We're meeting again

We're meeting again

Il était à peu près quatorze heures, et je finissais d'accrocher au mur mes dernières créations, non sans une pointe de fierté. J'avais réussit à prendre des photos dans les vestiaires des filles, des garçons dans la cours, un couple en train de rompre, Hadès en train de...jouer aux jeux vidéo comme d'hab. J'avais fais des montages d'enfer avec tout ça il ne me restait plus qu'à mettre des notes. Je pris mon marqueur et comme d'habitude je notais mes propres cliché de 1 à 100, bien sûr c'était soit les personnes, soit l'intensité du moment que je notais. Un fois fait, je rebouchais mon marqueur avec la satisfaction du travail accomplit. Je remit l'objet sur mon bureau où résidait deux photos, ni retouchées, ni notée. On aurait pu croire que je m'étais prise en photo moi même, mais non. Je les rangeait précieusement dans une boite dans le tiroir. Sur ces clichés figuraient mon reflet, mon double, ma soeur jumelle Aria. Je soupirais puis m'étalais sur mon lit en serrant nounours numéro 12 dans mes bras.

Aria était arrivée à Prismver cette année, j'aurais dû me douter qu'elle développerait des pouvoirs elle aussi! Mais avec les années qui passait j'avais fini par croire qu'elle y échapperait peut être. Je me demande bien de quel pouvoir il s'agissait, peut être le même que le mien? Je n'avais pas osé la voir une seule fois, à vrai dire je l'esquivais même. Tant de temps avait passé depuis que j'était partie de la maison, cinq ou six années sans jamais reprendre contact avec elle. J'avais ignoré tous ses mails, texto, appels et autres. Je me forçais à couper le contact pour son bien, après tout on m'avait accusé de lui nuire et elle devait en être convaincue elle aussi. Je n'avais jamais oublié son regard terrorisé quand mon pouvoir s'était déclaré, m'effaçant de sa mémoire. Le sortilège s'était rompu depuis alors je devais prendre soin de ne pas la croiser. Heureusement nous n'étions pas dans la même classe! Elle avait été placée en C et moi en A. A parce que je maîtrisais mon pouvoir à la perfection, mais mes notes n'était pas aussi bonnes.

Bon il fallait que je pense à autre chose sinon j'allais encore ressasser. Je jetais nounours numéro 12 contre le mur et prit mon lézard. Je demandais à Ju' ce qu'il fichait dans l'espoir qu'il m'offre un peu de distraction. Au final j'avais toujours partagé ma chambre avec quelqu'un donc ça me faisait bizarre de me retrouver avec d'autres gens. Mais bon Jude et moi avions deux ans d'écart donc nous n'étions pas dans les même chambres c'était chiant. Il me manquer le matin au réveil, et le soir au coucher. C'est pourquoi les trois quart du temps on squattait l'un chez l'autre quitte à faire dormir un pensionnaire dehors! Je laissais partir mon lézard et attendis la réponse. J'attendais, encore et encore. Pour faire passer le temps, je pris ma 3DS et allumait ma version de Nintendogs. Tous mes animaux avait des noms de prof et je leur apprenait de super tour juste au son de ma voix. toujours pas de retour de Justfab. Je me mit à tuer le temps en allumant la ps4 puis je rageait de ma défaite.

Je n'y tenais plus, j'aurais ma réponse plus facilement en me levant pour y aller! A ce rythme là le reptile ne me rapporterais pas de réponse avant demain. Ce n'était pourtant pas dur, il suffisait de le flatter pour qu'il remette le message. Pourquoi sur tout les lézard du monde, je suis tombée sur le seul avec un égo démesuré?! Ahhh les texto me manquaient parfois. Je sortit du bungalow en trombe quand je percutait une personne, qui passait visiblement par là. Sérieusement?! il fallait que ce soit devant mon bungalow pile au moment ou je sort?! Je remit mes cheveux en place et vit que l'obstacle m'ayant percuté avec les même cheveux. Ok les filles maintenant on arrête avec cette couleur, c'est la mienne et elle ne va qu'a moi! En plus elle avait copié mon style j'en revient pas! Cette copieuse allait passer un sale quart d'heure!

