Is there a first step to make? - Pelote de Laine

Ses mains se glissèrent dans mes cheveux, c’était si agréable et réconfortant. Mais sur le coup de ma révélation, elle semblait perdue dans ses pensées, laissant échapper un semblant, éphémère mais présent, de déception. Puis elle me sorti un argument imparable, ce que je me répétais sans cesse depuis ce jour. Ça a toujours été le cas, j’ai toujours été ainsi. Je comprends qui je suis et je vais aller de l’avant.
Elle posa ses mains contres mes joues, son regard était apaisant, je le soutenais avec moins de difficulté que d’habitude. Elle était heureuse que je me confie, c’est bien ce que je pensais… Puis elle ferma les yeux m’offrant un peu de répit. Ça ne changera rien… Pas vraiment, ça me permettra de mieux comprendre certaines chose et de me gérer encore mieux qu’avant sans me prendre autant la tête.

Leanny rouvrit les yeux lentement, j’avais l’air pitoyable, les yeux irrités fuyant son regard toutes les trois secondes. « Je ferai attention, promis. ». Et là… Je ne pus me retenir… Je n’étais plus le maître à bord. Mais sa compréhension, sa patience, et sa douceur…

Au diable la prudence, la peur et la lâcheté.

Je redressais ma tête tout en gardant mon front collé au sien et je l’embrassais tendrement et longuement. Ses lèvres étaient douces et chaudes. Un léger goût de champagne. Je fermais les yeux pour me concentrer sur elle. Et lentement je brisais le contact. Je ne pouvais la regarder. « Après avoir découvert tout ça, j’ai revu toutes mes relations, je me suis repassé tous les moments vécus avec mes proches pour voir si je n’avais rien loupé… Et … j’en ai mis du temps mais… J’ai enfin compris… »
J’avais une amie en 4ème année, on s’entendait bien, très bien, et du jour au lendemain elle s’est éloignée, et elle est devenue amère à mon égard… Ce n’est qu’en 6ème année que j’ai compris qu’elle intéressée par … moi… Je suis passé à côté de pleins de choses de ce genre… Il est facile de tout lire et deviner chez les autres car on reste objectif, on a une vue d’ensemble. Mais quand ça nous touche directement… On devient un peu plus… stupide ?

Je posai mes mains sur les siennes.

J’ai décidé de reprendre les choses en main et d’assumer mes sentiments et d’essayer de dire quand quelque chose me contrarie ou me déplait, et l’inverse aussi. Et là… « J’ai compris pour toi… Et j’ai compris pour moi… C’est réciproque, je ne peux plus l'ignorer... » Mon père m’avait beaucoup aidé pour ça, je ne peux pas le nier. Il avait un petit sourire en coin et prenait un malin plaisir à me torture et à me voir lui poser plein de question tout en refusant de voir la vérité en face. « Sache que je ferai tout ce que je peux pour te le prouver… »

Je craignais un peu sa réponse… est-ce que ma confession l’avait effrayé ? Etait-ce à cause de ça qu’elle a laissé échapper pendant une seconde un soupçon de déception, d’appréhension ?
En effet en tant qu’ami, rien ne changerait, je ne serais pas un fardeau, mais dans cette nouvelle configuration… Trop de nouveaux paramètres entrent en jeu… Le résultat est incertain… J’ai atteint le point de non-retour…

C’est le risque en… Amour.

Elle ne semblait pas comprendre. Je relevais les yeux vers elle. La bouche entre-ouverte elle restait sans mot. Aurais-je mal-interprété ? Elle ne m’aime peut-être pas non? … Quoiqu’il arrive, je lui ai fait part de mes sentiments…
Elle était virait au rouge pivoine… Le stress commençait à me gagner, c’était une première pour moi… M’avouer comme ça, prendre un risque et me rendre aussi vulnérable… Elle pouvait me détruire en un battement de cil. A-t-elle fait un malaise ?

