Des miettes dans l'bed, en train de nager au milieu des emballages de gâteau - sugar sugar sugar - Ollie carbure au saccharose quand il a pas sa dose d'éclairage artificiel. Allongé à moitié sur le ventre à moitié sur le coté on sait pas trop, en travers de son lit son ordi posé pas trop loin, deux p'tits LU dans la bouche, fixant le plafond. La voix de Yuri qui sort de l'ordinateur.

Bouchée double, les dents mordent vite dans les biscuits et il mâche à toute vitesse avant de tourner la tête vers l'écran. Discussion en visioconférence ouais. Parce que ce pd d'Yuri est en train de se barrer une semaine à St-Petersbourg pour l'été et qu'en attendant le train, Ollie lui avait proposé une dernière lil' sexcam sur le réseau intranet, avant que ça coupe pour de bon. Neon boy aurait été galant en l'accompagnant à la gare de l'île aux sorcières s'il avait pas eu la flemme. Du coup ça parle la bouche pleine.

Ollie se redresse pour s'asseoir en tailleur, prenant le temps de finir de boulotter ses gâteaux avant de hausser les épaules, désinvolte.

Ça toque à la porte, loin d'attendre de la visite là tout de suite, Ollie mate la porte et hausse un sourcil, la main à nouveau dans le paquet de biscuits. Rapide regard sur l'écran, où il voit Yuri avec un air aussi désemparé que lui, et il est déjà à moitié en train de se lever, Ollie, toujours enthousiaste à l'idée d'avoir de la visite.

Vlam, l'écran qui claque sur le clavier, debout sur ses deux pieds la seconde d'après,
sûrement l'excès de sucre dans son sang qui le rend aussi réactif que lorsqu'il est full niveau néon. Sauf qu'à ce train là c'est clair que ses économies vont vite partir en nourriture hypra calorique. Mais c'est qu'il a pas eu le temps de sortir la nuit dernière pour faire le plein, Ollie, obligé d'aider le pote Yuri à faire ses valises avec l'aide de jolie Lola, impossible d'aller vadrouiller en ville pour aller absorber de l'énergie. Puis il a promis aux colloc' de plus se rabattre sur l'éclairage du cabanon. Suffit qu'il tende la main pour claquer tous les néons et avoir de quoi tenir, sauf que ça fait cher en luminaire, le bahut va finir par le foutre dehors histoire de pas finir sur la paille.
Et on l'entend sûrement depuis la porte d'entrée, alors qu'il piaille depuis sa chambre à l'autre bout du cabanon, Ollie.

c qui wlh j'ai zappé un rdv ou quoi
ou alors c un colloc'
depuis quand les colloc' prennent le temps de s'annoncer wsh et
damn c'est l'waï imagine c un pion qui vient check les chambres il va croire jui un boulimique de l'espace
ALED G UNE DÉGAINE DÉGUN
Ollie, l'esprit à dix milles à l'heure. En train d'envisager sérieusement de fourrer tous les emballages de fat gâteaux sous sa couette. Question d'image. Pourquoi ça ouvre pas la porte, ça sait pas faire ? Neon boy qui laisse tout en plan, manque de se prendre les pieds dans la couette de son lit et sort en vitesse de sa chambre, traverse la pièce à vivre pour ouvrir la porte d'un geste précipité.

trois
deux
-

Des étincelles dans les yeux assorties au sourire lumineux, la machine qui embraye et repart de plus belle
si Ollie est tarré de base
alors en compagnie de Joy il existe plus aucun terme pour définir la gravité d'leur folie
Analyse de la situation, son attention qui fait des bonds, comme parcouru d'un courant d'un millier de volt il est déjà dans l'hyperactivité Ollie, saisit le menton de Joy du bout des doigts pour qu'elle reste immobile lorsqu'il vient lui smacker la joue comme jamais, avant de direct jeter un œil dans le sachet qu'elle tenait. Grand smile.

Et il pioche direct dans le butin, s'ouvre dans le plus grand des calmes un paquet de chips au vinaigre alors qu'il tourne les talons, retourne dans le salon tout en se gavant d'aliment blindé de sel, aux anges.

Ça croustille dans sa bouche, pas fini de mâcher lorsqu'il tourne la tête vers Joy en entendant son annonce, sourire amusé aux lèvres. C'est un secret pour personne les vices d'Ollie. Ça s'voit aux creux de ses coudes piqués, à ses pupilles en tête d'épingle de temps à autre. Usage occasionnel. Récréatif. Contrôlé. Plus ou moins. Ça dépend des jours, des phases de la lune, du signe astro' actuel, bref, ça dépendait d'une logique qui échappait à tout le monde sauf à lui, alors on se fait pas trop de soucis.

