Sujet: house of lies || NEMESIS Lun 6 Oct 2014 - 12:21
Deux jours que j’avais revu Olympe. Une semaine que je n’avais revu personne.
Le mot vide était peut-être ce qui caractérisait le mieux ma vie actuellement, mis-à-part « foutu bordel sans queue ni tête ». J’avais littéralement refait la face d’un élève du pensionnat -et accessoirement un membre de la classe B- et après ça, tout avait dégringolé. Ou, tout bien réfléchi, peut-être que ça avait dégringolé dès le moment où j’avais décidé d’aller au Fight Club, il y a de ça une semaine. Je pensais que me défouler contribuait à mes résolutions hippies du moment en me permettant de me calmer un peu, mais ça avait été tout le contraire. Pétage de plomb, éradication de l’espèce Andromède et de toute la raison qui pouvait bien encore habiter mon cerveau au moment des faits.
Foutu pouvoir. L’avantage, et c’était bien le seul, c’est que j’étais résolu. Fini, les faux espoirs. J’étais une bombe à retardement, un amas de colère qui pouvait exploser à n’importe quel moment, et la seule façon pour moi d’éviter de blesser quelqu’un, c’était de ne pas être en mesure de toucher ce quelqu’un. En d’autres termes, de rester loin de mes proches - et j’étais cette fois bien résolu à tenir cette mesure. J’avais essayé ça, il y a quelques mois, deux semaines à m’enfermer dans ma chambre pour ruminer : cuisant échec, même si Ashley avait réussi à me convaincre de sortir de là - et je ne comptais pas refaire la même erreur.
Se battre ? Se contrôler ? Ne pas abandonner ? Des belles paroles. Des belles paroles Hannah, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. J’avais essayé, j’avais tout donné, fait de mon mieux, plus encore que je n’aurai espéré le faire en douze vies. J’avais tout fait, et ça n’avait servi à rien. J’étais privé de ressources, d’espoir, d’envie, de combativité. Il avait gagné, je rendais les armes - et ça avait commencé par quelques jours dehors à attendre, à me débrouiller comme je pouvais. Le gymnase d’abord, un peu de bouffe acheté avec mes économies du côté de la rue Nord. Tôt, sur les heures de cours pour ne croiser personne - trop honteux pour penser une seule seconde à rentrer chez moi.
Seulement, le problème avec ce plan, c’était l’administration. C’est bien beau de vouloir éviter de se la jouer Hulk une énième fois, mais une semaine d’absence, ça finirait par inquiéter, même pour un E. Dans un refus catégorique d’inquiéter mes grands-parents, j’avais décidé de passer du côté du bureau administratif - et ça avait commencé par un grand détour pour éviter la majorité des élèves, se contenter de la majorité avec l’espoir de ne voir aucune de mes connaissances. Espoir qui, soit dit en passant, répondit à l’appel - je n’avais pas vraiment l’envie pour des explications en tout genre avec un de mes proches.
Comment annoncer à un de vos amis que vous avez décidé d’abandonner ? Comment avouer que vous tombez dans la déprime, dans un refus total de voir du monde ?
Tous le prendraient mal. Très mal. Trop mal. Je m’avançais vers le bureau administratif, toquant machinalement à la porte. La secrétaire, souriante comme toujours, prit le temps de parler avec moi. Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas vraiment envie de prendre du temps pour discuter de ma personne, mais mieux valait éviter de faire des vagues - ainsi, quelques sourires et politesses plus loin, je sortis du bureau. Ma seule pensée allait à l’encontre des élèves que je ne désirais surtout pas croiser, et le couloir presque vide répondit à mon attente - le seul soucis, ce fut cette montagne qui me fit face à ma sortie du bureau. Je dus me tordre le cou pour croiser le regard du surveillant Nemesis O’Connor.
Contrairement à ce que vous pouvez croire, notre relation était positive, amicale. J’identifiais presque Nemesis à un paternel, paradoxalement au fait qu’il était le seul de mes connaissances adultes que je n’appelais pas par un surnom ou par son prénom. Il fallait être suicidaire pour se risquer à ce genre d’opérations - et croyez-moi, vous pouvez être un Berserker et vous lancer dans RED, ça ne change rien au fait que vous vous pissez dessus devant ce type. Aussi proche puissiez-vous être de lui.
« Bonjour, m’sieur O’Connor. »
La voix est timide, mais audible, résonne, emplie de culpabilité. Il sait. J’ai beau être en tenue adéquate, lavé dans les douches du complexe que je squattais grâce à mon trousseau de clef, il savait. En tant que surveillant général, ça n’avait rien d’étonnant, mais son regard pesait - comme s’il y avait quelque chose de plus grave encore qu’il désirait me dire. Echange de regard empli de tensions, de scepticisme, des explications n’y changeraient rien. Il savait. Pour Entropy, RED, mon départ, mes dégâts, mon pouvoir. Il savait tout, et quelque chose de plus que j’ignorais. Pas étonnant, avec une semaine d’absence.
