Sujet: together, we feel alive •• dahlia Jeu 11 Déc 2014 - 21:25
« Tu sais j’pense pas sentir si mauvais, tu peux t’approcher. »
Regard en coin. Quelle idée aussi. Sortir dehors pour un camping, c'était sérieux ? C'était sans doute l'autre tarée de S et son don de psychopathe qui avait dû t'affecter, parce que franchement, t'aurais jamais eu l'idée de sortir en temps normal. La nature, les arbres, le soleil. T'avais déjà l'impression de sentir ta peau blanche cramer sous cette chaleur étouffante, comme tiraillée par les rayons d'un soleil que tu n'avais que trop fuit. Et voilà, le contre-coup de vingt ans dans l'obscurité, voilà, le contre-coup de vingt ans de flemmardise. Tu sentais déjà tes jambes défaillir, ployant sous le poids du sac à dos que tu avais emporté. Le strict minimum, pourtant : te retenant d'emmener tes consoles de jeux, tu t'étais contenté du minimum pour cultiver cette sauvage - aka Dahlia, la raison de ta présence dans cet enfer extérieur.
T'avais beau savoir que cette sortie improvisée était bénéfique pour toi, tes jambes n'étaient pas du même avis. Ton regard se posa sur Zelda, aussi exténuée que toi - la culpabilité grimpa en flèche, l'amer regret de l'avoir amenée ici. Tu savais pourtant, que tu prenais les décisions pour deux en général, mais t'avais pas pu t'en empêcher. Les deux plus gros no-life de cette foutue école qui partaient dans une randonnée pour dormir dans la forêt - belle ironie. Te fondant en un soupir, ta tête se releva vers les arbres, ton regard cherchant l'unique raison de ta présence ici, dissimulée entre les branches de cette saleté de forêt. Quand elle n'était pas en train de se la jouer Tarzan, elle se trimait 100 mètres en avance, refusant éperdument de t'approcher.
C'était à s'en demander pourquoi elle avait accepté cette sortie... même si, en réalité, tu t'étais carrément incrusté dans le projet. Quand, après bon nombre de tentatives, t'avais finalement réussi à t'approcher suffisamment d'elle pour lui taper la discussion -souvenez-vous de ces nombreuses heures à tenter de capturer Latias, c'est à peu près à quoi la situation ressemblait-, t'avais réussi à lui extirper quelques informations sur ce soit disant camp de survie qu'elle s'était improvisé. Et puis, il avait suffit de passer quelques -insupportables- heures en ville pour avoir un minimum de choses à foutre dans ton sac et tu t'étais pointé dès l'aube devant la porte de son bungalow pour l'attendre.
Le seul soucis, c'est qu'elle avait mit à peine deux minutes à te tracer et te paumer au beau milieu de la forêt. Sans l'idée de génie de Zelda qui avait eu le bon sens de te faire taire pour écouter les bruits de déplacement de la C, t'aurais sûrement déjà abandonné. En écoutant ses conseils et au terme de quelques longues minutes de souffrance, vous aviez fini par la rattraper, via un raccourci inconnu - et tu n'avais jamais autant apprécié qu'elle ait eu un don pareil. Le problème, c'est que tu commençais déjà à la perdre de vue, tant elle traçait dans les arbres. Peut-être que tu allais revoir ton avis sur les dons, en fin de compte - un soupir vint ponctuer cet agacement qui te tiraillait depuis ton réveil extrêmement matinal. N'y tenant plus, tu t'arrêtais un instant, lâchant :
« Faut être taré pour faire un truc pareil ! J'espère que t'as une tente sinon je vais m— »
Cri de donzelle. Une limace, à deux centimètres de la main que t'as posé sur un arbre pour te reposer. Tu traces comme pas deux, rapidement suivie par Zelda, rejoignant Dahlia qui a eu le bon sens de s'arrêter dans une clairière. Le point de rendez-vous ? Bien, parfait. T'en profites pour te planquer derrière elle, te doutant que, de toute façon, elle ne tardera pas à fuir. Saleté de Pokémon légendaire.
