Sujet: {{« to ashes ; ft magnus Dim 22 Nov 2015 - 17:07
my heart does burn down slowly ; to ashes, to ashes ; ▬ FT MAGNUS
{{« Sortir. Sortir. Sortir. Un credo qui résonnait dans ton crâne décidé à le faire exploser. Telle une furie tu quittas Allyson, bousculant l’infirmière sur ton passage qui commença à te crier de rester. Le monde était devenu silencieux, pesant ; tu détestais déjà cette absence qui écrasait ton cœur. T’avais besoin d’air ou t’allais couler, tu te noyais, tu te débattais et t’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire pour t’en sortir. Lorsque le ciel se dessina enfin au-dessus de toi tu ne te stoppas pas, pas même lorsque tu croisas quelques connaissances qui t’appelaient, inquiets. T’avais oublié ton nom, t’avais oublié tout ce qui te définissait. Tu n’étais qu’un vulgaire trou noir, à qui on avait arraché l’existence d’une seule main.
T’avais laissé la connerie s’emparer de ton esprit, et tu sentis tes premières larmes rouler le long de tes joues, s’arrêter à l’arrête de ta mâchoire pour s’écraser sur ton t-shirt chiffé. Chiffé par les mains d’Allyson. Tu poussas un sanglot rauque, étouffé alors que tu te stoppas dans ta course. T’étais en apnée, t’arrivais plus à respirer, l’angoisse montait de plus en plus alors que tu sentais le sol défaillir sous tes pieds. Tu ne savais pas quoi faire, alors tu te remis à courir, sans but précis. Tu traversas les foules surprises de te voir dans un état pareil, toi qui souriais d’ordinaire, toi qui étais celui qui remontait toujours le moral des troupes. Comme si tu n’avais pas le droit, toi aussi, de ne pas aller bien. C’est que des conneries tes sourires, tes blagues, tes rires. Parce que ça fait bien longtemps que tu caches les fissures avec un maquillage de cinéma. T’avais peur, peur que ça recommence, peur que tout ça, c’était par réel, peur de tous les perdre une fois de plus, peur de t’endormir et de ne jamais de te réveiller.
Le chiffre 10 en métal se présenta alors sous tes yeux ; t’avais rien prévu, rien demandé. Tu poussas la porte et la fermas, puis t’adossa à celle-ci, le regard vide. T’étais mal, terriblement mal, t’avais l’impression que rien ni personne ne pouvait te sortir de là, que t’étais tombé dans un gouffre tellement profond que tu ne pourras jamais ne sortir. Pourtant ton instinct t’avait guidé jusque-là, sans véritable raison apparente. Besoin de retrouver ses repères, ceux qui ont toujours été là probablement. Alors que pourtant, tu te sentais terriblement seul. Seul à en crever.
Sujet: Re: {{« to ashes ; ft magnus Sam 5 Déc 2015 - 20:52
• DATE • Mag' s'emmerde seul au bungalow. Quand Willow rentre et qu'il le voit dans tous ses états il commence à flipper un peu. Un peu seulement, hein.
Le son de la radio allumée pour combler le silence et la non présence de tes amis, pour tenter d'effacer le bout de solitude qui te bouffait l'estomac à chaque fois que tu restais seul. Parce que depuis vos retrouvailles tu supportais de moins en moins leur absence, et en grand égoïste que tu étais, t'aurais voulu qu'eux deux ne soient qu'à toi. Mais t'avais beau être possessif avec ces deux-là, bizarrement tu l'ouvrais rarement, tu râlais pas assez à ton goût et t'avais beau essayer, t'arrivais jamais à faire plus que ça. Plus que ces blagues idiotes auxquelles ils avaient droit tous les jours, et ces phrases que tu trouvais tellement clichées mais qui sortaient toutes seules : "Bande de lâcheurs", "faux-frères" et t'en passe des dizaines. Tes doigts glissent sur le radiateur brûlant de la cuisine, t'as froid. Parce que tu détestes être tout seul malgré ta nature solitaire ; depuis eux en fait. Rapide passage par le frigo, t'attrapes une canette de coca que t'embarques tranquillement jusqu'au salon, puis tu te laisses tomber salement sur le canapé -qui sera sans doute plus confortable que le rebord de l'évier que t'avais dans les reins depuis bientôt 1 heure.
C'est pas comme si t'avais pas d'amis non plus hein, mais bon. Chacun ses fréquentations.
