• Fin février • Aiden ressasse énormément les souvenirs de la soirée de Noël qu'il a passé avec Alaska, dont il tire autant de bons que de mauvais souvenirs. Il s'isole dans la salle des 4 saisons où il croise Lise, toute aussi déprimée... ou tout simplement en colère.
Il traînait son corps froid jusqu’aux méandres de la salle des quatre saisons, regard porté devant lui, comme attiré par la magie que dégageait la pièce. Curiosité meurtrière, l’ennui barré par son instinct de sorcier, l’attraction d’un corps tenu en vie par une magie ancienne. Il ne savait pas vraiment où aller, perdu, plongé dans des pensées vides de sens et des sentiments bousculés. L’homme dont l’esprit était devenu un refuge à ses émotions néfastes, champ de bataille où se bousculaient sa bienveillance et la rancoeur qu’il avait gardé enfermée. 400 ans de réflexion qui implosaient, 400 ans d’amour à l’égard d’une descendance qui ne cherchait même pas à le regarder. Certainement l’une des plus belles soirées de sa vie, et pourtant, il demeurait perturbé, dominé par les tourments de sa fatalité. Touché par la rencontre d’un soir, cette demoiselle qui parlait aux fantômes, bousculé par le rejet de son arrière petite fille. Heureusement qu’il avait retrouvé Alaska, sa précieuse amie, pas plus vieille qu’une autre mais d’une gigantesque sincérité.
Pourtant, ça lui semblait si loin. Comme l’écho d’une vie antérieure, l’effet d’un temps qu’il ne connaissait que trop bien. Tellement éloignée, mais à côté, si proche d’accès - comme la Fille au Violon qu’il avait apprit, dans toute sa distance, à apprécier. Il était perdu, malgré tout ce bien-être, dominé par son mal, dévoré par sa solitude - paralysé par cette proximité que la Mort lui offrait. Ce matin, il avait mit plusieurs minutes avant de retrouver son sens de l’odorat. Doucement, elle s’approchait, sans jamais le quitter des yeux, frappant irrégulièrement, lui laissant comme seule certitude l’ignorance totale de son proche décès. Il était jeté dans cette existence amère en connaissance de ce qui en découlerait.
Si proche du bonheur, de l’extase, de toute cette joie qui l’enhivrait. Si proche de ce qu’il avait toujours cherché, vêtu d’une peur béante de s’y laisser couler. Quelque part, cette guerre qu’il méprisait était une sorte de drogue - faire du mal à autrui pour éviter celui qui le submergeait. Ce gouffre, ces sentiments néfastes qu’il ne pouvait surpasser. Papi, Aiden, Hamish, l’expérience du mensonge. Distribuant des conseils sans même parvenir à les appliquer. Les branleurs de E, il s’en occupait - alliant son besoin de détruire à l’agacement de voir les gens gâcher la vie qu’ils avaient la chance de posséder. Sans trop s’impliquer, il utilisait à profit la cause des violets dans un système qu’il n’approuvait qu’à moitié.
Le reflet du mérite et du travail - la justice simple de la vie que les rouges devraient se résoudre à accepter. Une simple leçon de vie que sa seule existence parvenait à prouver.
Doucement il poussa la porte de la salle à l’écart du monde, pénétrant dans ce lieu magique. Un des rares endroits il se sentait agréable, espace aussi déréglé que son corps pouvait bien le demeurer. Il ne s’attendait pas à y trouver de la compagnie, préférant même se morfondre dans une solitude tellement plus facile que ce bonheur qui commençait à l’effrayer. Toutefois, il n’avait pas le choix - pas la force de sortir de la pièce malgré la présence d’une personne dans un espace qu’il aurait voulu privé. « Hello. » Un simple mot adressé avec l’accent anglais ; un autre cadeau offert des mains du temps. Il s’adossa au mur, observa longuement cette demoiselle qui lui rappelait l’autre moment de sa soirée de Noël. Le pire moment, et à la fois le meilleur de ces dernières années - se relever, reprendre son avancée pour aider cette fille qui avait déjà tout laissé tomber.