« Putain de bordel de merde je viens de voir une putain de limace putain d'énorme !! Cet endroit c'est un putain d'enfer, j'aurai dû ramener mes putain d'insecticides ! »
PV. Dahlia • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: together, we feel alive •• dahlia Jeu 11 Déc 2014 - 21:37
Sous un pied mes racines, sous l’autre le sol vibre
Cela faisait depuis la rentrée qu'elle préparait cette excursion. Demandes après demandes, elle avait finit par obtenir l'autorisation de partir quelques jours, se perdre dans la nature, loin de l'école, de ses bruits incessants, de cette masse grouillante d'humains détestables. Et ça la faisait sourire, Dahlia, de savoir que dans quelques jours il n'y aurait plus qu'elle. Silence. Sauf que non. Y avait eu Hadès. Hadès était bizarre. Vraiment. Déjà il puait le mec. Le mâle. Quoi que sûrement pas un alpha. Plutôt le genre à rester en arrière de la troupe. Pas vraiment menaçant, mais il était quand même porteur du chromosome Y. Et ça, ça suffisait à le classer dans la case : A EVITER. Le truc c'est que Hadès avait pas vraiment compris sa réticence vis à vis de lui, des hommes en général, et depuis quelques temps il persistait à imposer sa présence dans le monde de Dahlia. Petit à petit, il creusait sa place, lentement mais sûrement dans le cœur de Dahlia. L'habituant à son style extravagant, à sa personnalité un peu décalée. Mais ça, Dahlia s'en rendait pas vraiment compte. Naïve comme elle l'était, elle se contentait de feuler lorsqu'il s'approchait trop, montrant les dents pour le faire reculer. Animal sauvage, il en faudrait bien plus pour la dompter. Bref. Hadès avait eu vent, dieu seul savait comment, de sa promesse d'expédition et avait décidé de se greffer à la troupe déjà existante : Dahlia elle même et toute sa solitude recherchée. Ne sachant pas trop comment réagir, Dahlia s'était contenté de griffonner rageusement sur son carnet la phrase suivante :
- OK, mais je jouerais pas la baby-sitter. Démerde toi pour me suivre. -
Et puis Dahlia avait oublié. Préférant les tours de pistes et la lecture de son manuel de survie à la réflexion sur la future présence d'un garçon à ses côtés pendant plus de 24h. Bof. De toute façon elle trouverait sûrement un moyen de le faire renoncer. Un crocodile ou un ours et le tour était joué. Ou pas. Et puis elle était sortie de sa chambre le matin, à l'heure du rendez vous, harnachée de la tête aux pieds pour disparaître dans la nature. Et c'est là qu'elle avait vu la chose. Non. Hadès n'étais pas tout seul. Il y avait une naine. A ses côtés. Une naine toute maigre. Un grand dadet à la mine pas réveillée. Ok. Ca ne rigolait plus. Soupirant doucement Dahlia hocha la tête et engagea le pas. De toute façon, ils suivraient. Et s'ils suivaient pas... Eh bah tant pis. Sans un regard en arrière Dahlia s'élança, le vent dans les mollets, elle se sentait revivre. Elle oublia bien vite la présence des deux A derrière elle, préférant se concentrer sur sa respiration, ses muscles : contrôle. Un remarque d'Hadès, un peu plus loin la fit tiquer. Il ne sentait pas mauvais. Et c'était pas pour ça qu'elle l'évitait. Elle l'évitait parce qu'il était ce qu'il était et serait pour toujours : un homme. Regard désespéré dans sa direction pour lui indiquer le fond de ses pensées, Dahlia reprend sa course effrénée. Combien de temps avant l'arrivée au camping ? Peut être un peu plus que prévu si elle devait les attendre, éviter qu'ils se perdent. Mais qu'importe. Finalement reposée, l'esprit presque lavé de tout le dégoût ambiant qui la remplissait, Dahlia se prit à observer un peu plus autour d'elle. Il commençait à faire froid et le vent soufflait un peu plus fort. Septembre était là, bien présent. Automne.C'est là qu'un cri strident la fit sursauter lorsqu'elle posait enfin les pieds dans la clairière tant attendue. Que s'était-il passé ? Un renard ? Un loup ? Un chasseur ? Un truc dangereux ? Non. C'était Hadès qui arrivait, courant plus vite qu'il ne l'avait jamais fait, suivit de près par la naine. Eh bah voilà, quand il voulait, il pouvait. Rire camouflé quand elle entendit sa remarque dépité. Pauvre garçon. Pauvre Hadès. Elle sorti rapidement son carnet pour y griffonner une réponse narquoise. - Au moins, je sais comment te faire avancer si tu traîne trop... -
Elle se baissa pour attraper une limace entre ses doigts et l'approcher du visage du jeune homme. On rigole moins pas vrai ? Posant son sac au sol, Dahlia s'écarta un peu pour observer les alentours. Ok ça ferait l'affaire pour le moment. Sortant de son sac de quoi grignoter, elle lance une barre de céréales aux deux autres avant de recommencer à écrire, mâchonnant lentement la sienne.
