La fin justifie les moyens [Solo]

Mi-mai

Soni n'était pas la reine de la furtivité ni du crochetage, à part dans Skyrim. Soni était une jeune fille gentille et douée, mais ça c'était avant. Soni avait l'intention d'exprimer haut et fort son mécontentement sur l'école et ça allait arriver d'ici peu.


Ce phénomène semblait arriver souvent, apparemment et la déléguée des B n'était pas la seule à avoir pénétrer par effraction le bureau du directeur. Personne n'était là à cette heure-ci, pour l'instant, alors elle en avait profité pour faire éclater la serrure à coup de gel. S'il fallait repayer les dégâts, elle s'engageait au moins à le faire, pour Ruthel. Tartiflette n'était pas dans le coin non plus mais la petite blonde avait tout de même enfiler son uniforme, par précaution : elle ne tenait pas à se faire courser par le gros lézard.

Ce fut le coeur battant trop fort à son goût qu'elle entra dans le bureau et se dirigea tout naturellement vers le micro. Elle jouait son futur à Prismver et même si Soni dirait à qui le voulait qu'elle n'avait pas peur, c'était pourtant bien le cas, surtout par rapport à la punition qu'elle aurait. Autre que le changement de classe, évidemment car elle était entièrement préparée à cette conséquence. Son doigt tremblant activa le micro et avant de parler, l'Italienne se râcla la gorge tout en pointant sa lampe de poche vers la petite feuille remplie de ratures qu'elle avait préparé.

- Salut à tous ceux qui écoutent et désolée pour ceux que je réveillerais, ici Sonera, la déléguée des B. À peine eut-elle prononcé ces mots que son palpitant s'emballa encore un peu plus et ses mains devinrent un peu plus moites et glacées. C'est pas exactement à vous en particulier que je veux m'adresser, les élèves, mais comme dirait deux de mes héros débiles favoris, "on en a gros" alors j'emploie les gros moyens. Je suis à Prismver que depuis trois ans, quatre bientôt maintenant et autant d'années que je me dis que cette école, c'est quand même un sacré merdier. Un bon gros bordel dans lequel les élèves n'ont rien à dire, juste à fermer leur gueule et supporter. Enfin ça, c'est ce qui concerne les classes inférieures à la A, c'est-à-dire toutes sauf celle précédemment citée, en fait. Hochement de tête entendu même si invisible pour tous les auditeurs, le temps qu'elle reprenne son souffle. Son discours hargneux avait commencé, Soni n'était pas prête de s'arrêter. Mais on a toujours fait avec, toujours en protestant plus ou moins, avec Entropy ou même RED. Même nous les délégués avec le White Day, on partait d'un bon sentiment, je crois. Jusqu'au jour où le monde entier a appris l'existence de l'école ou du moins sa véritable utilité, notre véritable nature et que le gouvernement britannique a foutu son gros nez poudré dans nos affaires. J'ai pas l'impression qu'on panique plus que ça mais en soit, ça on s'en tamponne un peu.

Non, le point où je voulais en venir, c'est notre chère vice-directrice Staunton. Oui je parle de vous, madame la vieille rombière poudrée et parfumée au point où c'en est écoeurant. Oui, je vous attaque directement comme ça. Mais je voulais vous dire sincèrement que votre façon de gérer l'école avec Kerstin me déplaît totalement et je suis pas la seule. Vous pourriez bien nous virer mais à quoi bon ? On servirait simplement de martyrs pour la cause qu'on défend depuis trèèèès longtemps : l'égalité des classes. C'est comme pour le Christianisme : on tuait un prêcheur, il devenait un martyr. Enfin je m'éloigne de ce que je veux dire. Soni fit un petit geste de la main pour balayer ces propos inutiles ainsi que son petit discours bien rédigé, elle s'en était détachée depuis quelques phrases déjà puis posa ses petits pieds sur le bureau, comme pour se donner un semblant d'importance que personne ne verrait. Ce que je voulais dire surtout, c'est que votre façon de descendre les élèves qui s'opposent à vous, elle pue. Votre façon de sucer les S et les A, elle pue. J'aurais espéré un changement positif avec votre arrivée mais une fois de plus, Sonera Di Gregorio a encore été une oie blanche bien naïve. J'aimerais donc annoncer mon départ immédiat du poste de déléguée des B, non que je vous aime plus les bleus, mais j'ai juste pas envie d'être le bouffon qui doit vous représenter auprès des mauvaises reines de l'école, c'est tout. Vous pourrez bien me faire descendre en E, Staunton, mais ça ne fera que renforcer l'idée que j'ai de vous : celle d'une grognasse venue foutre la merde dans une école qui n'en avait pas besoin du tout, puisque c'était déjà le cas sans vous. Je me ferais même une joie d'endosser la cravate rouge si c'est le signe des mauvaises gens et des rebelles. Ouh lala, j'ai dit rebelle, comme c'est moche d'apposer une étiquette sur le front d'un certain groupe de personne, c'est de la ségrégation ou de la discrimination ces stéréotypes, mais on s'en fout, parce que j'utilise votre façon de penser.

Sur ce, maintenant que j'ai fini de déballer mon sac avec des propos que certains trouveront trop forts, trop absurdes ou vrais - peu m'importe à vrai dire, j'avais juste envie d'exprimer mon ras-le-bol, - je me retire et attends ma sanction avec peu d'impatience, je dois l'avouer mais je l'attends quand même en osant dire que j'ai posé mes couilles inexistantes sur la table. Cordialement, Soni qui vous aime les p'tits choux et Di Gregorio qui aurait aimé vous la coller plus profond si elle était plus puissante et moins petite, Staunton et Schneider.

Le doigt gelé de la petite blonde relâcha le bouton et elle put soupirer longuement pour tenter de calmer son agitation. Désormais, tout était dit, elle n'avait plus qu'à patienter. Peut-être serait-elle bel et bien renvoyée, mais Sonera avait pris le pari de redescendre "simplement" en E comme la plupart de ceux qui s'opposaient à la vice-directrice. Elle ignorait ce qui l'attendant, vu les termes qu'elle avait employés à l'encontre de la vieille sorcière puante et de la CPE mais peut-être que ses paroles réveilleraient les consciences qui s'endormaient. Cela faisait beaucoup de suppositions pour son futur proche mais c'était sa décision : elle en avait trop marre de cette situation.

Elle sortit du bureau de Ruthel avec un petit pincement au coeur pour ce bonhomme qui les avaient un peu soutenus quand il était revenu, après sa disparition. Peut-être que lui aussi se bougerait les fesses après avoir entendu ça, mais Soni en doutait beaucoup. Il s'agissait de leur directeur excentrique et attentiste.