Apparemment non. Sa main se dirigeait vers sa joue, elle pinça sa joue avec une certaine poigne… J’avais envie de faire un facepalm… Comme d’habitude elle refusait de voir la vérité en face. Je la regardais d’un air amusé et attendrit par son état de choc.  
Elle essaya de prononcer quelques mots. En vain… « Relax… On peut tout se dire, non ? » je n’osais pas la toucher, elle pourrait perdre conscience… Bon ok, j’exagère un peu. Mais regardez-la elle frôle la tétanie.
Elle me fit un aveu… Elle ne comprenait pas… Pourtant je pensais avoir été assez explicite non ? Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre… “ Bah réfléchis un peu gnnnn… Je ne t’ai pas embrassé pour te demander de me passer le sel…“
Elle baissait la tête fixant ses mains et elle me demanda si tout ça était vrai. Une partie au fond de moi avait envie de se mettre à rire et de lui dire sur le ton caricatural des présentateurs tv “ C’était une caméra caché organisé par la BBC ! Vous avez une caméra là ! Là ! Et là ! “ Mais je pense pouvoir dire sans trop d’hésitation que c’était le stress et les nerfs qui m’envoyaient de drôles de messages…

Je me penchais vers Leann avant de m’agenouiller face à elle, mon visage sous sa tête afin de capter son regard.  « Si c’est vrai ? » lui demandai-je intrigué. Je recule, je louche sur mes mains,  réfléchissant « Peut-être que je n’ai pas été assez explicite la première moi… ». Du bout des doigts j’attrapais son menton et je redressais son visage vers le mien. « C’est pour de vrai, et ça ne disparaîtra pas demain matin. » lui dis-je dans l’espoir de lui faire comprendre une bonne fois pour toute. Et tout en fermant les yeux, je déposais un doux et court baiser sur ses lèvres.

Je m’asseyais face à elle en tailleur. « Te connaissant… Tu n’as pas imaginé une seule seconde que ce puisse être réciproque… C’est sûrement pour ça que tu ne m’en as jamais parlé… » je tournais la tête, fixant mes volets sur ma gauche. « Et puis c’est assez effrayant… ça doit impliquer plein de chose… » je soupirais, parce que moi ça me stressait tout ça. Peur de faire quelque chose de travers, de la blesser à mon insu, peur de la perdre… Oui, je suis pessimiste, je viens de l’embrasser, et je crains déjà de la faire fuir… « Pose-moi toutes les questions que tu veux et j’y répondrai, si ça peut t’aider à accepter et à te rassurer sur la situation… Je ferai un effort. » … j’allais sûrement le regretter. Non.

Je vais le regretter.

Elle s’est mise à sourire après mon deuxième baiser. Ce qui me rassurait, enfin une réaction cohérente et positive. Elle se mit à quatre pattes et s’approcha doucement vers moi. Elle chuchota à mon oreille un « Heey ? » un frisson me parcouru, agréable cette fois-ci, je me retournais vers elle, et à ma grande surprise, elle m’embrassa à son tour. Ma main se glissa dans ses cheveux et j’attirai délicatement son visage contre le mien. Enfin… je pouvais soupirer, soulagé.

Je laissais lentement filer son visage de ma main. Elle s’assied face à moi. Elle tentait de me regarder dans les yeux, je fis de même. Puis elle me posa sa question. Je ne m’y attendais pas… Je l’écoutais intriguait, je ressentais son mal-être, elle me disait ce qu’elle avait sur le cœur. Je lui souriais timidement. « Je ne veux pas donner dans les clichés mais… » je m’avançais vers elle, avant de m’allonger sur le dos et de poser ma tête sur ses jambes, la regardant dans les yeux. « On ne choisit pas ce genre de choses. » je lui tire la langue pour la taquiner « J’ai mes défauts aussi, tu le sais très bien. Je suis pessimiste, renfermé sur moi-même, méfiant, dépréciatif envers moi-même, impulsif par moment et… et je vais m’arrêter là avant de te faire fuir. » je ris légèrement. « Tu as toujours, mais toujours, été là pour moi, attentionnée, douce, gentille, affectueuse, et … » je me redressais, face à elle, je pris ses mains entre les miennes. « Même si je ne parle pas des masses, même si je reste caché, sache que j’ai toujours été là à penser à toi. »

Leann se colla à moi, je l’enlaçai à mon tour, lui massant le dos de mon pouce, elle se mit à parler de sa voix hésitant… «Mais vraiment, je veux pouvoir t’apporte quelque chose. Un soutien ou je ne sais pas. Je veux que tu saches que je serais là, de ton côté. Que… », elle se mit à tousser, avant de me chuchoter cette phrase. Cette locution que j’avais réussi à éviter de dire tout en arrivant à être totalement limpide sur la nature de mes sentiments à son égard.

