Let's go find some treasure ! | PV Gautier ♥

Ennui.

Voilà comment résumer la journée d'Aslinn. Rien. Il ne s'était absolument rien passé de la journée. La plupart des gens étaient restés cloîtrés chez eux pour s'abriter de la pluie - de la pluie en été, franchement ! Chidori devait être passée par là. Pour tromper son ennui, la rouquine avait décidé d'aller à la salle commune. On y trouvait toujours du monde, là-bas. Elle pourrait au moins faire une partie de baby-foot ?

Manque de bol, il ne s'y trouvait que deux élèves, respectivement un B et un A qu'elle ne connaissait pas - et qu'elle n'avait pas envie de connaître. Ils semblaient en grande discussion et ne faisaient même pas attention à elle.

Une discussion absolument sans intérêt. Ou presque.

"Hey tu sais quoi ? Paraît que hier un gars de la 6E est allé aux ruines...
- Ouais et alors ? Comme tout les E il perd son temps à rien foutre et puis ?
- Bah figure-toi qu'il avait entendu parler d'une rumeur comme quoi y'aurait un trésor caché-
- UN TRÉSOR OU ÇA UN TRÉSOR ?"

Aslinn, qui s'était, de désespoir, affalée sur le canapé, bondit. Trésor rimait avec monstres, aventure, exploration, récompense, argent. Mais surtout aventure. Elle saisit l'élève par le col, le soulevant presque, et lui murmura, d'un air... plutôt flippant.

"Donne des détails si tu ne veux pas mourir..."

Non, carrément terrifiant en fait. Le malheureux se mit à trembler de tout son corps - en même temps, pas étonnant, les A étaient tous des chochottes (selon Aslinn hein - me frappez pas pitié) - et il ne se fit pas prier pour raconter la suite.

"Eh eh-eh bien en fait y'a-a un de mes ami-mis qui m'a dit qu'-qu'un de ses potes avait en-entendu dire que quel-quelqu'un avait raconté qu'un type de-
- Ça je le sais déjà. ABRÈGE.
- PARAITQU'ILYAUNTRÉSORAUXRUINESGARDÉPARUNMONSTREAQUATREBRASETTROIS-JAMBESETUNETÊTEDELAMAETUNEQUEUED'ORNITHORYNQUEETUNECRAVATE-"


Il s'arrêta pour reprendre son souffle. Mais son bourreau n'allait pas le lâcher de sitôt. Son pote de B n'osait pas esquisser le moindre geste, intimidé. L'Irlandaise plongea son regard (meurtrier) dans le sien et insista.

"- CON-TI-NUE. Il est où ce fameux trésor ?
- D-DANS UN BÂTIMENT EN RUINE !
- ... Au milieu des ruines. TU ME PRENDS POUR UNE CONNE ? elle se mit à le secouer comme un prunier.
- PAS DU TOUT C'EST TOUT CE QUE JE SAIS JE LE JURE PITIÉ LÂCHEZ-MOI J'AIUNLÉZARDETUNECOPINEJEVEUXPASLESLAISSERSEULSPITIÉÉÉÉ !
- Ouah c'est bon calme-toi je vais pas te bouffer non plus heh. "

Elle le lâcha calmement, comme si rien ne s'était passé. A ses yeux, elle venait juste de demander un peu trop vivement des informations, mais il n'y avait pas de quoi avoir aussi peur. Décidément, ces A...

Bon, au moins, maintenant, elle savait quoi faire. Elle avait juste besoin d'un - ou plusieurs - compagnons. Et là, il y en avait deux - bas de gamme, certes, mais ils feront l'affaire.

"Très bien ! Alors, allons chercher ce trésor !"

"... Heh ? REVENEZ BANDE DE LÂCHES !"

Trop tard, ils avaient déjà disparus de son champ de vision. Apparemment, le B avait un don de téléportation ou quelque chose du genre. Grrr... Tant pis, je trouverai quelqu'un d'autre !

Elle sortit en trombe de la salle et aperçut quelqu'un au détour d'un couloir. Sans prendre le temps de vérifier de qui il s'agissait, elle lui prit le bras et lui hurla :

"TOI MOI RUINES TRÉSOR !"

Et l'entraîna en courant avec elle jusqu'au ruines (ce qui n'était pas vraiment la porte d'à côté). Sous la pluie.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Une journée magnifique. Je m'étais réveillé normalement, sans aucun problème ni fatigue - et pas de bave ! Non seulement ça, mais on était samedi. Sûrement le meilleur jour de la semaine. Temps libre, devoirs souvent finis la veille. Pas de pression de réveil le lendemain, tout recommencerait lundi - mais d'ici-là, on était tranquille. Et puis, aujourd'hui, tout allait bien. Personne pour m'embêter, personne pour venir s'incruster dans le dortoir, personne à draguer pour Cale, aucun communiste sous la main de Liam. Pour une fois, les embrouille semblaient loin. La journée s'annonçait, pour ainsi dire, parfaite.

Malheureusement, c'est ce qu'on dit toujours avant de se prendre un bon gros sac de problèmes dans la figure - et hélas, la citation était souvent vérifiée. Pourtant, même si je l'avais fait exprès, je n'aurai pas réussi à embrouiller quelqu'un. Pas réussi à me faire tabasser ou embarquer dans une odyssée autour du monde. Enfin, ça, c'était sans compter Aslinn. Quand la journée est un peu trop "normale" pour vous, elle est capable d'en faire le jour le plus epic de votre vie. Vous vouliez faire une sieste ? Vous voilà en plein tour du monde improvisé sur le dos de Tartiflette. Ou pire encore.

