Sujet: Look what u make me do ? Lun 4 Sep 2017 - 16:16
Chrome & Bérénice Look what u make me do ?
Il y a des jours où l’on se perd. Où l’on s’égare. Le plus souvent, pour le commun des mortels en tout cas, cela se compte plutôt en heures, ou encore en délicates minutes. Le Temps. L’humain à ce besoin viscéral de savoir quel jour on est, l’heure qu’il est, combien de temps il reste avant que… Tu fais parti de cet engrenage bien ficelé Bérénice, tu es de ceux qui on besoin de se raccrocher à cette horloge immatérielle qui pense diriger le monde. Qui le dirige en un sens. Pourtant il y a des jours, comme celui d’aujourd’hui, où le Temps t’importe si peu. Tu n’es pas pressée. Le soleil qui se lève ou se couche ne te surprend pas et en réalité, tu te demande souvent si c’est parce que tu acceptes pleinement d’être dominé par ce Temps, qui cours et sur lequel aucune emprise n’est possible ou si tout simplement, pendant cet instant, tu arrives à complètement l’oublier.
D’ordinaire plutôt calme quand ce genre de journée est amorcée, il semblerait pourtant qu’aujourd’hui quelque chose te chiffonne. Le chignon mal fait, la salopette en jean ne tenant que sur une seule épaule, le t-shirt blanc dessous n’est plus si blanc, tes vieilles baskets ne l’étaient plus depuis bien longtemps. Tu as de la peinture sur le nez, le bout des doigts et même le front, tu regarde ta toile, cherchant vainement ce qu’il manque. Elle est très belle, quand on recule en s’approchant lentement, on croirait que l’eau du lac bouge, scintille comme elle le fait réellement. Pourtant, tu n’es pas du tout satisfaite, mais tu ne saurais dire si cela vient réellement de la toile. Il y a quelque chose depuis ce matin, qui te laisse dans cette impression d’inachevé. Jouer du saxophone fut inutile, emmerder Warren avec l’aide de Linn ne t’aida pas non plus à combler cette impression de vide… peut-être que tu aurais dû aller danser ? Non, cogner dans un sac de sable.
Tu avais eu cette sensation que c’était un mal artistique, l’envie de peindre et d’en mettre partout. De la couleur. Mais fallait se rendre à l’évidence Alesia, ce n’était pas du tout le cas. T’en venais à te dire que c’était peut-être la faute d’un don, d’un énième inconnu à la liste qui te tourmentait depuis ce matin même au réveil. En réalité c’était fort improbable et à la fois tellement plausible. C’est alors que le vent se leva. Tu l’as senti chatouillé ta peau, arriver et tout chavirer. Tu as vue le trépied s’écraser au sol, la toile se couvrir de terre et de poussière, ainsi que nombre de tes croquis au fusain, s’envoler dans les air. Immobile tu es restée, comme le calme insensé avant la tempête.
Doucement tu t’accroupis, un soupire t’échappe Bérénice. De plénitude, de soulagement, de rage ou encore de désespoir profond. Tes doigts saisissent ta palette de peinture, pendant un instant tu restes ainsi, laissant tes phalanges se couvrir de couleurs avant de te redresser comme prise d’un élan soudain… Dans un cris suraiguë tu balance la dite palette à travers l’horizon, sans viser, sans même regarder. Tu ne l’entends pas atterrir dans l’herbe verte, tu perçois un son. Humain. Tes pommettes se font cramoisi alors que tu te retournes doucement, les doigts pleins de peintures plaqués sur ta bouche (vraiment très très intelligent tout ça, vraiment Bé) et tu le vois. Les cheveux aux boucles noires.
▬ J-Je… euh… DÉSOLÉ !
Tes yeux aux iris noisettes fixent à présent le sol. Alors que tes doigts s’emmêlent entre eux. Trop gênée pour dissiper ta gêne.