« Je viens de voir la secrétaire au sujet de mes absences. Je vais peut-être manquer d’assiduité dans les jours à venir aussi, quelques… soucis personnels. Je passais simplement pour prévenir l’administration. »
Ceci était une illustration en direct live d’un dialogue de crédibilité zéro.
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Sujet: Re: house of lies || NEMESIS Lun 6 Oct 2014 - 21:44
Tu es sorti du bureau de Ruthel après une longue entrevue. Plus le temps passe, et plus les choses se compliquent. Vous manquez de personnel compétent. Et tu es sans doute l'un des seuls, voir l'unique, surveillant à continuer à imposer le règlement à la lettre. Certains font quelques entorses, cèdent quelques petites choses aux élèves. Toi non. Tu ne peux pas prétendre n'avoir aucune préférence pour tel ou tel élève. Ce serait mentir. Mais même avec ça, tu restes volontairement intransigeant.
Tout s'était abattu d'un coup sur le pensionnant. Entropy, RED... la révolte gronde presque. A tel point que tu t'arracherais volontiers les cheveux tant ça te dépasse. Et tant tu es bien incapable de calmer la colère qui gronde. Le système des classes est si ancien... de l'âge de Ruthel, voir plus vieux encore. Si, à l'époque les élèves étaient dociles, bien obéissants aux adultes, à votre époque les moeurs ont changé. Le respect a presque disparu. Tu ne comptes plus le nombre de fois où des profs se sont plaints des comportements des élèves. Ce à quoi tu ne tardais pas de remédier en allant visiter les dits élèves.
Mais le fait était là : les élèves se révoltent contre un système injuste. Tu sais que ce système est à revoir, mais qu'est-ce qu'un surveillant comme toi peut bien y faire ? Tout le monde te voit comme celui qui sanctionne, l'ombre qui rôde dans les couloirs. Celui que presque tout le monde redoute. Tu as le bras long et, surtout, tu ne fais preuve d'aucune pitié. Rares sont ceux qui t'apprécient. Dans tous les cas, ça t'importe peu.
Tu traverses les couloirs, ton dossier éternellement calé dans ta main, coincé entre ton avant-bras et ta hanche. Tu avances, n'ayant même pas pris la peine de retirer tes lunettes. Elles te servent rarement. Tu les portes lors des réunions que tu sais longues, mais en temps normal tu ne les mets jamais. Inutiles au possible dans une journée lambda. Tu rejoins l'étage du secrétariat, adjacent au bureau des surveillants et autres salles pour les profs.
Et tu l'aperçois plus loin. Tu t'arrêtes, ton regard posé sur lui tandis qu'il avance. Il ne semble pas t'avoir encore vu. Tu ne le laisseras pas passer. Tu restes au milieu du passage, le toisant. Gautier Percy Everfield. Ou le garçon qui est passé de la lumière aux ténèbres en un temps record. Tu t'entends plutôt bien avec lui. Il est le capitaine et le président du club de basket, dont tu es le superviseur. Vous êtes donc plutôt proches. Non. Étaient.
On peut pas vraiment dire que les choses aient évolué en faveur de votre relation. Il a participé à Entropy, à RED... il a complètement changé. La pile Duracell qu'il avait dans le bide s'est vidée. On lui a mis une pile de sous marque, qui lui balance que des ondes négatives. A tel point qu'il a perdu son titre au basket, puni pour ses actes. Et savoir qu'il avait nommé Natsson en temps que remplaçant ne t'enchantait guère. Avoir des entretiens avec le danois est aussi énervant qu'inutile.
Gautier finit par s'arrêter, relevant la tête vers toi avant de te saluer poliment. Tu ne réponds pas, plongeant ton regard noir dans le sien. Il a trop longtemps fui à cette confrontation. Maintenant qu'il est venu dans ton aile, il ne pourra pas s'échapper. Il se justifie et tu l'écoutes, silencieux. A la fin de son discours, tu poses une main sur son épaule. Il sait ce que ça signifie, connaissant parfaitement la nature de ton don. Tu le libères, désignant la porte à ta droite.
« Mon bureau. Entre. »
Tu le laisses passer le premier. Il sait qu'il ne peut pas fuir, et tu sais qu'il n'oserait pas te désobéir. D'autant plus qu'avec ses absences répétées, il est dans une mauvaise position pour espérer te demander grâce exceptionnellement. Tu refermes la porte derrière toi après être entré.