« Je… je ne l’ai jamais dit à quiconque. » lui chuchotai-je à mon tour. Littéralement à personne, dans ce sens-là, ce n’est pas quelque chose que je prends à la légère, comme embrasser quelqu’un… Mais là… Je pense que je peux le dire… « Ne te sous-estime pas… Je ne suis pas très démonstratif… Mais une fois que j’aurais réussi à me montrer sous mon vrai jour en ta présence… Tu comprendras et tu ne douteras plus jamais que… enfin… je t’aime Pelote. » je virais au rouge, mes joues et mes oreilles me brûlaient. J’y étais parvenu. J’avais réussi à le dire. « Oui… On dirait bien que je t’aime… d’amour. Je ne peux plus le nier. »

Et maintenant, avec mon tact légendaire, j’allais mettre les pieds dans le plat. « J’ai une vague idée des questions que tu dois te poser, je pense avoir les mêmes alors… autant jouer carte sur table et partir sur de bonnes bases, évitons tout malentendu. » je lui fis un sourire. « Est-ce qu’on veut que cela se sache ? … Je ne sais pas… ça va bientôt aller de mal en pire à l’école, mon instinct me dit que non… Je vais sûrement entrer en jeu d’ici peu et je ne veux pas qu’on se venge sur toi… Je suis plus ou moins intouchable physiquement… L’un des seuls moyens de m’atteindre c’est par les gens que j’aime… On devrait, pour le moment, rester discret sur la chose… Même si tout le monde doit s’en douter après notre petit numéro au bal… C’est compliqué… Je ne sais pas quoi en penser… Mais c’est vraiment pour te préserver de toute menace et pas par honte, loin de là ! » je remuais mes pensées pour trouver quelle autre question on pouvait avoir en commun… « Hm… Nous deux… ça implique quoi ? On pourrait se voir plus souvent sans avoir peur que je découvre tes sentiments à mon égard… Passer plus de soirée ensemble après les cours… …. Dormir ensemble ? Avec mon don je suis l’amant parfait. » je ris avant de lui faire un clin d’œil puis je reprends « C’est juste que je suis bien avec toi… Et il est sain d’avoir envie de se sentir bien… J’en déduis sans trop de difficulté qu’il serait sain de se voir plus souvent… » lui dis-je avec un brin de rire dans la voix, j’avais envie qu’on passe beaucoup plus de temps ensemble mais je n’osais pas le lui dire directement, alors je faisais de mon mieux pour lui faire passer le message, je pense que j’y suis arrivé sans trop d’encombre…

« Il nous faudra un peu de temps comme je t’ai dit pour qu’on soit réellement nous-même, que l’on arrive à faire tomber toutes nos barrières, et que l’on montre nos vrai visage, que l’on soit totalement à l’aise l’un avec l’autre. On y arrivera, il nous fait juste le temps de se redécouvrir. Tu peux tout me dire sans honte ni tabou. Tout ce qui te préoccupe ou t’inquiète, tout ce que j’ai pu dire qui t’aurait déplu. Ça ne m’embêtera pas, et je prendrais plaisir à te rassurer. Mais en échange, je te demanderai d’être explicite sur ce que tu attends de moi en général… Disons que ma … condition… » Apserger… « fait que j’ai un peu de mal avec les messages subliminaux. Mais ça tu as dû le comprendre depuis… Regarde, là j’ai envie de t’embrasser, et je vais le faire. »

Je ne pouvais m’en empêcher, mais je l’embrassais pour la troisième fois ce soir… Quoi ? Ne me jugez pas ! Jamais deux sans trois.