Ça t'faisait quand même sévèrement chier de rester là sans avoir rien à faire. Rien envie de faire, surtout. Mouvement de doigt habile, tu ouvres la canette pour en boire quelques gorgées et la poser sur la table basse. Puis c'est un soupir las qui fend tes lèvres, soupir long et presque déprimé. Le même que tu sortais en Australie, quand t'était tout seul chez toi. Quand ils n'étaient pas là et que tu te sentais oppressé. Ce même soupir que tu détestais au final.
Idiot Magnus.
1, 2, 3 not only you and me Got one eighty degrees and I'm caught in between Britney en fond et les yeux qui se ferment, tu t'endors sans t'en rendre compte, allongé sur le sofa, mains sous ta tête.
Puis y a la porte qui s'ouvre, ce fracas sourd à tes oreilles, ce bruit de corps qui tombe et des sanglots silencieux. Tu saurais pas dire c'que c'est, à demi conscient seulement de la réalité qui t'entoure. Alors tu bouges pas, t'attends simplement de te rendormir profondément pour avoir une chance de rapidement terminer ta nuit.
Ou peut-être pas. Peut-être pas parce que y a cette voix qui te dit de bouger, celle au fond de toi qui a capté depuis le début que y avait un problème, que ces bruits n'avaient aucune concordance avec le rêve que tu faisais. Même si en soi les chats et les pop-corn pleuraient sans doute, quoique ça restait encore à prouver. Regard fatigué par-dessus le canapé, effort sur-humain pour essayer de capter la situation, ou te prouver que tu t'inquiètes pour rien et que t'as tort au choix. Sauf que finalement t'as bien raison.
Et ça c'est pas normal, pas normal du tout.
« ...Will ? »
Temps de réaction. 1 ... 2 ... 3 ... 4. Et tu te lèves d'un bon, saute par-dessus ton lit improvisé pour te précipiter à son chevet, cette fois bien éveillé. Il a pas l'air bien, tu comprends pas, tu saurais même pas dire où t'es tellement t'es choqué.
« Mec ça va ? Oh Will ! » T'essaie de le secouer mais ça marche pas vraiment, et quand tu veux poser ton regard dans le sien tu vois enfin ses yeux, vides. Vides, vides, vides. Si sombres ses yeux, et t'as cette impression soudaine de sentir ton coeur qui se sert dans ta poitrine, il devrait pas se sentir comme ça. Il a pas l'droit, peu importe pourquoi il le mérite pas. Et puis t'es con toi aussi, pourquoi t'as pas empêché ça ? Parce que t'étais pas là, t'es jamais là Mag.
Putain.
Un peu perdu tu l'aides à se lever pour l'emmener sur le canapé avant de t'éclipser dans la cuisine. « Pas touche à mon coca, sinon j'te mords. » Tu veux rire mais t'as pas vraiment le cœur à ça, et le fait qu'il te réponde pas achève de te mettre mal à l'aise. Quelques minutes après tu reviens dans le salon, deux tasses de chocolat maison en mains dont une que tu déposes devant lui, puis tu t'installes à ses cotés, prenant soin d'éteindre la radio avant de balancer la télécommande sur un fauteuil plus loin. On dit que le chocolat a cette faculté d'apaiser les mots, tu sais pas trop si c'est vrai, juste que c'est délicieux et que tu les prépares très bien. T'as voulu essayer pour voir c'que ça allait donner, pour te calmer aussi parce que vous n'arriveriez à rien comme ça. Et puis t'es pas très doué pour ça alors si fallait pas... Tant pis.
« Bois tant que c'est chaud, c'est dégueulasse quand c'est réchauffé. » Froid aussi d'ailleurs. « Et si tu l'avales pas j'te le fais passer de force par les trous de nez. J'suis sûr qu't'en rêve en vrai. »
Sujet: Re: {{« to ashes ; ft magnus Dim 24 Jan 2016 - 11:53
my heart does burn down slowly ; to ashes, to ashes ; ▬ FT MAGNUS
{{« T’aurais pu ne jamais la revoir, oublier cette rencontre qui ne t’avait apporté que de la haine. Ne pas répondre à ses provocations, ne pas laisser la haine te submerger, laisser les digues en place pour surmonter la vague. T’aurais pu simplement l’effacer de ta mémoire, comme un mauvais souvenir égaré dans les tréfonds de tes souvenirs. Ne jamais revenir vers elle. Ne jamais tomber amoureux d’elle.
T’en paye le prix maintenant. Tu te rappelles ses gémissements contre ton torse, le coup amer de ta gorge quand tu t’apprêtais à annoncer que vous ne vous reverriez jamais. Quand tu lui avais finalement dit que vous deux, ça n’avait jamais été ni plus ni moins qu’une belle partie d’échecs. Ça avait été tellement plus que ça. Et t’aurais dû ne jamais avancer ce pion à ton tour. Jamais jamais jamais.