« Assieds-toi. »
Tu te diriges vers ton bureau, qui est aussi celui des autres pions. Mais vous êtes seuls dans la pièce aux allures de commissariat de police. Tu déposes ton dossier sur ton bureau, te laissant tomber sur ta chaise. Tu pianotes sur le clavier de ton ordinateur avant de planter ton regard glacial et sombre dans le sien.
« Tu sais ce qu'il en coûte de me mentir Gautier, n'est-ce pas ? »
Tu te lèves venant t'appuyer contre ton bureau, juste en face de lui. Il suffirait que tu tendes le bras pour tâter son pouls et avoir son rythme cardiaque.
« T'as pas 36 solutions qui s'offrent à toi. » Tu tournes l'écran de ton ordinateur vers lui où son profil est affiché. « T'étais peut-être un E, mais un E respectable, correct. Que s'est-il passé ? Entropy, puis RED. Et maintenant les absences ? N'essaie pas de me faire croire que tu as des problèmes personnels. Tout le monde en a. Et tout le monde ne disparaît pas pendant une semaine pour ça. On recherche le soutien. Toi, qu'est-ce que tu recherchais au juste en t'absentant de la sorte ? »
Un silence s'installe durant lequel tu pousses un soupire, attrapant une feuille dans le dossier, prêt de toi. Tu la survoles du regard, cherchant un nom avant de finalement tomber dessus, refixant tes prunelles sur lui.
« On m'a récemment informé de ton problème. De cette difficulté à maîtriser ton don. » Tu laisses retomber la feuille sur le bois du bureau. « Et on m'a également demandé de te venir en aide, de te sortir de là. Une fille que tu connais bien je crois. Alors crois bien que je ne te lâcherai pas d'aussi tôt. Donc je te conseille de vider ton sac. »
Tu t'éloignes, allant chercher un gobelet pour le remplir d'eau fraîche. Tu poses ce dernier en face de Gautier, sur le bureau.
« Vois le bon côté des choses. C'est comme chez le psy sauf que je ne me contenterai pas d'hocher la tête en dessinant des fleurs sur mon calepin. Et je ne t'aiderai pas en te balançant des trucs philosophiques. J'te botterai le cul. C'est la meilleure des méthodes. » Pause. « Et cette entrevue restera entre nous. »
Malgré ta réputation de cauchemar des élèves, il y a une chose sur laquelle de nombreuses personnes s'accordent à dire : tu es honnête, sincère et franc. Tout le temps. Cette conversation entre lui et toi resterait entre lui et toi, et ne sortirait pas de cet endroit.
« Je t'écoute. »
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Sujet: Re: house of lies || NEMESIS Mar 7 Oct 2014 - 9:28
Frustration. Il lui a fallu vingt secondes tout au plus. C’était progressif, rapide, efficace et sans bavures. Un regard qui dissuade de fuir, un pouvoir qui dissuade de répondre, des paroles qui dissuadent de désobéir. Mon rythme cardiaque ralentit et je sens mes forces s’embrumer, mon pouvoir s’affaiblir, la rage diminuée, presque effacée - le contrôle est parfait et ça se voit. Ou plutôt ça se ressent. On sait qu’il n’y a pas de danger, mais cet état, mi-conscient mi-endormi, nous laisse juste assez de réflexion pour nous dire que l’on ne peut strictement rien faire contre ça. Ensuite, votre cerveau suit bêtement les indications grondées de cette voix grave que l’on aime généralement pas entendre.
Ca avait été mon cas une période. Nemesis avait été l’adulte dont j’étais le plus proche -et bien que ce titre n’ait jamais été difficile à obtenir, c’était quelque chose- jusqu’à ce que je rejoigne RED. Dès lors, je l’avais fuit, c’était aussi bête que ça. Fuit la confrontation. Fuir le regard du surveillant. Fuir le regard de la déception. Lâche oui, et on appelait ça s’assumer en tant que pilier du mouvement ? Pas vraiment, en réalité. Je m’assois, laisse mon coeur reprendre son rythme normal peu à peu et observe les alentours. Le bureau est comme je l’imaginais - comme la plupart des gens l’imaginent, de toute façon, et en général, c’est mieux de ne jamais avoir confirmation.