D'un côté, qui d'autre aurait pu surgir de derrière un mur pour me traîner dans une chasse au trésor ? Je faisais mon petit jogging (en marchant) du week-end et hop, une main féminine m'attrape et me tire en courant. Forcé à accélérer, je suivis le rythme et un coup d'oeil me suffit à comprendre qui c'était. Une chevelure rouge, une volonté implacable pour me traîner quelque part et des virages tellement serrés que je me bouffais tous les murs à chaque tournant. Aslinn. La seule chose que j'espère, c'est de ne pas me retrouver dans un meeting improvisé. Non. Elle a dit quelque chose. Elle, moi, ruines, trésors ? Incompréhensible comme toujours.

Non. Attendez une seconde.
Ruines.
Les ruines.
Elle est sérieuse ? Elle sait vraiment où c'est, ce truc ? On va marcher plus d'un quart d'heure ! Oui, je sais, présenté comme ça, ça semblait terrible, mais tout ce qui commence trop d'énergie - à l'exception bien sûr du basket - est à refuser. Le problème, justement, c'est qu'avec Aslinn, on ne refuse pas. Plutôt que parler, je me concentre plutôt pour éviter les murs que je menace de prendre à chaque fois - et lorsqu'on sort de Prismver, elle n'a pas cessé de courir. Me tirer derrière elle depuis cinq minutes et toujours pas ralentir ? Respect. Ce n'est pas l'endurance qui me manque, mais... aïe ! Putain de poteau ! Je me frotte le front et lui lance assez fort pour qu'elle entende :

« Aslinn ! On peut arrêter de courir ? Et je sais où sont les ruines ! Dans l'autre sens ! »

À tous les coups, elle pique un sprint.

« Aslinn ! On peut arrêter de courir ? Et je sais où sont les ruines ! Dans l'autre sens ! »

Elle s'arrête net, sans même déraper sur le chemin mouillé, manquant de se prendre celui qu'elle traînait derrière elle depuis un bon moment dans la figure. Et repart en courant dans la direction inverse, sans même prévenir son malheureux "coéquipier".

« JE LE SAVAIS QU'ELLES ÉTAIENT PAR LA C'ÉTAIT JUSTE UN ÉCHAUFFEMENT ! »

... Mais bien sûr. Elle n'avait même pas pris la peine de regarder QUI elle traînait comme ça depuis le pensionnat, bien que sa voix lui sembla familière.

Ce n'est qu'arrivée à mi-chemin qu'elle s'arrêta. Contre son gré. Elle avait choisi de passer par une rue étroite (un "raccourci" selon elle) au lieu de traverser tout le village et il se trouve que COMME PAR HASARD un gosse téméraire avait décidé de sortir de chez lui pile à ce moment-là. Avec son vélo. Sans capuche. Il devait aimer la pluie, lui... Du coup, il prenait toute la largeur de la rue et impossible de passer - à moins de savoir voler, malheureusement, elle avait hérité d'un don beaucoup moins pratique. Sans même jeter un coup d'oeil au type qu'elle tenait toujours, elle s'époumona :

« BORDEL DÉGAGE DE LA SALE MIOCHE CECI EST UNE PRIORITÉ D'ORDRE MONDIAL ! »

D'ordre Aslinnesque, pour être plus précise. Inutile de dire que le-dit sale mioche reparti bien vite de là où il venait. Et ne sorti plus de chez lui pendant les trois mois à venir. Traumatisé pour le restant de ses jours, il évite désormais toutes les personnes plus ou moins rousses.

Aslinn soupira, en profita pour reprendre son souffle - parce qu'elle est humaine quand même -, et se retourna (enfin) pour voir qui était celui qui répondra désormais au glorieux titre de "compagnon d'aventure du héros dont tout le monde oublie le nom parce qu'il est pas important et qu'il existe juste pour mettre le héros en valeur".

Elle le reconnut au bout de quelques secondes - pas très douée pour se souvenir du nom des gens, et la fatigue d'avoir couru n'aide pas. Gautier.

Le pauvre.

« Aaaah, c'était toi. Alors, content d'avoir été choisi pour m'accompagner dans cette fabuleuse chasse au trésor ? »

Connaissant déjà la réponse (*KOF KOF*), elle enchaîna :

« Bon, je te laisse une minute pour reprendre ton souffle et on repart. En courant évidemment. »

Cette minute allait lui servir à elle aussi, mais ça, elle ne l'avouerait jamais. Marcher, c'est pour les faibles, les vieux, les sales mioches, les limaces, les poules, et tout les autres trucs qui ne méritaient même pas son attention. Marcher, c'est qu'une perte de temps. Et même si Gautier n'aimait pas courir, tant pis, il le ferait. En plus, elle lui en voulait de s'être aperçu qu'elle se trompait de direction. Elle n'aimait pas se tromper, et elle appréciait encore moins quand les gens s'en rendaient compte.

Une vraie gamine.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Un conseil pour tous ceux qui lisent ceci (qui, d'ici deux heures, sera sûrement un testament) : si jamais vous voyez approcher une fille rousse avec un mikado dans la bouche -je saurai pas faire plus précis, et de toute façon, il n'y en a pas deux comme ça-, fuyez. Que vous soyez champion mondial des juniors de boxe ou ceinture noire de karaté, kung-fu ou autre sport potentiellement dangereux n'y changera rien : vous allez souffrir.

