always interesting •• andrew

Ok Andro. Challenge accepted.
Faut pas trop le faire chier le petit Clayton, il aime pas trop qu’on le prenne de haut. Ils ont beau déconner, il suffit qu’on pique sa fierté, qu’on lui lance un petit défi, stupide ou pas, et il est capable de le faire juste pour prouver qu’il a raison. C’est souvent comme ça de toute façon, une discussion stupide avec Andromède et un pari à la clé. Il a juste pas compris que son meilleur pote le suivait pas et qu’à partir de là, y’a déjà un truc qui clochait. Même si tu grimpes tout en haut du Grand Arbre comme tu l’as dit, comment il saura que t’as réussi ? Il a pas la réflexion Andrew, juste l’adrénaline dans le corps et une envie de montrer qu’il en a dans le slip.

C’est gamin, il en est conscient, sauf qu’on est en week-end, qu’il a sacrément rien à foutre et que ça lui paraît important.

Alors voilà, il a couru toute la distance parce que la réflexion de garder son énergie il l’a pas non plus, il avait juste hâte d’essayer de grimper. Ca lui paraissait facile, mais maintenant qu’il est en face du gigantesque tronc, il est juste là comme un imbécile à faire le tour pour trouver la branche la plus basse. Bien joué Andrew, t’aurais au moins pu réfléchir à comment faire - aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est Andro qui gagne le pari. Coup de pied rageux dans l’arbre, il tente d’attraper la branche la plus basse qu’il voit, avec bien trop peu d’agilité pour arriver à se hisser jusqu’à dessus.

Effort presque surhumain -pour lui- dans l’espoir d’y arriver, mais c’est son derrière qui vient épouser la pelouse sur laquelle il s’écrase. Parfois, il aimerait être quelqu’un d’autre. Comme son frère et sa classe internationale dans ses costards. Morgan et sa façon d’improviser absolument magnifique. Au fond il sait pas trop, il est bien comme il est, il aimerait juste être capable de faire n’importe quoi pour autant qu’il le veuille. Pourtant il est là à regarder le gigantesque arbre sur lequel il peut même pas se hisser - c’est Dahlia qu’il aimerait pouvoir devenir en cet instant, avec ses facilités.

Seulement c’est juste Andrew, le type normal avec ses défauts un peu trop voyants et sa poisse sans limite, qu’il a fallu qu’une fille se trouve à même pas deux mètres de lui quand il s’est rétamé. Il se frotte les fesses et lui jette un regard entendu, pas vraiment fier de sa prestation, mais incapable de lui sortir une phrase qui tue pour effacer son ridicule. Voilà, pris le cul dans l’herbe par une autre élève, dans deux heures ça aura fait le tour de l’école. Il est plus à ça près mais ça l’emmerde toujours - personne peut vraiment s’habituer à prendre cher dans sa vie.

« On m’a poussé. », lâche-t-il sans réfléchir.

Il lève les yeux, fait un fuck aux branches vides, feint de voir quelqu’un là-haut. Andro est clairement pas capable de monter alors ce serait pas crédible, il marmonne un faible « Super drôle Dahlia. » espérant qu’elle n’entende jamais parler de ça. Manquerait plus que cette fille soit sa pote pour qu’il arrive au summum du ridicule. Bien joué Andrew, t’as gâché ta journée. Et dire qu’il voulait simplement s’amuser.

« Jolies chaussures. » tente-t-il maladroitement.

PV. Primrose • Fin décembre • green

On a toujours pensé looser en regardant Andrew, mais quelque part ça n’était pas si exact que ça. C’est vrai, Andrew n’était pas le plus doué de tous, et il avait cette poisse couplée à un pouvoir incontrôlable qui lui offrait les bases parfaites du looser qu’on aimait pointer du doigt. Il n’était jamais au bon moment au bon endroit, il n’avait aucun charisme et pas de talent particulier mis-à-part ce chant qu’il n’exhibait que sous la douche qu’il prenait quotidiennement quand les colocataires n’étaient pas à même de l’entendre s’exprimer. C’est vrai, Andrew aurait pu décoller, échapper à cette normalité qui en devenait presque morbide. Sans doute pas devenir quelqu’un de connu, non, mais au moins frôler du bout des doigts l’exceptionnel.