Elle ne semblait pas à l’aise à l’idée que l’on dorme ensemble, mais vraiment pas, elle me demandait de ne pas rire. Je plissais les yeux en lui tirant la langue en secouant légèrement la tête de gauche à droite. « T’inquiète pas pour ça. Tu n’auras jamais la pression, on ira à ton rythme. D’accord ? »
Et j’embrayais sur ma tirade pour la convaincre que c’était bien de passer plus de temps ensemble. Elle me répondit d’un sobre et timide « Ça le serait, en effet. ».
Je sentais qu’elle était d’accord mais encore trop timide pour me le dire… J’espère que ça viendra avec le temps… Pour ma part le fait d’avoir dévoilé mes sentiments m’avait désinhibé. Je me sentais plus spontané et encore plus à l’aise, d’autant plus que nos sentiments étaient réciproques. Elle restait vague mais approuvait. Disons qu’il faut multiplier cette réaction par cinq au lieu de se vexer qu’elle ne soit pas aussi enthousiaste que moi… Faisons le calcul… Elle en meurt d’envie elle aussi… J’espère ne pas avoir fait d’erreur de retenue…

Elle se blottit contre moi après que je l’aie embrassée. Elle cacha son visage dans le creux de mon cou, je ne me sentais pas très à l’aise quand on s’approchait de mon cou, mais je me retins de hausser les épaules par réflexe, et je massais du bout des doigts sa tête.
Et elle se décida enfin à me faire une réponse constructive. Je l’écoutais attentivement. Elle voulait être contre moi comme ça plus fréquemment. Et surtout que j’arrête de m’éclipser pour la préserver de moi. Je me mordais les lèvres, avec le recul elle a dû passer un sale quart d’heure quand j’étais sous l’emprise de psychose. Mais je reste convaincu qu’il est mieux qu’elle ne m’ait pas vu dans cet état. « Tu seras la première à savoir quand ça ne va pas, et sûrement la seule. Je ne disparaîtrai plus sans rien dire. Je laisserai un préavis d’une heure. » dis-je un ton grave laissant le temps d’observer sa tête et de voir sa réaction. « Avant de disparaître dans tes bras. » bon ok, j’ai été plus drôle dans le passé. Je déposais un baiser sur son front. « Je suis désolé, je sais que tu l’as mal vécu… J’essaierai de ne plus recommencer. » je ne pouvais pas promettre mais je ferai de mon mieux…

Je la serrai un peu plus contre moi. Elle me demanda si elle pouvait en parler à Alwine. Elle avait besoin d’extérioriser tout ça… « Si elle sait tenir sa langue et que tu ne lui parles pas trop de comment je suis avec toi… ça me va. » j’étais extrêmement gêné à l’idée qu’elle puisse savoir ô combien j’étais affectueux et câlin. Je ne le suis qu’avec qu’elle, ce n’est pas pour que les autres le sachent. Mais je comprends son besoin. Alors bien sûr qu’elle peut lui en parler. Qui suis-je pour le lui interdire ?