-Bon. Y a deux options. Soit on part maintenant, et on prend notre temps dans la foret pour se balader tranquille. Mais donc pas de pause avant ce soir ou alors juste 15 minutes à midi. Ou bien on traine un peu mais entre chaque pauses, on avance vite. Très vite. Il faut atteindre le point B ce soir 18h au plus tard. Après ce sera trop dangereux / mauvais temps / froid / autre. Ok ? -
Elle sorti la carte pour leur montrer le chemin, veillant bien à rester plus proche de la fille que du garçon, prête à le mordre s'il tentait de réduire la distance encore plus. C'était bien parti, bonne chance Hadès.
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Sujet: Re: together, we feel alive •• dahlia Jeu 11 Déc 2014 - 21:37
Les choses étaient mises au clair depuis le début. Tu suis, tu te démerdes, et ça n’avait rien d’étrange, du fait que vous vous étiez littéralement incrustés dans l’excursion de Dahlia. En un sens, il fallait presque t’estimer heureux qu’elle ne t’ait pas assommé et laissé dans un caniveau près des dortoirs pour être devenu un véritable pot de colle alors qu’elle espérait passer une journée tranquille en mode scout ou dieu sait quelle autre institution ridicule mettant en avant l’idée d’être proche de la nature - concept que le jeune homme ne comprenait pas, en plus de le révulser. T’avais toujours été très bien derrière ton écran à enchaîner les jeux, et, tout à fait honnêtement, t’avais jamais vu l’intérêt de te mettre en danger à l’extérieur quand tu pouvais t’amuser sans bouger de ta chaise.
Entre galérer à trouver quelques racines à mâcher et rester auprès de son paquet de chips, les choses étaient vite décidées pour toi. Ce qui t’avait réellement poussé à avoir cette idée stupide, c’était Dahlia elle-même. Elle avait beau aimer tout ce que tu détestais et n’avoir jamais goûté à ce que tu considérais comme les plus beaux plaisirs du monde -une sauvageonne qui a peur des hommes ne goûte en général pas au sexe et aux jeux vidéos-, elle était heureuse, hyperactive, parfois plus que la plupart des gens que tu n’avais eu l’occasion de rencontrer. Et, sans le moindre doute plus que toi, à vrai dire - elle semblait toujours heureuse, perchée sur ses branches, là où tu commençais à trouver tes écrans mornes et dénués de moindre amusement. Tu n’avais plus d’opposition.
Sa mâchoire te piquait à cette seule pensée, et tu refoulais ce bâillement en te concentrant sur le danger imminent qui menaçait votre survie dans ce camp improvisé : cette affreuse limace qui, tel un ninja entraîné de la ligue des ombres, avait réussi à se faufiler jusqu’à quelques centimètres de ta main. Sans ce réflexe, t’y aurais certainement laissé des plumes - tu t’étais toujours méfié de ces créatures gluantes et fourbes que tu savais à l’origine d’un complot pour renverser le monde. Aujourd’hui plus que jamais, tu étais motivé à étudier ces bestioles qui feignaient être d’une lenteur absolue, mais qui n’auraient aucun scrupule à attraper des humains en fuite quand leur plan de domination de l’humanité serait enfin prêt.
Le seul soucis, c’est que tu étais coincé au milieu d’elles sans moyen d’étude.
Te maudissant intérieurement, tu te promis d’apprendre par coeur ton manuel -en pdf évidemment- recueillant toutes les races d’insectes existantes pour ne plus avoir de problèmes à chaque fois que tu sortirais. C’était presque pitoyable de se cacher derrière Tomb Raider alors que tu étais censé être l’homme et le A de la situation - bien que sur le moment, tu te rapproches davantage de la tapette de la situation. Griffonnant sur son carnet, ton expression faciale se décomposa quand ta partenaire improvisée te montra l’unique phrase présente sur la page. Ton visage blêmit alors qu’elle attrapa une limace, et tu fus tenté de te cacher derrière Zelda, en oubliant qu’elle était aussi peureuse que toi à ce sujet. Vous étiez identiques sur ce plan-là, aucun ne pouvait protéger l’autre.
Et putain, pourquoi n’étais-tu pas resté dans ton lit ? Tu en était réduit à hocher la tête frénétiquement, comme bloqué dans un éternel mouvement, histoire de dire que tu ne traînerais pas. Tu ne savait pas si ça avait marché, mais quel ne fut pas ton soulagement quand elle laissa tomber l’insecte pour écrire à nouveau sur son clavier. Prenant soin de t’écarter de la limace qui tentait déjà de fuir vers son QG pour prévenir ses supérieurs et organiser un raid de la clairière, tu attrapais la barre de céréales et marmonna un « merci », encore trop perturbé pour être capable d’articuler. Tu balayais les alentours des yeux, ayant perdu la limace de vue, paniquant immédiatement.