Les remords, les regrets qui s’entrechoquaient dans ton crâne ; des marteaux qui s’abattaient sur ta conscience à chaque sanglot étouffé. Tu redescendais sur terre, et tu venais de t’écraser sur le sol comme une vulgaire mouche. Avec elle, tu ne t’étais jamais senti aussi vivant. Aussi fort. Aussi puissant. Avec elle t’était dans la réalité. Elle était ta réalité. Et t’avais rien capté parce que bordel, t’arrives même plus à dissocier le vrai du faux. Parfois tu te demandes encore si Magnus est bien là, avec toi ; et tu te lèves en plein milieu de la nuit pour aller dans sa chambre, histoire de t’assurer qu’il ne va pas disparaître. Tu te demandes tout le temps si tu mérites bien d’être là. T’as tellement fait souffrir Julian, qu’à chaque fois que tu poses les yeux sur lui, tu revois son regard plein de tristesse à ton réveil. Finalement, t’étais-tu bien réveillé ? Parce que comme c’est parti, t’es un putain de danger public pour tout le monde. T’es assis là, ravalant ton dernier sanglot, et fixant le mur face à toi, à regarder ce point imaginaire qui n’existe que dans ta réalité. Les larmes silencieuses coulent sur tes joues sans que tu ne les remarques vraiment. T’étais tellement mal.
Tu sens une main te secouer. A l’odeur, sûrement celle de Magnus – cette odeur de parfum et de poivre. Cette odeur que t’aimait tellement mais qui aujourd’hui n’arrivait même pas à te réconforter. Tu le sens te tirer vers le canapé, ce canapé qui a tant vécu – c’est Magnus qui l’avait ramené d’Australie quand il a su que Julian et toi étiez à Prismver. Troué par les quelques bédots fumés en cachette, complétement défoncé – un tissus trop sale, tâché de peinture et d’encre par vos expériences d’adolescents – t’étais étonné que Magnus, maniaque comme il est, il ait ramené ce truc dégueu. Mais ce canapé a tant d’histoires, il a écouté tant de rires, tant de sanglots. Tant de blagues de merde aussi. On peut te remercier pour ça, au passage. Tout ça pour dire que, d’habitude, ce canapé, c’est un endroit où tu te sens chez toi. A l’aise, vivant. Sauf que là, rien. Rien rien rien. Le vide absolu. Le silence de plomb. Le creux dans ta poitrine est trop grand pour une seule personne, t’as l’impression qu’il aspire tout ton être.
T’entends les mots à demi-étouffés de Magnus. T’y prêtes même pas attention. T’as toujours le regard fixe, qui ne bouge pas, tandis que tu remues dans ta tête tous les souvenirs auxquels tu essayes de te rattacher. Mais rien – pas même le canapé, c’est pour vous dire – ne te fais sourire. Il te tend une tasse de chocolat, qui te brûle presque les doigts. Tu sens son poids qui s’écrase dans le canapé, tu vois ses longues jambes d’environ deux kilomètres s’étendre devant lui. Mais tu ne tournes même pas la tête. Tu bois une gorgée du liquide, qui n’a même pas de saveur. Putain Will, t’es passé où ? Ne te perds pas dans les limbes, s’il te plaît. Parce qu’ici, il y en a d’autres qui ont besoin de toi. te murmure ton esprit, alors que ta conscience pense tout le contraire. T’es même pas sûr de vouloir revenir au final.
Sujet: Re: {{« to ashes ; ft magnus Sam 20 Fév 2016 - 14:56
• DATE • Mag' s'emmerde seul au bungalow. Quand Willow rentre et qu'il le voit dans tous ses états il commence à flipper un peu. Un peu seulement, hein.
« Erf... »
Il n'y avait guère plus que ça à dire, tu aurais aimé pourtant lui faire comprendre que c'était pas le moment de te faire flipper comme ça. Ou qu'il avait des amis, que t'étais là maintenant et que te parler resterait probablement la meilleure chose à faire ce soir. Mais rien, tu te contentais de rester là, sirotant ton chocolat avec ce regard posé sur lui, ce regard plein de compassion qui ne captait plus rien à la situation. Les larmes sur ses joues ne cessaient de couler, et tu hésitais. Le laisser pleurer pour évacuer ou l'arrêter ? À le voir comme ça tu mettrais ta main au feu qu'il n'évacuait rien du tout, vu la façon dont il te zappait il devait être loin, vraiment loin. Pourtant tu pouvais le toucher et sentir sa chaleur malgré ce non contact, et cette contradiction presque effrayante pour toi te fit soupirer. Cinq minutes qu'il ne bougeait pas, cinq longues minutes pendant lesquelles tu n'avais fait que réfléchir à quoi faire pour ton meilleur ami sans un mot. Un silence de mort ponctué de temps à autres par la respiration soudaine de Willow qui s'élevait et le bruit de vos gorgées de chocolat. Mauvaise idée visiblement.
