bleeding out •• dahlia

Quel coup de maître Hadès, t’as réussi à briser ton existence d’une simple erreur. C’était pourtant clair au début, rester prudent et ne pas arrêter de gagner. T’as une réputation à tenir, bats-toi pour, t’as une fierté à conserver alors lutte pour exister. Tu pensais que c’était important, que rien ne l’était davantage alors t’as tout mis en jeu sans comprendre que tu n’aurais jamais dû poser cette mise. T’avais tout ce qu’il te fallait Hadès, pourquoi il a fallu que tu le risques ? T’étais au sommet, mais tu pouvais pas t’empêcher de vouloir encore grimper. Grimper, grimper encore, toucher du bout des doigts la véritable réalité. T’as voulu t’immiscer dans ce monde sans comprendre que tu laissais toute ta vie derrière toi.

Le vrai monde. La dure réalité. Alors inconsciemment, tu t’étais tournée vers l’unique personne qui s’y complaisait. Dahlia l’unique, Dahlia le joyau - et t’avais même pas pu lui avouer le mal que t’avais fait de peur qu’elle ne te rejette. Trop effrayé pour espérer risquer quelque chose à nouveau. T’as plus que ton existence vide à protéger, t’as plus qu’un coeur vide d’espoirs à conserver. Elle est où ta fierté pour laquelle t’as tout misé ? Elle est où cette satisfaction de la victoire pour laquelle t’as tout risqué ? C’était censé te rendre vivant. C’était censé faire revivre cet éclat de vie qui se ternissait.

C’était le mouvement de trop Hadès. Le mouvement de la défaite.

Et alors qu’il marche en extérieur, le visage pâle des années sans soleil, c’est vers toi que se tournent vers ses pensées. Vers toi Dahlia, vers toi qu’il a toujours admirée. Vers toi, la fille sauvage qui a toujours survécu dans cette réalité. Comment tu fais, dis-moi ? Dis-lui, à lui qui a pas su y demeurer. Dis-lui Dahlia, qu’il aurait jamais dû essayer. C’est ce que tu fais non ? Rester dans ta bulle, repousser, mépriser. T’aurais jamais dû l’accepter, c’est ce qu’il commence à penser. Doute pas, s’il te plaît, c’est ce qu’il aimerait faire, mais lui ne peut pas s’en empêcher.

Plus rien à perdre Hadès, c’est pour ça que tu t’exposes au soleil. C’est cette barrière de désespoir qui te protègent d’une peur sans nom, ce bouclier, l’assurance d’être tombé pas au point de ne pouvoir plus t’enfoncer. Tu vois ça Dahlia ? Tu vois ses yeux vidés d’espoir ? Tu les a connus mieux que quiconque, tu sais. T’as réussi à entretenir son intérêt et à t’apporter son attachement. Il compte sur toi tu sais, il est juste incapable de prétendre qu’il pourra t’aider à le relever. Ce sont des gestes de défense qui hurlent au soutien, un refus d’aide constant qui montrent ce besoin d’en recevoir.

Aide-le Dahlia. Aide-le à vivre.

PV. Dahlia • Novembre • mediumpurple

Il comprend pas Dahlia, pourquoi tu le laisses pas. Il comprend pas pourquoi t’as pas déjà disparu comme tout ce qu’il a. Il est là, planté, le regard mort à se demander combien de temps il lui reste avant que les autres n’en viennent à l’abandonner. Toi aussi Dahlia, c’est tellement cruel. Il se repose sur toi, alors que tu le lâcherais peut-être en apprenant toute l’histoire. Il a joué Hadès, il a misé et maintenant il se sent plus vide que jamais. Il a plus rien, c’est qu’une question de temps avant qu’il ne soit oublié. T’es son joyau, l’oublie pas, il t’a jamais vraiment compris et ça l’exhorte à croire que tu le laisseras jamais.

Il serre ta main et s’accroche à ce contact, se sent gelé dans ce monde où il semble ne pas exister. C’est comme ça Dahlia, il est plus rien depuis que Zelda l’a laissé. Peut-être qu’il exagère, sûrement même que Léocade a raison. C’était qu’une accroche temporaire et il doit faire abstraction, il a toujours su faire la part avec ses sentiments, qu’est-ce que ça change que ce soit elle ? C’est censé être lui le leader dans l’ombre qui rattrape les rares erreurs, pourtant il a l’impression que c’est Léocade qui lui sauve la mise.