« Lise, c’est ça ? Aiden. J’ai une bonne mémoire pour les noms. » Quatre-cent ans passés à retenir toutes sortes d’informations, et malgré tout ça, cette même envie d’en savoir davantage, cette passion pour l’identité des autres entités. Il s’attardait sur le vécu des hommes, celui à la vie sans fin, accordait l’exceptionnel à ceux qui étaient d’une monotonie maladive à côté de ce qu’il était. Mais Aiden ne cherchait pas la gloire, la reconnaissance, ni même le respect que chacun lui offrait. Fantôme, il restait à l’écart des projecteurs, prêt à voir s’éteindre le peu de lumière qu’il se laissait posséder. « Tu as passé une belle soirée de Noël ? » Et pourtant, ils sonnent faux, les mots de l’immortel séducteur. Noyés dans le désespoir, dans une souffrance qui a coupé court aux moindres parcelles de son existence prolongée. Incapable de formuler des paroles simples, glisser de la curiosité dans ces phrases quotidiennes dont il avait perdu le goût.
Le fantôme voyait mourir son corps, mais aussi ce coeur qui y était rattaché.
Quoiqu’elle puisse y faire, Lise garderait toujours en elle ce côté impulsif et bref qui la poussait à prendre des décisions hâtives et rapides très peu réfléchies. Elle avait cette mauvaise habitude d’agir, puis de réfléchir consciemment et intelligemment à la situation que bien après, que bien trop tard. Cela était gênant et avait souvent l’occasion de mettre la demoiselle dans des situations quelques peu délicates, ou généralement, elle se retrouvait avec beaucoup trop de monde à dos. Et comme à son habitude, pouvoir oblige, elle réglait tout ça par la force des bras, vite fait bien fait.
Mais parfois ce côté impulsif l’emmenait dans d’étranges endroits, endroits auxquels elle n’aurait jamais songé à y passer si une subite idée ne lui avait pas traversé l’esprit. Et les endroits étranges, insolites et surtout complètement improbables, ce n’est pas ça qui manquait à Prismver. La salle des 4 saisons, ou la salle qui avait une perception différente du temps.
Elle marchait en sa direction, des questions pleins la tête déjà alors qu’elle n’avait pas encore poussée la porte qui gardait ce lieu. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle foutait là, cette salle ? Ça marche comment ? C’est possible grâce à quoi ? Ruthel ? Un don ? Sûrement. Les dons étaient la source de tous les problèmes et de toutes les solutions ici.
Lise pénétra dans la salle, claqua violement la porte sans même le vouloir, puis s’enfonça petit à petit dans la salle en jetant des coups d’œil tout autour d’elle pour ne rien manquer. Mais tout ça fut de courte durer. Un léger bruit de porte se fit entendre. Lise fit volte-face. Un visiteur ?
Si elle s’attendait à tomber sur quelqu’un ici… Enfin bon, maintenant qu’elle n’était plus seule, elle était bien obliger d’au moins saluer celui qui venait d’entrée. Ne l’avait-elle pas déjà vu ? Ce n’était pas l’un des potes de Lukas qu’elle avait rencontré au lac ? Aaron ? Non, Aiden ? Les prénoms, ce n’était pas son fort. Un truc en A, non ?
Il lui envoya un « hello », elle lui balança un « salut » comme elle savait si bien le faire. Elle détourna le regard, mais lui vint lui adresser plus longtemps la parole, ne se cantonnant pas à un simple bonjour. Il semblait se souvenir d’elle, et il confirma par la même occasion son prénom. Bien, ça évitait à Lise de poser la question et de se taper l’air un peu con. Aiden donc. Ou le type qui a 400 ans si on en croit la mémoire de la jeune fille. Elle était sûre d’elle cette fois, on ne pouvait pas oublier ce genre de détail imposant bien plus important qu’un simple prénom. Ne sachant quoi répondre, elle se contenta de hocher la tête. Pourtant, la suite de la conversation commença à réveiller la jeune fille.
La fête de Noël. Celle qui avait si bien commencé et qu’il s’était terminé avec des coups. Tout ça parce que Apolline avait décidé de fricoter avec Nikolaï, qui n’était rien de moins qu’un S, mais surtout, le S qui l’avait agressée elle et un élève de C. Elle se demanda comment il savait, puis se souvenait du bruit qu’ils avaient fait à la fête et qu’elle avait désormais son joli nom de famille ainsi que cette jolie histoire écrite sur le blog des rumeurs de Shu. Tout le monde savait, au final. Elle essayait de rester calme. Elle essayait.