Mais tout ça lui faisait peur. Il aimait rire, il aimait vivre simplement, porter les pulls tricotés par ses parents et qu’on sourit ironiquement en montrant ses habits de marque. Il aimait cet écart, ce rejet qui, malgré toute la tristesse que ça incombait, contribuait à le rendre unique. Il aimait sortir du lot, même si aux yeux d’une société sur laquelle il avait apprit à ironiser, ce n’était pas positif. Il aimait ça, parier avec ses amis qu’il grimperait sur l’une des plus grandes attractions touristiques de l’île, le Grand Arbre que sans doute seule Dahlia pourrait escalader. Il aimait se casser la gueule, justifier sa connerie par une excuse bancale et regarder le rire sincère des gens qui assistaient au spectacle.

Il n’avait pas envie d’entraîner l’admiration ou l’envie, les oeillades amusées lui suffisaient largement. Il les préférait au reste, même. Et ça le faisait sourire, lui aussi, que l’on joue le jeu, peu importe qu’on se moque ou que l’on veuille compatire. Il avait apprit que chacun avait une façon d’être bien définie qu’il fallait apprendre à mener et apprécier, et c’était la sienne. Il ne connaissait pas Primrose, et ça n’avait pas d’importance, l’important c’était qu’elle, le connaisse. Souffler l’air morne de ce visage pour y installer un peu d’amusement, c’était bien assez.

Bien sûr, ça faisait mal au cul, mais c’était quand même plaisant de faire rire les autres. Bon comédien, il improvise une grimace, se lève pour rejoindre l’inconnue qui semble gênée. Bien trop gênée, d’ailleurs - mais Andrew il capte pas, parce qu’il est peut-être normal, il en reste pas moins inexpérimenté là-dedans. Il a eu des copines, c’est vrai, mais c’était rien de très sérieux. Les symptômes, c’est pas à lui qu’il faut demander - Andrew c’est celui qui fait les blagues de merde au mariage, pas celui qui roule un patin à la mariée. C’est pas si dur à percevoir pourtant, il est juste complètement à côté de la plaque à ce sujet.

« Merci… Et hm, jolie cascade ? »
« Pas tellement, en général j’fais la rotation complète et je retombe sur les pieds. Et j’ai un skate en dessous pour m’accueillir. Y’a pas de branche d’ailleurs, et… » Il marque un blanc, repense à respirer. « ...Ouais non j’ai tenté de comparer à un autre truc mais ça a rien à voir. J’aime trop raconter ma vie, c’est tout. »

Il aime trop le skate Andrew, il a fini par en voir des signes partout. Il entend le bruit des roues dans les couloirs avant de comprendre que c’était le sac à roulettes d’un première année, il voyait l’entraînement pour décorer sa planche pendant les cours de peinture. C’est qu’un gamin passionné, il est trop tourné vers ce qu’il aime pour arriver à ne pas y penser lorsqu’il fait quelque chose qui n’a rien à voir. Ca peut paraître étonnant Andrew, mais elle en a rien à cirer de ton skate, alors ferme ta gueule et t’égare pas dans la conversation. Il se mord la langue, trop concentré sur lui pour remarquer ses yeux qui s’empourpraient. Faut pas l’oublier non plus, ce brin d’égocentrisme dans cette personnalité pourtant si normale.

« Sinon moi c’est Primrose. Et je te prête mes chaussures quand tu veux. »
« Moi c’est Andrew, et oui avant que tu demandes, je suis le petit frère du prof de bio. » Marre de cette question à la con, les gens savent lire un nom. « Et ok. »

Il se laisse tomber dans l’herbe, tire sur les lacets de ses chaussures pour les retirer. C’était sûrement rien de plus qu’une connerie irréfléchie mais il s’en fout, il aime bien sortir des normes auxquels les gens s’attendent. Contrairement aux autres, lui il est jamais vraiment sérieux, ça l’amuse juste de voir les gens douter de ses réactions. Lui aussi il se contente de passer d’un pied à l’autre, il sait pas vraiment, peut-être qu’il reste entre les deux pour pouvoir changer d’idée quand ça l’arrange. Un peu lâche sur les bords, aussi.