Où était-elle ? Avait-elle fuit ? A moins qu’elle soit déjà rentré, ayant profité de ta distraction pour disparaître. Evidemment, tu le savais. Ces choses étaient dangereuses. Tu te penchais pour lire avec attention le carnet de Dahlia, à moitié paniqué, et balbutiais légèrement, incapable de répondre. Zelda te prit la main comme elle avait l’habitude de le faire, te redonnant contenance - tu inspirais longuement et exposais ton plan à Dahlia.
« La limace a disparu ! Elle est partie prévenir ses alliés. Je suis sûr que d’ici 10 minutes, toute la forêt sera envahie par ces bestioles horribles et nous ne pourrons plus partir. Il faut négocier un traité de paix, c’est notre seule chance ! Installons notre tente ici et mettons des mines autour de la clairière, ça les ralentira peut-être un peu... Tant qu’à mourir faisons-le dans l’honneur. »
Tu ouvris ton sac, à moitié paniqué, tentant de sortir la tente hors de prix du supermarché que tu t’étais acheté. Gosse de riche, tu n’étais pas du genre à dépenser, mais tu voulais malgré tout garantir ta survie quand tu te lançais dans ce genre d’excursions dangereuses. Sérieusement, on se demandait parfois comment Dahlia pouvait te supporter.
PV. Dahlia • Début septembre • mediumpurple
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Sujet: Re: together, we feel alive •• dahlia Jeu 11 Déc 2014 - 21:40
Sous un pied mes racines, sous l’autre le sol vibre
Il commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Ce mec était une fiotte. Une vraie de vraie. Du genre à hurler au moindre frôlement de branche. Putain, pourquoi elle s'était encombrée avec lui ? Hein ? Dahlia avait envie de hurler de frustration. Ce genre de personnes l’exaspérait, c'était pour ça qu'elle fuyait la ville, la « civilisation » comme ils aimaient le répéter. Alors ouai, merde. Dahlia était une putain d'enfant sauvage. Le genre à balancer son portable contre le mur parce qu'elle ne comprenait pas comment afficher ses message, à donner des coups de pieds dans les portes bloquées, à rager parce que tout était emballé dans du plastique. Alors quand Hadès se met à lui exposer un plan de merde, ne tenant pas compte de ce qu'elle venait de lui expliquer, un grondement lui échappe. Du fond de la gorge, ça fait mal. Et elle se mord rapidement les lèvres pour ne pas continuer. Inspirant un bon coup, elle arrache le sac des mains d'Hadès et recommence à écrire -Les limaces, je les écrases ss ma chaussure. Si elles te font si peur que ça. OK ? Tu peux arrêter de paniquer comme une fillette stp ? Regarde la naine, est-ce qu'elle râle ? Nn alors tu te calme-
Dahlia passe une main autour des épaules d'Hadès et le force à s'asseoir à côté d'elle. Yeux dans les yeux, elle le fixe de son regard glacé, pour qu'il comprenne à quel point elle est sérieuse.
-Hadès. Tu sais d'où vient ton nom pas vrai ? Alors fais honneur à ça stp. Prend sur toi. Les limaces sont mortelles. Toi tu diriges les enfers. Y a une différence de poids nn ?-
Putain, qu'est-ce qu'elle racontait là ? Hein ? Pourquoi est-ce qu'elle essayait de le rassurer ? Pourquoi est-ce qu'elle se barrait juste pas maintenant ? Tout de suite ? Peut être parce qu'Hadès lui faisait pitié. C'était un gamin. Un gamin paumé. Il lui faisait penser à elle, quand elle était arrivée en prison. Complètement perdue dans un univers nouveau. A étouffer entre les barreaux. Hadès, c'était pareil. Mais il étouffait dans l'espace et la grandeur de la nature. Paradoxe. Hésitante elle caresse doucement sa tête, un peu comme on cajole un enfant, répétant les gestes de Laurestine, ceux qu'elle aimait tant. Et les souvenirs amères remontent à la surface. Dahlia se relève tout en souplesse avant de prendre le sac d'Hadès et de le jeter sur son épaule. -Bon. Hadès. On bouge vers un endroit moins humide. Y aura moins de limace. Ca te vas ? Mais faut pas traîner. Comme j'ai dit, la nuit arrive vite et la nuit y a pire que les limaces. Alors si je dis cour tu cours. On aura tout le temps de se reposer là bas.-
Et sans un regard en arrière, Dahlia reprend la route.