D’un coup son ton changea. C’était beaucoup trop pour elle, elle s’éloigna de moi. Je ne comprenais pas. Ai-je dis quelque chose qui ne fallait pas ? Ou ai-je fait quelque chose qui ne lui a pas plu ?! Mon corps s’était habitué à sa chaleur, une sensation désagréable de vide et de froid prit sa place. Brrr…
Elle s’excuse, je la regarde fronçant les sourcils, toujours aussi perplexe. « Tu te mets la pression Pelote… Je ne sais pas comment te le dire mais… Je n’ai aucune attente précise… Ce n’est pas une mauvaise chose hein ! » Je me glisse vers elle avant de la faire s’allonger sur mon lit, je tirais la couette sur nous et je me blottis contre elle. « Ce que je veux dire c’est que… Pour l’instant tout ce que je veux c’est … être avec toi et profiter te nos petits moments aussi simple qu’ils puissent être. Tant que je suis avec toi, ça me va. » je me redressais, posant mon bras à sa droite alors que je me tenais à sa gauche, et je me penchais au-dessus d’elle pour l’embrasser, puis je m’allongeais de nouveau à côté d’elle, la regardant amoureusement. « On prendra le temps qu’il faudra. On a toute la vie devant nous. Autant faire les choses bien. Tu n’es pas d’accord ? » je lui tapotais sur le bout du nez avec mon index en ne pouvant m’empêcher de sourire. J’étais vraiment content d’être avec elle, ici, là, tout de suite. « Je n’irai pas jusqu’à dire que je te laisserai prendre toutes les initiatives. Mais… Je ne te brusquerai pas. Sauf si tu ne fais rien du tout. » je ferme les yeux et prend un air pédant, un sourire en coin. « Dans ce cas, je ne te laisserai plus aucun répit ! » je ris légèrement. Mais dans le fond, j’étais assez triste et encore plus impatient de pouvoir avoir la vraie Leann à mes côtés… J’espère que ça ira…  Je ne laissais rien paraître, je ne voulais pas qu’elle se sente mal ou coupable de quoique ce soit. Mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir ça… Je suis nul.

Je ne pouvais m’empêcher de soupirer faiblement comme pour abaisser la pression dans ma poitrine, puis je posais ma tête contre son épaule.

Ma … chérie… (il va me falloir un temps d’adaptation… moi et les surnoms mielleux…) semblait soulagée quant à mes explications. Je faisais tout ce que je pouvais pour l’aider à se sentir à l’aise et en confiance. J’avais une idée plus ou moins précise de toutes ses préoccupations et je faisais de mon mieux pour les balayer une à une. Mais il y en avait une en particulier que je n’avais pas envie d’aborder…
Elle me tira de mes pensées par surprise. Elle fit preuve de spontanéité. J’étais agréablement choqué. Elle se redressa et enroula ses bras autour de mon cou, et m’embrassa avec une certaine fougue mais elle restait douce…
Elle se plaqua ensuite contre moi, auprès d’elle toutes mes inquiétudes s’évaporent. Je lui offris un sourire rempli de tendresse. C’était niais mais je ne pouvais m’en empêché… Elle s’éloigna, mais elle gardait ses avant-bras autour de mon cou. Elle rougissait, moi aussi. Mes joues étaient toujours aussi brûlantes. Mais cette chaleur était agréable. Elle me fixait droit dans les yeux. Je fis de même. « C’est … peut-être la dernière fois avant un bon moment où je puisse faire une chose pareille alors… hm… ne t’y habitues pas trop… mais ne crois pas que je n’en ai pas envie, ok ? » … je crois qu’il est temps de parler du dossier K. Je soupirais, bien sûr que c’était évident et logique, mais je ne pouvais m’empêcher de me sentir triste à l’idée de ne pas pouvoir revivre ce genre de soirée… Elle avait raison…
Elle parla de notre petite nuisance en première. « Je sais… » dis-je en soupirant, le moral totalement sapé par ce dur retour à la réalité. Je détournais le regard. Je ne pouvais même pas lui en vouloir, parce qu’avec Kei autour je ne pourrais pas même lui prendre la main. « On pourra toujours annuler ton pouvoir une fois par semaine… Si tu le veux bien… Ou je pourrais toujours lui coincer le bras dans un mur le temps d’une soirée… On attend qu’il soit adossé, tu me fais signe et sans même bouger je le coince à moitié dedans… M’enfin je ne sais pas… On trouvera quelque chose... » j’avais l’impression de me comporter comme un gamin capricieux et je détestais ça…

Elle se laissa tomber sur mon oreiller, je me laissais entraîné avec elle délicatement, j’étais à moitié allongé sur elle. Ma tête contre la sienne, je l’enlaçais. Elle m’embrassa doucement, je me laissais faire sans bouger. Je pense que je ne m’en lasserai jamais…
Elle m’explique que ce soir c’est notre soirée, comme si c’était la première et la dernière. Je dois vous avouer qu’à chaque fois qu’elle parlait de notre soirée comme ça. Je ne pouvais m’empêcher de tirer une moue triste tout en détournant le regard car je ne pouvais lui en tenir rigueur. Je me mis à lui chuchoter. « Ne t’inquiète pas, on LE fera quand tu seras prête. » je riais, oui je la taquinais un peu, c’était gratuit certes, je lui tirais la langue.

