more explosive • pv hadès

Il y avait un grand château blanc.
Le ciel, bleu, couverts de nuages multicolores, sur lesquels couraient des poneys ailés de toutes les couleurs. Ton regard se promena sur les alentours, observant quelques Pokémons volants, des coquillages de toutes formes, un soleil souriant. Drôle de vision - tu te contentais de hausser les sourcils, marchant dans le vide, chacun de tes pas causant une drôle de scission dans l’air. Les mains fourrées dans tes poches, à regarder devant toi, observer des dinosaures s’envoler du château, s’approchant tout doucement de toi. Tout doucement, de plus en plus rapidement - et finalement à une vitesse folle.
Dangereux,, la bouche ouverte, l’air féroce. Prédateur.
Le château se fissurait, tremblant sous le joug d’une source mystérieuse, une puissance inconnue qui le secouait. Une voix, puissante, virile, inconnue aussi qui—

« HADÈS ! »

Sursaut, tu redresses la tête de ton coussin, observes les alentours.
C’est l’après-midi, ça se voit à l’unique rayon qui… enfin, non. Ça se voit surtout sur ton réveil.
C’est qui celui-là, déjà ? Tu te relèves, observes tes habits - t-shirt League of Legends et caleçon, ça fera l’affaire. Tu te donnes le temps d’enfiler un pantalon, bailles un bon coup pour éviter d’afficher une mine trop fatiguée et jette un coup d’oeil à ton Android. Connecté à l’intranet, tu vogues brièvement entre les espaces des élèves, les Breakings News toujours vides et le blog Vendetta que tu gères.
Léger sourire à la vue des articles - maigre fierté qui t’éblouit.
Le type a l’air pressé, en colère, et tu n’as pas tellement envie de te faire assommer dans la minute alors tu accélères quand même le pas pour aller lui ouvrir. Malgré tous tes efforts, l’épuisement se lit sur ton visage, bien vite remplacé par la surprise lorsque tu vois son visage.

Tu ne connaissais pas sa voix pour ne l’avoir jamais rencontré, mais tu connais son visage.
Orwenn Goodwin, l’homme dont tu attendais la vengeance.

Tu ne l’attendais pas si tôt dans la journée, en revanche. Le réveil te pose un problème, et la seule chose qui t’empêche de fermer la porte et de laisser les S lui débouler dessus, c’est leur absence, justement. Nova gère les adversaires de ce genre pour éviter tout problème, mais dans ton cas, c’est plus compliqué. Avec un peu de réflexion et un pouvoir bien usé, la situation ne devrait pas te poser de problème,, mais avec un type qui ne contrôle pas un don si dangereux et de surcroît qui est en colère, les choses peuvent rapidement dégénérer.
C’est à tes dépends que tu as appris à te méfier des sentiments.
Tu lui ouvres la porte, l’invitant à rentrer dans le salon sans le moindre soucis, par pure politesse. Même dans la haine, dans la colère et dans une confrontation aussi directe, c’est ce genre de choses qui traversent ton esprit.
Distraction simple pour éviter la dangereuse réflexion.

« Salut Orwenn. J’me suis toujours demandé pourquoi c’est pas moi qui suis né avec ton nom de famille. »

Détendu, tu te donnes quelques instants pour prendre contenance, laissant un blanc pour que l’atmosphère redescend. Une, cinq, puis dix secondes à l’observer - ton expression change.
Plus sérieuse, tes yeux rougeoyants le toisent, l’observent, le défient. Ton vrai visage, celui du Mal.
Malgré toute sa colère, son pouvoir, tout le mal que tu lui as fait en parfaite connaissance des conséquences, tu n’as pas peur de lui. C’est un mélange d’excitation et d’impatience qui fait tambouriner ton coeur, ta confiance retrouvée.
Si l’homme qu’il observait quelques secondes plus tôt n’était qu’un no-life épuisé au réveil, celui qui lui faisait face était complètement différent.

« Toujours à défendre la cause des E, Orwenn ? A prôner l’intelligence des rouges ? Visiblement t’as laissé tomber, puisque tu es assez bête pour venir ici. »

Le Démon, le Malveillant - celui qui avait prit plaisir à détruire ses proches.
Et qui continuerait à leur faire du mal, un par un - jusqu’à ce que son propre jeu vienne à bout de lui.

« Tu es venu venger tes proches ? C’est évident, je suppose. Tu vois, je pense que ce n’est pas la raison qui t’amène ici. » Un sourire se glissa sur tes lèvres. « Tu es ici pour te défouler Orwenn. Comme je me défoulais sur Artus ou Sarah. Ne fais pas semblant d’être en colère comme s’ils t’intéressaient, on sait tous les deux que tes coups ne m’arrêteront pas. Tu te donnes juste une raison pour cogner sur quelque chose parce que tu ne vaux pas mieux que moi. »

Bluff ? Vérité ? Ce qui était certain, c’est qu’il était diablement convaincant - les mots d’une sincérité démoniaque, adressés à Orwenn, mettant à genoux son indomptable volonté.