Que tout le monde n’a fait que lui sauver la mise.
Il a toujours compté sur les autres, pas étonnant qu’il soit perdu à présent qu’il n’a plus personne. Il a jamais voulu ça Dahlia, il voulait juste apprendre à te connaître pour parvenir à te comprendre, vaincre ses propres peurs en apprenant de toi. Il a pas prévu ça, t’étais pas ça censé prendre une telle place. Personne était censé - et au bout du compte, t’es sûrement la seule qui lui reste dont il arrive à pas vraiment douter. Il a peur Dahlia, c’est pas ta faute à toi, il a juste peur de faire confiance pour le jour où il se fera lâcher.

Pourtant il n’y arrive pas. Y’a pas de réserve au fond, en l'instant il est raccroché à toi et il a même plus le temps de douter. T’es la seule qui lui reste alors il s’en remet à toi, il arrive même plus à être effrayé. Tu peux le sauver Dahlia, t’en es plus que capable. Au fond, c’est ce qu’il a déjà commencé à croire. Il passe sa main sur ses yeux pour en chasser les larmes et s’assoit en face de toi, le regard planté devant lui. Il observe les lettres sans faire gaffe à leur sens, il sait juste que tu fais des efforts pour lui et ça l’aide à pas lâcher. T’embête pas Dahlia, t’es juste là et ça suffit à l’aider.

« J’avais besoin de te voir. J’suis désolé, je… »

Il passe une main dans ses cheveux avec nervosité et se laisse tomber, la tête contre ton épaule. Bouge pas, s'il te plaît - supplication silence dans ce geste désespéré. Il lâche tout, il est même plus capable de tenir debout. Il a juste besoin de savoir qu’il peut se laisser tomber en sachant que quelqu’un est là pour le rattraper. Respiration saccadée, il inspire longuement et tente de se calmer. Hadès sait, mais maintenant qu’il est là avec toi, il a l’impression de tout juste réaliser. Et les larmes coulent, les larmes de tristesse, symbole indomptable de sa culpabilité.

« Me laisse pas... »

PV. Dahlia • Novembre • mediumpurple

Il est désolé, désolé de t’imposer ça. Il a jamais voulu craquer, il a jamais voulu se reposer sur toi - c’était pas censé se passer de cette façon. Tu l’as toujours intéressé tu sais, t’as toujours été différente, simplement de la façon dont t’as choisi d’exister. T’es à part Dahlia, il a pas hésité à te l’avouer, t’étais destinée à devenir importante pour lui. T’es son exact contraire, t’as choisi d’avaler la vie à laquelle lui refuse de goûter. Il a fini par se lancer, il a voulu vivre comme tu le fais - éprit d’affection pour toi, devenir comme tu l’es. T’as toujours été un sujet d’admiration, un but qu’il s’était fixé. Il a voulu sortir Dahlia, il a voulu envahir ta réalité. Un grand pas un peu trop téméraire, une envie de tourner le dos à ses peurs, c’est cette impatience qui l’a brisé.

Il voulait pas blesser Zelda, il avait juste peur de la perdre s’il l’emmenait dans cette réalité. Il a choisi d’entrer dans ton monde sans quitter le sien - c’est cette erreur qui lui a fait payer. Maintenant il se sent seul, il sait plus où aller - il veut pas retourner dans son monde vide de sens, maintenant qu’elle est plus là pour l’attendre il y voit pas l’intérêt. Il a plus que toi à présent, alors il a juste besoin de savoir que tu le laisseras jamais. Promets-lui Dahlia, réponds à ce désir qui est devenu une nécessité. Il peut rien garantir tu sais, il a juste envie d’être égoïste au fond, juste envie de te forcer à lui faire ce don que tu pourrais regretter.

Un peu de sûreté c’est tout ce qu’il demande, quelqu’un sur qui il peut compter. Il se prétend fort Hadès, mais s’il est seul il est incapable d’avancer. Il veut pas trop envahir ton monde, il veut pas s’imposer dans cet univers qu’il n’a cesse d’admirer. Il te comprend maintenant, sans le savoir, cette accroche indéfinissable que vous avez fini par perdre - une solitude que l’on est incapable de combler. Cette souffrance qui n’en finit pas de vous rapprocher. Ton murmure lui suffit, il a pas besoin de plus - juste de savoir que tu le désires autant qu’il le fait.