J'en faisais les preuves. Dans un élan de bonté -qu'elle disait-, cette fille avait eu un jour la magnifique idée de vouloir m'aider à me faire des amis, le problème étant que la moitié du pensionnat me fuyait maintenant à cause d'elle. Mais le fait de la connaître ou pas n'a aucune importance : si vous l'apercevez, vous vous trouvez dans une position de danger et risquez incessamment d'être réquisitionné pour une opération des plus inutiles pour la survie de l'humanité - ou de son humeur.

Quoique, oubliez ça. Il n'y a aucun moyen d'échapper à cette furie. Marcher dans un couloir m'a suffit à me faire traîner dans un marathon improvisé pour partir dans une soit-disant chasse au trésor. Même si vous fuyez, elle vous rattrapera - et ce, même si vous avez l'idée géniale de partir dans un autre pays. Si vous êtes sélectionné comme cible, il n'y a aucun moyen de vous en sortir, le meilleur restant de prier pour ne pas que ce soit le cas.

Malheureusement, ça n'avait pas marché. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle restait convaincu d'avoir raison : quoiqu'on lui dise, Aslinn ne flanchait pas. Elle s'était trompée de direction ? C'était un échauffement (il valait mieux lui montrer le bon chemin avant de faire trois fois le tour de la ville). Les éléphants ne sont pas gros ? Juste gonflés à l'hélium. Elle est essoufflée ? Bah, sûrement qu'elle redescend à mon niveau. Même si, habituée à courir à cause du sport, je ne le suis que peu.

Je repense à ce petit garçon en vélo qu'elle a traumatisé (ne comptez pas sur moi pour jouer les héros ou pour l'aider, Aslinn me fait trop flipper) et elle m'interpelle. Elle a enfin remarqué qui j'étais - pas trop tôt. Je ne me donne même pas la peine de répondre à sa question, elle est sûrement convaincue que c'est pour moi le plus beau jour de ma vie. Seul avec une fille dans une ruelle sombre, bien sûr que oui *OUT* Humhum, sûrement pas, je tiens à éviter autant que possible de terminer à l'hôpital, je m'abstiens donc de mauvais commentaire sur ses agissements.

« Je ne suis pas tellement fatigué, on peut repartir. »

À voir le regard qu'elle a, je sens que je n'aurai pas dû dire ça. Qu'y puis-je ? Je pourrai continuer encore quelques minutes sur un tel rythme, mais elle avait sûrement raison de faire une pause (mine de rien, même si je dis ça, mes jambes sont trop petites pour aller bien loin). Je prends une grande inspiration, comme si j'étais déjà bien fatigué - il s'agissait de ne pas la vexer. Et surtout de ma santé.

« Je ne suis pas tellement fatigué, on peut repartir.
- Mais bien sûr. elle y croit dur comme fer, et ça se voit Alors c'est parti ! »

A peine avait-elle prononcé ces derniers mots qu'elle partit en trombe (bon, pas trop vite non plus) en direction des ruines. Non sans de nouveau avoir saisi le bras de Gautier au passage, au cas où il serait tenté de fuir avant d'arriver à destination - parce qu'on ne sait jamais quand même. On lui avait déjà fait le coup, et ça l'avait fichu en rogne... d'ailleurs, celui qui avait lâchement disparu ce jour-là l'a bien regretté ensuite. Et lui aussi fait désormais parti du fameux groupe des traumatisés des roux.

Elle évita moult obstacles, dont une grand-mère sortant de l'épicerie du coin, deux femmes ressemblant à des clowns à cause de leur maquillage, un sale mioche, trois chiens, un chat borgne et deux pigeons (ils n'eurent même pas le temps de s'envoler les pauvres).

Heureusement, la course ne fut pas très longue et ils arrivèrent assez vite à la forêt contenant les ruines. Déterminée, la rouquine s'engagea sans hésiter puis stoppa net. Elle avait oublié un très très léger détail.

Les ruines, c'est grand. Très grand. Enfin, pas tant que ça, mais on parle tout de même de ruines d'un village, et donc d'au moins une dizaine de maisons - plus ou moins. Et elle ne savait pas où chercher. Elle ne savait même pas QUOI chercher, en fait. Un coffre rempli d'or ? Ce serait cool. Un monstre hideux à tête de lama ? Beaucoup moins. Mais plus voyant.

Mais elle ne laissa rien transparaître et entraîna Gautier devant les vieux bâtiments en ruine. Elle jeta un bref regard aux environs: pas de E dans le coin (enfin, sans compter son compagnon involontaire), pour une fois. Dommage, ça aurait fait des larb- ils auraient pu aider. Après quoi, elle daigna enfin le lâcher et lança :

« Bon, maintenant, on va fouiller partout et trouver le trésor. Des objections ? »

Par partout, évidemment, elle entendait... Partout. Le moindre recoin de chaque bâtiment (dont certains avaient de grandes chances de s'effondrer et du coup plus personne n'y mettait les pieds) (fouiller surtout ceux-là, en fait). Qui, pour la plupart, n'offraient quasiment pas d'abri pour la pluie. Gautier, c'est le moment où jamais de te rebeller - ou fuir, au choix - (mais les deux feront mal *fuit*).

♕ Gautier & Aslinn ♕

Je n'ai jamais autant détesté ma gentillesse de ma vie. Du moins, depuis qu'Aslinn a eu le bon sens de me traîner jusqu'aux runes - bien connues dans la région mais peu explorées à cause de diverses rumeurs. Et bien sûr, il fallait que cette folle ait l'envie soudaine de s'y rendre. Très mauvaise idée déjà - sans parler du fait qu'elle m'emmène avec elle. Et puis à ce train-là on aurait pu faire un marathon de classe mondiale. 1500 mètres peut-être. Elle aurait eu la médaille d'or - accélération de dingue cette fille.