Je me blottis un peu plus contre elle, posant ma tête contre sa poitrine et passant un bras autour d’elle me serrant un peu plus. « Il me tarde déjà d’être à la prochaine fois… » je soupirais avant de prendre une de ses mains et de la poser sur ma tête. « Tu déclenches le god mode sur ton petit ami en lui massant le crâne. Il devient aussitôt à ta merci… On sait jamais ça peut toujours servir. » je me remuais pour m’installer au mieux contre elle. « Pffff… On trouvera une solution pour Kei… En attendant… Tu as raison. Profitons de notre soirée. »

Je remontais vers la tête de Leann. « J’ai peut-être un début de piste… » Je pensais à Mr. Parker le président du club de boxe, il me devait pas mal de service. Il ne cherchera pas à comprendre si je lui parle d’un ami imaginaire qui empêche une élève de dormir. Il annulera autant de soirs que je lui demanderai.
Je tapotais sur le bout de son nez. « Le professeur principal des E me doit une tonne de faveurs. Il m’a envoyé à plusieurs reprises des groupes de E en difficultés. Je les ai aidés à préparer leurs rattrapages et ils sont tous passé haut la main. Il m’est éternellement reconnaissant. En plus je le vois souvent au club de boxe… c’est plus ou moins un ami… Si je lui parle d’une élève en B qui se fait malmener dans son sommeil par son ami imaginaire il n’hésitera pas une seule seconde à aider… Et sans poser de question… Enfin… si tu es d’accord bien sûr… C’est de toi et de ton don dont on parle … chou… ? » je m’essayais à un surnom… Je n’étais vraiment pas à l’aise. Le simple et traditionnel Pelote m’était plus naturel.

Je l’embrassais longuement… très longuement… mais genre vraiment très longuement. Puis je m’allongeais plus ou moins contre elle, plus ou moins sur elle. La fixant amoureusement, un sourire au visage. « Profitons de l’instant présent. On a jusqu’à demain après-midi. » j’écartais les mèches sur son visage que je replaçais derrière ses oreilles pour mieux la voir. « Et toi tu voudrais faire quoi ? Dans la limite du raisonnable bien entendu. » mon index et mon majeur se baladait lentement le long de sa clavicule glissant dangereusement vers sa poitrine, mais je n’en ferais rien, c’était … de la provocation je suppose.

Leann semblait septique à l’idée de coincer Kei dans un mur, pourtant c’était une simple question de fréquence. Trouver la bonne fréquence de vibration et le tour était joué… J’y arriverai. Après tout, je suis capable de vibrer à la fréquence d’un photon et de devenir invisible un court instant. Ce n’est pas un fantôme qui me donnera du fil à retordre.
Pelote semblait assez mal à l’aise de parler de Kei. Pourtant je faisais mine de prendre le sujet assez bien. Je faisais de mon mieux pour qu’elle se sente à l’aise mais ça ne semblait pas suffire. Elle me frôlait le cou du bout des ongles, un frisson agréable me traversa. Ses mains se glissèrent dans mes cheveux, je fermais les yeux un court instant, qu’est-ce que je pouvais adorer ça…

Elle semblait un peu perdue après que je lui ai demandé ce qu’elle voulait. Elle ne savait pas quoi répondre… Et étrangement ça me vexait. Elle se contentait de rougir sans un mot. Elle opta pour la fuite. Déçu, ma main droite arrêta brutalement sa balade à la fin de sa clavicule je soupirai sans un mot, l’écoutant. « Il n’est pas encore l’heure mais bon… Si tu y tiens. »

Elle se releva lentement et me tourna le dos, elle en profita pour refermer sa chemise. J’avais compris. J’arrête de la taquiner. J’en ai assez fait pour ce soir.
Mon bras droit devint flou sous l’activation de mon don, et je piochais sans bouger du lit les paquets que j’avais rangé sous le matelas.
Leann me demanda où ranger le crayon qui m’avait servi à lui faire un chignon. Par réflexe je lui répondis « Oui vas-y. » quand elle me demanda de le ranger dans le tiroir. Un peu blasé par son penchant pour les excuses et la fuite.
Je posais nos cadeaux emballés sur le lit. Je me relevais à mon tour, m’asseyant en tailleur dans sa direction.