Je ne m’attendais même pas à un traitement de faveur. Ma tête se hoche suite à sa question rhétorique - tout le monde sait ce que Nemesis réserve aux élèves trop téméraires, et ceux qui ne le savent pas non pas envie de le savoir. Ca ne m’étonnerait pas d’apprendre que la moitié des E aient décidé de ne pas suivre RED à cause de lui - n’importe qui sait qui est la personne la plus à craindre dans le pensionnat. Nouvelle prise de parole, je mords ma langue avec nervosité, l’écoutant parler. L’avantage, c’est qu’il me fait certainement plus peur que je ne me fais peur à moi-même - et, à vrai dire, il serait sans aucun doute stupide d’avoir peur de blesser ce type-là. Mes yeux se posent sur l’ordinateur, observe ma propre photo qui commence à dater : yeux pétillants, sourire, c’est un vrai bond en arrière. Je survole rapidement les informations écrites, écoute ses paroles, baisse les yeux vers mes pieds lorsqu’il évoque cette absence. Ce que j’ai fait ? Je me suis renfermé - j’ai déprimé, pleuré, questionné toutes sortes de dieux existants sur cette existence misérable et maudite.
J’ai perdu tout espoir, c’est une façon de résumer la chose. Je peux entrevoir une once de lumière au travers d’Olympe, mais tout reste incertain. Je l’ai vue il y a deux jours, notre rencontre m’a motivé à passer à l’administration, m’a redonné contenance. Ma main glisse dans mes cheveux comme pour me ramener à l’instant présent, et je n’ai aucun mal à reconnaître Hannah dans cette description. Il n’y a qu’elle pour faire quelque chose comme ça - et j’aurai sans doute accepté son aide si Nemesis était venu dix jours plus tôt. Seulement voilà, maintenant, je n’ai plus envie de m’accrocher - ralentir la chute ne sera que plus douloureux, alors je me laisse tomber.
« Honnête. Très bien. »
J’ôte ma manche et pose mon bras tendu sur le bureau, l’invitant à palper mon rythme cardiaque. J’inspire longuement, paré à vider mon sac, plante mon regard dans le sien. Ultime élan de courage, preuve incontestable de sincérité, mais je suis fatigué de mentir. Fatigué de couvrir les uns, les autres, de ces jeux, cette guerre, ces problèmes. J’aimerais disparaître en paix, et si c’est la vérité qu’il lui faut, il l’aura.
« Tout part de ce don. Prise de conscience. Entropy. RED. Problèmes de comportement. Bon, y'a aussi un peu de moi... bref. J’appellerai plutôt ça une malédiction, à vrai dire. J’ai rejoint Entropy parce que j’étais d’accord avec les idéaux, j’ai accepté de tout démolir avec RED parce que ça valait mieux de taper sur du matériel que sur des élèves. Je marque un blanc. Voilà le pourquoi. J’ai quitté RED il y a deux semaines, je sais que c’était stupide, tout ça. Je compte pas me ré-impliquer là-dedans. »
Je balaie la pièce du retard, laisse la tension retomber un instant. Il doit certainement savoir à propos de mes messages envoyés à Ruthel, de l’accord qu’il a accepté. Des TIG, pour le retour de mes droits en tant qu’élève - je regarde de nouveau l’écran, y vois mon reflet, serre les dents avec dégoût. C’est cette vision de moi-même qui me pousse à continuer.
« J’ai cherché à arranger les choses, j’y ai passé tout mon mois de Septembre, sans avoir aucun rapport quelconque avec RED. J’ai vraiment essayé, même avec les cours des B. Et pourtant… »
J’attrape le gobelet et le vide d’une traite, cherche n’importe quel moyen pour me redonner du courage. C’est plus dur que ça en a l’air, d’un parler. Je suis en train d’avouer au surveillant général que j’ai littéralement éclaté la gueule d’un autre élève du pensionnat sans raison particulière, sous prétexte d’un don incontrôlable. Vraiment ? Il va croire ça ? N’importe qui douterait, cruellement, de ce qui n’est autre que la réalité. Je lance le gobelet vide dans la poubelle, me redresse et croise son regard un instant. Incapable de le soutenir à nouveau.
« Tout a encore dérapé. J’étais de bonne humeur, on riait, on blaguait. Et d’un coup, sans prévenir… ça a explosé. »
Haussement d’épaules. Je plonge de nouveau mon regard dans le sien, souris bêtement, résolu, brisé à nouveau. La lumière s’est éteinte aujourd’hui, et la lumière nouvelle qui vient de s’allumer ne suffira pas à l’empêcher de s’enfoncer.