Ça peut se permettre de plaisanter, en vrai le diabète c'est loin devant lui il a de la marge. Et Ollie pioche une autre poignée de chips dans le paquet, se la carre dans le gosier avant de s'emparer de la télécommande des sonos placées à l'autre bout du salon histoire de les allumer.

Le sachet de chips posé sur la table basse, toute son attention absorbée par les titres défilant sur l'écran de son téléphone, hésitant sur le choix du morceaux. Un tattoo contre un max de bouffe ? Bon deal. Et Ollie se marre tout à coup.

Et il lève les yeux vers Joy, haussant un sourcil, espiègle.

Ses pensées aussitôt happées par la musique lancée, hochant la tête au rythme de Love de Dean, Ollie ne relève les yeux que lorsque Joy vient se planter devant lui. Mimétisme des mimiques, sourire miroir, et il se détourne pour laisser son phone sur le canapé, pas soigneux, quelques pas dans le tempo alors qu'il récupère le paquet de chips sur la table basse et plonge à nouveau la main dedans. Bajoues pleines de bouffe lorsqu'il reporte son attention sur son amie, le pied tapant le sol en cadence. Quinze minutes. Joy avait abusé sur les pronostiques, un peu trop positive c'est sûr. Souffle rieur lorsque cette dernière relève son haut sans plus de cérémonie.



Il ricane, pas moqueur, juste espiègle, et puis, un peu de sérieux. Obligé de faire un minimum d'effort pour rester attentif plus de cinq secondes consécutives, il a une mine d'élève qui écoute des consignes Ollie, hoche la tête alors que son regard parcourt la surface simili porcelaine qu'il a sous les yeux, sans embarras aucun. À l'aise Ollie pas de rouge qui lui monte au joue, jamais. C'est qu'il est sans gêne de nature, incapable de discerner les limites de ce monde. Et puis, c'est Joy qu'il a en face de lui. Pas qu'elle soit pas canon au contraire, mais c'est particulier entre eux, étrange pour ceux qui constatent le lien qu'ils ont. Weirdos, c'est c'qu'on s'dit, parce que c'est trop abstrait pour se l'expliquer comme il faut alors on préfère prendre des raccourcis.

Et maintenant qu'on l'a lancé il capte à peine la vanne osée, Ollie, passe sa main libre sur son buste histoire de laisser le sel qu'il a sur les doigts sur son t-shirt, geste de môme. Emballé par l'idée, trop tard on l'a hypé, il passe son index sur la zone désignée par Joy, effleure la peau, esquisse un tracé imaginaire, arborant une mine extatique d'artiste frappé par un éclair génial.



Immense smile, il lève les yeux vers la brunette pour sonder l'accord dans son regard, avant de lui filer son paquet d'chips, la contourne le pas dansant, direction la salle de bain dont il ouvre la porte, lançant d'un bout du cabanon à l'autre.

C'est évident que ça allait déborder, allô on parle d'Ollie l'allergique aux cases et aux frontières. Lueur qui tressaute dans la salle de bain comme un astre en fin de vie, neon boy tendant les mains en direction de la lumière au dessus du miroir, l'effleure à peine du bout des doigts pour qu'elle vienne finalement y courir, comme irrémédiablement attirée. Et finalement, étincelles dans le creux de ses paumes, il semblerait qu'il soit sous perfu' luminescente car c'était comme si les veines sur ses bras étaient parcourues par quelque chose de fluorescent, scintillant sous la peau une seconde avant d'être absorbé par l'organisme. L'impression de s'être piqué de la caféine dans le creux du coude, effet coup de fouet, l'énergie afflue. Et il est d'autant plus intenable lorsqu'il ressort de la salle de bain, Ollie.

Prochaine étape, un carburant d'une autre sorte, l'un des nombreux pack de bières entreposés dans le frigo est posé sans délicatesse sur le comptoir de la kitchenette. Parce qu'à la cabane numéro 7 on dirait qu'ça tient uniquement grâce à ça, vu que la moitié du réfrigérateur y est consacré. Une, deux bouteilles, qu'il ouvre en s'aidant du plan de travail, capsule placée sur le coin, un coup sec avec la main, à l'arrache. Retour auprès de Joy coté salon, les deux bières terminent sur la table basse après qu'Ollie ait pris une longue gorgée de la sienne.