Et le pire ce fut l'arrivée. J'imaginais des ruines simples - une petite maisonnette abandonnée pour faire peur aux arrivants, mais non, ce fut un village entier. Déjà que je m'attendais à perdre mon temps pour rien, j'avais potentiellement des journées de labeurs inutiles qui m'attendaient. Potentiellement oui. Parce que je n'avais vraiment pas envie de perdre mon temps. Mais vraiment pas. Pas non plus envie de finir à l'hôpital, mais j'en avais sûrement pour moins longtemps là-bas qu'ici.

« Oui. »

J'ai déjà envie de fuir.
OMG elle me regarde. Reste calme. Ne tremble pas.
ATTENDS ELLE VIENT D'AVANCER D'UN PAS LÀ.
Fuis te dis-je.
FUIS.
Trop tard. Omg. Une excuse. Vite. Seul ça peut me sauver.
Quefairequefairequefaire.
Oh et puis, mort pour mort, autant y aller cash.

« Ça m'intéresse pas du tout ce trésor. J'm'en fous totalement. »

Comme on dit, y'a pas à tortiller du cul pour chier droit ! ...Quoique peut-être un peu après le coup de pied que je vais y prendre. Je recule d'un pas, réflexe, mais je la fixe quand même. Je déteste attendre. Personnalité de merde. Si je meurs à cause de ça, je vous jure que je prends des cours de yoga. Si je survis aussi - juste pour l'honneur. Mais dans ce cas-là, honnêtement, je n'y crois plus trop, ma seule envie étant de me convertir pour ne pas trop souffrir dans le massacre imminent.

J'ai envie de me planquer. M'enterrer si possible. Tout pour ne pas avoir à m'en prendre une terrible dans la tête. Quand je m'énerve, j'éprouve la soudaine envie suicidaire de balancer tout ce qui me passe par la tête, ce que je ne pense parfois pas (dans ce cas-là c'était sincère) et je le regrette amèrement un peu après. Et croyez-moi, là, je le regrette déjà.

« Ça m'intéresse pas du tout ce trésor. J'm'en fous totalement. »
Cinq secondes de blanc. Cinq petites secondes. Ce qui pour Aslinn était énorme.

« ... Quoi ? »

Alors ça, elle ne s'y attendait pas. Que quelqu'un ose lui dire qu'une chasse au trésor ne l'intéressait pas, ça n'était - presque - jamais arrivé. Qu'une de ses expéditions Aslinnesque était totalement dépourvue d'intêret... la pire insulte que l'on puisse lui faire. Mais que cette objection provienne de Gautier en plus ! De GAUTIER. ... wouaw. Gautier, lui qui n'ose strictement rien dire. Ne se rebelle jamais. Ne la contredit jamais.

Elle était tellement surprise qu'elle en oublia de s'énerver. En fait, ce n'était même pas de la surprise. C'était... de l'admiration (qui dura exactement 1,3 seconde). Oui voilà. Qu'il ose faire ça... il y avait donc une once de courage dans ce froussard ! Oui, c'est comme ça qu'Aslinn le voyait : un type un brin paumé et froussard. Il avait donc enfin réussi à s'émanciper un peu ? Et dire que tout cela était à cause grâce à elle !

Alors, elle décida pour une fois de laisser couler. Enfin, pas vraiment.

« Très bien, puisque c'est comme ça... »

Sourire carnassier sur le visage. Certes, il venait de monter légèrement dans son estime, mais elle n'allait quand même pas laisser passer ça. Il fallait qu'il paye son offense, même un peu.

« ... Je te laisse la direction des opérations ! Alors, où doit-on chercher, chef ? »

Puis elle ajouta, dans un murmure :

« Et la retraite est interdite sous peine d'exécution. »

Flippante. Elle allait lui faire regretter ses paroles tout en l'amenant quand même à devenir un peu plus... sûr de lui. Parce qu'elle a quand même un bon fond, Aslinn. Elle aime bien aider les gens à s'affirmer. Même si on ne le dirait pas.

« D'ailleurs, à ton avis, dois-je utiliser mon pouvoir pour nous aider ? »

... Ou vais-je déclencher une catastrophe nucléaire en l'utilisant ? Non mais parce qu'avec sa maîtrise, on ne sait jamais.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Je l'ai fait. Je l'ai fait. Je l'ai fait. Je me frotte le cerveau pour vérifier que je ne rêve pas -JOKE- et cligne des yeux une bonne dizaine de fois. Mais non. Je me suis bien suicidé. J'ai couru directement à la mort. La surprise se lut sur le visage d'Aslinn, tandis que moi, je tentais bon an mal an de paraître le plus discret possible. M'enterrer six pieds sous terre, échapper à son attention - le genre de trucs impossible en face à face avec une personne. Elle ne comprenait pas. Honnêtement moi non plus. Elle prit la parole et sourit d'un air mauvais alors que je me décomposais. La mort ou les excuses. C'était un résumé de la situation.

Je choisis la mort. Ma prudence me forca à faire un pas en arrière alors que je l'observais, prêt à me défendre au cas où je prenne un coup sur le visage. Sait-on jamais. Elle se contenterait sûrement de me faire peur, mais mesure de précaution.
Et puis, là, elle coopéra. Je crus tout d'abord à un pouvoir dans le genre Saint Seiya, contrôle des cinq sens - mais compris rapidement qu'elle avait juste cédé. Honnêtement, si même Cale m'avait juré sur sa boîte de maquillage que quelque chose comme ça allait se produire, je ne l'aurai pas cru. Elle m'avait appelé chef - et jamais je n'aurai soupçonné entendre ce mot de sa bouche adressé à moi. Nouvelle hésitation, puis, je décidais de me prêter au jeu.