« Cette fille m’a dit de me battre, m’a redonné confiance, c’est ce que j’ai fait. Je crois qu’elle ne comprend pas, que personne ne comprend. Tout allait bien. C’est pas un don, c’est une accumulation de colère qui explose au bout d’un moment, sans prévenir. Alors, les absences ? J’ai paniqué, j’ai pas réfléchi, je voulais juste éviter de blesser quelqu’un de plus. »
Je soupire, repose mon dos contre la chaise. Je pense à Cassandre que j’ai plantée, alors que j’étais juste au niveau de mes résultats. Si l’administration sait pour mon don, ce n’est pas la classe C que je vais rejoindre. J’en suis plus que conscient. Sachant pertinemment qu’il ne sera pas convaincu, j’hésite un instant, le regard posé sur le plafond, et me décide à conclure avec ce qui sera certainement plus que surprenant, même pour lui. Mais ce qui est vrai avant tout.
« J’ai frappé Heath. »
C’est amer. Dur à admettre. Pourquoi n’aurai-je pas le droit d’abandonner pour une fois ? Je ne veux plus me battre, plus maintenant. Et aucun mot ni coup ne saura y changer quelque chose.
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Sujet: Re: house of lies || NEMESIS Dim 12 Oct 2014 - 21:18
« Tout part de ce don. Prise de conscience. Entropy. RED. Problèmes de comportement. Bon, y'a aussi un peu de moi... bref. J’appellerai plutôt ça une malédiction, à vrai dire. J’ai rejoint Entropy parce que j’étais d’accord avec les idéaux, j’ai accepté de tout démolir avec RED parce que ça valait mieux de taper sur du matériel que sur des élèves. »
Tu croises les bras, ton regard planté sur lui. Et tu l'écoutes, silencieux.
« Voilà le pourquoi. J’ai quitté RED il y a deux semaines, je sais que c’était stupide, tout ça. Je compte pas me ré-impliquer là-dedans. »
Bien sûr que c'était stupide. Tu ne dis rien, car tu sais qu'il a compris ta pensée. Tu l'as toujours clairement affirmé : RED est une mauvaise idée. Tu comprends parfaitement la rage des E concernant les inégalités entre eux et les A. Etant toi-même un ancien A, beaucoup ont pensé que tu soutenais les A. Ce qui n'est pas le cas. Même à l'époque, tu te moques bien des classes. Le système de Ruthel, la méritocratie, n'est pas quelque chose que tu partages. Tu as toujours pensé qu'il fallait remodeler ce dit système. Mais comment raisonner un directeur qui doit avoir des dizaines de décennies derrière lui.
Et puis, tu n'es qu'un simple surveillant. Le pire, sans aucun doute, mais rien qu'un surveillant. Un berger. Et puis, ta vie s'éteindra dans deux ans à présent. Tes collègues les plus proches ont remarqué un changement. A quoi bon proposer un projet de remaniement de système s'il ne sera pas respecté après ta mort ? Tu n'aurais aucune garantie.
« J’ai cherché à arranger les choses, j’y ai passé tout mon mois de Septembre, sans avoir aucun rapport quelconque avec RED. J’ai vraiment essayé, même avec les cours des B. Et pourtant… »
Ton visage ne laisse transparaître aucune émotion. Mais l'envie de sourire est forte. Quand on essaye sans conviction, sans une forte volonté, on y arrive jamais. On aura beau essayer, sans réelle volonté, sans motivation, ça sera vouer à l'échec. Les choses ont toujours fonctionner ainsi. S'il n'y est pas arrivé, c'est qu'il n'a pas trouvé une accroche nécessaire. Hannah t'en avait parlé en se confiant à toi. Elle t'avait dit qu'elle lui avait conseillé de trouver une accroche. Force est de constatée qu'il n'a pas réussi à en trouver une assez solide.
Gautier attrape le gobelet, boit son contenu avant de lancer l'objet dans la poubelle. Basketteur jusqu'à la moelle. Il redresse le regard, croise le tien. Tu ne bouges pas d'un pouce, tes yeux ambrés vissés sur lui. Il baisse bien vite la tête, visiblement incapable de soutenir ton regard.
« Tout a encore dérapé. J’étais de bonne humeur, on riait, on blaguait. Et d’un coup, sans prévenir… ça a explosé. »
Tu hausses un sourcil. Explosé ? Lui ?
« Cette fille m’a dit de me battre, m’a redonné confiance, c’est ce que j’ai fait. Je crois qu’elle ne comprend pas, que personne ne comprend. Tout allait bien. C’est pas un don, c’est une accumulation de colère qui explose au bout d’un moment, sans prévenir. Alors, les absences ? J’ai paniqué, j’ai pas réfléchi, je voulais juste éviter de blesser quelqu’un de plus. »
Tu décroises les bras, quittant ta place pour aller te chercher une tasse de café, y ajoutant un peu de lait. Tu retournes ensuite t'asseoir sur ton fauteuil, t'y enfonçant, buvant une gorgée de cette boisson bien chaude. Tu regardes par la fenêtre donc le store est légèrement baissé.
