sage of the light — elliot

Lola pourrait créer son club. Celui des idéalistes. Un club pour ceux qui en ont assez qu’on leur dise de ne pas prendre leurs rêves pour des réalités. Pour ceux qui ne sont jamais repus, toujours affamés de nouvelles idées. Pour ceux qui soufflent sur leurs doutes et ont décidé de vivre pleinement leur vie sans renoncer à leur vision du monde. Oust les briseurs de rêves et les rabat-joie ! Lola est là.

Enfin… Quand on ne lui colle pas un peu de plomb dans les ailes. Il avait suffi d’un lms. Reçu entre deux cours, peu de temps avant la pause déjeuner. Même si elle est parfois simplette, Lola avait vite compris de quoi il s’agissait. Téléphone disparu. Subtilisé par Hide & Seek. Elle avait décidé de sécher le cours de maîtrise de pouvoir pour le chercher. S’assurant d’abord de l’avoir effectivement perdu. Dans son sac. Dans la cabane. Mais rien. Nulle part. Tout y était dedans. De simples petits mémos pour sa petite tête aux vidéos des Blasters. Des enregistrements des performances vocales de Bellamy à toutes ses photos. Et son accès à l’intranet surtout. Primordiale connexion. Indispensable à sa vie ici. À ses liens qu’elle tisse trop facilement. Elle a filé de classe sans avoir le temps de dire autre chose à Yuri qu’un “je vous retrouve à la cafét’”. Et puis elle s’est volatilisée. Un peu paniquée plus le temps avançait. Les jumelles avaient su où taper. C’était bien joué. Elle mit du temps à se souvenir de la légende sur la fille de la falaise. Au début, à force de lire et relir, le discours si mélancolique commençait même à lui faire peur. Son imagination loufoque et débordante lui suggérant que les deux démones pouvaient donner une âme aux objets. Avant d’arriver sur la falaise, un nombre incalculable d’absurdes théories lui étaient passées par la tête. Mais une fois sur place, elle n’avait qu’une chose en tête : retrouver l’objet.

Quand elle retourna au pensionnat, l’estomac dans les talons, autant dire que son piètre état lui donnait l’allure d’une guerrière ayant roulé sous un bus, et que l’heure du déjeuner touchait déjà à sa fin. Journée de mxrde apparemment. Puisqu’il fallut qu’elle croise la route de ses teignes habituelles, attendant de pouvoir alléger son porte-monnaie de quelques prism. Arf, elle n’était plus à ça près. L’argent ne compte pas beaucoup à ses yeux. Mais son téléphone toujours aux abonnés absents, ça, ça la chagrinait bien plus que toute autre perte -quoique, son ruban rouge accrochant ses cheveux aurait été cent fois pire. Et là, c’était ses souvenirs, les traces de bons moments qu’elle perdait.
Dans sa course folle à la reconquête de son objet fétiche, Lola en avait oublié ses amis attablés qu’elle avait promis de rejoindre. En arrivant au réfectoire, elle doutait qu’ils soient encore dans les environs. Tellement habitués à ses retards que plus personne ne faisait attention. Elle arrivait quand elle arrivait. Après tout, la blonde finissait toujours pas pointer le bout de son nez au milieu de ses camarades. Si elle est un soutien, une amie-cheerleader, elle aussi a besoin d’eux pour tout simplement vivre normalement et profiter. Maiiis, là, elle avait plus qu’oublier un déjeuner. On l’attendait pour une virée programmée depuis des lustres.

— Ah. Elli ? Qu’est-ce que tu fais encore là ?

Est-ce qu’il va lui pardonner ? Parce que aujourd’hui…
Le soleil joue à cache-cache avec les nuages.