« On va dans l'endroit le plus imposant. C'est évident que le trésor est là-bas. »

Grand blanc. Logique de gamin. Si l'on doit cacher un trésor, n'est-ce pas dans un grand temple ou un palais gigantesque ? Ce qui est sûr, c'est que c'est sécurisé - mais cacher sa fortune dans une petite maison du dimanche n'a pas d'intérêt. Non seulement c'est trop facilement accessible, mais en plus, c'est moche. Toutes les légendes seraient gâchés. Sans compter que plus la maison est grande, plus il y a de cachettes ! Non ? Non finalement je préfère ne pas le dire, je sens qu'Aslinn ne va pas bien le prendre. Vint alors la question fatale : devait-elle utiliser son pouvoir ? Mon cerveau disait non - dans un soucis de sécurité. En revanche, il disait oui, dans un soucis de sécurité personnelle. Mieux valait refuser.

« Non soldat. On va se diriger vers le gros bâtiment là-bas. Enfin ce qu'il en reste. Et sans pouvoir. »

Ou autrement dire, "on va perdre plusieurs heures de notre vie en allant chercher dans le bâtiment le plus gigantesque des ruines". Bon, d'un côté, si ma logique était bonne et qu'il était bien là, je préférais tout de même aller voir ici - quelque chose me disant qu'Aslinn serait capable de nous faire continuer jusqu'à ce qu'on ait trouvé ce trésor. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il y en ait un. Je me dirigeais vers les ruines d'un pas décidé -à mourir- et poussais les restes de la porte. Entrer dans des ruines est flippant. Entrer dans des ruines avec Aslinn est une blague.

« Non soldat. On va se diriger vers le gros bâtiment là-bas. Enfin ce qu'il en reste. Et sans pouvoir. »

Soldat. Aslinn ne put s'empêcher de grimacer à ce mot. Bon, c'est elle qui l'a cherché, mais. Cela faisai tellement... inférieur. Brr. Elle fut aussi déçue de ne pas pouvoir - pas encore - utiliser son pouvoir. Cela aurait pimenté un peu la chose m'voyez ? Mais bon, puisque son chef, tellement plein d'assurance, lui avait dit non...

Le gros bâtiment en question ressemblait assez à. Une église ? Probablement. Aslinn n'en savait pas grand-chose. Mais une vraiment très grosse alors. La rouquine n'avait fréquenté que l'église de son village, très rarement et à contre-coeur - en même temps, les messes, c'est pas ce qu'il existe de plus passionnant au monde hein ? elle s'y endormait à coup sûr. Heureusement, ses parents avaient trop à faire à la ferme pour y aller à chaque fois. Bref. Le semblant d'église donc, était sacrément impressionnant tant par sa taille - c'était juste un petit village - que par son état de délabrement relativement avancé.

Lorsque Gautier poussa la porte, cette dernière émit un grincement sinistre. Mais Aslinn n'hésita même pas et eut l'audace de pousser carrément son "chef" dans l'entrée. Elle balaya la salle du regard.

Pas de doute, ils allaient avoir du boulot. Elle commençait à se préparer mentalement à fouiller tous les décombres lorsqu'elle entendit une espèce de craquement. Et comme... Des pas ? Oui, c'est ça, des pas, comme si quelqu'un de très très lourd avançait lentement. Mais ça ne dura qu'une demi-seconde.

« C'est toi qui a fait ce bruit ? »

Pas que ça l'inquiétait, mais on n'est jamais trop prudent. Cela promettait d'être amusant.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Le stress d'entrée dans des ruines, de découvrir un trésor... je m'avance lentement, frappant le sol bien fort avec détermination pour faire genre que j'ai du courage alors que le petit bout de mon cerveau encore lucide se chie dessus. Je pleure déjà ma vie vous voyez. Pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi j'ai accepté ça ? Pourquoi mon pouvoir a pas esquivé l'assaut d'Aslinn quand elle m'a attrapé dans ce couloir ? Réponds, saleté de pouvoir. Tu m'aides pour éviter une craie qu'on me balance à la gueule, mais pour Aslinn, non ! Pourtant, elle est amplement plus dangereuse qu'un troupeau d'éléphant qui court vers vous.

Je m'imagine déjà pharaon sur le trône au fond de cette ruine flippante. Seulement je sens une main se poser sur mon dos - OMG UN FANTÔMEEEEEEEE - ah non ce n'est qu'Aslinn qui me pousse. HRKFDFOS, pour un soldat, elle est bien téméraire. Mais bon, déjà que c'est un exploit qu'elle ne fasse pas le commandant sadique et tortionnaire de ses éléments, je ne vais pas me plaindre de la situation actuelle. Je regardais rapidement la salle, observant les décombres et entendis un craquement. OMG NEMESIS JE LE SAIS - MON HEURE EST VENUE. Aslinn aussi a remarqué, elle me pose la question et je secoue la tête négativement.