Haine, colère, arrogance - l’explosion de sentiments négatifs, véritable tempête qui gronde autour de vous. La tension est palpable, écrase l’air ambiant, une opposition complète, un véritable paradoxe de la nature humaine à en faire suffoquer n’importe qui. Chaque instant de silence est lourd, empli d’une tension indescriptible, chaque mot est pire ; rempli d’une haine inégalée - sa colère se déroule, s’échappe, s’étend. L’explosion à son paroxysme, l’impulsivité, la loyauté face à ton calme et à ton arrogance - parfait ennemi pour toi qui aime t’étendre dans ton orgueil démesuré.
Il n’est pas si bête Orwenn, tu fais simplement comme si tu ne le savais pas.
Un rouge intelligent comme on en voit rarement, un rouge qui raisonne correctement, qui touche dans le juste, la troublante normalité - circuit de normes dont tu es exempte.

Qu’est-ce qu’il croyait ? Que c’était aussi simple que ça ?
La réalité n’a rien de simple, Orwenn, quand on a vécu vingt ans à y échapper. La façon de penser d’un fou est loin d’être accessible pour quelqu’un de si droit. Ferme ton coeur, laisse parler cet instinct qui t’anime - peut-être que tu comprendras. Impassible son oeil t’observe, détaille chacun de tes mouvements, l’arrogance submergée par sa propre prudence. A vif, prêt à répondre ; à faire face au prince écarlate.
Le Démon, sans peur à subir et encore moins à provoquer, loin de la zone de confort qui lui sied tellement.
Tension, le coeur battant d’une impatience incontrôlée, l’esprit perdu dans un désir viscérale de connaître la peur que tu n’arrives pourtant pas à lui faire ressentir.

Il n’y arrive tout simplement pas.
C’est simplement la colère qui monte, triste résolue de l’homme désespéré quand la vérité sonne à ses oreilles. Il écoute chacun des mots, et c’est parce que tu es à côté de la plaque qu’il est maintenant certain de bien jouer son jeu. Continue Orwenn, stimule cette arrogance qui le fait saigner - rappele-lui ce dégoût qui l’a poussé à tout commencer.
« Je ne l’ai jamais pensé. Intelligence mis à part. » Il ne vaut pas mieux qu’un E, et il ne l’a jamais caché. Un grand cerveau, un jeu d’acteur et une bonne façon de gérer les choses pour laisser à penser qu’il était quelqu’un d’autre.
Quelqu’un de meilleur.
Il veut pas mieux que toi Orwenn, comme tu vaux pas mieux que lui.

Rien de plus que les pions d’un jeu dont la colère était reine.
Un jeu que même lui ne pouvait gagner.

« Tu es lâche, incapable de te salir les mains. Tu ne peux pas faire ce qu’il faut pour protéger tes proches. Si tu penses que m’attaquer mettra fin à tout ça, détrompe-toi. Tu seras incapable de gagner tant que tu pataugeras dans ta propre faiblesse. »

Tout ce qu’il peut faire, c’est te frapper.
Frapper, encore et encore - te faire ressentir cette douleur de vie qui a fini par devenir une drogue du quotidien.
Continue Orwenn, continue toujours plus fort. Continue malgré cette douleur qui tiraille ses os si faibles. Fais exploser ce corps qu’il déteste - fais disparaître ce reflet qu’il est incapable de regarder. Empêche-le de se noyer dans cette honte cendrée de culpabilité.
Pourtant, malgré le plaisir qui lui monte à la gorge, il ne veut pas perdre. Le coup l’étourdit, révulse ce corps si faible et réveille son esprit si fort. Sa plus grande arme secouée par le début des hostilités, l’envie de gagner, l’envie de compétition, l’envie, l’envie, l’envie, l’envie et la fierté.
Cette arrogance qui apparaît en ce monde qu’il vient de créer.

Il n’a pas besoin de mots pour exprimer tout ce qu’il ressent, le mélange de colère que tu as réussi à réveiller - cette haine qui pimente son coeur qu’il avait prit soin de ne pas impliquer. Il avait suffit d’un mot, il avait suffit d’impliquer Zelda, il avait suffit d’énoncer Cassiopée.
Il avait beau être fort Hadès, ses faiblesses qui commençaient à peser. Affection, bonheur - dépendance dont il refusait de se séparer.
Simple caprice du gamin, égoïsme sans nom d’une âme égarée.
Il l’exprimait au travers de cette création, il l’exprimait loin de la réalité - dans ce décor brûlant d’une clarté ténébreuse, la blancheur dangereuse d’un hôpital. Il était seul face à un choix. Seul face à un Artus troublé, hanté par ce souvenir qu’il s’efforçait de refouler. Seul pour aider son meilleur ami - et pourtant, dans la pièce en face, c’était bien Sarah qui souffrait.
Sarah, face à Drew, Shane, Marwin - à ces démons qui la tourmentaient.