« Tu n’as toujours pas faim ? Je peux nous bricoler quelque chose avant d’ouvrir les cadeaux. » lui proposais-je tout en fixant ma main que je m’amusais à faire vibrer de la fréquence la plus basse à la fréquence la plus haute que je pouvais atteindre, elle finissait toujours par devenir invisible. C’était un petit jeu que mon oncle m’avait appris. Toujours aller plus loin qu’il disait. J’ai hâte de lui montrer que je peux devenir invisible il n’en croira pas ses yeux.
Je relevais la tête vers Leann.  « Tu es heureuse de ce qu’il y a entre nous ? » c’était sorti tout seul, et ce n’était pas très net comme question… Encore plus embarrassant que de jeter une bombe comme ça… L’expliquer. « Enfin je veux dire… Ce n’est pas tout d’avoir des sentiments… Mais tu penses pouvoir gérer… Nous deux… ? … … … Laisse-tomber, c’est stupide et brutal comme question. N’y fait pas attention. Viens ouvrir tes cadeaux ! » C’était juste moi et mon besoin de me rassurer à cause de cette culpabilité parasitaire.
Je lui avais pris de précieux bouquins de botanique et de phytothérapie en français. Ils sont assez chers, je suis parti à Paris les lui prendre directement dans la librairie scientifique face à l’université de médecine du quartier latin. « J’ai gardé le ticket de caisse dans mon tiroir si jamais les bouquins ne correspondent pas à ce que tu veux, on ira les changer. » je lui souris. Un weekend avec elle à Paris… Il est probable qu’elle nous fasse une crise cardiaque avant même d’être sorti de la Gare du Nord… Je pouffais de rire en visualisant la scène. Imaginez la nuit à l’hôtel. Vous trouvez notre soirée awkward ? Vous n’avez encore rien vu.

Je la suivais vers la cuisine, elle semblait choquée par mon jeu/entraînement/diversiondel’esprit. « J’ai trouvé la fréquence de vibration du photon… je peux phaser à travers la… lumière… mais shush, c’est un secret pour le moment. » je lui fis un clin d’œil. Puis vint les tourments de mes doutes et de mon manque de confiance.
A l’entente de ma question Leann se retourna aussitôt, dos au mur. Surpris. Je revins sur mes propos, tentant de noyer le poisson mais elle me coupa la parole en s’approchant de moi, en s’agrippant à mon tshirt, en se hissant sur la pointe de ses pieds, et en m’embrassant longuement. Mais… mais… Leann…

Je me laissais faire sans montrer le moins signe de résistance. Elle m’enlaça progressivement faisant durer le baiser, et dès que je sentis qu’elle s’éloignait, je la serrais un peu plus contre moi pour l’embrasser encore plus fougueusement. Avec la porte ouverte et nous au milieu je savais qu’elle avait peur que l’on soit vu. Je me concentrais pour nous rendre invisible un court instant, juste le temps de faire durer ce baiser.
Je la laissais relâcher son étreinte, elle me fixa dans les yeux, je la regardais quelques dixièmes de secondes, avant de fuir son regard une ou deux longues secondes. « … » sa question était cohérente, mais encore une fois, les émotions nous change sans parler des hormones, tous ces contacts… Même-moi j’y suis sujet… Mais je ne lui fis pas de remarque, je me contentais de baisser les yeux.

