Partners In Crime
ft. Orion
Ton meilleur pote, quand il vient te sortir de ta panique, il ressemble à rien. Mais genre vraiment. Tu l’as vu pire que ça, mais il y a quand même du level là. Tu retiens un sourire. T’es un peu réservé. En même temps, ça fait un bail que vous n’avez pas eu de cœur à cœur. Alors qu’il s’installe en face de toi, sa remarque t’arrache finalement le sourire que tu retenais, ne sachant pas si tu avais encore le droit de lui sourire après tout ça.
Wow Colton, tu te prends la tête pour franchement rien. On dirait un gamin, complètement perdu après être revenu d’un endroit où tu ne veux jamais retourné.
Quand t’avais prit le test, t’y croyais pas vraiment. T’avais bossé ouai mais… Leann, elle a réussit à te faire passer de E à A. T’en avais jamais rêvé, tellement tu te pensais incapable de le faire. Mais ses tisanes avait réussi à calmer ton hyperactivité (vervaine, soit bénie) et le peu que tu mangeais se chargait du reste, ton corps étant plus en mode conservation d’énergie qu’autre chose.
T’étais pas très épais, faisait un peu peur à voir, mais en sachant d’où tu venais, ce que tu avais fait et vécu, c’était presque impressionnant que tu sois en si bon état.
Sa tentative de rire maniaque te fais pouffer dans les manches de ton sweat, que tu as posé sur la partie basse de ton visage pour cacher le big smile qui tente de faire sa venue sur ton visage.
T’es heureux Colton, vraiment. Le rire maniaque, tu sais le faire, les S t’ont permis de le perfectionner, et jouer des rôles, c’est ce que tu fais de mieux. Mais tu te retiens de le faire, préférant hocher la tête quand il te propose de s’occuper de la cravate dorée. Ton regard se fait immédiatement froid quand tout les souvenirs de cette période te revienne aussi vif qu’au moment où ils ont eu lieu. C’est presque flippant, ce regard froid que tu es capable d’avoir maintenant. C’était l’une des seules expressions qu’il manquait à ton registre. Tu sors ton portable d’une main et cherche une application tout en répondant finalement à Orion.
▬ Attends. J’ai un dernier truc à faire.
Tu souris finalement quand tu trouves l’application.
Caméra. Cela peut paraître stupide, mais t’avais envie de faire un dernier truc. Quelque chose pour toi. Tu te ficheras bien de la réaction des gens. Mais juste pour avoir la satisfaction de l’avoir fait, et que les autres en ai aussi le souvenir. T’es de retour. Et ton pouvoir est à la meilleure maîtrise que tu n’as jamais eu.
Tu veux rappeller au gens… Non… Te rappeller à
toi que tu es libre de faire ce que tu veux, quand tu veux. Tu veux que, quand ils apprendront que t’es devenu médecin, dans la réunion des anciens élèves, ils se disent « Ah, j’aurais dû m’en douter. » plutôt que « Ah bon ?! Toi ? Médecin ? Tu me fais marrer. » Okay, ça n’a peut-être rien à voir avec la cravate dorée ça. Mais t’es toujours ADHD, alors on te pardonne. T’espères.
Tu souris à Orion alors que vous vous approchez de la fenêtre et que tu sors une bière parmis ta cache secrète, dessous ton lit. C’est tellement classique que personne ne prend la peine de vérifier. Surtout sous le lit d’un S. On ne sait pas ce que l’on pourrait y trouver.
Cette bière, tu ne la bois pas. Non. Tu la vide dessus la cravate, histoire qu’elle flambe bien, tout en proposant à Orion de quoi tenir sans se faire cramer. Un cintre en métal. Genius boy.
Tu souris, sortant finalement un briquet et l’approchant de la cravate avec un sourire qui avait disparu depuis trop longtemps aux lèvres.
Tu filmes lorsque la cravate s’enflamme comme de rien. Pourtant, tes yeux ne sont pas rivés sur l’écran mais sur les flammes. C’est comme si tu faisais enfin la paix avec toi-même. Les flammes sont hypnotisantes dans la nuit. Tu coupes la vidéo, machinalement, rangeant ton portable et continuant d’observer les flammes. L’odeur acide te fait monter les larmes aux yeux.