« Merci. »

Il aimerait dire qu’il doute pas Hadès, mais au fond il sait pas. Il veut croire Dahlia, il veut croire tellement fort qu’il s’attend à regretter - mais il peut pas s’en empêcher. Le murmure l’a déjà fait sourire qu’il le sent déjà s’effacer, cette assurance n’a duré qu’une seconde, il est incapable de se relever. Laisse-lui le temps d’appréhender, laisse-lui le temps de croire en quelque chose d’autre que sa capacité à tout briser. Au fond t’es avec lui et c’est suffisant, il sait qu’il y a quelqu’un pour lui et ça lui redonne une raison de respirer.

Grand soupir, il se redresse, ça fait qu’un instant mais ce contact commence déjà à lui manquer. Il est encore fragile Hadès, mais il fera de son mieux pour pas craquer. Tu peux l’aider mais il sait bien qu’il doit y arriver seul - il t’apprécie tellement, mais il a pas envie d’être dépendant de quelqu’un comme il l’a toujours fait. C’est comme ça qu’il marche pourtant, c’est ce qui finira par arriver. Il a juste envie de croire que c’est tout seul qu’il pourra s’en tirer - mais au fond, venir te voir c’est déjà abdiquer. Vas-y Hadès, dis-lui tout, confesse tout le mal que t’as fait. Autant qu’elle sache tout maintenant qu’elle a formulé ce jamais.

« Zelda est partie. », marmonne-t-il difficilement. « C’est pas elle. Vraiment pas. C’est ma faute, je sais bien. J’ai tout cassé. »

Il mange un bout de clémentine, la nourriture a le goût de la culpabilité. C’est fade, ça fait deux semaines que ça a ce goût-là, mais il sent déjà une différence dans ce qu’il est en train d’avaler. Il le sent passer plus que tout ce qu’il a avalé depuis un moment, c’est le goût de la vie Dahlia, il a plus trop l’habitude de l’appréhender.

« Léo m’a dit de tout lâcher mais je suis incapable de le faire. Je mérite ça et je veux pas qu’on me dise le contraire. Mais… je peux pas. »

Je peux pas le supporter. Je peux pas vivre avec ça, pas tout seul. C’est ce que ses larmes ont avoué.

PV. Dahlia • Novembre • mediumpurple

Manque manque manque.
Et ça s’entend dans sa voix, sa voix brisée par l’émotion qu’il ne peut contrôler. Et ça se voit dans ses yeux, ses yeux à l’éclat que ce départ. Il ne sait plus vraiment où il en est, perdu dans la vie qu’il faisait tout pour contrôler pendant si longtemps. Reste, Dahlia, reste un peu plus. Tu le reconstruis mais il a peur de s’écrouler s’il te voit s’éloigner. Il a la poitrine creuse d’émotion, le coeur alourdi de culpabilité. Il t’écoute Hadès, il te lit. Il retient chacun des mots qui sont formulés pour lui. Si tu savais comme il t’en est reconnaissant, si tu savais comme il aimerait te remercier de tout ce que tu fais. Merci Dahlia, c’est cette pensée qui redresse son esprit combatif. C’est pas juste pour lui, pas seulement pour Zelda, c’est aussi pour toi.

Merci Dahlia. Il aimerait le dire en mille langues, d’un millier de fois, il souhaiterait tellement te rendre tout ça. Merci pour ce que tu fais. Il est incapable de te soutenir, incapable de soutenir quiconque comme tu le fais. Son départ l’a prouvé, sa trahison a sappé la moindre estime qu’il avait de sa propre personne. Pourtant, il a besoin de toi, juste un peu plus, besoin de quelqu’un pour l’aider sans avoir à se préoccuper de ce que lui offrirait. Il aimerait se laisser aller pour un temps, même pour une heure, jusqu’à ce que tu te remettes à le fuir. Fuir, courir, c’est ce que tu as toujours fait. Tu continues d’avancer malgré tout, c’est ce qu’il a toujours aimé, c’est cette part de toi qu’il a toujours admiré.

