J’ai pas voulu la jouer princesse, parce que je n’en suis pas une et parce que, clairement, ça commence à être la dèche malgré le boulot en extra que j’ai dépensé en cadeaux de Noël. Pas de robe sublime. J’ai simplement préféré tabler sur la mise en avant de mes atouts. Le dos presque nu et les gambettes libres. Mais je vais certainement me geler dans cette
tenue un peu courte. J’en suis quasi persuadée. C’est d’ailleurs pile ce que je me dis en enfilant mon masque juste avant d’ouvrir la porte à Pytha.
- Tu t’es mise sur ton trente-et-un à ce que je vois.- T’es pas mal non plus..., réussis-je à dire après avoir refermé cette mâchoire qui s’était un peu (beaucoup) décrochée.
- Attends je la refais. Tu es magnifique.Lui il va me tenir chaud. Je ris en me suspendant à son bras.
- Et toi tu es très beau., glissais-je à son oreille avant de déposer mes lèvres pas loin, puis plus près de la cible principale.
Sur le chemin, je fais ma pipelette. J’espère moi aussi que ça va bien se passer. À la dernière Jim’s, je croisais Ernest pour la première fois et j’y avais laissé quelques larmes. Pytha le sait maintenant, d’autant qu’aujourd’hui, le D est un de mes coloc’. Bref. J’ai hâte de voir comment les gens vont être habillés. Surtout Gautier qui semblait un peu stressé -pour le peu que je l’ai vu dernièrement. Je taquine un peu en imaginant Skygge tiré à quatre épingles... que Pytha a dû voir en avant-première, le petit veinard. Puis je passe à Noël. Pytha sait la surprise pour Étienne. Je culpabilise un peu qu’il ne vienne pas. On a préféré rester en petit comité pour une première vraie expérience, même si un doute soudain me prend. Si ça se trouve, plus il y a de monde et plus ça plairait à Etienne ? Et merde. Si ça se trouve, on s’est plantés ? Mais on peut pas tout revoir comme ça du jour au lendemain. C’est déjà bien assez de bazar à organiser… Bon, bon, bon. Non. Pas de changements de dernière minute. Sarah et Morgan vont me tuer sinon. Bon, et puis je compte bien me rattraper le 25 au soir quand je rentrerai. Et le 26, et le 27… La suite des vacances en somme. Les tigres, ça n’hiberne pas je présume ?
Dommage. - Et essaye même pas de fouiller pour trouver ton cadeau, je l’embarque avec moi., dis-je avec une lueur espiègle au fond des yeux alors que je me serre un peu plus contre lui lorsqu’on arrive au milieu de la foule.
- Alors? Par quoi la demoiselle souhaiterait-elle commencer? Mon visage s’incline. Je lui souris en le dévisageant.
- Matt… Tu ne ferais pas exprès de faire les gentlemen charmant pour essayer de me déstabiliser, hein ? Je passe devant lui pour lui faire face, mains dans les mains.
On avait dit pas d’attaques à s’en faire rougir en public... Rougir et rugir, ça se fait en privé, voyons. Petite moue faussement boudeuse. Ses mains glissent dans mon dos alors que je me rapproche, hissant mes yeux chocolat dans les siens.
Si tu t’y mets, alors moi aussi. T’es prévenu. Et on sait tous que sur ce terrain-là, il ne me battra pas :pPuis je me retourne vivement entre ses bras avant de m’appuyer contre son torse.
- On fait d’abord le plein. Soyons des pique-assiettes exemplaires avant d’aller voir à quoi ressemble l’intérieur de ce yatch de dingue. Jim est fou hein. On dansera plus tard, y a le temps. Je sais que tu raffoles de ça, mais soit patient. Je lève à nouveau le nez vers lui en laissant à peine le bout de ma langue filer entre mes dents, les pommettes retroussés dans un sourire..
Oui j’ai faim. Et je suis sûre que toi aussi., conclus-je en tanguant doucement sur mes deux pieds.
Mais à peine le temps de se mettre en route que les Cupidons nous séparent dans un brouillard plutôt époustouflant. J’ai bien failli me briser une cheville en perdant l’équilibre. Par chance, la distance nous éloignant l’un de l’autre ne fut pas si grande. Alors que Pytha l’est, facilitant son repérage parmi les autres.
- Les Cupidons nous ont entendu pour t’amener direct devant les buffets… C’est un signe., lâchais-je en le retrouvant.
Même avec une bonne dizaine de centimètres supplémentaires, c’est la croix et la bannière pour voir à quoi ressemble la nourriture. Je lui dis de prendre un plateau de petits fours ; je m’occupe de prendre une bouteille d’alcool et on s’extirpe de la cohue.
Petit jeu en attendant de rejoindre le bateau qui est pris d’assaut de tous les côtés, je lui demande de fermer les yeux, c’est moi qui lui fais goûter ces petites choses. Il s’exécute gentiment -quoique un peu méfiant. Je prends soin de mélanger un peu le tout sur le plateau qu’il tient, puis il choisit entre main gauche ou main droite planquées derrière mon dos. Je lui glisse sa sélection dans la bouche. Et après, on inversera les rôles.
- Alors ? Verdict ? Je doute qu’il y a beaucoup de trucs épicés ou à base de viande. Un des régimes préférés du E.
Mais si c’est que ça, il peut toujours me dévorer moi, en attendant de trouver mieux.