- Dit donc toi! On t'as jamais dit de regarder devant quand tu marche?! Et puis ce rose dans les cheveux c'est ridicule et ça ne te va pas du...

Oh. On aurait cru que je m'étais prit le miroir en pleine face. Alors je le répète, pourquoi avait il fallut que ce soit maintenant devant MON bungalow. Je pouvais peut être rebrousser chemin, rentrer dans ma chambre et faire comme si de rien n'était? Je pouvais peut être utiliser mon pouvoir pour lui faire oublier ce qu'il venait de se passer? Un silence pesant s'abattit sur nous et rendait la situation vraiment gênante. Ma soeur Aria venait de réapparaitre devant moi après tout ce temps passé à l'éviter . Je déglutit difficilement ne sachant pas à quoi m'attendre.

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La ressemblance était toujours à s'y méprendre!! D'ailleurs je m'étonnais qu'on ne m'ait jamais prise pour Aria, et que heureusement on ne l'avait jamais prise pour moi. La couleur de l'uniforme devait y être pour quelque chose je présume. Peut être que certaine personne pensions que nous ne faisions qu'un. Bon j'avais plus urgent à penser là! Elle n'avait pas changer, un peu comme moi au final? Elle avait la même couleur de cheveux, le même regard, tout était identique à ceci près qu'elle avait grandit et que c'était devenue une jeune femme. Elles étaient loin les deux ptites ado qui parlait de jeux vidéo, de concerts et de convention manga.

Je crois que je m'attendais à toute les réactions de sa part. J'avais imaginé cette scène des centaines de fois dans ma tête, sous tout les angles différents, et la situation la plus fréquente était son poing dans ma figure. Après tout j'avais user de mon pouvoir sur elle à deux reprises, je n'avais jamais répondu à ses recherches, et je l'avait esquivée sans cesse, ne revenant jamais à la maison. Mais je ne m'attendait absolument pas à la voir pleurer. J'étais déstabilisée et ça c'était très mauvais, je devais vite réagir pour me sortir de cette situation. Je n'avais pas le courage d'user à nouveau de mon pouvoir de persuasion pour lui faire croire qu'on ne s'était jamais vue. Et puis les gens allait forcément finir par jaser. "Tiens il y a ton sosie à l'école", "Tu ne m'avait pas dit que tu avait une jumelles". Tout y passerais, les élèves, les profs, les surveillants au final elle serait forcément au courant que je suis là. Mais je ne voulais pas assumer, j'avais tant de choses à expliquer et puis elle allait me détester de toute façon. Autant mentir et faire comme avec les forains, dire que j'avais perdu la mémoire.

-Mais c'est dingue qu'on se ressemble autant! Qui es tu, une métamorphe? Pourquoi as tu prit mon apparence?!

Ces mots étaient autant de lames de poignard que je m'enfonçais dans le ventre. Mais j'étais devenue une excellente menteuse et je savais tenir mon rôle. Ceci dit avec elle c'était difficile, j'était partagée entre l'envie de fuir et de la serrer dans mes bras. Je sentais son parfum d'ici, je sentais l'odeur de la maison mais je ne pouvais pas me laisser aller. Je fit le vide dans mon esprit et laissais la froideur se rependre.  Je fis un pas en arrière pour me donner un air effrayé et aussi pour mettre plus de distance entre nous. Si je faisais volte face, je pourrais retourner dans le bungalow et m'y enfermer. Mais à quoi bon? Il faudrait que je sorte à un moment. Je n'avais qu'à lui balancer mon nouveau nom et ainsi peut être qu'elle admettrait que je ne faisais plus partie de son monde.

-Excuse moi mais tu m'as vraiment fait peur, pourquoi pleures tu? Et comment tu me connais? Je veux dire tu as dit mon nom : Delphia, Delphia Anarosae.

Je ne pouvais plus prononcer le nom de Walker, il était mort pour moi, ne représentait plus rien. Les vestiges d'une ancienne vie que j'avais eut du mal à fuir mais j'avais réussis finalement et je ne comptais pas revenir en arrière.