C’est le meilleur. Il l’attend. Lui a gardé une place, mis de côté son repas et va même jusqu’à le réchauffer pour elle. Oui c’est bien le meilleur (surtout comparé aux deux autres trouducs de la bande !). Il est comme le grand-frère attentionné qu’elle n’a pas eu -et pourtant elle en a déjà un. Elle sait que dans ses pires moments, elle pourrait facilement pleurer des rivières et il la consolerait. Heureusement ce n’est pas encore arrivé. Un peu trop parfait le Elliot. Son nom de famille ne lui va pas. Elle lui a déjà dit. Sans gêne. Il n’y a rien de froid chez lui. De son point de vue à elle, c’est un chamallow, un sugarbabe. Mais elle l’idéalise certainement un peu trop. Tout comme elle ne voit pas non plus le lien entre son nom de famille et le sang-froid dont il sait faire preuve. P’tite tête.

Son menton s’est posé sur la table en l’attendant, ses yeux turquoise le suivent sans vraiment le voir -un peu fatigués-, sa tête chancelant dans l’air. Il la dorlote trop si vous voulez son avis. Mais de temps en temps, elle se laisse faire. Ça fait du bien faut l’avouer. Surtout quand son ventre grogne comme un ogre et qu’il est le gardien de ses ripailles. Plateaux posés, elle se redresse vivement, le soleil réapparaissant au coeur de sa brise en berne. C’est bien d’être simple, non ?  

—Woaaah merci merci merci !! Affamée, elle ne prend pas le temps de s’arrêter de manger pour lui répondre. Hah ! Mokay mokay...cho mfcholem zsdfg ! Elle manque même de s’étouffer. Le spectacle ne doit pas être des plus élégants. Mais rien qu’une gorgée d’eau ne puisse arranger. Et petit à petit, c’est son énergie et sa force qui revient. Juste grâce à un repas ? Pas que.

—Comment tu sais ? Une nouvelle bouchée, elle lui lance son regard le plus clair, un mélange d’admiration et de suspicion. Elles m’ont chipé mon téléphone portable. Et- Non, il doit probablement déjà savoir qu’on lui a pris son argent avant d’arriver ici. La fille disait qu’elle n’avait plus rien sur elle et qu’elle en avait besoin, alors pour le coup, Lola ne considère pas vraiment ça comme du vol ou du racket puisqu’elle en avait besoin. Dans un sens, elle a aidé, non ? J’l’ai toujours pas retrouvé.

Pendant un millième de seconde, son sourire s’est à nouveau perdu et elle essaye de cacher ça derrière une fourchette. Elle n’aime pas vraiment quand les gens la voient tristouille. Elle n’aime pas laisser de souvenir amer et inquiétant. Elle veut mettre du baume au coeur -même si à cet instant précis, c’est elle qu’on cajole.

Étant donné qu’elle ne sait pas mentir, elle préfère ne rien dire d’autre. Ou il va lui faire la leçon. Elliot...
Il sait toujours des choses… C’est étrange et indescriptible comme sensation. Une sorte d’omniprésence. Mais la D serait bien incapable d’identifier cela ainsi.

—Tu sais Elliot ! Pointer une fourchette vers quelqu’un, ça n’a rien de très poli. J’suis pas une petite feuille fragile. T’es pas obligé d’être si… Euh... Le couvert argenté vacille déjà. Euh... La pointe tourbillonne entre eux, un peu comme ces baguettes magiques cherchant à jeter un sort. Bref. T’es trop gentil. Fais attention où je pourrais en abuser !

Un semblant de mise en garde, comme ça pour rien. Un autre merci glissé dans la phrase d’après, alors qu’autour d’elle -l’enveloppant peut-être lui aussi ?- tout s’apaise doucement, chaleureusement. Parce que si il veille sur elle, l’inverse est tout aussi vrai. Et elle lui fait terriblement confiance sur le fait qu’il pourra respecter ça un de ces quatre.