— J'sais que t'adores te déshabiller mais on en est pas encore là. Pis même si t'es toute skinny j'ai d'la place là.

Passant sa langue sur ses lèvres pour y enlever les dernières traces de bières, il fouille dans le tiroir de la table basse, tandis que la féline s'installe. S'empare de ce qui ressemblait à un crayon. Une mine de carbone, matériel conducteur, l'outil qui guiderait l'énergie néon de la source, lui, jusque sous la peau de la tatouée, histoire que ça soit précis.

Dernier détail, il monte rien qu'un peu le son, histoire que ça accompagne l'esprit sans pour autant gêner les mots. Et finalement, Ollie s'installe aussi, à califourchon sur le haut des jambes de Joy, les siennes de chaque coté de sa taille. Sans gêne le mec. Regard qui parcourt la peau, tente de visualiser le résultat final. Définitivement, ça allait être génial.

— Bon tu connais l'délire, ça risque de chatouiller un peu mais bouge pas trop si tu veux pas que j'me rate.

Le dos voûté, penché sur la zone à décorer, Ollie pose une main au niveau de la hanche de la miss histoire que ça reste stable tandis que la mine de carbone se pose sur la peau. Lumière rose électrique pulsant à nouveau dans les veines de son poignet, courre sur ses doigt, suit le crayon et commence à s'imprimer sur le ventre de Joy. Pour une fois, on le voit concentrer, Ollie, il s'applique.

Mèches rebelles, encadrent son visage, tentent de lui barrer la route entre lui et son œuvre mais Ollie se redresse une seconde pour les passer derrière son oreille, avant de reprendre. Suivre le trait qu'il avait commencé à tracer, faisant sens pour lui seul pour le moment
mais c'est comme s'il avait le final sous les yeux et se contentait de repasser. De fines lignes où le rose et le bleu se mélangeaient, prenant des teintes électriques. Simple mouvement de la tête, pour signifier que non, pour le moment il avait assez de place, qu'il en demandera sûrement pas plus. Et la dernière remarque le fait sourire tout à coup, sans qu'il ait besoin de lever les yeux vers Joy il l'entend se marrer, tient comme il faut sa hanche pour ne pas se laisser déstabiliser. Avant de répondre avec la plus grande des simplicité, sa réplique sonnant comme un aveux innocent.

— Moi, jaloux ? J'ai tout, j'envie personne, je sais pas si j'ai déjà été jaloux dans ma vie j't'avoue. C'est quoi comme sentiment ? Plutôt désagréable nan ?

Ricanement de môme espiègle, et il s'applique. Nan il a jamais été jaloux, Ollie, il se pose sûrement pas assez de question, trouve que tout est normal. Que ça se passe toujours comme ça. Une espèce de croyance naïve au cour des choses. Ollie on l'aime un temps, passionnément, et puis on sait pas si on se paume, si c'est parce qu'il se disperse un peu trop, c'est comme si on perdait le fil. Et les liens du garçon ont ces allures décousues, comme s'il tenait pas assez en place pour conserver la moindre attache. Ceux qu'il aime ils vont et viennent, ils disparaissent parfois, et Ollie il évite de trop y prêter attention.
Et pourquoi est-ce qu'il serait jaloux
Joy elle revient à chaque fois, se pointe au cabanon sans prévenir, lui demande des tatouages et le fait sourire. Le reste, ça a pas grande importance, nan ?

Alors il la garde sa risette, écoute la jeune fille lui souffler des idioties, aime s'appliquer à y répondre. Tes placards dégueulent de paquets de gâteaux Ollie t'es un grand malade.

— J'en ai tellement parce que niveau apport calorique les biscuits ça fait l'taff. J'vais pas manger des barres de beurre cru au goûter non plus t'sais.

Grimace un peu dégoûtée, silence d'une, deux secondes, car il entame une partie un peu plus compliquée du dessin, semble sur une autre planète l'espace d'un instant. Ollie qui change de fréquence parfois, on a l'habitude à force. Et finalement, allô la Terre. Il se retrouve à froncer un sourcil, tiltant sur un détail tout à coup.

— Et j'suis pas gay, kestu dis... J'aime autant coucher avec les filles qu'avec les mecs, j'crois. Enfin le PDG des Pépitos bof.

C'était dit avec une mine désinvolte, un naturel à toute épreuve. Sa manie de prendre les gens au mot et de sortir tout ce qu'il pense sans y appliquer le moindre filtre.