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Sujet: Re: together, we feel alive •• dahlia Jeu 11 Déc 2014 - 21:40
C’est le sérieux qui flotte dans ses iris sombres qui ramènent ton esprit à la réalité. Première analyse superficielle, ton regard qui balaie les alentours, presque paniqué, prend conscience du monde extérieur. Et comme sorti d’un rêve, tu laisses ton cerveau revenir à la surface lentement, son rôle effacé par toute la peur de cet inconnu naturel, par tout ce rejet de la nature. Zelda aurait certainement pu t’en protéger si elle n’était pas aussi terrifiée que toi - son avantage, toutefois, avait toujours été cette capacité à cacher ses émotions. Et pourtant, malgré ce paradoxe entre vos deux faciès, la même peur viscérale vous prenait à la gorge.
Mais cette fois, elle semblait s’effacer. Non pas animé par une soudaine volonté de la surmonter mais par une curiosité sans limite, ce sentiment surplombait tous les autres et remettait en marche tout ton génie. Cette froideur, ce raisonnement dans cet espace qui lui était propre. L’assurance, la même qu’il avait dans son propre royaume - et le sourire survient, mélange d’intérêt et d’amusement. Surprends-moi Dahlia - c’est pour ça que tu l’as suivie non ? Tu voulais voir si cette fille un peu décalée, paumée dans cette civilisation, trouvait sa place dans l’univers que tu pensais être sien.
Et c’était parfaitement le cas. Dahlia la sauvage, Dahlia son paradoxe. Elle te force à t’asseoir et pourtant, abandonnant les sensations de ton corps au profit de ton cerveau que tu fais marcher à 10 000. Vas-y Hadès, réfléchis, essaie de comprendre. Cherche-la, cette raison pour laquelle elle fuit les hommes, cherche-la, la logique à ce mutisme grandement partiel - cherche-la, la solution de sa vie. La réponse de Dahlia.
Son corps te semble engourdi, te fait l’effet d’une sortie de rêve. Tu captes pas de suite le geste, et puis, ça n’y aurait rien changé - tu connais parfaitement les limites de tes capacités physiques. Tu lis les mots griffonnés, tes iris habitués à son écriture déchiffrent d’autant plus vite le sens des phrases pour cligner rapidement dans une expression de surprise. Référence mythologique à ton prénom, une comparaison qui a beau manquer de logique, elle n’en reste pas moins amusante - et métaphoriquement exacte, dans un sens.
Hochement de tête pour répondre à sa demande, tu te retiens de regarder les alentours à nouveau comme pour prévenir un nouveau danger. Laisse-toi aller Hadès, arrête de calculer. C’est ça la nature non ? Quelque chose que tu ne peux prévoir. C’est peut-être ça qui te fait peur au fond, ce monde qui ne répond pas de ton imagination, ces choses marchant autrement qu’au travers d’une base de données qu’il te suffit d’analyser. Sauter sans filet de secours, c’est pas vraiment ton genre hein ?
Peur. Et tu préfères appeler ça prudence. L’euphémisme de tes mauvais côtés pour donner plus de poids aux bons, te cacher à toi-même la grandeur de tes défauts. C’est ça votre monde, un confort qui vous éloigne de la réalité - et peut-être que tu gagnerais pas sans cesse si t’avais le courage d’en sortir. Puis, ce flux de pensées s’arrête, stoppé par un contact physique inattendu, sa main qui lui caresse la tête. Et à la manière de Zelda, elle le ramène à la réalité, dans sa réalité. Y’a pas d’échappatoire Hadès, juste un obstacle à surmonter. Tes yeux restent surpris, incompréhensifs, lisent attentivement les mots qu’elle a écrit, comme pour y chercher la réponse. Mais il n’y a rien, rien que les consignes pour vivre alors qu’il cherche celles pour comprendre, et ça le surprend.
Parce qu’elle l’a cerné en quelques secondes alors qu’il ne sait encore rien de ce qu’elle est.
« Je te suis, c’est toi la patronne de toute façon. »
Tu te redresses, serrant la main de Zelda qui a reprit contenance en même temps que toi. Le sourire s’efface lentement de tes lèvres, la réflexion efface cet amusement tandis que des questions te viennent. Et c’est la plus évidente qui sort.
« Pourquoi tu fuis les mecs ? »
Ton regard croise le sien, la distance de sécurité est respectée. Oeillade pour son carnet et tu reprends.
« C’est un accident, ta voix ? T’es pas muette, j’ai entendu un grognement. Choisis la question la moins chiante si tu veux, et sache aussi que je suis prêt à des sacrifices pour savoir. Tu m’intéresses beaucoup, on est de vrais contraires. »