« J’ai frappé Heath. »
Tu tournes la tête vers lui. Cette fois, tu ne parviens pas à cacher ta surprise. Une petite surprise, et pas une grosse. Tu pousses un soupir, déposant ta tasse sur le bois du bureau avant de te tourner vers lui.
« Il était évident qu'il finirait par se prendre des coups. Et tu ne seras pas le dernier à le frapper. On finit toujours par récolter ce que l'on sème, Gautier. » Tu marques une pause, te massant la nuque avant de soupirer doucement. « Tu ne peux pas reprocher aux autres de ne pas comprendre. »
Tu reprends ta tasse, buvant une nouvelle gorgée avant de la poser à l'écart de nouveau. Tu tournes ton écran vers toi, le remettant à sa place initiale avant de fermer les fenêtres affichées. Puis ton regard retourne s'ancrer dans ceux de Gautier, même s'il fuit ton regard.
« Si tu ne dis rien, personne ne pourra comprendre. Bien sûr, il arrive parfois que, même en expliquant, l'incompréhension est toujours là. Tu ne peux pas demander l'impossible aux autres. Et vice versa. » Tu t'enfonces dans ton siège, coudes sur les accoudoirs, doigts joints devant tes lèvres. « Tu ne peux pas reprocher à ton amie d'avoir voulu t'aider sans comprendre. Elle aurait très bien pu te laisser, faire semblant de ne pas voir, et ne pas décider de venir m'en parler. Tous tes amis peuvent-ils prétendre avoir fait la même chose ? Je ne pense pas. »
Tu laisses tes mots planer avant de reprendre, te redressant.
« Je suis loin d'être idiot, Gautier, et tu le sais. Je sais que tu as abandonné, que tu préfères te laisser aller. J'ignore quels efforts tu as fait, mais tu t'es sûrement bien battu. Il est temps pour toi d'enterrer les armes, et de prendre un repos bien mérité. » Conciliant ? Eh. On parle de Nemesis. « Laisse-moi juste te demander une chose. Tu dis que tu t'es absenté par peur de blesser quelqu'un à nouveau. C'est une décision honorable. Mais que va-t-il se passer quand tu perdras à nouveau le contrôle, hm ? Repense donc au mal que tu as fait avec une maîtrise aussi peu adéquate. Que crois-tu qu'il se passera si tu te laisses complètement aller ? Tu tueras la personne en face de toi ? »
Tu te lèves, faisant lentement le tour de ton bureau pour le rejoindre, t'arrêtant à côté de lui, tourné vers la porte.
« En toute franchise, je me fous totalement de la personne qui prendra les coups. C'est ton problème, pas le mien. Mais, en ce qui me concerne... » tu poses ta main sur son épaule, usant doucement de ton don. « Je n'aurais aucun mal à t'arrêter, sois en certain. »
Même si ça te ronge la vie. Tu récupères ta main, allant t'appuyer contre ton bureau, face à lui, comme au début de la conversation.
« Alors, que comptes-tu faire ? Je ne te force naturellement en rien. Mais si tu ne veux plus faire d'efforts pour toi, fais-le pour quelqu'un que tu souhaiterais protéger ? »
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Sujet: Re: house of lies || NEMESIS Mar 14 Oct 2014 - 9:38
On récolte ce que l’on sème, c’est vrai. Hochement de tête de ma part, mais Nemesis ne comprend pas, et ça n’a rien d’anormal. Il n’était pas là pour le voir. Heath n’avait rien fait - il a tenté de me retenir, plus solidaire que jamais envers moi, pour m’aider à arranger les choses. Il m’a tendu la main, m’a proposé un réconfort à nouveau, m’a proposé de m’accepter malgré ce que j’avais fait. Andromède n’était pas beau à voir après ça, mais il s’en moquait - et la seule chose que j’avais trouvé à répondre, c’était un coup de poing en plein visage. Plus j’y réfléchissais, et plus c’était insensé et ridicule - mais je savais que j’avais fait mon possible. J’avais juste paniqué, et mon don avait encore agit à ma place.
Je lève les yeux vers lui alors qu’il marque une pause, écoute les cruelles paroles sortir d’entre ses lèvres, vérité indéniable que je ne peux qu’approuver. Je ne peux rien reprocher aux autres, c’est vrai, c’est mille fois vrai - et cette absence d’empathie commence sérieusement à peser. Personne ne peut comprendre, pas même l’adulte le plus mature de ce pensionnat et toute l’expérience dont il dispose - et c’est ce qu’il tente de me dire. Je suis seul dans ce mal. Nemesis a toujours été franc, c’était un bien pour un mal. Visiblement, plus que reprendre confiance en moi, j’avais surtout besoin que l’on me remette les yeux en face des trous.
