FIRE MEET GASOLINE
Je suis le genre de colocataire insupportable ; celui qui laisse traîner ses affaires un peu partout, fait peu le ménage, ronfle la nuit, râle si on fait trop de bruit ou si on perturbe son sommeil et par dessus tout celui qui ne supporte pas que les autres ne rangent pas leurs affaires. En gros, je suis un peu chiant. Incapable de communiquer normalement avec les autres, j’ai cette fâcheuse manie de chercher la petite bête, d’être constamment en colère et de vite me laisser emporter par mon humeur du moment. Comme si j’avais tout le temps besoins de chercher la confrontation avec les autres ; une façon de me sentir moins seul peut-être ?
En tout les cas mes colocataires ne doivent certainement pas beaucoup m’apprécier, mais bon, c’est réciproque. Je pense que celle qui m’aime le moins c’est cette fille avec qui j’ai cours de littérature,
Opale. Déjà qu’on nous mets tout le temps ensemble pour les travaux de groupe en plus de ça on doit aussi se supporter ici. Moi personnellement ça me fait chier. J’aime pas travailler avec les autres, j’aime pas non plus cohabiter avec eux, j’aime pas avoir d’autres gens dans mes pattes. Je sais pas gérer ça.
Mais je dois avouer que cette fille attise, malgré tout, ma curiosité.
Ce soir, comme tous les soirs en revenant au bungalow, j’appréhende. Est-ce qu’ils seront tous là ? Est-ce que je vais encore me prendre la tête avec quelqu'un ? Est-ce qu’ils ont laissés traîner leurs affaires partout ? J’aimerais être capable de pouvoir juste tous les ignorer et vivre dans le mutisme total, mais c’est plus fort que moi.
J’arrive enfin au bungalow. Je jette quelques coups d’œil en me dirigeant vers mon lit pour y poser mon sac à dos puis lâche un petit soupir en voyant que je ne suis pas seul.
Opale est là. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours coincé avec elle ?
Cette impression que l'univers s'acharne à réunir constamment deux êtres qui ne sont visiblement pas fait pour s'entendre. Je sais pas, quand tu vois que ça fonctionne pas tu arrêtes au bout d'un moment, non ? Même nos dons sont pas fait pour s'entendre, c'est pour dire.
Soit. Je me dirige vers la salle de bains en essayant de ne pas trop prêter attention à ma colocataire. On dirait pas comme ça mais je travaille beaucoup sur moi et ma nervosité constante.
Je débarbouille grossièrement mon visage en y frottant mes mains pleines d'eau puis m'essuie et ressort. J'aime pas être seul avec quelqu'un, ça me met mal à l'aise, l'ambiance me paraît toujours lourde.
Assit sur mon lit j'ouvre mon sac pour en sortir silencieusement mon précieux butin. Non ce ne sont pas mes affaires de cours - d'ailleurs je ne suis même pas sûr d'avoir ne serait-ce qu'un stylo dans mon sac - il s'agit de vieux films et de jeux rétro trouvés dans des petites boutiques de la ville. Pendant que certains bossent, d'autres chassent les bonnes affaires ; chacun son truc.