InvitéInvité | Sujet: Seven lies Mer 15 Nov 2017 - 11:33 | | Il me faut un moment pour prendre conscience de mon propre corps et je suis déjà en route pour la salle de cours de Sven après avoir avalé un rapide repas. Quelque part, j’avais hâte de ce rendez-vous. J’avais hâte de le revoir pour lui demander des explications. Je voulais comprendre pourquoi, les fondements de ce raisonnement idiot. Je voulais comprendre sa logique, sa façon de penser et le plaisir qu’il prenait dans ses actes. Je voulais un pourquoi. Je voulais cerner les raisons de ses mensonges, préférés à une franchise à l’efficacité évidente. J’étais différente de tous ces gens. J’étais différente et unique, attirée par l’envie d’une totale liberté d’esprit, bercée par le profond désir d’un instinct en unique maître, dominant, moteur de mes actes épurés de la moindre corruption. Je voulais débarrasser ces désirs du moindre détour, des mensonges, pour n’être que moi-même. Je voulais la réponse, ce facteur inconnu, désir étranger qui faisait muer la personnalité de chacun en une copie d’entité conforme.
Car je déteste, tu sais. Tout ce qui est susceptible de me faire changer.
Je déteste les publicités qui décrient nos désirs comme s’ils étaient certains de nous avoir cernés. Je déteste la hiérarchie du monde, comme un prétexte pour se déchaîner de ceux qui d’ordinaire ne l’aurait jamais osé. Je déteste les téléphones et tous les écrans, comme un rempart au réalisme, le berceau high-tech des cerveaux sombres et étriqués. Je déteste les populaires, cette suffisance d’un peu d’attention qui n’est pas même l’ombre d’une garantie. Je déteste ces humains pourris par un contexte de vie facile, la société bourrant les crânes d’une paix qui conviendrait à tous pour ne laisser que des guerres silencieuses. Je déteste les projets, ce sentiment d’obligation qui s’estompe avec, les rendez-vous de groupe où tout finit toujours en binôme, les rivalités et ces sentiments trop sceptiques pour ne pas être oubliés.
Je déteste les rivalités, les rêves les promesses les retours, le regard de pitié qu’on jette aux malheureux qu’on s’efforce de ne pas remarquer. Je déteste l’amour, les communautés, ce monde cet univers que je veux tant brûler.
Je déteste je déteste et c’est bien trop ancré, je déteste et ça ne se voit pas sur ce visage embué par des désirs imprévisibles, parce que c’est ainsi depuis toujours, dans le silence et cette haine trop crue et effrayante pour être remarquée.
Non, je ne comprends pas.
Et je prends place à côté de lui après avoir traversé la salle remplie, cachée sur ce tabouret, derrière cette grande table haute remplie d’innombrables objets pour la chimie. Je le regarde, masquée par la normalité.
Je ne vois pas l’intérêt de te dissimuler quand, comme moi, tu pourrais très bien livrer tes désirs haut et fort. Je ne comprends pas.
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