[ Premiers pas ]- Alwine Rolfdottìr/ Leann de Laine

Premiers pas. [Leann de Laine]

Alwine ne savait littéralement plus où se mettre. Jusqu'à présent, l'idée d'intégrer Prismver l'avait enthousiasmée plus que de raison, seulement maintenant qu'elle se trouvait dans ce hall immense fourmillant d'élèves, son euphorie s'était évaporée. De nombreux étudiants fraîchement arrivés semblaient déjà avoir fait connaissance et avaient formé de petits groupes.
Alwine se sentait minuscule, elle aurait voulu que son frère soit là. Il l'avait accompagnée jusqu'à la grande porte puis s'en était allé car " il lui fallait en franchir le seuil toute seule " . Cette espèce de gros lâcheur.
Elle était bien trop timide pour oser adresser la parole à qui que ce soit et l'angoisse commençait  lui monter à la tête, tant et si bien qu'elle se mit à avoir des vertiges. Aussi décida t'elle de partir en quête d'un endroit plus tranquille. Elle entreprit de gravir les marches d'un immense escalier qui aboutit sur un long couloir donnant sur de nombreuses salles. Sur chacune des portes se trouvait un écriteau : laboratoire, salle informatique, musique ... mais le premier étage n'était pas celui qui intéressait la jeune illusionniste. Sigurd lui avait parlé d'une salle du quatrième étage, un endroit magnifique, la Salle des Quatre Saisons . A l'intérieur de celle-ci, la météo pouvait changer radicalement d'un moment à un autre et les paysages se transformaient au grès des saisons, passant d'un camaïeu de couleurs chaudes et automnales à la palette froide et bleutée de l'hiver : Il fallait qu'elle voit ça. Et puis l'exaltation ambiante du rez-de-chaussée lui permettrait peut-être de profiter d'un cours instant de solitude, ce dont elle avait grandement besoin.
Ainsi franchit-elle les marches des escaliers silencieusement (presque religieusement) jusqu'au quatrième étage où elle se mit à la recherche de la pièce qui attisait tant sa curiosité. Son regard parcouru les lieux un moment, s'attardant sur les longs rideaux de velours d'un rouge royal qui descendaient jusqu'au sol dans un drapé des plus majestueux. Tout ici semblait comme "détaché" du reste et le contraste avec les autres étages était tout à fait saisissant. Le silence qui régnait n'avait rien d'oppressant, au contraire, seul le son de ses pas assourdit par la moquette qui tapissait le sol se faisait entendre.Et soudain plus rien. Alwine s'était arrêtée devant une grande porte en bois massif ornée d'un heurtoir, une tête de cerf tenant dans son museau un anneau en argent. Cette porte ne présentait pas d'écriteau, mais la petite norvégienne savait que c'était celle qu'elle recherchait. Elle souleva l'anneau qu'elle pensait plus lourd qu'il ne l'était en réalité et frappa trois coups qui résonnèrent surement dans tout l'étage. La porte s'ouvrit  et une bourrasque glaciale vint l'accueillir. Un long frisson parcouru ses avant-bras. Elle ferma les yeux et fit un premier pas, puis un second, et un troisième. Plus elle avançait, plus la froide brise qui la poursuivait semblait se réchauffer. Son pied heurta un obstacle et elle se décida enfin a ouvrir les yeux. L'automne. Partout des feuilles rouges, jaunes , oranges, et quelques survivantes ( toujours vertes) . Une bonne odeur d'herbe mouillée et de pluie vint lui chatouiller les narines. Elle ne pouvait pas rêver mieux.

Premiers pas. [Leann de Laine]