« Je euh... ouais bref fouillons c'pas grave. »

Je me dirige vers les décombres en inondant métaphoriquement mon caleçon et commence à fouiller sans conviction, il faut dire que le trésor est sûrement dans la salle du fond dont la porte est d'ailleurs hyper visible mais si on peut rester près de l'entrée pour fuir le plus longtemps possible alors tant mieux. À moins que je me trompe et qu'il y ait une trappe ensevelie en dessus les décombres. Ce serait trop cool. Bref en attendant on fouille - un livre non, une chaussure non plus, un piano non plus, pas de lampadaire non plus, et encore non pour le coffret de Twilight que je balance au fond. C'est vraiment la misère ici OMG.

« Si ça s'trouve y'a même pas de trésor et t... »

Je m'arrête de parler. J'ai entendu un bruit. Le même que tout à l'heure sauf que... cette fois il est net. Beaucoup plus net. Même beaucoup trop en fait. À tous les coups comme dans tous les scénarios de films bidons je vais sentir de la bave me tomber dessus et me retourner pour voir un animal dangereux attendre stupidement derrière moi que je me retourne avant d'attaquer. Sauf que j'ai pas envie de mouiller mon t-shirt alors je me retourne pas, FUCK YEAH. Non, je préfère courir me cacher derrière Aslinn sans vérifier s'il y a vraiment un truc derrière. Beaucoup plus efficace.

« Je euh... ouais bref fouillons c'pas grave. »

Aslinn espérait de tout coeur que ce ne soit pas Gautier. Pourquoi ? Parce que cela signifierait qu'ils n'étaient pas seuls voyons ! Et donc, qu'un danger les guettait peut-être. Rien de plus excitant !

Elle commença à fouiller. Rien de vraiment intéressant. De vieilles bricoles cassées, parfois méconnaissables - pas de trésor brillant d'or en vue. Mais elle ne se découragea pas pour autant, ça non. Elle pourrait chercher des mois entiers si nécessaire ! Enfin. Sauf si elle venait à trouver quelque chose de plus intéressant à faire. Parce que fouiller une vieille bâtisse en ruine, c'est amusant au début, mais après...

Bon sang, il doit bien être quelque part ce fichu trésor ! Elle s'arrêta un instant, pensive, et regarda d'un air distrait Gautier balancer à l'autre bout de la salle un coffret collector de Twilight. Peut-être... Peut-être derrière cette porte, au fond ? Ce serait un bon endroit pour cacher un trésor... (oui, pour une fois, Aslinn venait d'utiliser ses neurones au lieu de chercher partout comme une furie. ON APPLAUDIT S'IL VOUS PLAÎT.)

Elle s'approcha de ladite porte, intriguée et impatiente. Ce qu'elle cherche depuis si longtemps (... environ deux heures), enfin ! Elle allait pousser la porte quand Gautier se jeta entre elle et cette dernière.

« Qu'est-ce que tu fous là ? Tant que t'as rien trouvé on ne partira pas ça ne sert à rien de me faire les yeux doux. Laisse-moi ouvrir cette fichue porte, on touche au but là ! »

Elle finit quand même par s'apercevoir que quelque chose clochait. Pas les regards mi-apeurés mi-désespérés de son compagnon d'infortune, ni les craquements bizarres qu'elle entendait d'une oreille distraite depuis tout à l'heure, et encore moins le fait qu'un coffret de Twilight se trouvait au beau milieu d'une espèce d'église en ruine depuis des années, non. Mais l'ombre gigantesque qui se projetait sur Gau' et la porte, en face d'elle.

Lentement, très lentement, elle se retourna. Et se retrouva nez à quelquechose appartenant à...
"UNMONSTREAQUATREBRASETTROIS-JAMBESETUNETÊTEDELAMAETUNEQUEUED'ORNITHORYNQUEETUNECRAVATE"

Oui, elle comprenait mieux les paroles sans queue ni tête de l'élève qu'elle avait terrorisé cet après-midi là. Elle les avait oubliées juste après avoir entendu le mot trésor. D'ailleurs, elle avait quelque peu omis de parler de ce "gardien" à Gautier.

Le "gardien" en question faisait donc environ deux mètres de haut, sa tête ressemblait étrangement à celle d'un lama, comprenait quatre bras, se tenait sur trois jambes et avait une queue d'ornithorynque. Le tout accompagné d'une cravate à motifs de cookies sur fond bleu, ce qui lui donnait un air étrangement comique.

Il a bouffé Ruthel ou quoi ? ne put-elle s'empêcher de penser.

Et là, vous, vous auriez fait quoi ? Sachant que le monstre barrait quelque peu la route... Aslinn elle, resta figée une seconde. Le monstre à cravate aussi d'ailleurs. Il la fixait d'un regard plutôt vide. Voire très vide en fait. Elle sentait son souffle chaud sur son visage, et ça n'avait rien d'agréable. Et c'est en l'observant d'un peu plus près qu'elle s'aperçut de quelque chose de bizarre.

« Très bien compagnon, il est l'heure de prouver que tu sers à quelque chose et que tu peux être brave ! »

Elle saisit Gautier par le bras et le lança contre le monstre.

« DISTRAIS-LE PENDANT QUE JE VAIS CHERCHER LE TRÉSOR ! »

Aslinn et la solidarité, c'est pas trop ça dans ce genre de moment.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Comme j'aurai dû m'en douter ! Au final, ce prétendu "chef" n'était qu'une façade pour me pousser à la suivre. C'était trop beau pour être vrai. Le seul fait d'avoir pensé que c'était vrai tenait du ridicule, j'avais dû être drogué pour avaler ça. Il suffisait que j'aille me planquer en étant en danger de mort pour me faire reprendre par mon propre soldat. Ben voyons ! Pour une fois dans ma vie, je me sentais assez courageux pour lui désobéir - à défaut de l'être assez pour affronter le monstre qui venait d'apparaître sous nos yeux. Un chien ? Un loup ? Un lama ? Un éléphant ? Quoique ce monstre était, il était dangereux.