« Paraît que les aztèques échangeaient leurs chaussures pour sceller les nouvelles amitiés et encourager leur longévité. ‘fin pour eux c'était des feuilles collées sous les pieds mais c’pareil tu vois. » Sa langue claque dans sa bouche. « Nan j’déconne, par contre j’veux bien test les chaussures. »

PV. Primrose • Fin décembre • green

Ca lui arrivait à Andrew, ces moments de bonheur. Parfois quand il oubliait son désintérêt total pour les choses, parfois quand il mettait de côté cet égo surdimensionné qui lui barrait la vue à tellement de choses. Il était trop fier pour oublier qu’il se pensait plus intelligent que tout le monde, trop fier pour aller regarder une série que la majorité des personnes a déjà vu, trop fier pour se dire qu’il n’était au final qu’un type dans le lot. Un type moyen, cherchant son bonheur. Parce que son égo le rendait imperméable à cette idée simple, à cette vérité qui pourtant était là, devant lui.
Il s’était mit dans la tête qu’il était extraordinaire, par son humour ou ses longs voyages, par son don, et qu’il cherchait cette normalité qu’il respirait, au fond.

C’était peut-être de famille, la banalité. Ou peut-être qu’il avait laissé filer sa chance, lui aussi, qu’il avait prit la mauvaise voie. Il avait tout fait pour être exceptionnel et c’était comme ça qu’il avait fini par endosser ce portrait si cliché. Ce faciès si désespérément normal. Le comique, l’ironique, l’espoir fendu, caché derrière cet humour maladroit. Il a arrêté d’y croire, alors il s’est menti à lui-même - il s’est dit qu’il recherchait juste la normalité. Il s’est bati toute cette fierté pour ne pas voir l’exceptionnel parce qu’il était incapable de l’atteindre. Il s’est menti Andrew, perdu dans ce schéma quotidien dont il aimerait se contenter.

Il est pas différent de tous pourtant, il aimerait aussi côtoyer le surprenant. Il aimerait être populaire, apprécié, il aimerait voir l’ombre du succès ou de l’accompli. Il n’est pas triste Andrew, pas plus qu’il ne sera heureux. Alors il les enferme, ces moments de bonheur aux côtés de quelques personnes d’exception. Il cherche à les retrouver en permanence, à innover dans ce quotidien qui a achevé de l’intéresser. Il en a assez de ce masque fier, ce masque prétentieux qu’il se dresse pour se donner l’air différent ; et quelques fois il le laisse tomber, au profit d’une sincérité sans nom, parce qu’il n’a jamais voulu que ça.

Ces regards qu’on lui jette, qui lui rappellent qu’il est différent sans avoir besoin d’essayer de l’être - qu’il n’a besoin que de ça pour toucher à ce bonheur.
Tes regards Primrose, les regards qu’il adore.
Les mêmes regards qu’Alcyde, ou encore ceux d’Andromède.

« Ça va être un peu petit je pense. Bonne chance pour les enfiler, moi j’ai galéré pour les enlever. »
« J’ai des petits pieds, ça fait pas super viril mais j’ai mes Heelys depuis des années et j’fais des économies niveau chaussures comme ça. ‘fin j’les ai pas là mais t’as compris l’idée. »

Il aurait sûrement pas dit ça, d’ordinaire. Il aurait sûrement prétendu que ce serait trop petit, parce que ça semblait tellement cool pour un mec de chausser grand. Il se serait à nouveau enfermé dans cette banalité, dans l’avis commun qu’il semblait tellement plus facile de suivre. Parce qu’au-delà de ses goûts personnels, c’était la recherche constante de la normalité - comme une solution de secours qu’il s’était forcé à appréhender. C’était un mode de vie qu’il voulait laisser de côté, là, avec elle, parce qu’il sentait qu’il n’avait pas besoin de davantage pour lui plaire.

Elle le regardait d’une façon étrange, et en plus de le suivre dans ses délires, s’intéressait à lui. Au skate. A ce qu’il disait. Elle retenait, et semblait vraiment intéressée par lui - il n’y avait pas cette gêne, barrière de politesse constante qu’il s’efforçait avec tous de contourner. La discussion coulait d’elle-même, et il lui semblait qu’elle était une fille géniale, au point de ne pas mériter qu’il se comporte avec indifférence comme il le faisait souvent.