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Sujet: Re: Look what u make me do ? Lun 11 Sep 2017 - 3:18
Traits mal dessinés, fusain qui s'brise dans l'vent écorché
Les mots n'voulaient pas s'coller à ton papier, ni même oser s'envoler dans tes plus étroites pensées. Y'avait un arrêt total sur tes fonctions à réfléchir, plus tu fermais les yeux plus tu t'sentais faiblir. Comme un grain dans l'immensité de l'univers, comme un idiot qui essaie d's'amuser avec le venin d'une vipère. Tu te retrouvais blessé Chrome. Blessé par ce moment de je ne sais quoi. Blessé par cet élan de rébellion dans l'fond de ton être. Ceux qui dirigeaient les armes semblaient en vouloir après toi, ils voulaient que tu disparaisses et que tu files dans une bulle où tu serais protégé du monde extérieur et des gens malhonnêtes. Tu comprenais par la force dont tu appuyais sur le cresson que rien n'allait. Que même le soleil avait des difficultés. C'était comme un fouillis interne, un fouillis où tes songes se retrouvaient dans un fracas insoutenable, tapant durement sur l'épaisseur de ton crâne.
La migraine t'agresse alors d'un violent coup d'couteau et vient alors cet étrange fléau.
Chrome tu es comme une plante qui rougit aux rayons ultra-violet, tu es comme le tournesol qui se tourne et qui fait ainsi, sans bouger une seule seconde, sa journée. Attendant que le soleil se couche pour laisser tes paupières te guider dans un autre monde, un monde bien plus étranger. Toi aussi tu changes tes couleurs selon ton humeur, toi aussi tu ressembles à la tempête et parfois même tes yeux ressemblent à ceux d'un tueur. Mais là n'est pas la question, comme une fleur qui perd ses pétales tu sembles sur le point de perdre, toi, les pédales. Tu ne comprends rien de ton corps, de c'que veut ton cœur dans cette vie, de tes désirs et de tes envies.
Et tu te lèves de ce banc qui a tenu tes pensées obscures, celles qui finissent dans une poubelle imaginaire. Pas besoin d'aimer, d'apprécier, d'avoir c'malheur qui te colle à la peau dans cette existence. Tu supprimes tout dans ce laps de temps. Comme tu l'as toujours fais Chrome, tu effaces les mots, les souvenirs, les rencontres, pour t'apaiser, t'as besoin de le faire. Or on t'avais dit que rien n'partait même après 20 ans, que c'est toujours une impasse et qu'au bout d'un moment tout refait surface. On t'avait mis en garde que l'océan n'allait pas t'aider à surmonter tes colères, tes peurs, qu'un beau jour tu finirais par exploser et lâcher tes pleurs. On t'avait prévenu Chrome, que la parole ne sert pas tout comme le temps, qu'pour venir en souriant fallait juste avoir la force de revenir dans l'passé et tout confronter pour l'présent.
Alors lorsque tu te lèves c'est comme des cendres que tu lâches, tu t'enfermes et tu oublies cet incident. Tu fais disparaître cette belle tristesse dans un d'ces sourires ; par moment.
Et tu marches dans l'parc sans vraiment savoir où aller, simplement guidé par tes pas qui tâtonnent le sol, par l'odeur du pollen et les oiseaux qui chantent et sonnent. T'es tellement dans les vapes, dans la vapeur de tes mots internes que t'en oublies la jeune fille qui fait son art, concentré, les sourcils tellement foncés qu'il en rendrait son visage terne. Et ça fait boum. Le choc entre vous. Ça fait boum lorsque tout se renverse entre vos corps pour tomber sur le sol, pour retourner dans la poussière dans un bruit qui correspondait si bien à l'objet cassé dans son vol.
— Je suis désolé
Mais tu ne l'es pas Chrome, tu n'es pas le genre d'humain qui a de la pitié parce qu'il détruit une œuvre d'art, tu n'es pas le Neal Caffrey des temps modernes, t'es juste ce gars qui ressent peu la compassion dans ces moments chiants, gênant et grisant de cernes. Enfin tu l'as regardé ta bulle s'éclatant par le simple fait de la situation.
— Je ne l'ai... humpf. Et tu ris. Un petit rire qui sort faiblement de tes lèvres alors que tu la vois ainsi. Elle te fait rire par le simple fait d'être maladroite. Par le simple fait que la peinture teint ses lèvres, son visage, ses cheveux et ses doigts d'une manière presque délicate. Enfin tu l'aides à se remettre en état, regardant la toile d'un œil à demi intéressé. Un talent nouveau, jeune perle dans ce monde si froid et inapproprié.