Elle attrapa ma main et me tira vers la cuisine, je me laissais tirer et je la suivais d’une démarche nonchalante. Puis elle répondit à ma question, et plus elle avançait dans ses explications et plus elle rougissait. Je me mis à sourire bêtement à l’évocation d’un « bonheur absolu » dans ses veines, je m’approchais d’elle, passant ma main dans ses cheveux, la regardant tendrement. « Désolé, je n’en douterai plus… Jamais. » je ferais de mon mieux, mais c’est une promesse que je ne suis pas sûr de pouvoir tenir.
Elle se leva pour se cacher dans le frigo, faisant mine de chercher quelque chose d’intéressant. Quand je vis son regard s’attarder sur le pauvre yaourt nature mourant au dernier étage, du bout de mon index, je fis phaser le frigidaire, elle ne pouvait rien prendre devant.
« Un pauvre yaourt nature ? Laisse-moi faire si c’est comme ça. » Je tirai un pot de fromage blanc neuf qui m’appartenait, et je tirais un saladier, je donnais un coup sec dans la boîte de fromage blanc et je fis phaser la crème dans le saladier sans ouvrir la boîte, qui devait être comme neuve à l’intérieur. J’attrapais trois pommes que je rinçai puis découpai en petits morceaux à toute vitesse que je versais dans le récipient. « Tu peux prendre le sirop d’érable dans le placard derrière toi s’il te plaît Pelote? » Une fois la bouteille en main, je versais une quantité généreuse de sirop. Je mélangeais jusqu’à que l’appareil prenne un léger teint brun. Et voilà en moins d’une minute et trente secondes tout était prêt, je piochais une cuillère à mon tour « Ce sera plus consistant qu’un pauvre yaourt. » Je lui fis un sourire en lui tendant le saladier après qu’elle ait pris sa cuillère.

Elle revint sur mes doutes en me lançant une petite remarque bien placée. « Le tiroir… » ce grand claquement que j’ai entendu sans y prêter attention, ce oui balancé sans y faire gaffe… Elle y a rangé mon stylo, et de peur que je la surprenne elle claque le tiroir aussitôt… C’est dingue ce que l’inconscient peut stocker comme information…
Je fis une petite foulée pour rattraper Leann et me mettre face à elle tout en marchant à reculons. « Quel est le pire ? Un autel à ma gloire ou une sobre boîte remplie de petits objets symboliques de nos moments passés ensemble… ? » dis-je sur le ton de la plaisanterie, avant de me coller à elle et de frotter mon nez au sien tout en fronçant les sourcils.
D’un coup je m’accroupis, attendant que Leann me heurte, et je me relève aussitôt, portant ma petite amie comme un sac à patate que je tenais de mon bras libre tandis que l’autre protégeait notre petit encas. « Pourquoi as-tu pris la fuite après avoir parlé de cette boîte ? Ne te censure pas, sois toi-même, c’est toi que j’aime pas une Leann formatée pour être la petite amie parfaite que je n'aimerais pas ! » Je me mis à rire de bon cœur avant de la reposer délicatement sur mon lit à côté de nos cadeaux.
« Alors on fait ça dans quel ordre ? On ouvre nos cadeaux le ventre vide ou plein ? » Je m’assieds face à elle posant le saladier entre nous. Je pris une généreuse cuillère avant d’y tremper mon index et mon majeur, et je dessinais deux traits sur les joues de Leann. « On dirait Lily la Tigresse. » lui dis-je avant d’imiter un félin qui grogne.

J’essayais de la décoincer, de la pousser à extérioriser un peu en la provoquant avec des bricoles enfantines, ce petit gros dessert à partager au lit, nos cadeaux de Noël qui n’attendent que nous, la porter sur mon épaule sans crier garde, dessiner sur son visage avec du fromage blanc.  Elle finira par rire à gorge déployée, sourire, parler ouvertement avec un ton confiant et à l’aise, et surtout à voix haute. Elle finira par me taquiner et m’embêter juste pour le plaisir de me voir bouder un peu et de me réconcilier aussitôt avec elle.
Elle finira par y arriver. Je le sais. En attendant… Je repassais mon index sur ma cuillère. « Un dernier petit détail. » et je traçais une ligne de yaourt le long de son nez. « Il ne te manque plus que la plume dans les cheveux Lily ! »