Je pris une profonde inspiration, emplissant mes poumons d'un oxygen neuf. Je tendais l'oreille: le bruit des feuilles qui craquaient sous mes pas, le frémissement des branches balotées par le vent, les gargouillis d'un ruisseau qui devait être tout proche et le claquement de la porte qui se refermait derrière moi. Il ne fallait pas que je m'attarde trop, je devais encore trouver la chambre qui m'avait été attribuée et récupérer mon ... mon lézard, je crois ? (une modalité que je n'avais pas encore bien compris)
Je songeais à passer les dix prochaines minutes ici en attendant de devoir rejoindre mon "parrain" quand j'entendis un craquement à quelques mètres de moi. Je fis volte-face pour me retrouver nez-à-nez avec une fille, probablement du même âge que moi, qui sous l'effet de la surprise se figea instantanément.
   -Hm...Salut ?
Elle était toute simple. Ses longs cheveux bruns tressés en deux nattes bien régulières tombaient sur chacunes de ses épaules et ses yeux vert clairs pétillaient derrière ses lunettes rondes à fine monture métalique.
Perplexe et ne sachant que dire, je me contentais de la fixer jusqu'à ce qu'elle poursuive, peu sûre d'elle :
-Je m'appelle Leann De Laine, je suis nouvelle ici. Tu t'appelles comment?
Le choc. Personne n'était venu volontairement vers moi depuis au moins ... En fait je ne me rappelait même plus. Non pas que je n'envisageais pas la possibilité que cela se reproduise un jour. Disons plutôt que j'avais oublié cette éventualité ! D'habitude les gens passaient près de moi sans trop y prêter attention. Ou au contraire, lorsqu'ils remarquaient ma présence, ils me gratifiaient de regards en biais tout ce qu'il y a de plus "chaleureux". Autant dire que la première option avait ma préférence.
Un silence gênant s'installa.
A son tour elle me fixait, attendant patiemment une réponse de ma part (ce qui, au vu de ma stupeur, n'était pas prévu au programme ). Après un instant, elle fronça les sourcils et m'adressa un regard interrogateur, empreint d'une légère inquiétude.
Je pris mon courage à deux mains avant de prononcer un inaudible :
-Alwine ... Je m'appelle Alwine.
Le visage de la jeune fille s'illumina d'un sourire satisfait. Le regard rassurant de cette "Leann de Laine" me mit en confiance. J'ignorais pourquoi mais j'avais envie de lui répondre , voire même ( soyons fous) d'avoir une conversation avec elle. Elle  avait l'air gentille et pour une fois, j'avais la sensation qu'on ne m'adressait pas la parole dans le but de se moquer de moi. Je redressais légèrement la tête avant de poursuivre.
-Je suis nouvelle aussi, j'explorais les lieux. Je me sent un peu perdue ici, et il y a beaucoup de monde. Je ne sais même pas où je suis supposée aller…
Force était de constater que mon interlocutrice était bien mieux informée que moi. Elle arborait un uniforme flambant neuf qui lui allait à ravir et ses grandes lunettes aux verres impeccables me firent comprendre qu'elle était du genre "organisée" (ou du moins, plus que je ne l'était moi même...) .
Peut-être allait-elle pouvoir m'aider ?

Premiers pas. [Leann de Laine]

Leann m'expliqua brievement ( mais efficacement ) ce qu'il fallait que je fasse et soudain je fût prise d'angoisse. Étais-je vraiment si en retard ?! Je n'avais aucune envie de passer pour une tir-au-flanc dès mon premier jour! Je remettais avec empressement mon sac sur mes épaules et me remémorais les étapes dans l'ordre:

Numéro un. Uniforme, bâtiment administratif.

Deux. Le test très important. ( Celui-ci m'angoissait définitivement. Et si je finissait en E? si j'était de ceux que l'on qualifiait de cancres ? Sigurd m'avait parlé d'eux. Lui était en A, et apparemment, il s'agissait de l'élite de l'école. Les classes était caractérisées par un code de couleurs, chacune en ayant une qui lui était propre. Je jetais un œil à celle de ma camarade: Violette. Sa cravate était violette, le même violet que celle de mon frère, j'en déduisais que la jeune fille face à moi était en A. Je croisais inconsciemment les doigts, priant pour être moi aussi dans cette classe qui semblait être ce qu'il y avait de mieux dans cette école, pour marcher dans les pas de mon frère qui maîtrisait son pouvoir à la perfection. )

Et trois, le "guide" et la clef. Cette dernière partie restait assez floue, mais pour l'instant, c'était le cadet de mes soucis. Il fallait que je fasse vite si je ne voulait pas être cataloguée "indisciplinée" dès la première heure passée dans cette école.

"Je te remercie pour ton aide, vraiment! Je dois y aller, je ne veux pas être en E ! "

Mes mots était venus du coeur, et je les avait prononcés sans même y avoir réfléchit.
Je pressais aussitôt le pas en direction de la sortie, les jambes chancelantes sous l'effet du stress.
J'atteignis rapidement la porte et m’apprêtait à partir, laissant prématurément ( et à regret ) mon tout premier contact dans cette nouvelle école, et ce lieu magnifique où je me promettait déjà de revenir. Je posais la main sur l'énorme poignée de la porte quand une question, idiote mais néanmoins nécessaire me vint à l'esprit.








"Mais en fait... C'est de quel côté le bâtiment administratif ? "