le temps n'effacera jamais tes erreurs

Soupir. La chaleur est étouffante, l’ennui palpable. Affalée prêt du balcon, mon regard se perd dans le vide, tandis que ma main droite joue maladroitement avec l’une de mes mèches de cheveux. Je n’ai envie de rien aujourd’hui, comme d’habitude. Cela devient fatiguant de passer mes journées à ne rien faire. Mais que pourrais-je bien faire ? Je ne veux importuner personne, pas même mon frère. Cela fait un an que je suis ici, et pourtant j’ai l’impression que cela ne fait quelques jours. Je ne parle à personne, personne ne me parle. Mais je ne vais pas m’en plaindre, c’est que je recherchais en venant ici. Une mort tranquille. Car je sais que ma rémission ne durera pas. Je savais que j’allais retomber malade et probablement rejoindre ma chère mère. Qu’en penserait Harisson, je me le demande. Cependant, notre complicité passée est bien morte et enterrée elle aussi.   Ô douce tristesse.

Dans des moments comme ceux-là – ou l’ennui est plus fort que tout, la seule chose que je puisse faire est me plonger dans mes pensées. Ressasser mes vieux souvenirs, ceux où j’étais encore proche de mon frère, ou alors ceux où Gabriel venait encore me voir. Tomber amoureuse est un bien grand mot, mais je pense que j’avais des sentiments pour lui. Cependant il a tout gâché, il m’a abandonnée du jour au lendemain, sans raisons, rien. Il m’a laissé en proie au doute. Et pour ça je le déteste enfin je crois. Je suis perdue dans le flot de mes sentiments, je ne sais même plus ce que je ressens exactement.

On dit toujours que le hasard fait bien les choses. Et c’était vrai. Quelle était la probabilité pour que je croise Gabriel ici ? Très peu. Enfin « croiser » était un bien grand mot. Il avait changé, beaucoup trop. Il devait avoir au moins la vingtaine d’année. Alors qu'il en avait que dix il y'a quatre ans, étrange n'est-ce pas ? En plus de m’avoir lâchement abandonnée, il m’avait menti. De mieux en mieux…

▬ Eh !

Je ne savais pas vraiment comment l’interpeller. Cela faisait presque quatre ans après tout. C’est long, très long. Je joue avec mes cheveux, je suis trèèès mal à l’aise. Je regrette même de l’avoir appelé tient. Néanmoins, il est bien trop tard pour avoir des regrets. Je m’avançai vers lui, avant de lui donner un coup de pied dans la cheville. Oh, et il a de la chance, je n’ai pas utilisé mon pouvoir, la douleur ne devait pas être énorme.

▬ Tu t’es bien foutu de moi, Gabriel Meiller. Tu aimes bien aller voir les petites filles vieux pédophile ? Les abandonner après avoir joué avec leurs sentiments aussi ?

Je déteste être méchante, je déteste la personne que je suis devenue, celle que la maladie a rongée. Mais je préfère paraître froide, inatteignable, pour ne pas qu’on s’attache à moi, pour que personne ne souffre à ma mort. Car elle ne saurait que trop tarder. Gabriel n'a plus besoin de moi, j'en suis consciente :

▬ Pourquoi tu as arrêté de venir me voir ? Vas-y, dis-moi tout.

Vas-y, dis-moi tout Gabriel. Je suis prête à tout entendre. J’en ai déjà tellement vu, tellement entendu. Plus rien ne fera souffrir, plus rien. Aller, brise moi encore une fois, je n’en ai que faire. Mon cœur est déjà en mille morceaux. Piétine le si cela t’enchante. Joue encore avec moi, je ne suis plus qu'une marionnette aux mains de ma maladie.



© YAM for Prismver