Il avait envie d’apprendre à la connaître, de lui plaire, de faire énormément de choses avec elle pour en voir le véritable visage. A l’instar d’Andromède ou d’Alcyde, il sentait qu’elle pouvait être bien plus qu’une simple amie dont les contacts se résumeraient à des bonjours polis pour prétendre que l’on a pas déjà envie d’oublier que l’on s’est rencontrés. Elle était sincère comme ça le surprenait, elle était sincère, et ça le faisait vibrer. Ca lui redonnait goût à tout cet hors-norme qu’il s’efforçait de rejeter. Il n’avait pas besoin de plus Andrew, juste un peu d’air pour respirer et sa langue pour lui rendre tout l’intérêt qu’elle lui portait.

Alors il sourit lui aussi, pouffe à l’anecdote de la jeune fille, portant son regard devant lui. Ca lui rappelait des choses, des souvenirs qu’il lui semblait avoir oublié. Ca lui rappelait ses chutes au skate, ses rencontres, toutes ses discussions échangées. Ca lui rappelait ses tatouages, les souvenirs qu’il s’était gravé, ça lui rappelait sa vie simple, la seule chose dont il avait eu besoin jusque là. Et il aimait ça, cette sensation d’échapper à toute sa réflexion, son complexe, ses théories ridicules, son humour déplacé. Il lui semblait que tout le poids de son rôle lui tombait des épaules quand il oisait croiser le regard de Primrose.

« Je te propose un deal. Tu m’aides à apprendre à faire du skate vu que t’as l’air vraiment doué et en échange j’oublie ta cascade. »
« Ouais, c’est vrai que je suis bon. Allez, on commence de suite. Viens avec moi. »

Vraiment doué - la vision de l’exceptionnel. Ca lui donne envie de sourire alors il se retient pas, content du compliment qu’elle lui fait. Il se lève, d’un bond, même, l’invite à le suivre, marchant à son allure. Il est pas vraiment en tenue mais il s’en moque, si l’un des trois autres MAMA l’apercoivent, ils le trolleront pour les semaines à venir, mais il s’en moque. Parce qu’il aime ça Andrew, tout l’intérêt qu’elle lui porte. Parce que rien ne peut lui faire plus plaisir que l’intérêt qu’une personne pourrait lui porter. Il a envie de la remercier pour ça, mais c’est pas tellemet son style, alors il se rattrape comme il peut, l’emmène dans l’unique boutique de skate de l’île. Il la laisse rentrer en première pour la dissuader de fuir, salue brièvement le patron qu’il connaît bien et l’emmène vers le rayon des meilleures planches, de toutes sortes - de toutes les couleurs. Un de ses petits coins de paradis, mais pas son favori.

« Tu prends celle que tu veux. Je te conseille celles-ci qui sont les meilleures, mais si t’en veux une autre, c’est bien aussi. » Tape sur la tête. « C’est moi qui t’offre et je t’interdis de refuser, en plus c'est bientôt Noël. Après ça, je t’emmènerai dans mon endroit préféré sur l’île, si jamais ça te dit. »

PV. Primrose • Fin décembre • green

Parfois, il lui arrivait de croire des choses. Il voyait une lueur dans les yeux de Primrose, décelait une certaine nervosité dans ses actes.
Il n’en était pas sûr, à vrai dire, la plupart du temps, il se disait qu’il était le seul à stresser. Incapable de vivre une quelconque situation sans se questionner en permanence sur sa façon de faire, il avait l’impression de ne rien faire correctement. Toujours agir avec maladresse, jamais comme il fallait, blesser les autres sans s’en rendre compte. Il aime baigner dans cette normalité, malgré tout, pouvoir tout lâcher comme il le fait, même pour jouer un rôle. Pourtant, ce n’est pas comme ça qu’il a envie d’être, des fois. Peut-être que c’était le fait qu’elle paraisse plus jeune, ou peut-être ce début d’affection qu’il semblait porter à son égard - mais Andrew avait presque envie de faire des efforts pour Primrose.
Presque, oui. Car il était loin d’être une personne bienveillante.

