Elle insulte, mais n'accepte pas qu'on l'insulte. Le voilà, son problème. Elle traîte les gens de la façon dont elle n'aimerait pas se faire traiter. Elle sait que c'est mal, elle sait qu'elle ne devrait pas, mais c'est plus fort qu'elle. On le lui a toujours reproché mais elle n'a jamais été capable d'y changer quoi que ce soit. Et pourtant, ce n'est pas la volonté qui manque.
Elle ouvre son deuxième oeil, soupirant.
— C'est drôle, j'ai toujours cru que les mecs moches avaient plus de tact que les autres, lanca-t-elle. Contente-toi de faire le guide plutôt que de déblatérer sur mes goûts vestimentaires. Ça ne te regarde pas.
Ses mains glissent jusque dans les poches de ses pantalons pendant qu'elle marmonnait des injures de façon incompréhensible. C'était faux, il n'était pas moche. Elle ne le dirait sans-doute jamais à haute voix, mais Aurora le trouvait assez mignon, et elle n'était probablement pas la seule. Mais cette pensée n'avait traversé son esprit que l'espace d'un très bref instant, parce que beau ou pas, elle en avait rien à chier, vraiment. Elle ne s'attardait pas à ce type de détails. Ses yeux se referment et ses dents grincent.
Il en faut peu pour être heureux, se répéta-t-elle, vraiment très peu pour être heureux. Ce n'est qu'un pyjama, après-tout... mais putain c'est mon préféré. Comment il a osé.
Sa respiration ralentissait, signe qu'elle essayait malgré tout de se calmer. S'il aurait été un inconnu pour elle, ses insultes auraient été probablement beaucoup plus vulgaires et son skate lui aurait probablement terminé sur le dessus du crâne. Mais Andrew l'avait aidée lorsqu'elle n'avait personne sur qui compter, et avec lui, tout comme avec l'autre impulsif de Frans, elle pouvait faire des exceptions.

...Et peut-être même aller jusqu'à s'en excuser.
Ses lèvres s'entre-ouvraient, les sourcils froncés et le regard planté dans le sien. Comme si elle s'apprêtait à dire qu'elle était désolée, comme si elle s'apprêtait à retirer ce qu'elle avait dit tout à l'heure, mais qu'une autre partie d'elle lui demandait plutôt de lui cracher de véritables insultes à la figure, puisque celles de tout à l'heure étaient bien trop gentilles.
— Comment est-ce que tu fais, toi ?
Comment est-ce que tu fais pour rester toujours aussi calme ? Elle avait le sang chaud, contrairement à lui. Elle bouille à la moindre des remarques, tandis que lui, il en restait la plupart du temps indifférent.
Elle scrutait son visage du regard, faisant un pas vers l'arrière, comptant s'asseoir dans les escaliers en spiral qui se trouvaient juste là, mais son pied attérit sur un crayon qui traînait par terre, lui faisant par la même occasion perdre l'équilibre.
— Argh ! Sa mère !

pv Andrew