Si la sensualité devait se décrire, John décrirait cet instant.
Cet instant ou il a la main d’Emma dans la sienne. Son corps contre le sien. Sa taille au creux de la main.
La musique enivre, la musique les guide - elle l’a toujours fait. Complice. Et c’est tête contre tête qu’ils se laissent porter par elle, qu’ils dansent, s’oublient, oublient tout.
Elle est dans ses bras. Dans son coeur. Dans sa tête. Ses yeux sont clos, il laisse la musique porter son corps, guide le sien, mène la danse; homme. Il sent la délicatesse, la fragilité de ses doigts entremêlés aux siens, et pour rien au monde il ne les lâcherait. Leurs corps se balancent ensemble, bercés, tendres, sensuels.
Attirés.
C’est son visage à lui qui glisse doucement dans son cou à elle, s’échappe tout aussi doucement, file dans une caresse: il s’égare derrière son oreille, dans son cou. C’est là que, sans rien perdre de la danse dans laquelle ils s’envoûtent, il effleure la peau d’Emma du bout du nez, du bout des lèvres. C’est moins qu’une caresse. C’est plus qu’un Rien. Frôle. Souffle. Electrise.
Le contact n’est pas là. Pourtant, son souffle d’homme épouse sa peau de femme. Juste assez pour qu’il voit son cou se tendre, imperceptible, en redemande. Son regard s’y perd, tout comme son souffle chaud, seule chose autorisée à s’approcher si près, à glisser sur elle, la caresser, la toucher. Il ne quitte plus ce cou des yeux, torturé de ne pouvoir y poser ses lèvres, y faire courir sa langue; y goûter.
Sa main quitte la fine taille de la brune pour prendre la sienne, et c’est sur son coeur, légèrement meurtri, qu’il la pose; elle peut en sentir chaque battement, à l’image de sa respiration:
Lent.
Profond.
Puissant.Et il garde sa main sur la sienne, la chérit comme la seule partie d’elle qu’il peut s’approprier, qu’il peut posséder. Ephémère - il ne la laissera pas s’échapper. Et son souffle voluptueux ne quitte pas son oreille, son cou, sa mâchoire. Il expire comme il fait l’amour, son nez frôlant son oreille, ses yeux se fermant, son corps entraînant le sien.
Et les coeurs, battant.
Si le sensualité devait se décrire, John aurait décrit cet instant. Cet instant qu’il a quitté d’un dernier regard fervent, bouillant, torride - mais noyé de regret, de sagesse, de résolution. Et c’est dans cette résolution qu’il se retire, aussi simplement qu’il est venu. Un simple baise-main, une révérence; il la quitte, yeux dans les yeux, disparaissant dans la foule comme il est apparu: troublant.