Vous vous en doutez, naturellement, c'est l'homme qui affronte la bête en laissant le temps à la femme de fuir au sacrifice de sa vie. Aslinn avait dû penser à la même chose puisque, sur un ton solennel ridicule l'air de croire que j'allais y croire, me demandait de prouver mon courage en faisant une diversion. UNE DIVERSION AVEC CE TRUC ? Mais bordel, il était tellement gros qu'il devait écraser la moitié des débris ! Et puis à voir sa dentition, s'il y avait eu un jour un trésor, il allait bientôt ressortir par son derrière en pièces de bronzes ! Alors naturellement, je me décidais d'appliquer la technique la plus efficace du monde : la fuite.

Elle m'avait vraiment lancé contre ce truc. Heureusement que je faisais du sport, sinon il m'aurait déjà bouffé. Il avait déjà failli me croquer quand Aslinn m'avait balancé, et croyez-moi, le simple souvenir de son allène suffisait à me booster dans ma course. Bon, ça allait, ma note n'avait pas été si mauvaise au 3x500 mètres. J'avais eu la moyenne, c'était déjà ça. Après ça, je me jurais de ne plus jamais approcher un chien de ma vie. Ni un loup, au cas où. Il faudrait aussi contacter Ruthel sur la gestion des ruines, histoire d'effacer de virus qui avait dû transformer un animal normal en cette chose horrible. On se croirait dans Spiderman !

« ASLINN JE TE HAIS ! Dépêche-toi d'aller le chercher ! LA PORTE DU FOOOOND ! »

Je dé-teste les animaux. Imaginez un nain chapoté courir poursuivi par une grosse masse de poils horrible et bavant, le tout sur la musique de Royal Canin. Vous ne serez pas très loin de la réalité. Heureusement, je réussis à prendre un peu d'avance quand, bavant un peu trop, le monstre glissa sur sa propre bave et s'étala par terre. Je pris un petit instant pour reprendre mon souffle et continuais ma course, me décidais à tourner autour des ruines histoire de gagner du temps. Mais POURQUOI J'AI FAIT CA ? J'aurai pu rentrer au pensionnat ! Il me collait toujours aux fesses, ce truc ! Mais bon... n'était-ce pas dangereux pour Aslinn si je me barrais ? Ma gentillesse me perdra.

Pitié, qu'il s'étrangle avec sa cravate.

Devant la porte, Aslinn eut un instant d'hésitation. Peut-être se trompait-elle ? Peut-être venait-elle de condamner Gautier a une mort atroce dans la gueule baveuse du monstre (avec une haleine d'enfer) ? Oh, whatever.

Non je plaisante, elle n'est tout de même pas si sans-coeur que ça. Mais le trésor avant tout ! Et elle avait confiance en Gautier. Il sait toujours se sortir de situations particulèrement périlleuses. Même s'il est vrai que celle-ci bat tout les records...

Elle se dépêcha finalement d'entrer. Et ce qu'elle vit la cloua sur place.

« ... »

Tellement qu'elle eut cinq secondes de blanc total.

« OH MON DIEU OH MON DIEU UN COFFRE LE TRESOOOOOOOOOR ENFIN ! »

Oui oui, le trésor était là, juste sous ses yeux. Dans cette petite salle, semblant avoir miraculeusement échappé à l'effondrement (... pour longtemps ?), il reposait sur une table, le seul meuble présent. Elle fonça dessus et l'ouvrit d'un coup.

Ce coffre aurait pu être un piège. Il aurait pu contenir n'importe quoi, comme un serpent qui vous saute à la gorge, une flèchette empoisonnée, un dvd de Twilight ou un CD de Justin Bieber version métal. Dans un monde où Aslinn aurait été intelligente et réfléchie, elle aurait compris cela. Si elle avait réfléchit ne serait-ce qu'une seconde de plus, elle aurait compris que tout cela était trop gros, trop beau. Que quelque chose n'allait pas. Et elle n'aurait probablement pas ouvert le coffre. Ou alors, avec d'infinies précautions.

Dommage, nous nous trouvons actuellement dans un monde où Aslinn est une grosse abrutie qui fonce toujours tête baissée.

C'est ainsi qu'elle se reçut, dans l'ordre :
- environ 300g de farine
- trois oeufs
- 30 cl de lait
- du sucre
- de l'huile
- et 50g de beurre
(et avec ça, vous obtiendrez de délicieuses crêpes ! Merci qui ? /PAN/)

Oui, le coffre contenait un dispositif qui venait de lui balancer tout cela à la figure. Elle se figea instantanément, ne comprenant absolument pas ce qu'il venait de se passer. Elle aurait dû bouger, parce qu'apparemment le "trésor" n'était pas fini ! En effet, le coffre se mit à lui cracher de l'eau à la figure. De l'eau glacée. Le jet fut tellement puissant qu'il la projeta par terre. Sur le sol froid et sale. Très sale et plein de terre.

Elle mit un moment à reprendre ses esprits, trempée. Elle se releva difficilement, éternua. S'essuya le visage. Essaya d'arranger un peu ses habits. Respira un grand coup. Et sortit en courant, tremblante de rage.