Cerise. Cette couleur gourmande vint picorer doucement ses joues quand il dit qu’il n’y a rien qu’il ne ferait pas pour elle. Parce que c’est pas juste de dire ça comme ça, aussi naturellement. Bien sûr que ça la touche. C’est normal. Elle se sent toujours dans un cocon de coton avec Elliot. Anti-bobos, anti-bosses. Comme si c’était sûr que rien de grave n’arriverait.
Mais la suite la laisse bien plus dubitative et un “mouais” file de ses lèvres. Pas convaincue. Elle est certaine qu’elle n’arriverait pas à viser un éléphant si elle devait en faire valdinguer un, so. Son esprit se concentra rapidement sur la nourriture. Quand on a faim, presque tout est bon, délectable. Et puis, il faut aussi avouer qu’elle n’est pas bien difficile. Seuls les choux-fleur et les broccolis lui posent problème. Les deux ingrédients étant absents de son assiette, Lola se régalait simplement. Elle tilta à peine sa tête à l’entente de son surnom, mâchouillant frénétiquement jusqu’aux explications d’Elliot. Un air embêté se ficha sur son visage. Really ? Again ? Elle voulut répliquer immédiatement, mais au lieu de ça, il la perdit un peu dans la technique de son pouvoir. Elle arrêta tout mouvement pour l’écouter, le dévisager, river ses yeux lagon aux siens. Elle nota une drôle de sensation, comme une absence. L’enthousiasme lui manquait. C’était si rare. Pourtant, ça tombait souvent lorsqu’il devait évoquer son don. Jusque là, la D n’avait jamais cherché plus loin. Ce n’est pas elle qui allait le blâmer pour ne pas aimer avancer sur ce terrain -elle est pareille. Mais cela n’empêche qu’une pointe troublante est venue se loger quelque part en elle.

— Ça m’a l’air aussi compliqué que pratique... Aveu glissé entre deux bouchées alors qu’elle reprenait sa dégustation. Un demi-sourire apparut à l’évocation de leurs habitudes avec les Blasters, mais il ne resta pas bien longtemps.

— C’est adorable de prévenir, mais tu ne t’es dit que si elle est venue m’emprunter des prisms, c’était justement parce qu’il lui en aurait vraiment manqué pour plus tard ? Regard un peu désolé, il passe lui aussi, furtif. Mais merci héhé ! Tu prends toujours soin de moi. … Ah mais crois pas que c’est pour ça qu’je t’aime hein.

Alleeez on balance ça comme ça. Parce que pour Lola, on ne dit jamais assez souvent ce genre de choses. On ne complimente jamais assez les gens. On ne leur dit pas assez souvent merci. Et c’est important. Surtout quand on ne sait pas ce qui pourrait arriver demain. Ce que les fameux joueurs pourraient réserver à leurs personnages préférés…

— Tu sais, quelque chose me dit que, peu  importe comment on grandit, tu changeras jamais et je changerai jamais. L’épaule dodeline, son sourire chantonne presque. Et dans sa voix, ça ne sonne pas comme un mauvais présage, au contraire. Ça serait cool, non ?

Son assiette s’est vidée finalement rapidement. Le dessert ne fera pas long feu non plus. Mais elle enchaîne tout en leur servant un peu d’eau et change déjà de sujet. Ou plutôt revient sur une chose dont Elliot a parlé.

— On doit s’retrouver à quelle heure ce soir ? C’est le nouveau spot dont vous parliiez l’autre fois ? Près du port ou j’confonds ? Verre descendue d’une traite. J’vous y rejoindrais j’pense. J’suis de pet-sitting ce soir. Punaise, il lui a pris son beignet préféré. Quel amour ce Elliot. J’aimerais bien aller à l’aquarium ce week-end. Ou à la crique. J’ai envie de me baigner !

Okay. Même si la mer ici reste fraîche, c’es l’été bordel. On peut pas résister à ce genre de choses, non ? Rien que d’y penser, elle s’emballe. Lola imagine même s’éterniser sur la plage jusqu’au soir. Un feu de camp, des chamallows grillés. Un air de guitare pour l’ambiance. Et les conneries et les rires des Blasters pour compléter le tableau. Ça serait par-fait. Elle inviterait Féli et Félou bien sûr. Orion et Alexis aussi. Shun et Shani. Elle ne les voit pas assez. Demain, c’est décidé, elle va croiser leurs routes et se crasher sur eux comme à son habitude. Les mésaventures causées par Hide & Seek ? Déjà mises de côté. Sorry, not sorry. You’ve got the wrong target gurls.