We're meeting again

Il fallait que je tienne.  Juste un peu plus longtemps, après quoi je pourrais feindre de tomber dans les pommes, je pourrais esquiver ou hurler au secours. Je ne devais pas céder à la tentation, j'avais résisté si longtemps! Je n'aurais qu'à retrouver un élève qui à le don d'amnésie pour me faire tout oublier à nouveau. Oublier quel genre de personne j'étais et combien il était difficile de mener ma vie. Je la fixais droit dans les yeux sans me démonter, si je fuyais son regard elle se rendrait compte de quelque chose forcément. On dit qu'il est impossible de duper son jumeau mais je me devais d'essayer, pour elle, pour nous. J'étais une personne mauvaise et néfaste et je ne m'étais pas améliorée en grandissant. Elle ne devait pas se rapprocher de moi ni rien découvrir. Elle s'approcha d'ailleurs, j'ignorais ce qu'elle allait faire quand soudain elle m'asséna une gifle en pleine figure. J'étais soufflée, sans voix. Enfin le geste que j'attendais, que je méritais même si j'avais l'impression qu'on m'avait fouettée.

Je reculas à mon tour en touchant ma joue endolorie. La brulure était libératrice et me permettait d'atténuer ma culpabilité, me punissant pour ces années d'absence, mais je méritait pire que ça pour l'avoir abandonnée. Vas-y Aria, déteste moi, hait moi! Rends nous la tâche plus facile si ça peut t'aider à t'éloigner et à ne plus entrer en contact avec moi. Ils avaient raison depuis le début, je suis une mauvaise influence, je suis dangereuse pour toi, je pourrais te blesser à nouveau. Je ne devait pas laisser mes émotions prendre le dessus, malgré les larmes qui menaçais de couler et la boule dans ma gorge, je devais tenir la tête haute et ne pas flancher. Putain, envoie moi ta rancoeur soeurette fait moi sentir ton aversion et ton dégout afin qu'on s'oublie et qu'on ne se parle plus. C'est le seul moyen qu'il me reste pour te protéger. Je ne sais que te faire souffrir et je mérite le même sort en retour. Mais alors elle me sortit une tirade flagrante de mon échec.

Bien sûr qu'elle me connaissait mieux que quiconque, la duper m'étais impossible. Du moins pas sans utiliser mon pouvoir. J'hésitais un instant à l'utiliser mais le souvenir de la dernière fois me paralysais, j'étais incapable de reproduire le même geste. Je me revoyais la prendre par les épaule, planter mon regard dans le sien et lui dire que je n'avais jamais exister. Je ressentais encore les effets de ma tromperie, la gorge nouée empêchant les mots de sortir, ma voix tremblante et les frissons qui me parcouraient. Puis son regards vide et éteint le temps qu'elle m'efface artificiellement de sa mémoire. Je crois qu'il n'y a pas plus douloureux comme acte. ma main glissa de ma joue rougie jusqu'à ce grain de beauté que mon avions en commun, j'étais consciente de me trahir en agissant ainsi mais ce fut un reflexe. Le pire ce fut ces supplications. J'étais condamnée à les entendre de vive voix alors que je les avaient ignorées pendant tout ce temps. Comme il était simple de fuir plutôt que d'entendre sa voix.

-Je...Je ne...

Que dire? Par quoi commencer? Tout était perdu d'avance je ne pouvais maintenir un mensonges aussi gros quand on fond d'elle même elle était convaincue de ce qu'elle avait sous les yeux. Après tout elle m'aurait reconnue sous n'importe quel déguisement. Je ne pouvais plus me défiler et je sentais le pression s'accumuler, pour le première dans ce pensionnat je me sentais acculée, dos au mur. Je devais me taire, je devais la protéger à tout prix! Mais à quoi bon, maintenant qu'on en était là...Ohhh j'avais l'impression que ma tête allait exploser. Sa petite voix suppliante eu raison de mes derniers rempart, ma voix se brisa d'un seul coup.

-Ils...Ils ont dit que je t'avais blessée! Que j'étais dangereuse pour toi! Je n'avais pas le choix! Alors déteste moi, méprise ce je suis mais ne me dit pas que tu veux rester avec moi!