A force de tenter d’ignorer la vérité, on finit par la perdre de vue inconsciemment. J’observe le décor, pensif, tandis qu’il boit une gorgée de café - je ne cherche pas son regard, incapable de concentrer tous mes sens sur cette vérité blessante. C’est peut-être bien la première fois de ma vie que je ne tiens pas en place pour une raison autre que mon hyperactivité constante. La réalité qui vous colle une terrible baffe à la gueule, vous force à la regarder dans les yeux. J’avais essayé de me montrer réaliste, mais je m’enfonçais dans mon propre mensonge et me ternissais de faiblesse à chaque fois que je croyais obtenir une réponse.
Cercle vicieux et infiniment risible du garçon qui s’enfonçait dans sa propre vérité mensongère.
« C’est vrai, Hannah a géré. C’est toujours elle qui pense à ce genre de choses. »
Et c’est tout ce qu’elle peut faire dans cette situation. C’est pour ça qu’elle l’a fait. L’ombre d’un sourire glisse sur mes lèvres, rapidement effacé lorsque Nemesis se redresse pour continuer la discussion. Je mords ma langue, m’empêche d’ajouter une autre remarque à ça - dénué d’une moindre envie de blaguer dans cette situation. Personne n’a bougé. Tout le monde est resté figé, à l’exception d’une Arsène hilare et d’un Artus impatient de m’enfoncer encore davantage. Le pire, c’est que je ne pouvais pas le lui reprocher, me souvenant parfaitement de la scission de notre amitié il y a de ça quelques années.
C’est Nemesis qui reprend la parole tandis que je me plongeais à nouveau dans d’obscures pensées. A nouveau, il tape dans le mille - je me suis bien battu, à la différence près que je n’ai mérité aucun repos. Je n’ai su faire face qu’une fois, avec Crystal - et ça relevait de la chance. Seulement, quelque chose cloche. Nemesis n’a pas l’habitude d’être tellement tolérant avec les gens - je cligne des yeux, surpris, m’apprête à répondre avec ironie jusqu’à ce qu’il reprenne la parole.
Cette fois, il m’atteint directement. Il a raison. Que va-t-il se passer quand je perdrai le contrôle ? Comme si je n’y avais pas réfléchi. C’est bien pour ça que je suis parti, parce que je n’avais pas la solution, parce que si cette solution existait, elle serait déjà mise en oeuvre. Je suis venu déposer une absence pour ne pas inquiéter mes grands-parents, mais je n’avais pas l’intention de rentrer - et là encore, malgré toute cette vérité qui me faisait face, j’en étais toujours incapable. Tuer quelqu’un n’est pas exclu après que j’aie tabassé un élève sans raison.
Mes yeux le suivent quand il se lève pour se placer près de la porte, écoute ses paroles, mon esprit s’alarme quand sa main file vers moi. Je refoule mon instinct me poussant à l’éviter et laisse son don agir doucement, calmant mon rythme cardiaque et me laissant me détendre à nouveau. Grand soupir et je m’affale un peu plus sur ma chaise, hochant simplement sur la tête suite à ma remarque. Malgré toute la force du Berserker, je savais que je ne pouvais pas faire le poids face à Nemesis. Le soucis, c’est que je n’avais pas envie d’y croire une nouvelle fois sans raison et regarder la désillusion me briser à nouveau.
« Je ne sais pas. »
On avait parlé d’honnêteté, non ? Je gesticule sur ma chaise pour me redresser, lui fais face à nouveau, défiant son regard pour appuyer ma franchise. Mes yeux éteints, plantés dans ses iris d’ébène impénétrables et incorruptibles.
« Je pense que je vais rentrer chez moi pendant quelques jours pour y réfléchir. Ou peut-être une semaine. »
Mensonge. Je vais rester ici quelques jours pour cogiter, le temps de réfléchir à une solution. Ainsi, je m’offre une semaine de plus pour tenter de trouver quelque chose - de recouvrer peut-être ma motivation à me battre. Ses mots sont véridiques, mais ce que Nemesis ignore, c’est que je me suis toujours battu pour les autres - et me rappeler que j’ai des gens à protéger est maintenant une démarche presque inutile. Sauf peut-être, pour me dire à quel point je suis pitoyable.
