Graham Keylaw — Pour les gitans la route est longue

Disons que son esprit est à la mesure de son poids : inconstant. Cela le fait souvent passer pour un homme assez ténébreux, énigmatique, mais au fond ce qui domine chez lui est plutôt son cynisme joueur. Tour à tour abordable ou purement agressif, il ne suit que son instinct. C'est un mécanisme de défense — en cela, il se sent assez proche des papillons, usant souvent de leurs couleurs pour se faire passer pour des menaces et esquiver les attaques de potentiels prédateurs. C’est aussi, sans restriction de genre, un sacré bourreau des coeurs — à l'exception de Song pour laquelle son affection est sincère.

Il aime manipuler et faire des autres sa cour de récrée, les invitant volontiers à confesser leurs secrets alors qu’il est toujours sur la réserve quand il s’agit de lui... Ce n’est pas armé de mauvaises intentions qu’il agit ainsi. Il s’agit plus d’une façon d’affronter son ennui, son sentiment d’avoir déjà tout vécu avant trente ans, son dégoût face à cette société qui n’en finit pas de s’enlaidir. Il les méprise également précisément car ils ne font pas la différence entre les tendresses réelles et celles qui demeurent plus de surface. Il y voit la preuve que ce ne sont pas des gens méritant la confiance.

Il blâme aisément les autres de ne pas savoir mieux le divertir, mais au fond, il est la principale cause de sa nonchalante mélancolie. On pourrait le croire tiré d’un vieux roman, entre sa vie aux allures de bohème, ses fantaisies bucoliques et sa passion pour la faune et la flore, mais aucun de ses favoris n’est laissé au hasard. S’il penche pour les papillons et les roses qu’il entretient avec un amour teint d’irréel, c’est avant tout parce qu’elles lui rappellent que l’existence est éphémère.

Il aime se faire mal en ne contemplant que ce qu'il peut perdre ; et sous son goût de la rébellion et de l’anarchie flottent toujours sa fascination pour la mort. Il vit au jour le jour, se délectant de l'insouciance que lui procure la certitude de la proximité de son décès. Il ne craint pas spécialement l'arrivée de sa mort, jugeant qu'il en a assez vu. Il en tire une importante passivité face au monde qui l'entoure, se contentant souvent d'attendre que quelque chose se passe.

Il est profondément agacé par son propre flegmatisme à l'égard de la défense de son idéal libertaire. Il faut dire qu'il est rare que ses pensées soient suivies par des actions, précisément parce qu'elles sont trop volatiles ; il se laisse vite envahir par un bond ou rebond en direction d'un nouveau fantasme ou d'une contemplation existentielle. Cela peut lui donner des allures d'introverti, car il s'abandonne facilement à ses réflexions et n'écoute plus rien de ce qu'il se discute autour de lui. Pourtant, il reste assez à l'aise socialement ; il est sauvé par son intelligence sociale (ou le martelage maternel).


Notre cher rêveur est cependant capable de pensées bien plus prosaïques. Du fait de l’appétit vorace dont l’a doté son don, son goût des bonnes choses s’est tranquillement imposé ; si son coeur bat pour les knedlíky, il se laisse sans regret courtiser par les nádivka, un bon pinard, une sensualité plus humaine. Il est également capable de longs efforts de concentration s'il s'agit d'un état d'urgence vis à vis de la santé d'une plante. Après, si ce n'est qu'un humain...

Si la solitude lui est assez confortable la plupart du temps, elle peut aussi alimenter de fortes insécurités en lui. Elle participe à le faire douter de tout et de tout le monde, de façon cyclique, de sorte que l'attachement émotionnel lui soit très laborieux. Il est conscient de la rapidité avec laquelle il peut tomber dans la dépendance affective et fait tout pour la repousser, s'enfermant dans son masque d'énigmatique placidité.

• Lieu de naissance : Graham est né sur l’Île de Wight, où ses parents lui ont appris les principes fondamentaux des bons vivants, en particulier la cultivation des mûres, du maïs, ainsi que quelques jeux nautiques parmi lesquels le kayak l’a le plus profondément marqué.