Je canalisais vraiment mes larmes pour me montrer forte malgré ma voix chevrotante. A présent je n'avais plus le choix il fallait que je le fasse, je devais disparaitre à nouveau de sa mémoire, quitte à devoir fuir l'école. Je la saisit à nouveau par les épaules et plongeais mon regards dans le sien. C'était troublant de la voir d'aussi près. Elle avait grandit, elle sentait bon, elle était si jolie et si vulnérable...Aller Delphia après tout ça ne serais qu'un mauvais souvenirs.

-Je suis désolée Aria mais je ne peux pas t'imposer cette vie...Je dois le faire.  

We're meeting again

Je crispais mes mains sur ses épaules mais la répétition de ce geste me traumatisait profondément. Je n'aurais jamais pensé avoir à le refaire un jour. Mes jambes tremblaient presque, j'avais envie de vomir. Mais j'étais forte, assez pour ça, je pouvais m'effacer de sa vie à nouveau même si c'était égoïste! Mais étais je prête à tout perdre à nouveau? J'en perdrais la raison cette fois c'était sûr. J'allais perdre pied pour de bon avec tut ce qui s'écroulait déjà autour de moi à longueur de temps. J'étais incapable de garder quelque chose, de construire une relation stable. Je détruisait tout, tout le temps et je recommençais, comme une enfant qui reconstruit inlassablement son château de carte. J'étais le courant d'air qui foutais ma vie par terre. Comment pouvais je nier à ce point les sentiments de ma jumelle? Je ressentais sa souffrance répondre à la mienne et l'amplifier dès lors que j'eus plonger mon regard dans le sien. J'avais oublié à quel point les jumeaux étaient liés, et que ce que l'un ressentait, l'autre l'éprouvait également. J'avais rompu ce lien sacré en sortant de sa vie et je nous avait isolées alors que nous n'y avions jamais été préparées. Ces questions achevèrent de me déstabiliser.

-Tu as donc vraiment oublié cette nuit là...Ce serait trop long de tout expliquer Aria, mon don est une seconde pour toi, je peux disparaitre de ta vie et ne plus t'infliger cette influence néfaste que j'ai eue sur toi.

Ces mots avaient le goût de cendre dans ma bouche, c'était mot pour mot ce que m'avait dit les parents quand il avaient compris pour mon don. Je n'avais qu'à m'effacer de leur vie à tous. Ce que j'infligeait actuellement à ma soeur était le reflet de ces paroles. C'était la preuve que je ne pouvais rien lui apporter de bon et je n'étais qu'un monstre qui la blessait. Pourtant elle avait l'air décidé à me croire, à s'accrocher à moi. Et D'un coup, elle se jeta dans mes bras, rompant net le lien visuel entre nous et annulant mon pouvoir. J'étais désarmée, elle était si chaleureuse, comment pouvait on briser un être comme elle? Ces mots firent monter une boule dans ma gorge, je crut étouffer tant elle était sincère. Les larmes me dévorèrent les yeux, piquantes, elle roulèrent le long de mes joues pour retomber directement sur les épaules de ma jumelle.

-Excuse moi Aria, pardon, pardon! Je t'ai abandonnée et j'ai foutu ma vie en l'air sans penser à toi! Mais j'avais tellement peur, et puis je lisais la haine et la crainte dans les yeux de nos parents! Je n'aurais pas du te sous estimer ou au moins t'emmener avec moi!

Je lâchais un râle de frustration et de désespoir. Tous ces sentiments enfouis, ces mots que je m'était interdit de prononcer, ils pouvaient enfin sortir. L'abcès venait enfin de percer et je pouvais respirer un instant. J'avais tellement voulut les dires ces mots, lui écrire, exprimer ce que je ressentais, lui dire que je ne l'avais pas oublier mais alors je savais que je devras parler de tout le reste. Etait elle prête à entendre ce que j'avais la dire? La femme que j'étais devenue? J'avais fait tellement de choses inavouable, à moi, aux autres. C'était mon double et elle pourrait me comprendre mais j'avais peur du rejet, éternellement.

