| N'écoutes pas le passé, il n'a rien de nouveau à te dire
Surveillée de près par un adulte, Ambre était collée. Vous allez me dire : Oh, encore ? Et je vous répondrais : Oui, encore. La demoiselle avait cette fois-ci jeté une assiette de purée dans la figure d'un élève A qui insultait les C. Non pas qu'elle aimait les C, mais bien parce qu'elle en avait envie. Ces élèves trop parfaits lui tapaient sur le système. Si elle le pouvait, elle les tuerait d'un seul regard. Mais malheureusement, ce genre de pouvoir n'existe pas encore. La demoiselle était donc en train de recopier encore et encore cette fichue phrase d'excuse. L'adulte disait qu'elle la laissera ressortir quand elle aura bien retenu la leçon. Quelle connerie. Ambre, rester sage vis à vis d'une saleté de A ? Il fallait vraiment être fou pour penser une chose pareille. Pourtant, la brunette ne voulait pas rester ici toute la journée. Elle décida donc de prendre son air le plus désolé possible, tant bien que mal, et réussit à être lâchée par la surveillante. En vérité, Ambre n'était pas certaine que sa petite tête, peu mignonne, était la cause de l'abandon de cette punition venant directement par la pionne. Cette dernière avait reçu un appel juste avant, l'air grave, et semblait très triste en regardant Ambre. Mais cette dernière s'en foutait pas mal. Elle s'était dirigée vers le réfectoire en silence, mains dans les poches. C'est alors que la surveillante apparue à nouveau. Ambre s'attendait à des sermons de sa part, mais rien de tel. Juste une tête dépité qui s'exprimait avec une grande tristesse « Ambre... Tu sais... Le proviseur m'a demandé de te dire que ta mère est morte il y a une semaine... »
Un frisson avait parcouru le dos de la belle qui restait figée sur place, choquée. Elle ne savait pas quelle réaction adopter, même si elle avait envie de pleurer. Et alors qu'elle allait le faire, les deux femmes se firent bousculer en même temps par une élève à la cravate rouge. Là, plus rien. Un gros blanc. La demoiselle s'était excusée, la pionne avait hoché la tête, et cette inconnue était repartie tranquillement. Ambre se tourna vers la surveillante qui avait ses mains posées sur ses épaules, l'air pensive « Qu'est ce que je voulais te dire déjà … ? » La pensionnaire haussait les épaules, ayant elle aussi oublié de quoi elles parlaient. L'adulte se grattait la tête et lâcha un long soupir « Bon, pas grave. Sors un peu prendre l'air, tu veux ? » Ambre avait hoché la tête, se retrouvant seule dans le couloir étroit de l'étage.
Toute la mâtiné, Ambre ne cessait de penser à cette altercation. Elle sentait un sentiment de frustration l'envahir. Elle avait l'impression d'avoir oublié quelque chose, mais quelque chose de très important. Elle repensait alors à sa sœur, certaine qu'elle aurait pu être aidée par cette dernière si elle était là. La belle dirigea ses pas le long du lac et se retrouva à nouveau dans les jardins après quelques minutes de marche. Pour une fois, la demoiselle était bien calme. Mais pas dans un bon sens. Sa tête lui faisait mal à force de penser, mais Ambre avait le ventre noué et ne se sentait pas très bien. Elle repensait à cette bousculade, dans les couloirs. Puis, en relevant son visage, Miss Laubert vit cette fille. Celle qui l'avait poussé involontairement tout à l'heure. C'est sûr, elle y était pour quelque chose. Le hasard, Ambre n'y croyait pas.
La demoiselle se mit alors à courir vers cette inconnue. Façon de parler bien sûr, puisqu'elle la connaissait déjà légèrement. Une certaine Amelia, celle qui n'a jamais parlé de son don à personne. Peut-être que celui-ci était relié à la perte de la mémoire ? Sang-chaud de base, Ambre ne supportait pas qu'on fouille dans son passé, alors qu'on aille lui faire oublier quelque chose, c'en était presque impardonnable. Sans aucune douceur, la donzelle l'attrapa par l'épaule une fois arrivée à sa hauteur. Elle la secouait très légèrement, lui lançant d'une voix haineuse « Je suis sûre que c'est toi ! Amelia, rend-moi ma mémoire tu veux ! »
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