Acheter un skate était loin d’être quelque chose qui tenait de la bonté pour lui.
Les dons matériels n’avaient rien d’extraordinaire. Dans ce cas-ci, c’était un peu différent, ça sonnait presque comme une excuse - une façon presque certaine de se lier avec elle, d’être certain qu’elle ne l’oublie pas. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, qu’elle soit sérieuse ou pas ? Elle n’avait plus le choix - il espérait simplement qu’elle finirait par trouver sa compagnie agréable. C’est comme ça qu’il la prenait, sa gêne. Son cruel manque de confiance en lui couplé à sa vision sarcastique du monde traduisaient ces instants étranges qu’elle avait comme une longue réflexion au sujet du pitoyable jeune homme qu’il était.
Mixant le tout dans une pointe de paranoïa, cet imbécile d’anglais avait fini par déduire que la gêne amoureuse était en réalité due à l’exaspérance de sa présence.

Les joies de la famille Clayton.
Si bien qu’au final, il était loin de comprendre les sentiments de Primrose.

L’avantage, pour elle, c’est qu’elle ne risquait pas qu’il la crame - cauchemar de toute fille en crush venant de l’homme concerné. Toutefois, ça n’était pas une bonne nouvelle non plus - car non seulement Andrew ne connaissait rien en amour, mais en plus de ça, il était incapable de déchiffrer ce regard qu’elle lui portait. Il pouvait bien être le meilleur ami possibe, mais il n’en était pas moins un horrible petit ami. Il avait des bonnes attentions, pourtant, il faisait attention à ses proches et il était pétri de bonnes intentions comme de bonnes manières.
Tout comme son frère, il était poli - parfois trop, au point que sa prudence en devenait envahissante.
Mais ça n’était pas le pire dans cette histoire. Andrew n’aimait pas - et il avait beau être parfaitement conscient des sentiments qu’on lui portait lorsque c’était le cas dans ses relations, il ne parvenait pas à les rendre réciproques. Tout se résumait au désir alors, et à des échanges de salive vides de sens qu’il offrait comme un bout de viande pour avoir une chance de passer à la suite.

Cette façon de faire avait quelque chose de cruel, tellement cruel qu’il aurait sûrement éteint le moindre sentiment que Primrose pouvait bien ressentir à son égard.
Malgré tout, Andrew n’y pouvait rien. Il avait beau faire, c’était comme si son amour ne correspondait pas aux personnes qu’il avait rencontré jusque là. Il y avait Victoria, bien sûr, mais c’était loin d’être de l’amour - plus une admiration incensée pour sa personne, cette popularité. De ce qu’il pouvait dire de Primrose, c’était bien différent. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour la catégoriser en tant que personne - et son naturel l’avait placée parmi celles que le jeune homme respectait le plus. Alcyde et sa joie de vivre était l’exemple parfait.
Ces regards, Andrew les respectait. Sa gêne, il préférait l’ignorer - oublier cette possible preuve qu’il puisse ne pas lui plaire en tant que personne et tout faire pour y remédier. Peu importe, si ça pouvait impliquer de tirer sur la corde - elle ne pourrait pas lui reprocher d’avoir essayé.

« Ok cette fois-ci tu rigoles vraiment si je te dis que les seules personnes qui m’ont offert un truc sont mes parents et mes frères ? »
« Et pas tes amis ? Leur cervelle a pas su assimiler le sens de l’amitié ou elles ont fait un roadtrip chaque année le jour de ton anniversaire ? »

Il lui fallut un temps avant de comprendre ce qu’il venait d’insinuer.
Pourtant, Andrew ne regrettait pas. Ce genre de remarques déplacées faisait parti de sa façon de faire, et même si la plupart du temps, ça n’était pas volontaire, c’était quelque chose contre quoi il ne pouvait. Et puis, la plupart des gens avaient besoin d’entendre la vérité - autant qu’il le fasse, même si c’état désagréable. Primrose se sentait seule ? Très bien. Il resterait avec elle. A chaque problème, il y avait une solution - et ça n’était certainement pas une fille dans son genre qu’il laisserait dans le besoin. Il se sentait presque cruel de penser à ça comme une opportunité, mais quelque part, c’était un compliment pour elle.
Il ne la trouvait pas seulement intéressante, il lui était reconnaissant - et ce genre de regards était presque un besoin pour lui. En plus d’être tout ce qu’elle appréciait, elle correspondait à ce qu’il lui fallait.