Inutile de vous décrire son était après tout ceci j'imagine ? Physiquement, elle était très très drôle à voir. Mentalement, eh bien... je n'aurais pas voulu être à la place d'un quelconque liseur de pensées, parce qu'à ce moment-là plein de choses pas très jolies à l'adresse de l'inventeur de ce "trésor" lui venaient en tête.

Elle retrouva Gautier, toujours aux prises avec le monstre. Et décida qu'il était temps d'arrêter de le faire courir.

« Gau' arrête de courir il va pas te bouffer tant que t'as ton uniforme ! »

Enfin, en théorie. Elle n'était même pas sûre qu'il ait pris son uniforme. On était samedi après tout. Et c'était un E. Elle ne l'avait pas en tout cas, et dans le cas où il ne l'aurait pas non plus, elle aurait intérêt à courir vite hors d'ici.

En fait, elle n'était sûre de rien. Mais vu la gueule du trésor, elle doutait fort que le monstre soit réellement dangereux.

♕ Gautier & Aslinn ♕

Bilan de l'affaire : l'exploration, c'est naze.
C'est en cet instant de danger extrême, plein d'adrénaline et psychotant presque à cause du monstre bizarre qui me courait après, que je pensais à Dora. Ce vieux dessin animé qui faisait rire tous les enfants et nous rendait si heureux avant d'aller à l'école, eh bien au final, cette gamine, elle endure tout ce que j'endure en ce moment. Les monstres, le subordonnée chiant et le pire de tous : le trésor inutile. Peut-être que j'étais sur le point de me faire latter la gueule par un monstre hybride bizarre, mais je ne pus m'empêcher d'y songer. Qu'est-ce qu'on pouvait bien cacher dans un endroit aussi visible dans la pièce la plus évidente possible ?

Je ne voyais rien de possible, et la théorie se confirma lorsque je vis une Aslinn furieuse sortir de la pièce du fond. Furieuse, ça allait encore en considérant qu'elle ne l'était pas contre moi, mais recouverte de blanc et d'oeufs, c'était dur de se retenir de rire. En plus de ça, elle était trempée - et je dus me faire du mal pour me concentrer sur ma course, ne pouvant résister à l'envie d'engager un virage pour m'approcher d'elle et voir ça de plus près. C'est alors qu'elle s'adressa à moi pour la révélation qui me plomba le moral de la journée... je courais depuis dix minutes SANS RAISON ? J'étais poursuivi par un animal inoffensif ? Sérieusement ?

Je freinais d'une façon classieuse et arrangeais rapidement mon uniforme pour faire face au monstre qui me fonçait dessus, collision dans trois... deux...un... il pleut. Ah non, il est juste en train de me baver sur la tête. Aslinn avait raison : cette chose était inoffensive. Pour elle, on était sans doute en train de jouer depuis dix minutes. Je devais me venger de cet affront. Je m'approchais, sortis mon iPod de ma poche et pris en photo Aslinn, toujours recouverte d'une crêpe virtuelle.

« J'devrais me faire un petit paquet avec ça... »

Visiblement, l'identité de la personne en face m'était sortie de la tête...

« J'devrais me faire un petit paquet avec ça... »

La pluie. Des heures de fouille pour rien. Le trésor qui n'en était absolument pas un. Ce stupide monstre baveux. ET ÇA !

« Gautiiieeeeeeer... »

Terrifiante. Et un peu ridicule avec son accoutrement. Mais vraiment terrifiante.

« C'EST TOI QUI A ORGANISÉ TOUT ÇA PAS VRAI ? ALLEZ AVOUE ! »

Elle se jeta sur Gautier dans l'espoir de lui arracher l'iPod des mains, mais rata son coup. Et puis elle sentit soudainement une présence dans son dos. Une très, très grande présence...

Merde j'ai pas mis mon uniforme ! ...

Une petite explication est peut-être nécessaire, à moins que vous ne l'ayez deviné mais j'en doute fort huhu. Le monstre en question n'était autre que Tartiflette, le lézard géant du dirlo. Sauf que quelqu'un semblait s'être amusé à le transformer en truc chelou pour effrayer les curieux. Aslinn avait remarqué un bout de collier caché sous la cravate, et le collier en question appartenait à Tartiflette. (enfin disons que Ruthel trouvait marrant l'idée de lui mettre un collier pour chien au cas où il se perdrait et que quelqu'un le trouverait. Mais bon, déjà tous le monde sait à qui appartient ce lézard - et personne n'est assez fou pour s'en approcher sans prendre d'énormes précautions - et ensuite Tartiflette en a horreur. Ce machin le gratte et il se sent rabaissé - c'est pas un chien bordel, un peu de respect ! -, du coup il s'en débarasse dès qu'il le peut) Le lézard ne s'attaquait pas aux élèves en uniforme, du moins en théorie. Il les effrayait juste un peu. Un tout, tout petit peu.

Sauf que la rouquine n'avait actuellement pas son uniforme. Elle n'était pas du genre à flipper pour un rien (si tant est que cette chose puisse être considéré comme "un rien"), mais la journée avait été un peu trop forte en émotions. Elle se précipita derrière Gautier et chuchota, d'une voix d'outre-tombe :

« Attends un peu qu'on sorte de là et tu vas le regretter... Maintenant, recule dooooucement vers la sortie... tu n'oublieras pas de me dire les noms de TOUS tes complices hein ? Parce que je sais que tu en as, c'est obligé. Tu n'as pas le pouvoir pour transformer Tarti', et tu es trop idiot pour avoir organisé ça tout seul. Vous n'avez pas filmé la scène hein ? ... Je l'espère pour toi en tout cas. »

Elle, parano ? Noooon, absolument pas.