« Tu sais, parfois ça fait du bien. De se quitter. Prendre de la distance. Je dis pas que c'est pas grave. Ou que c'est pas de ta faute. Mais votre relation est très spéciale. Basée sur de la dépendance mutuelle. Et ce genre de situation finit toujours par imploser. »

Il cligne des yeux, observe longuement les mots écrits par son amie. Une fatalité, une situation inévitable. Hadès reste silencieux, levant brièvement les yeux vers Dahlia pour croiser son regard - brûlant de sincérité. Il le sait, elle ne le prend pas en pitié, elle est bien plus réaliste qu’il ne saura jamais l’être. Et lui, en l’instant, se sent humain, si humain, si ordinaire. Pathétiquement humain - Charlie l’avait pourtant averti. Il a toujours eu peur de ça, il était juste aveuglé par la confiance qu’il portait envers Zelda.

« Tu n'as rien cassé Hadès. Si ce n'est peut être cet accord tacite sur la dépendance. Et ça fait terriblement mal. Mais tout le monde finit par guérir. Laisse toi le temps pour prendre du recul, un peu. Réfléchir. »

Elle n’a pas tort Dahlia, elle voit si clair dans son coeur qu’elle semble avoir vécu la même chose. Il prend un temps pour essuyer ses yeux, forcé de s’allonger sur le dos. Il se laisse aller, respire lentement, fixant le ciel pendant quelques temps. Libre de tout poids, même de celui de son propre corps, Hadès se sent revivre. Il observe les alentours et tout à coup, le monde lui semble si beau, si gigantesque, si libre - et l’étendue de tout ce qu’il a manqué lui apparaît enfin. L’univers de Dahlia lui apparaît enfin, en même temps que ce sourire qu’elle lui adresse. Toute la grandeur du monde, au-delà des innombrables mondes et univers qu’il croyait connaître. Tout lui semble futile face au bleu du siel, tout lui semblait insignifiant comparé à la beauté du silence qu’il se surprend à apprécier.

La gorge nouée, il est incapable de répondre, mais toute cette tristesse lui semble bien moins lourde à porter, comme si elle l’aidait dans sa tâche. C’est ainsi qu’il comprend, en lisant ces nouvelles phrases qu’elle lui écrit. Elle est là comme elle l’a toujours été, Elle l’aime, comme Zelda l’aime et continuera de l’aimer. Elle l’aime malgré ses fautes, sa façon d’être, ses faiblesses, et tout ce qu’il a pu faire. Hadès déglutit, digérant avec difficulté l’agréable vérité de la vie à côté de laquelle il passait tout ce temps. Les mots de son amie lui arrachent un frisson, et il finit par sourire, étirer ses lèvres pour la première fois depuis tout ce temps. Il est triste Hadès, infiniment triste, et nul ne saura faire disparaître cette douleur. Mais tu sais, Dahlia, faire naître cette étincelle de bonheur au milieu de tout ça, c’est déjà l'aider.

« Merci Dahlia. Pour tout ce que tu fais. » Il soupire d’aise. « Hésite pas si t’as besoin de moi pour quoi que ce soit. Je me sens tellement reconnaissant. »

Il est maladroit avec les sentiments Hadès, et il sera sûrement incapable d’exprimer à quel point il tient à toi. Alors lui aussi, il rompt la distance, redresse son visage pour embrasser ta joue. Un geste qui vaut un milliard de mots, un geste qui témoigne de toute l’affection qu’il peut bien te porter.

« J’aimerais savoir. Tu peux ne pas répondre, bien sûr, mais… » Il repose sa tête contre le sable, inspire longuement. « T’as trouvé les mots parfaits, comme si t’avais déjà vécu ça. »

PV. Dahlia • Novembre • mediumpurple

Ca tambourine fort. Bien trop fort.
Son corps se fige et il ne peut que la regarder s’éloigner, la distance acide et meurtrière s’agrandit entre eux lentement. Il voit son dos disparaître au loin, sa gorge s’assécher, la bouche entrouverte, l’expression figée dans une surprise qui le maintient pour encore quelques secondes loin d’une tristesse sans nom. Il sent les tremblements le parcourir, répondant à ce frisson glacial qui lui a fait comprendre qu’elle s’éloignait. Il avait posé la mauvaise question, il avait été stupide de croire qu’elle s’ouvrirait comme il l’avait fait avec elle. Il avait été stupide de penser que quelqu’un pouvait lui rendre l’attachement sans égal qu’il portait aux gens. Stupide, stupide de croire qu’elle rest—

Et elle se retourne, sans un mot, arrête sa course pour se tourner vers lui. Il trouve son regard, le sien teinté malgré toute la volonté qu’il puisse avoir, d’une culpabilité indescriptible. Il a beau vouloir savoir, il est incapable de ne pas s’en vouloir d’avoir rouvert une plaie qu’il voyait pansée. Pas guérie, mais juste assez entretenue pour ne plus la gêner — et il avait arraché ce soulagement avec quelques mots sur un ton d’une tristesse amer. Il était frustré qu’elle ne partage pas ça avec lui, et maintenant, il se disait que c’était mieux comme ça, c’était toujours mieux qu’elle ne le fasse pas, si ça pouvait empêcher qu’elle parte.

