If we burn, you burn with us.
T’as juste regardé Min et au fond tu comprenais, il y avait cette petite part de toi qui savais que ce qu’elle disait c’était bien, qu’elle n’avait pas totalement tort… mais Gautier et toi vous ne vous plantez pas vraiment. Enfin… tu veux t’en convaincre, parce que tu sais très bien que tu fonces certainement dans un mur, mais pour le coup c’est plus toi. C’est ce que le pro-E en toi demande.
Le gris de tes yeux se pose sur ton ami qui salut Min, tu ne penses pas toujours comme lui, pourtant tu sais que le plan de la E n’est pas si idiot toi aussi, juste qu’il y a tellement d’éléments que vous aurez vraiment du mal à vous procurer. Tu soupires avant de te baisser pour ramasser la cravate blanche. Alors que Gautier sort de la classe tu passes devant Min, évitant soigneusement son regard et tu lui tends ce que tu tiens entre tes doigts avant de suivre ton camarade vers le bureau de Ruthel.
T’as un peu du mal à réaliser que tu vas vraiment ouvrir le bureau du directeur porté disparu, toi, pour te rebeller. Ansel, tu passes devant pour ouvrir la porte, t’essayes de ne pas trembler et de faire ça vite, tu sens Gautier qui regarde aux alentours, sûrement à la recherche de Tartiflette, qui bien sur n’est pas là… Tu préfères ne pas commencer à lui expliquer que ce fichu lézard ne viendra pas à cause du bracelet anti-Tartiflette que tu portes, sinon il risque de vraiment te demander le numéro de ta bonne étoile, qui n’arrête pas de te faire des cadeaux trop cool. Sauf que toi-même tu ne l’as pas.
Vous rentrez dans le bureau de Ruthel et comme s’il arrivait en pays conquit, ce qui bizarrement était peut-être le cas maintenant, Gautier s’installa à son aise, alors que tu te contentas de t’approcher tout en restant à une distance respectable.
T’as clairement facepalmé quand il a commencé très gentiment en considérant tout le pensionnat comme des blaireaux. Au fond il n’avait pas tort et lui comme toi en faisait une bonne paire en plus.
-Ah oui… comme ça au moins le message passe bien. On s’en bat les couilles.- Tu ne sais pas trop si tu t’en fous vraiment, c’est juste que… ce n’était pas comme ça qu’il fallait faire et au début tu ne voulais pas, mais bon, t’étais le méchant E à cette réunion des délégués, donc forcément…
Tu lèves la tête vers Gautier et rattrape le micro de justesse avant de le fixer avec de grands yeux. Non non, il ne se fou pas de ta gueule Ansel, tu dois dire quelque chose, mais tu n’es pas prêts et tu n’aimes pas parler… il le sait, alors il te conseil de faire court, mais tu as l’impression que cela ne va pas être si simple. Tu fermes les yeux et serres le micro. Tu revois le regard de Felicia quand tu as été le premier à lui dire que t’irais t’excuser, tu te rappelles des compliments et du soutient de Warren après ton discours. Tu vas décevoir du monde quand ta bouche va s’ouvrir, mais au pire cela ne sera que la seconde fois.
«
Ici Ansel… je… » Tu ne sais même pas si tu t’adresses aux E ou à toute l’école, tu secoues la tête et reprends, laissant tes émotions faire le boulot. «
Je retire les excuses que j’ai faites il y a plus d’un mois. On en est toujours au même point depuis la grève et Prismver a peu de chance de changer. » Tu reprends ton souffle et poursuit. «
La seule chose que l’on sait le mieux faire c’est la guerre… très bien. » Et tu achèves. «
Je vous propose donc une Révolution. »
Tu reposes le micro sur le bureau et le coupe. Ansel, tu inspires un grand coup avant de planter ton regard dans celui de Gautier.