Puis t'en as eu marre. Marre de réfléchir, marre de le voir se torturer sous ton nez alors que tu aurais pu arrêter ça bien avant. Sans lui laisser le choix tu avais attrapé sa tasse pour la poser sur la table basse, puis tu l'avais regardé. Blasé, inquiet. Tu l'avais observé, tu avais soupiré, long soupir destiné sans nul doute à évacuer ta frustration. Tu l'avais appelé. Une fois, deux fois. Trois fois, mais rien, toujours rien. Alors le poing était partit s'enfoncer sur sa joue à la suite d'une excuse bredouillée dans un grognement totalement insatisfait. Non vraiment, t'aurais préféré ne pas en arriver là mais ce bougre ne t'avait pas laissé le choix. Quel idiot ce Willow.
Mais si c'était le seul moyen alors...
« Allô Pluton ici Magnus de la planète Terre, c'est bon tu redescends ? » Coup d'oeil rapide à ton poing toujours serré sur sa joue, peut-être y étais-tu allé un peu fort mais visiblement ça semblait avoir fonctionné. Dans d'autres circonstances tu aurais tellement ris aux yeux ronds d'étonnement qu'il faisait, et à cette pensée tu grimaças, t'éloignant pour te poser sur la table basse face à lui. Les bras pendants sur tes genoux et le dos courbé tu le fixais, un léger sourire aux lèvres. Un tout petit peu plus rassuré. « Heureux d'te revoir parmi nous, mais sérieusement mec. La prochaine fois que tu me forces à t'frapper je t'en mets deux et j'me retiens pas. »
Tu lui rendis son chocolat, plus tiède que chaud à cause du temps mit à le boire, bougonnant sur le fait qu'il avait intérêt à le finir rapidement sinon il en boufferait pendant trois jours non stop. Tu détestais tellement gâcher la nourriture, et le chocolat encore plus étant donné que tu adorais ça. C'était un peu ta spécialité d'ailleurs, et les gens étaient contents d'apprendre parfois que malgré que tu sois un gros boulet en général, tu saches faire d'aussi bonnes boissons.
« Maintenant si tu pouvais m'expliquer ce qui se passe j't'en serai reconnaissant. C'est une fille c'est ça ? J'doute que tu sois g- ah. Attends bouge pas. »
Tu te redressas rapidement pour t'engouffrer dans la salle de bain avant de revenir à ta place, posant sur tes genoux la boîte à pharmacie que tu venais d'aller chercher. Sans un mot tu en sortis une crème que tu appliquas sur sa joue en le forçant à rester immobile puis ceci fait tu fourras le tout au sol avant d'essuyer ta main sur ton pantalon comme si tout était normal.
« C'est pas grand chose, mais je m'en voudrai qu'un bleu ou une bosse abîme ton joli minois sweetie. » avouas-tu dans un rire taquin. « On en était où sinon ? Ah oui, les explications. Même Martin t'écoute, c'est dire si t'as de l'attention haha. »
Martin ou plus communément le canapé sur lequel il posait ses fesses de dépressif. Tu l'avais nommé comme ça un soir où tu avais fini bourré à danser la macarena à poil avec Julian et William, depuis c'était resté et ce pauvre Martin en avait vu de toute les couleurs. Vraiment. Ce canapé et vous trois c'était bien plus qu'une histoire d'amour en vérité, inséparables jusqu'au bout. Du moins c'était ce que tu t'amusais à raconter aux filles lorsqu'elles se questionnaient sur la présence de ce vieux débris dans un bungalow aussi propre.
Sujet: Re: {{« to ashes ; ft magnus Mer 16 Mar 2016 - 21:38
my heart does burn down slowly ; to ashes, to ashes ; ▬ FT MAGNUS
{{« Tu es haut, bien trop haut dans le ciel ; tu t’es laissé emporter, cédant finalement à la douleur. Tu pleurais tel un enfant de cinq ans, tu pleurais une rivière pour évacuer ce torrent d’émotions qui t’empêchait de réfléchir correctement.