« Bon ok j’accepte mais je te rembourse plus tard parce que c’est… Bizarre pour moi. Et je te suis, du moment que c’est pas près d’un endroit trop mortel pour moi…Ou bien d’un endroit où je pourrais te tuer en te fonçant dessus. »
« Interdit de me rembourser, et je suis sérieux. T’as pas intérêt. Un cadeau ne se rembourse jamais. Je refuserai ton argent, de toute façon. »

Ses mots coupèrent court au fil de ses pensées, mais c’est en les prononçant qu’il s’en rendit compte. Il souriait - et ça n’avait rien de ce rictus ironique qu’il pouvait proposer aux gens la plupart du temps. Il était sincèrement content d’être en sa compagnie et de prendre du temps pour elle - et lui offrir ce skate était sûrement autant plaisant que s’il se l’était acheté pour lui. Peut-être même plus encore, à vrai dire.
Alors, le temps qu’il pense à ce qu’il avait proposé, il était déjà en route vers cet endroit fétiche. Il s’agissait du salon de tatouage d’Alcyde. Généralement, c’était vide - et les élèves avaient beau connaître la place, peu étaient ceux qui y squattaient. La plupart avaient peur du propriétaire, sûrement à cause de son apparence - mais pour Andrew, Alcyde était l’homme le plus respectable du monde. Il n’était pas seulement gentil, il avait cette maturité exemplaire qui le faisait pousser les gens dans le droit chemin, et il n’avait pas l’air de se forcer. Parce qu’Alcyde, c’était peut-être pour lui, la personne la plus géniale du monde.
A tous les points de vue, Andrew le voyait comme un père. Ou presque.

« Salut papy ! » lança-t-il en poussant la porte d’entrée.

Il s’écarta, laissant entrer Primrose qu’il rassura d’un sourire, refermant derrière elle. Complice, ses premiers pas dans la boutique se firent lents et forts pour répondre avec ironie à la demande du tatoueur d’essuyer ses pieds avant d’entrer.
Ce dernier se leva brusquement, comme pour l’effrayer, et il n’en fallut pas plus à l’anglais pour reculer d’un bon mètre et ratisser le tapis avec ses chaussures pas si sales. C’était comme ça entre eux - et Andrew prit le temps d’échanger quelques mots avec son ami, qui cloua la discussion d’un coup sur sa tête. Répliquant brièvement que « ses cheveux amortissaient les coups de fillette », Andrew prit la main de son amie pour l’entraîner vers le fond de la boutique, désireux de ne pas le faire attendre.
C’était son petit coin de paradis - et il lui proposa de s’asseoir à côté de lui sur le canapé du fond. C’était la place fétiche des MAMA - le canapé deux places pour les Andr et les fauteuils pour Morgan et Maxxie. Sans compter, bien sûr, la place d’Alcyde - ce salaud se réservait le fauteuil le plus confortable. Andrew s’était beaucoup battu avec Andro pour savoir qui d’entre eux y poserait son derrière - et Alcyde réglait les débats en deux secondes.

« C’est ici qu’on s’assoit, mes meilleurs amis et moi. » murmure-t-il. « Cet endroit, je m’y sens en sécurité. J’aime vraiment Alcyde… le proprio, j’veux dire. C’est pas le confort comme chez les A, mais je trouve ça mille fois mieux que leur salle de luxe. »

PV. Primrose • Fin décembre • green

- C’est plutôt ma cervelle qui assimile pas le sens de l’amitié. J’ai tout simplement personne et ça m’intéresse pas. Sauf Tracy. Mais je sais pas si tu la connais.
- Je trouve que t’assimes plutôt bien, répondit-il sans hésitation.

