Ils courent, ils courent les furets ! [Valentine, Amélie, Nana, Violette]

Valentine écouta sans sourciller les propos de la blonde qui se livrait à lui. Alors c'était ça l'objectif de Violette ? Massacrer tous ceux qui se mettent sur son chemin ? Repensant à sa tentative de suicide pitoyable du planétarium, le gamin tenta en vain de masquer son rictus moqueur. Bien qu'il ne détestait pas la jeune fille, il ne pouvait s'empêcher de se moquer de sa logique toujours de plus en plus bancale. Il était cependant en quelque sorte son devoir de lui signaler ses erreurs, même s'il risquait de le payer cher à un moment. Malheureusement, il ne put retenir le rire franc et sincère qui s'éleva de sa gorge suite à la dernière phrase de son interlocutrice.

"HAHAHAHAHAHA ! Que la vie doit être belle pour toi qui peut faire tous les choix que tu désires ! Mais après tout, n'est-ce pas naturel pour une jolie blonde fille de riche de la classe A d'avoir tous les droits ? Si tu penses que tu pourras me faire la moral à coup de "tu as le choix", sache que tout le monde ne vit pas sur un nuage blanc. Mon pouvoir est de créer la paix autour de moi. Avais-je le choix de mon pouvoir ? Je vais te dire la réponse que je pense que tu attends : dans la vie, il y a le destin et les choix. Le destin t'a donné la possibilité de tout massacrer autour de toi, mais est-ce vraiment ce que tu veux ? Dis moi clairement, Violette Schoenfeld, as-tu réellement l'envie de me tuer, là, tout de suite ? Si oui, alors fais le parce que je ne pense pas que tu pourras le faire plus facilement avec le temps qui passe. Tu sais pourquoi ? Parce même s'ils sont hostiles, des liens se créent avec le temps. On peut haïr une personne de toutes ses forces durant toute sa vie et se rendre compte lorsque cette personne meurt qu'on a désormais plus aucun rêve et plus rien en quoi croire ! Si ton destin est celui-ci, alors penses-tu réellement avoir le choix ? Si tu n'as pas envie de me tuer tout de suite, moi qui suis ton extrême opposé, dis moi dans ce cas en quoi je ne suis pas sur ta route. D'ailleurs... De quelle route parles-tu ?"

Là, il avait peut-être poussé le bouchon un peu loin. Tant pis, il espérait que son cerveau de blonde ait pu enregistrer toutes les informations qu'il avait lâché et si ce n'était pas le cas, ben ce n'était pas grave, de toute façon les deux autres derrière la porte se chargeront de lui sauver la peau. Du moins... Il l'espérait...

J'écoutai son discours jusqu'au bout. Sans sourciller. Sans bouger d'un cheveu. J'étais comme glacée, sans pouvoir réagir. Valentine venait de résumer tout ce dont je refusais de croire jusqu'à maintenant.

Ses paroles me font étrangement penser à celles que Alyssia a prononcées lors de mon départ. Elle que je croyais si faible m'avais surprise par sa force et sa fermeté d'esprit. Elle avais pris mon départ comme une nécessité, ce dont je lui suis reconnaissante. Je n'aurais pas supportée de la voir me supplier de rester avec elle, alors que je m'éloignais pour ne plus jamais revenir.

Une douleur aiguë vient me transpercer la poitrine. Voila l'implacable vérité. Ma respiration devient saccadée. Je lève les yeux dans sa direction, le regard mauvais. Je rassemble tout le venin possible dans ma voix.

- Oui, je ne suis qu'une gamine pourrie gâtée capable d'anéantir des populations entières. Et m'en porte entièrement responsable. Mais que sais-tu sur moi? Non seulement j'ai le pouvoir de tous les tuer, mais je le veux! Je veux les briser, comme ils m'ont brisée! Je tuerais ceux qui m'ont apporté le désespoir et la tristesse infinie à moi et mes proches! Si j'agit, c'est uniquement pour me venger! Je veux les voir souffrir et mourir!

Mais qu'est ce qui me prend de dire cela à elle? Maintenant que j'ai commencé, je ne peux plus m'arrêter.

- Chaque être vivant nait avec une tâche à accomplir. C'est pour cela que nous devons suivre la route qui nous est destinée, cette route que nous appelons "destin". Mais nous, humains, sommes les seuls à avoir le pouvoir de choisir. Nous pouvons décider de notre propre destinée et l'utiliser pour des fins personnelles.

Mon visage se fend d'un sourire cynique.

- Mais, attention... Si jamais tu oses braver ton destin, ta vie entière devient un péché. Après tout, pourquoi s'en priver? Il n'y a rien de plus plaisant que de savoir qu'on est plus puissant que les dieux eux-même et qu'on est sûr d'être découvert un jour ou l'autre. On peut enfin profiter de tous les délices de la vie, et être libre de toute force supérieure.

Mon sourire grandit de plus belle.

- Oui... Une fois que nous avons désobéi à notre destinée, nous n'avons plus qu'à attendre le châtiment suprême!

- Apparemment Violette parle du fait que Valentine cache son jeu, pour le reste c'est tellement bizarre que moi-même je n'y comprends rien.

Donc si je comprenais bien personne ne comprenait ces deux jeunes filles. En même temps... c'était bien trop bizarre. Valentine ne cachait aucun jeu, dans le cabanon il n'y avait pas l'ombre d'une console ou d'un jeu de tarot ! Et d'ailleurs pourquoi elles parlaient de jeu ? 
Les deux V continuèrent la conversation. Toujours des trucs incompréhensibles. Je crois bien qu'elle discutaient de destin, d'anéantir le monde de faire mal et tout ça. C'était terrifiant quand on y pense. Deux jeunes filles projettent de détruire le monde, elles concoctent leurs plans dans une cabane pleine de matériel de sport près du complexe sportif. Terrifiant. 
Bref, quelques mots compliqués plus tard, Violette s'arrêta enfin de parler. Son discours avait été long, très long. Je regardais toujours mes camarades quand des bruits de personnes qui arrivaient me firent subitement touner la tête. D'autres jeunes de moins de 16 ans, dont quelques A surement envoyés par Prudence, qui devaient comme moi ramasser les feuilles mortes venaient. Quand ils me verraient écouter aux portes alors que j'étais censée nettoyer le sol, ils me prendront pour une fainéante et m'appelleront. Et là... Violette et Valentine, surtout Violette, vont s'apercevoir que Nana et moi les écoutions ! Et... on va se faire charcuter par la blonde folle ! Hiiii !
Essayent de me relever, tout en jetant un regard plein de sous-entendus à ma camarade B, mon pull s'accrocha à un pan de bois qui dépassait du mur de la cabane qui était quand même pas toute jeune et un peu en ruine. Complètement affolée, j'arrêtais le temps pour essayer de remédier au problème, mais j'étais définitivement coincée. Remettant le temps en place, je ne pus qu'assister à la scène qui allait suivre, dépitée.
Ça allait être ma fête.