-Je vais devoir tout te raconter mais promet moi de ne pas me rejeter, peut importe ce que tu pourra entendre, promet moi d'écouter jusqu'au bout et alors je nous laisserait une seconde chance. Cependant si tel est ton souhait, je pourrais effacer tout ça.

Je la pris par la main pour l'emmener à l'intérieur du bungalow, loin des oreilles indiscrètes. Les photos et les montages que j'avais réalisés, trônaient fièrement au mur, provocation gratuite dénonçant mes méfaits. Les notes au marqueur rouge flamboyaient dessus mais qu'importe, j'avais décidé de ne plus avoir de secret pour elle. J'ouvris le tiroir et prit les clichés secrets que j'avais d'elle depuis son arrivée. Je savais qu'elle était là et je n'avais rien dit jusqu'à lors.

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C'était dingue, totalement dingue. C'est comme si les cinq dernières années n'avaient pas existées, comme si nous avions toujours vécue l'une avec l'autre, allant à Prismver ensemble, continuant de nous raconter nos petites histoires. La complicité, les rires, les mimiques, tout était là comme avant. Comment faisait elle pour me pardonner aussi facilement? Non, comment avais je pu me tromper à ce point sur elle, pensant qu'elle ne me pardonnerait jamais. Même avant, j'avais effacé sa mémoire et j'étais partie comme si elle ne m'aurait crue. Mais c'est moi qui n'ait pas cru en elle, j'ai douté alors qu'elle avait toujours eut foi en moi.

-Oh Aria...Je suis morte de honte, j'ai douté de toi, de nous. Mais plus jamais tu m'entends plus jamais je ne douterais!

Si seulement je pouvais rattraper le temps perdu ou le remonter. A présent j'étais dans cette affreuse situation, la boule au ventre, obligée de tout lui raconter. Je savais que ce moment viendrais, que je n'y couperai pas. Je n'avais plus le choix, j'avais assez reculer, il était temps de sauter à présent. Je pris les photos et les rangeait comme pour gagner du temps, mettant de l'ordre dans mes idées. Par quoi commencer? Sachant que j'avais perdu un morceau de souvenir moi aussi. Autant commencer par ma fugue. Je lui prit les mains et commença mon récit.

-Tout d'abord je vais t'expliquer pourquoi j'ai du te convaincre que je n'avais jamais existé. J'ai découvert mon pouvoir de la pire façon qu'il soit : En le testant sur toi. Je n'en savait rien alors, il ne s'était jamais manifesté. Mais je t'ai regardée et d'un coup tu as fait comme si je n'existais pas. Ça n'a pas duré longtemps mais tu était terrifiée et quand je t'ai ramenée, nos parents m'ont traitée comme un monstre. Je voyais la haine et la crainte dans leur yeux et je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Tu allais si mal, que j'ai préféré fuir, mais je savais que je te briserai le cœur. Dans la nuit je me suis finalement levée, j'ai fait mes valises puis je t'ai de nouveau convaincue que je n'existais pas, que tu m'avais rêvée et je suis partie.

Je m'arrêtais enserrant les poings, lâchant les mains de ma jumelle un instant. Les larmes menaçaient de couler et ma gorge me brulait. Ce souvenir était le plus douloureux de toute ma vie et j'avais du mal à l'évoquer. Je déglutit pour faire redescendre la pression et continuait.

-Après ça j'étais perdue, j'ai marché, marché, marché encore! je ne sentais plus mes jambes et puis je me suis écroulée de fatigue. Le choc me fit perdre tout repère et le lendemain je me réveillais dans une caravane. Ça sentais le foin, les animaux, j'avais aucune idée d'où j'étais et ça m'a traumatisé encore plus. Mon cerveau faisait blocage j'étais incapable de dire mon propre nom ou d'ou je venais. Alors j'ai inventé un nom de famille, et les forains chez qui j'avais atterrit on dit m'avoir trouvé sur le bord de la route sans papier ni rien, juste deux valises.

Finalement je souris à l'évocation de la foire. Ma deuxième famille, ceux qui m'ont tout donné, qui m'ont acceptée comme j'étais et qui m'ont aimée plus que mes propres parents.