-Tu te fous de moi j’espère ? Cette soirée, qui aurait pu être bien pour une fois, s’est encore mal fini pour moi. Enfin, j’imagine que tu connais déjà l’histoire. Pas la peine de t’en faire un topo.
Sujet: Re: PAPYLISE ATTAQUE POUDRE DODO Mer 11 Mar 2015 - 13:31
• Fin février • Aiden ressasse énormément les souvenirs de la soirée de Noël qu'il a passé avec Alaska, dont il tire autant de bons que de mauvais souvenirs. Il s'isole dans la salle des 4 saisons où il croise Lise, toute aussi déprimée... ou tout simplement en colère.
Simple salutation, l’amusement et l’entrain disparu de son regard comme de sa voix. Tes yeux détaillent les siens, exempte de gêne, de toutes ces manières qui t’animent, tu observes sans détour, détailles son état d’esprit sur sa simple gestuelle. Tu l’avais croisé à la fête du lac, et même si tu n’avais pas échangé le moindre mot avec elle, ces quelques heures t’avaient suffit pour cerner son caractère. Quelque chose n’allait pas, comme si, par un coup du destin, Lise avait aussi choisi de s’isoler ici pour ressasser ses mauvaises pensées. Une coïncidence espérée, sans doute poussée par la solitude qui rongeait tes os. Un peu d’empathie, c’était sûrement trop demander. Mais déjà, l’espoir se hissait dans ton regard - l’éclat blanc présent au milieu de cet océan d’ébène qu’étaient tes pupilles. Naïf, peut-être, mais son changement de comportement n’était pas dénué de raison.
Alors, sans préliminaires, sans ces questions plates et cette hypocrite curiosité qu’entraîne la politesse, tu demandes, poussé par cet élan d’espérance. Mais c’est teintée de colère que sa voix vint répondre à ta question, comme un mal nécessaire - t’offrant le confort que tu recherchais. Une soirée qui avait mal tourné, comme la tienne. Une soirée qui aurait pu être parfaite - entrecoupée d’un instant de déprime, d’une liaison forcée. Tu avais tant maudit le maître d’oeuvre, tant haït celui qui faisait pourtant tout pour t’aider. Tu avais tant voulu échapper à ce soleil indémontable, comme en cherchant la compagnie des ombres.
Le refuge aux sorcières, bourrées de ces personnes maudites, dirigée par l’unique personne à pouvoir comprendre la tristesse qui t’habite. Un homme bienveillant, solidaire, dédiant son interminable vie à améliorer celle des autres. La force qu’il t’offrait, t’inspirait ; alors que ta faiblesse te poussait à ne regarder que la fin. Vas-y Aiden, réponds-lui. Dis à cette fille combien tu la comprends - draîne toute sa lumière pour la pousser vers ton désespoir sans fin. « Je n’étais pas au courant. » L’intranet, ces machines dont tu as cessé de suivre l’évolution, ce progrès qui te rappelle combien tu es loin de ton temps. Tu ne peux même pas lui offrir le confort d’une attention compréhensive, ignorant tout de l’incendie. C’est tout toi Aiden, ne prenant même pas la peine de t’intéresser aux autres - usant de ton désespoir comme d’une excuse sans fin.
La fin est proche, pourtant, et elle fauchera ce qu’il reste de cette existence si égoïste qu’elle en devient insignifiante. Si seulement tu prenais la peine, Aiden, de poser tes yeux sur ce monde qui t’est offert - t’intéresser à cette réalité dans laquelle tu es coincée. Si tu prenais le temps d’aider, ne serait-ce que pour t’offrir le semblant d’une conscience apaisée. « Ma soirée était aussi pourrie. » Les bras qui se croisent, tu ne détaches pas tes yeux de son corps, comme la chaleur d’une attention généreusement offerte. Tu n’es pas seule à tout ressasser. Tu n’es pas seule à prétendre d’avoir bien vécu ces jours que tu n’arrives même pas à évoquer. C’est ça aussi, Aiden, l’empathie à n’en plus finir - un tel cumul de souffrances qu’il en connaît les moindres parcelles. Ce malheur d’avoir tout vécu, transformé en une fierté de pouvoir aider.
« Ça fait deux mois, je pensais être le seul à ressasser des souvenirs aussi lointain. Ça devait être éprouvant. »