Je me lève poliment, dépoussiérant mes vêtements et fourrant ma main dans ma poche. Pour moi, nous sommes à la fin de cette entrevue - mais je ne me détourne pas, lui laissant le temps de me rappeler à l’ordre si nécessaire. Mais Nemesis n’a pas l’air décidé à me retenir, comme il l’a dit - il restera fidèle à ses mots jusqu’au bout. A sa façon, il m’a aidé - à défaut d’avoir pu me faire recouvrir ma motivation, il m’a poussé à chercher encore. Ma réponse n’existe peut-être pas, mais j’avais envie de continuer à la chercher - et cette reconnaissance me poussa à sourire franchement à Nemesis. Un vrai sourire. Ca faisait des jours qu’on en avait pas vu.
C’est l’attente d’un miracle - ignorant à ce moment-là, qu’il portait un nom.
« J’ai une question, dis-je en sortant ma cravate bleue de ma poche. Cassandre m’a informé que j’étais à la limite de la relégation en C à la fin du mois. Là, j’ai manqué beaucoup de cours en plus du retard que j’avais déjà. En plus de ça, il a été révélé que le contrôle de mon don frôlait le zéro. On y vient. Alors… quelle est ma couleur maintenant ? »
Quelque part, j’espérais pouvoir rester en bleu maintenant que j’avais appris à connaître Cassandre. Je me sentais déjà mal à l’idée de l’avoir plantée, et à présent, j’étais quasiment certain d’avoir perdu en niveau. Peut-être les C pacifistes ? J’y retrouverai Hannah. Les D aussi, où se trouvaient Cale, Morgan, Sarah, ou même SKYGGE - j’avais toujours été attiré par leur jaune pétillante. Mais mon coeur était rouge, ça n’y changeait rien : cette classe incomprise de brutes, ces gens maladroits mais sincères, ces types dangereux mais unis dans leur détresse.
C’était un adieu définitif, RED.
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Sujet: Re: house of lies || NEMESIS Dim 26 Oct 2014 - 12:43
Ses yeux se posent enfin dans les tiens. Tu ne le quittes pas du regard, ravi que, enfin, il prenne le courage de soutenir ton regard. C'est la preuve qu'il n'a pas complètement abandonné, qu'il y a encore une partie de lui qui veut se battre. Mais l'autre partie, celle qui a abandonné qui ne veut plus comprendre ni même faire d'efforts, est bien trop présente, trop forte. Et tu n'es pas le mieux placé pour étouffer ça. Ce n'est pas à toi de le faire.
« Je pense que je vais rentrer chez moi pendant quelques jours pour y réfléchir. Ou peut-être une semaine. »
Tu arques un sourcil, secouant ensuite la tête après avoir levé les yeux au ciel.
« Tu as cru que le pensionnat était un hôtel ou quoi ? On ne vient pas ici comme dans un bordel. C'est pas parce que je fais preuve de clémence qu'il faut croire que tu peux faire ce que tu veux. Si tu rentres et que tu perds le contrôle, tu feras quoi ? Si tu blesses tes grands-parents, tu seras capable de te tenir encore debout ? Je t'interdis de quitter l'île. Pas avant que tu ne trouves la réponse à la question que tu te poses. » Pause. « Je pense que tu sais qui en détient la réponse. A toi de faire le nécessaire. Ne t'attire pas plus de problèmes que tu n'en as déjà en allant risquer de blesser quelqu'un hors de l'île. »
Tu te redresses, contournant ton bureau pour aller te placer derrière lui, à côté de ton fauteuil. Gautier se lève, s'apprête à partir. Mais il s'arrête finalement sur le chemin, affichant un sourire. Quelque chose que tu n'avais pas vu sur son visage depuis longtemps. Est-ce sa façon de te dire merci ? Ou s'agit-il simplement d'une manière de te dire "tout va bien" alors que non ?
« J’ai une question. » « Hm ? » « Cassandre m’a informé que j’étais à la limite de la relégation en C à la fin du mois. Là, j’ai manqué beaucoup de cours en plus du retard que j’avais déjà. En plus de ça, il a été révélé que le contrôle de mon don frôlait le zéro. Alors… quelle est ma couleur maintenant ? »
Tu observes la cravate avant de glisser ton regard sur lui. Ce n'est pas à toi d'annoncer ce genre de choses en général. Tu ouvres ton tiroir, y prenant une cravate avant de la lui lancer. Il la rattrape sans mal. De bleu, il repasse au rouge. Ça ne te ravi pas, mais les choses sont comme elles sont.
« Ton changement de classe sera effectif dans un jour ou deux. Tes camarades seront prévenus par l'administration. » Pause. « Tu peux y aller. »
Tu le regardes partir, franchir la porte et la refermer. Tu fixes la porte un moment avant de te laisser tomber dans ton fauteuil. Tu te pinces l'arrête du nez avant de te pencher sur ton clavier, ajoutant un commentaire au profil de Gautier.
"A la question : est-il coupable ? il faudrait en ajouter une autre : est-il incorrigible ?"