Ce monde bien réel, ce monde parsemées d’entités réels, existantes, souffrant silencieusement dans leur existence ignorée.
Lequel, Orwenn ? Lequel vas-tu sauver ?
Vas-tu laisser prendre le risque de croire qu’ils ne sont qu’illusions ?
Il observait, bien à l’abri de tout ça, ayant pris soin de verrouiller toute porte du bâtiment. Il savait qu’Orwenn était capable de sortir, il était simplement curieux de savoir ce qu’il ferait.

Bravo Orwenn, merci pour ça. Merci pour lui, merci pour elle.
Bravo, d’avoir ouvert si grand la porte du démon.

Des menaces, une colère qui palpite, résonne dans les couleurs vides, fait vibrer ton coeur de glace. La chaleur de cette bienveillance te transperce, éveille ton intérêt, secoue ton impassible visage d’une curiosité jamais ressentie. Au bord de l’oppression, la rage continue de grimper, son pouvoir augmente, se déchaîne - la dangerosité démultipliée par l’excès de sentiments qui le submerge. Tapis dans l’ombre, tu observes, tes yeux de flammes se délectant d’un spectacle que tu n’espérais pas voir arriver si vite.
L’angoisse, l’impossibilité de faire son choix.
Ce n’est pas un manque de courage Orwenn, mais un surplus.
Tu as beau manquer à toutes les valeurs qu’il aborde, représenter la malveillance que chacun s’exhorte à détester, ce n’est pas toi qui est en mauvaise position. Plus que jamais, tu regrettes de n’avoir pas su rester sur ta droiture - d’avoir succombé à ton propre bonheur.

Mais Orwenn n’a pas peut-être tort, perdu dans son humanité.
L’amitié peut être une force et c’est ce qui le guide dans cette obscurité.

L’éclat trop pur auquel il manquait cette touche d’obscurité, l’impardonnable faiblesse qu’il abordait.
Incapable de choisir entre ses deux proches, de se résoudre à porter ce fardeau de culpabilité d’abandonner l’un pour sauver l’autre. La manoeuvre cruelle du démon qui n’était pas sans porter une véritable leçon de morale à tout ce que sa façon d’être signifiait. Il fallait sacrifier pour avancer - et c’était ce chemin d’auto-destruction qu’il avait choisi d’emprunter, la perte de ses propres valeurs pour pouvoir tous les protéger.
Zelda, Nova, Cassiopée, Dahlia.
Et même si cette dernière était partie, l’immanquable responsabilité de sa sécurité n’avait cesse de te hanter, comme une obligation, une reconnaissance envers tout ce qu’elle avait fait.

Il avait prononcé les bons mots, et pour ça, tu ferais tout pour les lui faire oublier.
C’est jamais plus qu’une raison de te défouler, Hadès. C’est comme tu l’as dit, la poussée de colère qui t’a fait perdre le contrôle comme ça a été le cas pour Orwenn. Cercle vicieux, interminable malédiction - le début du guerre qui jamais n’en finirait.
« Si tu ne peux pas choisir, les deux y passeront. Elle est là, ta faiblesse. » De belles paroles Hadès, comme si tu étais incapable de faire ce choix inhumain. « Et pour ça, c’est eux qui finiront par t’en vouloir. »
Et pourtant, parfois, il le faut. Un jour, il le faudra - et c’est face à cette réalité que tu as décidé de le placer. Face à l’immense faille de son humanité, son impossibilité à protéger tous ses proches du Mal omniprésent qui régnait.

Pris aux pièges dans cet univers d’une innombrable cruauté.

Le monde disparaît, vous renvoyant dans la réalité - et tu l’observes quelques instants, le voyant lutter contre l’angoisse qui l’a prit à la gorge.
Tu restes immobile, le spectacle ne te touche même pas - oeil tourbillonnant dans un mélange de curiosité et d’empathie néfaste. Parce qu’en ces quelques instants, il n’y a plus de haine, plus de colère, plus d’opposition, juste une leçon à donner - celle de ce regard qu’il devra poser un jour ou l’autre sur ce monde. Ce regard que tu arbores. La désillusion a été violente pour toi, et même si tu te moques complètement de ce qui peut bien lui arriver, tu te refuses à le voir succomber comme tu l’as fait.
« Je vais te montrer ce qu’il arrivera si tu ne fais pas ce choix. » Parce que c’est à toi qu’il incombe de lui porter le coup final - de le détruire, venir à bout de cette oeuvre démente à laquelle tu aspires.