Ou est-ce tout simplement ton cœur qui se libère à l’idée d’enfin cesser te tout prendre sur tes épaules ?
Tu fais la paix avec une partie de toi. Et, alors que vous débarrassez votre bordel pour ne pas vous faire niquer, tu t’arrêtes un instant pour essuyer tes yeux.
Merde alors. Tant ta tête, c’était plus simple. Tu riais même, dans ton imagination. Mais là, tu étais trop soulagé pour rire. Peut-être après. Une fois que tu aurais tout raconté à ton pote.
Tu vous attrapes des boissons et pleins de bonbons et autres nourritures, salées ou sucrées, histoire que vous soyez à l’aise pour parler. Parce que pour le moment, t’es muet. Avec Orion, t’as jamais vraiment besoin de parler pour qu’il comprenne, mais tout de même, t’es super silencieux.
Tu respires, proche de ton meilleur ami sans vraiment le toucher, n’osant pas. Dans ta langue natale, on dirait que tu es
touch starved. Mais t’oses pas être trop près et tu joues avec le tissu violet de ta nouvelle cravate alors que tu commences finalement à parler.
▬ Pour ça… tu sais sûrement que j’avais fait un pari avec l’autre gros tas là, qui se pensait super intelligent, qui me faisait un cours sur l’élite dont il faisait partie et pas moi. Et genre, ça m’a pas énervé dans le sens où je le prenais pour moi mais… C’était pas que moi. C’était les D, les E, ma nouvelle classe à ce moment là. Alors, j’me suis mis en tête de lui prouver qu’il avait tort…
Tu prends une respiration. T’aimes pas cette partie là. Pas du tout du tout.
▬ Mmh… C’est aussi durant cette période que j’suis passé en S.
Tu remontes le col de ton sweat sur ton visage, sans pour autant de masquer complètement. Juste assez pour te sentir en sécurité.
▬ J’vais passer vite fait parce que… Eem. Enfin, bref. Genre, Leann m’a pas mal aidé. Et Joshua parfois. Euh. Bref. Enfin, le fait est que, un mois plus tard, y a une nana qui s’est pointée comme une fleur à Prismver en demandant à me voir.
Tu ris un peu en te souvenant de l’allure singulière de la médecin, tes yeux s’adoucissant enfin. C’était un de tes rares bons moments chez les S.
▬ Elle disait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps et avait eu l’autorisation de la vice-directrice de venir me voir en personne. T’imagine ? C’te vieille peau… J’avais beau être en S, elle essayait quand même d’améliorer ma vie.
Tu fronces les sourcils.
▬ C’était aussi sûrement une stratégie pour me pousser à revenir dans les rangs. Bref. Elle c’est genre pointée comme une fleur et m’a limite traîné par la peau du cou jusqu’à l’infirmerie. Valentina devait être au courant parce qu’elle n’a rien dit et avait déjà tout de prêt.
Tu souffles, inspirant profondément. Là, ça devenait dur. Alors tu préférais montrer. Tu remontais les jambes de ton pantalon de survêtement, enlevant aussi tes atèles souples au passage. Respiration.
▬ Tu vois juste là ? Juste à l’arrière du genoux ? C’est l’un des endroits les plus douloureux. Et elle pense que… Que les blessures sont dût à mon pouvoir.
Tu respires et active ton pouvoir, la douleur arrivant légèrement dans tes jambes. Tu remets tes atèles et secoue négativement la tête, pensif.
▬ Ce serait dû au fait que je ne comprenais pas comment utiliser mon pouvoir avant. Pas comme maintenant. Elle n’avait pas beaucoup de temps mais… Mais elle voulait étudier le phénomène. Comprendre et prévenir puisqu’il semblerait que je ne sois pas le seul. Des personnes, plus vieilles que nous et ayant des dons aussi commence à faire leur coming out et certaines se plaignent de douleurs que rien n’explique. En gros, elle me veut comme cobaye.
Tu passes tes mains sur ton visage, semblant soudain encore plus fatigué. Tu regardes ton pote. Tes genoux, puis devant toi.
▬ Elle m’a proposé un internat de médecine accéléré dans un des meilleurs hôpital des US.