• Situation des parents : Ses parents biologiques, nés à Londres et Exeter, se sont séparés quelques semaines après sa naissance. Graham n’a maintenu qu’un contact limité avec son père, conscient que ce dernier avait désiré imposer la voie de l’avortement. Il y a pourtant des questions qu'il aurait aimé lui poser, notamment du fait de son pouvoir de contrôle de la taille. Sa mère a mis quelques années à refaire sa vie, avant de s’éprendre d’une tchèque à la cuisine redoutable. L’arrivée de la jeune femme a bouleversé ce petit monde en y diffusant un élan de vie majeur. Graham se sent particulièrement proche de cette dernière, spirituellement parlant.

• Membres de la famille : Iris est la mère biologique de Graham. Ils ont un lien privilégié, renforcé par leur passion des plantes. C'est avec Iris que Graham a réalisé son premier herbier, à l'âge de quatre ans. Officière des forces de l'ordre, elle est souvent en vadrouille sur le terrain, au grand dam de son fils qui se réfugie dans le jardin. Vanda a d'abord rejoint ce noyau assez exclusif en temps qu'avocate d'Iris, cette dernière étant accusée de négligence par quelque grand patron dans le cadre du contrôle d'une manifestation. La longueur du procès les a rapprochées. Elle a vite acquis la confiance de Graham par ses douceurs et son enthousiasme.

• Déroulement global de l'enfance : Les professions des deux jeunes femmes leur donnent accès à un niveau de vie assez aisé, et Graham en a surtout profité par le biais de voyages. Son souvenir le plus vivace reste celui du voyage en République Tchèque fait quand il avait onze ans ; c'est là qu'il s'est vraiment amouraché de la cuisine de Vanda. Il a dans le coeur des rêves de liberté, et a tôt su qu'il ne serait pas destiné aux métiers physiques et de l’ordre. D'ailleurs, il l'a déclaré assez délibérément en choisissant de ne pas s’entretenir physiquement.

• Déroulement global de l'adolescence : Farceur, il a eu son lot de punitions, ce qui ne l'a pas empêché de rester l’électron libre de la famille. Ce n'est que tardivement, à 17 ans, qu'il rejoint Prismver parmi les élèves C, après avoir découvert son don qu’il a rapidement maîtrisé. Rebelle de nature, mais trop blasé pour s'impliquer dans la guerre des classes, il clame souvent une idéologie plutôt anarchiste.

• Age et circonstances de découverte du pouvoir : Graham a 16 ans quand ses pouvoirs se manifestent. Au cours d'un jeu avec des voisins de l'habitation familiale, il s'est jeté pour attraper une balle et l'empêcher d'être emportée par le courant de la rivière. Dans sa manoeuvre, il tombe à son tour. Engoncé dans des vêtements trop lourds, il s'enfonce et les eaux agitées par un vif courant parviennent presque à le noyer. C'est dans un élan de panique qu'il parvient à faire appel à son pouvoir. Alors qu'il cherche désespérément à s'approcher de la surface, son corps lui semble changer de consistance. Il remonte, flotte et finit par parvenir à s'extirper des courants, moins forts qu'en profondeur. Les spectateurs de la scène sont persuadés qu'il est passé près de la mort et sont soulagés en le voyant émerger... A l'aide de cordes, ils l'aident à quitter le lit de la rivière. Ce n'est que le soir, quand Iris rentre la première du travail, qu'il peut en converser avec quelqu'un et chercher à comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Les sensations de son corps n'ont pas de sens, et c'est à ses côtés qu'il les démêlera.