Le monde se recréé à nouveau en un instant, et, sans savoir s’il est remis de ses émotions, tu lui prépares quelque chose de pire encore. C’est à nouveau aux enfers que la descente vous mène, ce tartare d’une innocence faussée - le blanc menteur et oppresseur qui le représente. L’éternel hôpital de ses souffrances.
Et toi, caché, loin de tout - lui ôtant tout espoir de s’accrocher à la violence.
Une unique pièce cette fois, à l’image de la chambre dans laquelle il vivait depuis tout ce temps. Son lit est occupé, pourtant, par la belle princesse pour laquelle il a tout essayé. Sarah, la reproduction mensongère, voilée d’une triste réalité. Le corps dans les bras d’Artus, éprit d’une frénésie impensable pour tous, en plein ébat - l’envie nourrie par la culpabilité ressentie à l’égard d’Orwenn.
La vois-tu maintenant, la réalité qu’il doit affronter ?
Le ressens-tu, maintenant, le devoir de se sacrifier ?

Et pourtant, le Démon lui-même ne semblait pas se délecter de ce spectacle.
Freiné par sa cruauté, non ; par son incontournable réalité.

Choc. Brutalité. Violence.
Un scénario qui t’avait dévoilé dans toute ta surprise.

L’expression brûlante, chaotique, la destruction de toute sa raison et de ses sentiments, la vengeance qu’il voulait s’accorder.
La démolition de sa volonté, de tout ce en quoi il croyait et à quoi il s’était accroché. Hadès s’était contenté d’observer, de rester en dehors de cette ébullition de sentiments et de toute la souffrance accumulée. D’abord Artus puis Hannah - il avait touché à toutes les personnes qui étaient précieuses pour le E avant d’attendre son arrivée. Le provoquer, le faire craquer pour finalement lui montrer toute l’étendue de la faiblesse que sa façon de penser incombait.
Tout était fini. Sur une énième explosion, le jeu s’était terminé.

La chambre détruite, tu te contentais d’observer les dégâts nouveaux de cette humanité que tu avais de nouveau sous-estimée. L’esprit détruit jusqu’à en annihiler le monde parallèle, emportant avec lui toute la haine de votre rencontre - et toute la souffrance qui en découlait.
Sarah, Artus, la chambre.
Ce n’était qu’un monde parallèle, peut-être qu’un jour, ce serait la réalité.
Face à tout ça, tu étais muet.
Tu avais beau avoir agit de la pire des façons, tu savais qu’Orwenn ne pouvait en sortir que plus fort. Le doute le rongerait comme le tien t’avait rongé - son utopie brisée, un nouveau regard qui s’ouvrirait sur un monde bien différent.

« ... »

Et pourtant, dans ce cerveau énorme dont tu étais si fier, pas la moindre phrase ne te vint à l’esprit.
Orwenn connaissait maintenant cette même souffrance que tu avais affronté un peu plus tôt - et la tienne te poussait à agir avec un minimum d’empathie. Détestable humanité - et cette envie brutale d’y échapper te persuadait à faire montre d’encore plus d’antipathie. Observant pendant quelques secondes son corps sur le sol, tu hésitais à agir, bien trop respectueux de toi-même pour songer à le renvoyer dans un monde.
Quand bien même, après cette explosion, ta magie était perturbée.
Bouillonnante, imprévisible - comme bridée par une surprise apeurée.

« J’en laisserai un tranquille, un des deux. Alors choisis. » Tu ne savais pas s’il t’entendait, mais tu l’espérais - faire ce choix l’aiderait peut-être à se sortir plus facilement de cet état d’esprit. Au-delà de la cruauté, tu espérais le revoir plus fort, recommencer avec lui un jeu plus intéressant encore. Peut-être qu’il ne voudrait plus, peut-être qu’il n’essaierait même pas de te revoir - c’était à lui de prendre cette décision.
Tu n’étais pas du tout rancunier, mais diablement protecteur à l’égard des proches qu’il avait menacé.

Rapidement, tu observais les dégâts causés au bungalow des S qui n’était maintenant plus qu’un tas de ruines. Les murs étaient effondrés, une explosion dont vous étiez le centre. Le souffle aurait pu être mortel si tu n’avais pas été caché dans ton monde.
La magie, reflets de ces sentiments détestés.
Tu pris le temps d’écrire un message, envoyant ton lézard se dégourdir les jambes.
Sans un mot, tu quittais ta propre chambre en miettes - mais elle n’avait pas été la seule chose à avoir été ravagée par le rouge, le prince dont la loyauté avait fini par le détruire.