Magnus était à tes côtés, et tu voulais t’abandonner à lui. Tu savais que tu le pouvais, tu savais que tu l’avais toujours fait. Il avait toujours été là, non loin de toi. Il était et est celui qui sait trouver les mots, celui qui vous a toujours poussé à avoir la tête haute, Julian et toi. Pourtant, aujourd’hui, t’avais la désagréable sensation que même lui ne parviendrais pas à toucher ton cœur de ses paroles. T’étais en léthargie, en absence totale. Tu avais quitté ce monde pour te réfugier dans un autre n’appartenant qu’à toi, mais où tu étais tout aussi malheureux. Tu te sentais littéralement coupé de la réalité, complètement à l’Ouest. Tu voudrais trouver la solution. Mais elle demeure cachée, complétement dissimulée dans les débris de ton être.
Tu retournais encore et encore ces mauvaises pensées dans ta tête, sans bouger, le regard fixe perdu dans le vide. Tes doigts sont fermés autour de la tasse, tu sens que ça te brûles un peu mais tu ne bouges pas. La douleur te fait sentir plus vivant, t’as l’impression que c’est le dernier lien qui te rattaches dans cette temporalité. Mais t’as l’impression de perdre le fil tandis que le contact chaud de la porcelaine contre ta peau s’éloigne elle aussi. Et comme s’il avait entendu ta détresse, Magnus te décrocha un crochet du droit. Ta tête parti sur le côté, et tu semblas revenir à la réalité. Enfin. Tes yeux s’agrandissent sous le choc – t’étais même pas certain de te rappeler la dernière fois que ton meilleur ami avait levé la main sur toi. D’abord, l’avait-il déjà fait ? Tu portas tes mains à ta joue, tes larmes cessèrent de couler. Grimace tandis que la moitié de ton visage semble endolorie. Tu auras un beau bleu.
« Heureux d'te revoir parmi nous, mais sérieusement mec. La prochaine fois que tu me forces à t'frapper je t'en mets deux et j'me retiens pas. »
Tu fixas ton ami, décontenancé. T’étais même pas sûr de te souvenir d’être parti si loin dans tes idées noires.
« Putain, mais t’es dingue ou quoi ? » articulas-tu avec difficulté. Il ne t’avait pas loupé.
Tu fronças le nez, comme lorsque tu venais de te cogner quelque part et poussa un petit grognement…L’un de ces grognements qui n’appartient qu’à Willow. Ça te faisait bizarre de te dire qu’il est parti loin. De te dire que tu n’étais plus que William. Cette impression était désagréable, terriblement, littéralement, incroyablement désagréable.
« Maintenant si tu pouvais m'expliquer ce qui se passe j't'en serai reconnaissant. C'est une fille c'est ça ? J'doute que tu sois g- ah. Attends bouge pas. »
Tu ouvris la bouche mais la referme aussitôt. Tu n’étais pas certain d’avoir la capacité de lui en parler. De lui parler d’elle. C’est vrai que depuis votre première altercation, la déception que tu avais lu dans leur regard était si grande qu’elle t’avait retourné les tripes. T’avais frappé une nana, et ce n’était pas pardonnable. Mais le pire, c’est que vous aviez recommencé, encore et encore, drogués, jusqu’à finir à l’infirmerie. Tu sentis un contact glacé contre ta joue ; tu grimaces, sachant pertinemment qu’il s’agissait de Magnus. C’était un peu votre maman, parfois. Vous le charriez souvent avec ça. Mais bizarrement, tu n’arrivais pas à rire. Tu n’arrivais pas à te moquer de lui. Et ça, ce n’était pas normal.
Il attendait une explication. Que faire ? Tu plongas tes yeux dans les iris bleus de ton meilleur ami, et là les mots sortirent, comme s’il s’agissait d’une seconde nature pour toi.
« J’ai rencontré une fille et… Et c’est parti en vrille. J’voulais être gentil, mais on a fini par se taper dessus et… » Ta voix se brise sous l’émotion. Tu inspires profondément, tentant de reprendre correctement tes confessions. « J’ai…J’ai perdu le contrôle Mag’. J’ai commencé à péter un plomb. Je me sentais si… Différent. J’étais animé d’une haine qui ne m’avait jamais habité avant. J’voulais la voir souvent, je devais la voir souvent. C’était devenu un besoin presque vital ; celui d’exercer ma force sur elle, de la détester comme jamais. De la pointer du doigt comme si elle était la coupable. Et puis… Mon don… J’ai… J’ai déconné Magnus. J’utilisais mon don sur elle…. Sou..Souvent. »
Ton souffle se coupa une nouvelle fois, et les larmes affluèrent de nouveau. Tu pris ta tête dans tes mains, ramena tes genoux contre toi, te berçant lentement, comme pour apaiser ta souffrance et faire disparaître les cauchemars.