-Il m'ont donné un pti boulot et j'ai rencontré Jude un garçon hyper dérangé mais génial, il est à prismver lui aussi! Je te le présenterai. Bref, les souvenirs ont fini par revenir et j'avais peur de dire que je savais d'ou je venais car je ne voulais pas qu'on me force à y retourner. J'ai donc été voir un juge pour enfant et j'ai demandé l'émancipation. Le juge m'a permis de changer de nom et je suis devenue Delphia Anarosae. Je n'ai jamais eu le courage de répondre à tes message ou de retourner te voir. J'avais peur que tu me haïsse toi aussi, que tu me rejette. Et puis en début d'année j'ai vu que tu était admise toi aussi à Prismver, ça m'a fait un choc alors j'ai décidé de t'éviter au maximum mais je n'ai pas pu m'empêcher de te photographier de loin pour t'admirer. Et voila tu es là devant moi c'est un truc de malade. Et toi raconte moi!! Qu'as tu fait pendant tout ce temps!! Et ton pouvoir? Explique!

Je n'avais pas eu le courage de lui parler de mes addictions dangereuses, de mes méfaits avec Jude ou de me relations houleuses avec le prof d'histoire. Mais on avait le temps, beaucoup de temps à présent.

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Bien sûr ma jumelle n'était pas stupide et elle pouvais dire quand je mentais ou quand je cachais des choses. Mais nous aurions le temps d'en reparler plus tard, c'était tacite entre nous sans que nous n'avions besoin de parler. Cette sorte de télépathie m'avait manquée honnêtement. Je n'avais jamais été autant sur la même longueur d'onde avec quelqu'un. Peut être avec Jude? Oui sûrement, il aurait pu être notre triplet! Je voyais bien pour ma part qu'elle avait du mal à dissimuler ses émotions. Cependant quand elle me raconta sa vie, chez nous, je me surpris à n'éprouver aucune nostalgie. Cette période était révolue, je l'avais tuée mainte et mainte fois dans ma tête. Ce n'était même plus un horrible souvenir, c'était rien. Je n'éprouvais pas le besoin de revenir ou d'y repenser, j'étais heureuse loin d'eux, ceux qui n'étaient même plus ma famille à vrai dire. Je me forcait à sourire our donner le change mais personne nema manquait. Je ne voulais que ma soeur, et à présent je l'avais pour moi toute seule.

-Laisse tomber cette Emy, si tu veux mon avis, ceux qui ont peur de notre différence ne sont pas fait pour nous. Elle ne te mérite pas cette idiote, je te présenterais des gens cool ici si tu veux. Tu veux bosser dans la chimie ou les jeux vidéos? C'est cool ça!

J'avais étéun peu sèche avec cette Emy, mais quiconque n'appréciait pas la présence de ma soeur pouvait aller se faire voir. Dire que d'autre personne ont profiter de sa présence, de sa joie, de son sourire tout ce temps. Mieux vaut ne pas y penser ou je deviendrais dingue. J'oubliais qu'il y avait une vie pour ceux qui n'entrait pas à prismver dès leur plus jeune âge. Alors comme ça elle avait été au lycée, passer son bac, rencontrée pleins de gens normaux. Ça me faisait bizarre de voir à quel point nos vies avaient été différentes. Moi déscolarisée puis entrant à Prismver, et elle petite étudiante normale suivant son cursus jusqu'au diplome. Finalement nous nous retrouvions au même endroit.

-Tu as un pouvoir de manipulation toi aussi?! C'est dingue à quel point notre lien de jumelle est fort! Nos pouvoirs sont presque identiques, toi tu manipules les corps et moi les esprits. Nous allons être redoutables à deux. Tu sais il ne faut pas hésiter à te servir de ton pouvoir, je t'apprendrais si tu veux, c'est facile! Tu arrivera peut être même en A qui sait! Ce serait super d'être dans la même classe non? Aller viens je vais te faire visiter un peu!

Je lui prit la main et sortit de la chambre avec elle. Ça allait faire bizarre à certains étudiants de voir double. J'étais remplit de joie de pouvoir à nouveau me promener avec elle, rire de tout et se raconter nos vies. C'était comme avant mais en mieux, beaucoup mieux!