Fluffy Monster | Tim

Le soleil est sorti de sa léthargie aujourd’hui. Il a chassé les nuages et a pris possession du ciel. L’astre éclaire le parc et réchauffe les corps des personnes exposées. Tim en fait partie. Le blondinet est allongé dehors. Le ventre dans l’herbe, il est armé de son crayon et gribouille son carnet pour ne pas changer. Le garçon s’est posé près d’un banc désert, l’endroit l’inspirant. Aucune fuite vers l’ombre d’un arbre, il a besoin de la luminosité pour bien voir ce qu’il dessine. Et aussi de réveiller ses muscles un peu engourdis par la météo des derniers jours.  Enfin, il n’est pas fou non plus, il sait qu’il ne bronze pas. Il est accoutré de vêtements longs mais ressent la chaleur des rayons malgré tout. Il est détendu, dans sa bulle.

Son carré lui plonge devant les yeux, lui obstruant la vue. Tim s’en fiche, il distingue parfaitement sa feuille malgré tout. La page blanche devient grisonnante au fur et mesure que le temps passe. L’artiste tisse sa toile de papier. De rien, on distingue à présent un portrait. Une femme, au visage arrondi et à la coiffure bouclée se retrouve prisonnière du carnet. Qui est-elle ? Tim l’ignore. Il a laissé son inconscient parlé. Il ne lui reste plus que les détails à réaliser pour terminer son œuvre. L’œil se concentre et se prépare à donner ses ordres au cerveau quand subitement, une ombre envahit l’espace et supprime la lumière. Le garçon ne peut continuer dans ces conditions.

Tim lève le nez de son bloc-notes. Il cherche la source de sa déconvenue et la trouve : Charlotte. Sa camarade de cabanon est perchée sur le banc et est dans l’axe des rayons. La fille semble terrorisée. Après une brève observation des lieux, Tim comprend pourquoi. Un félin se tient devant elle. Les griffes acérées, il parait disposé à lui sauter à la carotide afin de la décapiter. La bestiole est immense, facile vingt centimètres. Un chat quoi. Un adorable minou sème la terreur dans l’esprit de Charlotte. Le Classe C observe le matou qui enchaine les miaulements. Lorsque leurs regards se croisent, Tim découvre la vérité.

« Mais pourquoi elle me fuit ? Je veux juste jouer… »

Pauvre bête. Elle n’a pas conscience de faire si peur à une demoiselle. Tim n’est plus dans sa bulle, il range ses affaires et se lève. Il s’approche de sa camarade et lui tend la main. Il essaye même de se montrer rassurant.

« Tu peux descendre Charlotte. Il te disait juste bonjour. Il ne te veut aucun mal. »

Tim connait bien la demoiselle. Il se doute que ses mots risquent d’être insuffisants. Il affiche un sourire pour détendre l’atmosphère. Il n’y a vraiment rien de dangereux dans les environs. Si ce n’est la réaction potentielle de Charlotte. La crainte peut faire faire des bêtises. Mais laquelle des deux créatures est la plus angoissée des deux ? L’humaine ou l’animal ? Tim va devoir jouer les intermédiaires pour éviter une voire des blessées.

Il a y des gens qui ont peur des araignées ou encore des serpents, c’est relativement classique. La phobie de Charlotte est bien plus simple à identifier, cette fille craint tout ce qui bouge. Facile à remarquer mais terriblement compliqué à gérer dans la vie quotidienne. Tim se retrouve à devoir lui démontrer que le chat présent non loin n’est pas une menace. Pour le commun des mortels, c’est une évidence. En ce qui concerne sa colocataire, Tim sait qu’il va devoir s’engager dans une bataille d’arguments. Il se remémore le pourquoi du comment il s’isole d’habitude. Les autres sont enquiquinants. Il est mieux tout seul. Pourtant pour Charlotte, il est prêt à donner de sa personne. Elle est gentille et il l’aime bien. Assez pour être patient.

Tim retire sa main au sursaut de la demoiselle. C’est qu’elle se montrait effrayante aussi la Miss. Comme prévu, elle refuse de descendre dans l’immédiat. Le blondinet ne veut pas la forcer. Il ne désire en rien la rendre plus hystérique et  l’entendre crier. En plus si elle s’énerve, l’adorable boule de poils pourrait paniquer et se transformer en un féroce prédateur souhaitant lui couper la tête pour la faire taire. Autant éviter ce scénario catastrophe. Certes envisagé à l’extrême mais plausible. Tim ne prendra pas ce risque. Il se doute que ses simples mots ne réussiront pas à calmer Charlotte. Il va lui falloir fournir des preuves. Qu’il en soit ainsi.