Il n’insisterait pas, parce qu’il avait trop peur des conséquences. Trop peur de la voir s’envoler, cette Dahlia tellement insaisissable.
Et pourtant, elle prit la décision d’elle-même, ouvrit son coeur à celui qui serait incapable de la réparer — mais qui plus que n’importe qui, s’en voudrait capable. Il aurait tant voulu lui rendre ce soutien qu’elle lui offrait, tant voulu posséder cette force qui lui permettait de le soutenir tout en continuant d’avancer. Il n’était pas fait pour aider les autres, mais personne plus que lui n’était plus incapable de porter le poids d’une autre vie. Il ne pouvait même pas s’aider lui-même, comment pourrait-il espérer en aider d’autres ?

T’es incapable Hadès.  Incapable de comprendre. Incapable de soutenir.
Incapable de tout ce qui saurait être bénéfique.

« J'ai été brisée. On m'a pris ma voix, puis mes ailes et ensuite mon cœur »

Et c’est maintenant qu’il s’en rend compte, lorsque les mots d’une brusque sincérité vienne lui torpiller le coeur, qu’il n’a pas les mots. C’est quand Dahlia murmure, arrache sa propre gorge en lambeaux pour lui transmettre cette douleur qu’il ne saura effacer, qu’il réaliser sa formidable inutilité. C’est pas comme toi Hadès. Tu vois, elle le dit elle-même, tu peux pas comprendre, tu peux pas réparer un circuit dont tu ne visualises pas la forme. C’est différent de l’électronique, c’est différent d’un jeu, d’une simple stratégie ou de tous ces plans que t’as l’habitude de prévoir.
Avec Dahlia, ça a toujours été ça — elle t’a toujours forcé à voguer en terrain inconnu, loin de cette zone de confort. C’est avec elle qu’il apparaît le vrai Hadès, loin de ces masques, cette intelligence derrière laquelle t’as bâti cette arrogance pour masquer ta fragilité. Il est là Hadès, dans ce recueil sentimental auquel t’as jamais osé te confronter par peur de ne pas y arriver. Pourtant, il est là ton vrai défi, celui de ta vie — celui que t’as catégorisé comme un jeu impossible à terminer. Elle est là, la solution, pourtant, sous tes yeux. Et tu te sens de nouveau fort, en ayant retrouvé cette détermination, cet esprit de compétition et de témérité. Tu te sens de nouveau apte, et cet oeil renait, brille d’un éclat différent — parce que t’as l’impression de t’être enfin trouvé.
D’avoir trouvé ce que tu serais pour elle.

« J’suis pas amoureux de toi, et j’ai pas envie de te posséder. » Il attrape sa main — force ce contact qu’il déteste. « J’suis insupportable, faible, et je me cache derrière de l’arrogance. Je fais du mal aux autres, en tant que "A" tout ça parce que je suis incapable d’assumer mes sentiments ou mes attachements. Je veux dépendre de personne, mais je sais que c’est impossible. »

Sa main serre la sienne avec toute la force dont il dispose — toute la force de ce corps faible, frêle dans son intégralité la plus totale. Cadavre vivant ; matérialisation parfaite de ce qu’il est vraiment. Ce cadavre qu’il affuble d’un sourire, un sourire sincère comme il n’en fait jamais.

« Mais malgré tout je pense qu’on partage tous les deux cette même peur de la solitude. Et c’est ce qui nous rapproche. » Grande inspiration. « Je te laisserai pas, moi non plus. Je suis sans doute pas apte à réparer cette blessure... mais t’as plus à avoir peur de la subir, parce que je suis là, et je serai là. C’est le mieux que je puisse faire — et je le ferai. »

PV. Dahlia • Novembre • mediumpurple