Parfois, il avait l’impression de ne pas vraiment la connaître, qu’elle n’était qu’une façade derrière laquelle se cachait une personnalité bien différente et, d’une certaine façon, bien plus sombre. Il n’en jugeait que de part le gros contraste en sa personnalité et sa façon de pensée, mais bien qu’il n’ait aucune preuve - et ne la connaisse pas tant que ça, pour être honnête, il avait l’impression de l’avoir cernée. Il était doué pour ça : à force de rester simple spectateur, on développe un excellent sens de l’observation. C’est bien pour ça qu’il était si à l’aise avec les gens, en dépit du fait qu’il se qualifiait de looser. Il savait comment agir, il savait comment parler et se tirer de la plupart des situations. Le problème, ceci-dit, c’est qu’il utilisait ce talent pour agir à l’encontre des autres par pur esprit de contradiction.

Sarcastique dans l’âme, bien incapable d’être quelqu’un de simple, poli et respectueux, il avait beau s’interroger sur Primrose, elle ne pouvait pas être une mauvaise personne si elle arrivait à le supporter. Et pourtant, c’est là qu’ils trouvaient leur place, dans le salon si parfait d’Alcyde, l’endroit le plus calme de cette île - et le plus sûr, selon le C. Elle appréciait cette endroit et, de ce fait, Andrew l’appréciait aussi. Des goûts similaires et un même attrait pour le calme, la sécurité, la modestie, c’était plus qu’il ne lui en fallait. Il s’enfonça un peu plus dans son fauteuil et la regarda avec une oeillade amusée.

- De toute façon, j’ai jamais aimé le luxe. Tout ce qui brille, ce qui est lumineux à t’en rendre aveugle. C’est débile de se sentir supérieur parce qu’on a plus de moyens qu’un autre. Je préfère ce qui est simple. Au moins je me prends pas la tête sur des trucs que je comprends pas.
- Je commence à vraiment t’apprécier.

Sourire sincère, simple, il se détendait, parlait avec franchise. C’était l’effet que lui faisait le salon d’Alcyde, une sorte de bienveillance, comme une aide, un soutien, un filet de sauvetage. Il aurait pu s’opposer à toute la classe S, ici, car son refuge était à part. La température, l’odeur, l’ambiance sonore : tout était simplement parfait. C’est curieux de se dire que, pour le garçon le plus normal de cette école, l’endroit le plus incroyable du monde était un salon de tatouage. Quand on connaissait son amour pour la chose, c’était sûrement moins étonnant, mais un endroit en réalité pas du tout sécurisé où la plupart des étudiants entraient n’avait rien de surprenant. C’était juste Alcyde, l’aura qu’il dégageait, sa bienveillance, sa relation avec Andrew - presque fraternelle, si elle ne l’était pas déjà.

« T’as de la chance de te sentir en sécurité ici. Moi je me sens nulle part protéger. C’est si simple de se faire démonter par n’importe quoi… C’est comme… »
- Comme… ?
- Nan rien laisse tomber, c’est pas important. Et sinon tu l’as connu comment, euh… Alcyde c’est ça ?
- Ici-même, il s’est occupé de mes tatouages. Et tu peux finir ta phrase, je susi très réceptif aux gros traumatismes. L’avantage de pas en avoir eu.

Andrew souleva ses deux manches, exhibant les tatouages présents sur ses avant-bras. Il les tendit sous les yeux de son amie avec un léger sourire. Nombreux, très significatifs, il connaissait l’histoire de chacun d’entre eux - car après tout, ils étaient là pour qu’il n’oublie pas ce qu’il avait vécu. C’était peut-être un peu arrogant de se dire ça alors qu’il n’avait que 19 ans, mais il s’en moquait. Il y a bien longtemps que le jugement d’autrui n’était plus important pour lui. Seul celui de ses proches comptait, une envie de ne pas les décevoir - et petit à petit, Primrose rejoignait ce cercle si particulier.

- T’es en sécurité avec moi, confia-t-il en plantant son regard dans le sien. Bon, je garantis pas pouvoir te protéger contre des mecs un peu trop larges mais je ferai de mon mieux.

Il sourit, se relevant. Galant, il lui tendit la main pour la relever, rajustant son manteau de l’autre.

- Well, je vais pas te retenir toute l’après-midi, je te raccompagne.

PV. Primrose • Fin décembre • green