« Absolument certains. Il veut juste jouer avec toi. Les chats sont très joueurs tu sais. »

Sa voix est posée. Il tente réellement de la rassurer. Il sait que cela ne sera pas suffisant alors il s’approche du matou. Les deux s’observent un instant. L’animal miaule et cherche de la compagnie. Tim lui sourit et l’attrape dans ses mains. Il s’éloigne un peu de sa camarade. Le chat, tout heureux, lui échappe des bras et se rue sur son visage. Ce dernier lui lance une attaque léchouille qui fait rire le garçon.

« Doucement. Doucement… Attends. », demande-t-il à la créature.

« Pourquoi ? Tu n’aimes pas ça ? », lui rétorqua-t-elle en se mettant sur pause.

« Si si mais on est pas tous seuls. »

Il pointe du doigt la trouillarde. L’acte parle pour lui, si Charlotte ne croit pas en l’inoffensivité du matou après ceci, Tim imagine mal ce qu’il va pouvoir ajouter. Son attention se reporte sur elle. Il n’ose guère s’avancer. Il n’est pas convaincu que sa démonstration ait suffit. Il a une idée simpliste pour le savoir : questionner la jeune fille.

« Alors Charlotte ? Tu penses toujours qu’il te veut du mal ? »

Tim tient une petite victoire, charlotte s’est rassise et ne crie plus, c’est un bon début. Il sait pourtant que ce n’est pas encore gagné. La voix de sa colocataire est hésitante, l’adorable matou peut attendre un moment avant d’espérer un câlin de sa part. Le plus dur reste à faire : approcher l’animal de cette fille sans la faire paniquer. Pour Tim, il est évident que cette boule de poils est inoffensive. Il a discuté avec et ne doute aucunement de sa parole. Il sait aussi que certaines bestioles maltraitées sont avides de vengeance vis-à-vis des humains. La phobie de Charlotte vient peut-être de cela ? Il l’ignore et en soi, s’en fiche. Il n’est pas psy et ne compte pas le devenir. Il peut par contre atténuer sa peur et faire deux heureux. Il jette un œil au félin et lui souris, charmé devant sa bouille.

« Je sais que tu lui pas de mal mais va falloir la convaincre… Laisse-moi faire. »

Tim ne veut pas que la situation dégénère. Une patte tendue pour toucher un morceau de peau pourrait être pris comme une tentative d’agression voire de meurtre de la part de la trouillarde. Il va devoir contenir les envies de jeu de la bestiole le temps de mettre en confiance Charlotte. Cela risque d’être compliqué voire impossible néanmoins, elle a donné son feu vert pour essayer. Alors essayons. Le blond vient se poser aux côté de sa camarade et tient fermement l’animal d’une main qui ne désire que sauter sur sa pelote de laine humaine. Tim le regarde et lui fait non de la tête. Il caresse le sommet de son crâne puis se tourne vers elle.

« Et si vous commenciez par faire connaissance tous les deux ? Tu veux lui dire bonjour ? Pour ça, c’est facile, suffit de le caresser. »

Tim connait les dégâts que peuvent causer les chats : il en a été victime dans sa jeunesse. Il s’amusait avec l’animal de compagnie de la famille, un gentil matou joueur. Tout se passait à merveilles entre les deux jusqu’au jour au le jeune enfant ne prit pas les feulements de la bête comme des avertissements. Il n’apprécia pas la façon de le manipuler de Tim et finit par l’attaquer à la main. Le garçon en garde une belle cicatrice mais ne lui a jamais voulu. En grandissant, il a compris que les créatures avaient leurs propres envies et qu’il devait les respecter comme si c’était des Hommes.

Il retient la boule de poils en pensant à ce passé. La trouillarde a des chances d’être maladroite et d’énerver le chat. Si elle se fait agresser, il peut dire adieu à ton son travail préliminaire pour la réconcilier avec les animaux. Même si avec son pouvoir, il peut contrôler en direct les sensations du chat, il préfère ne prendre aucun risque. Si tout se passe  bien, il envisagera de les laisser en tête-à-tête. Cependant, la route est longue avant d’y penser. Si elle le touche, cela sera déjà un exploit tant sa peur est grande.

Tim voit une feuille munie de doigts s’approcher de la sienne. Il ne dit rien, ne fait rien, la décision appartient à Charlotte seule. Il ne peut que l’observer et lui sourire pour l’encourager. Et cela fonctionne ! Sa camarade a posé sa patte sur la tête de l’animal. Elle le caresse, ses gestes ne sont pas assurés mais elle le fait. Tim retire sa main pour lui laisser la place. Talentueuse, Charlotte réussit à faire ronronner le minou. Par contre, la peureuse n’interprète guère ce bruit comme un signe positif. Son regard appelle à l’aide, le blondinet prend la parole.

« Il te remercie. » Le chat bouge sa tête et dégaine sa langue. Il envoie des léchouilles sur la main de la jeune fille. Tim rit légèrement. « Il te dit bonjour. Il t’aime bien, Charlotte. Tu veux le prendre sur toi ? Je reste là si ça va pas. »