• Réaction du personnage / de ses proches : Le jeune homme est rassuré ; déjà, il a survécu, c'est pas mal mais de plus, connaissant les pouvoirs de ses parents biologiques, il commençait à s'inquiéter de l'absence de signe. A mesure qu'il grandissait sans manifester le moindre pouvoir, Graham commençait à percevoir le mépris des non-mages que ses parents ont voulu lui inculquer... C'est en ce sens que son apparition changera tout. Iris lui apportera un soutient indéfectible, et son pouvoir de contrôle de l'élasticité l'aidera à guider Graham dans sa maîtrise de ses propres talents. Vanda sera très orgueilleuse de cette découverte, étant également mage. Graham sentira des distances croître entre elle et lui, car s'il n'avait pas eu de pouvoir, il aurait tout de même été un humain normal et correct, capable de s'occuper des plantes même en l'absence de magie... L'inutilité de son pouvoir vis à vis de la biologie l'aide à se convaincre qu'on peut mener une vie tout à fait digne sans magie, et il se détache peu à peu de la vision de sa famille. Cela reste parfois sous-jacent, et éclate d'autres fois dans des discussions envenimées à table.

• Réaction lors de la réception de la lettre / de la visite d'un traqueur : C'est avec un certain entrain et soulagement qu'il a accueilli cette nouvelle. Dans l'ensemble, il se sentira même plutôt heureux au pensionnat, et décidera d'y faire sa vie professionnelle.

• Age d'entrée à Prismver : Il est entré à Prismver à 17 ans ; heureusement qu'il était en C, sinon sa scolarité n'aurait pas été longue... Malgré un sentiment de décalage avec la majorité des élèves, il y fait tranquillement son nid.

• Ancienneté à Prismver : Après des études avec une spécialité en Biologie, Graham prend la décision de rester au pensionnat en tant qu'apprenti. Pris d'amitié pour l'ancien jardinier, il oeuvre d'abord sous ses directives ; c'est sans doute le premier adulte pour lequel il manifeste un tel respect. A ses côtés, il apprend beaucoup ; le jardinier lui laisse de plus en plus de liberté d'initiative au fil de l'apprentissage, indépendamment à ses côtés. Pour finir, Graham a la chance de le remplacer quand celui-ci décide de quitter Prismver. Cela fait à présent deux ans qu'il exerce comme jardinier de Prismver.

• Les ressentis du personnage concernant le secret des pouvoirs dévoilé dans le monde entier : C'est pour lui quelque chose qui devait arriver, dans l'ordre des choses. Il l'accepte avec une certaine passivité, et s'en retourne à ses herbes, relativement peu troublé. Ce qui lui importe est surtout de se tenir aussi à l'écart que possible de tout conflit, et de poursuivre son petit train-train quotidien, laissant la guerre aux autres.

• Et ceux concernant l'explosion au Pensionnat par des non-mages : A nouveau, ses ressentis sont assez nuancés, pour ne pas dire qu'il est carrément indifférent. C'est à ses yeux une réaction raisonnablement prévisible de la part des non-mages face à la chute du secret... Toute cette agitation et ces jugements face à une réaction comme une autre lui parait inutile, d'autant la véritable question qui devrait mobiliser est beaucoup plus grande. Au fond, seule importe la contestation du pouvoir et de l'ordre établi.

•  L'avis du personnage au sujet de Mrs Staunton ; du nouvel apprenti surnommé le Leader : Il méprise profondément l'autorité constamment affichée par Mrs Staunton et son obsession pour le contrôle et l'emprise qu'elle peut avoir sur les autres. Il espère ne jamais voir ce que deviendrait le pensionnat sous sa direction...
Le Leader non plus ne lui dit rien qui vaille, surtout par la banalisation du règne totalitaire qu'il permet dans l'opinion publique. Par ailleurs, sa rancune envers les "sans-magie" déplait profondément à Graham.

• Est-il actif dans son groupe (Adlers, Colombes, Kiwis, Pinguinos ou Voltors) ; quel avis sur la classe PUMA (précisez si membre de cette classe) : J'ignore si être actif dans la neutralité et la fuite du débat, c'est vraiment possible, mais je dirais que oui ! Il loue les intentions des PUMA mais considère qu'ils se trompent de priorité. Ils ne font que s'attaquer aux conséquences, au lieu de remonter aux racines du problème. C'est dans ce recul très calculé et sa politisation sur d'autres sujets qu'il me paraît en décalage avec les autres C.

• Autre / à savoir : Il aime beaucoup les carottes. Et les tatouages. Cela veut pas dire qu'il va se faire tatouer une carotte sur le front pour autant.