i think we have a situation here
Je n'ai pas le souvenir d'être arrivé jusqu'à mon lit, ni même de m'y être écroulé. Les dernières pensées que ma conscience est parvenue à formuler est cet océan de douleurs dans lequel se noyait toute la culpabilité que le monde était capable d'endurer. Mon péché, mes erreurs. Au sein de ce noyau de mal, mon corps tremble, baignant dans l'agonie de cette souffrance hybride. Le corps secoué de spasmes intenses, brûlant de l'intérieur, l'éveil simple de ma conscience est une torture sans nom qui semble s'étendre dans l'infini qu'est capable de dresser mon esprit.
Douleur, douleur, douleur.
Chaque instant est superposé d'un suivant qui semble empirer cette pyramide de douleur jusqu'à la dresser dans une apogée plus inaccessible encore ; et ma vision se teinte d'un rouge éclatant d'une vérité dont je ne peux détourner les yeux. La preuve est là, au réveil et au-delà des douleurs surmontables ; la preuve se dessine dans ce corps en miettes et ce cœur serré d'émotions muettes et brûlantes d'une veille un peu trop mouvement.
Fox, Fox, Fox.
Le renard rusé, et l'ironie de ce nom me ferait presque sourire si ce simple mouvement buccal ne tordait pas mes côtes en une douleur pire encore. Chaque réconfort, si amer soit-il, est puni des complaintes d'un corps qui a depuis longtemps dépassé ses limites. Dans un effort surhumain, je pousse mon regard au-delà d'une observation sèche et simpliste, forçant ma conscience à survoler la douleur jusqu'à former la réflexion d'une simple observation. Le réveil brille un peu trop fortement pour mes yeux si lourds, et la pensée de cette heure si tardive et nocturne comble ce corps blessé de désespoir à la simple pensée de toute la souffrance qui l'attend. Ça fait moins de cinq heures, Orson.
Et tout ton corps, et tout mon corps semble hurler au silence, laissant tout ce poids derrière en même temps que les souvenirs de ces actes que j'étais censé assumer.
Si seulement, si seulement, si l'oubli était le point final de cet enfer aussi intense qu'interminable. Il se permit un arrêt, cependant, et toute cette peine se dilua dans le plaisir presque terne de mon lit si moelleux avant que je ne sombre dans l'inconscience.
06:24. Le réveil est douloureux et s'accompagne d'un hurlement que la surprise ne me permit pas de retenir. En aurai-je été capable, pourtant ? Les sensations de cette brûlure immense sont revenues, plongeant mon corps dans l'enfer de ma lâcheté et des conséquences directes de ma témérité idiote. Mon poing frappe frénétiquement sur le drap, mes dents serrées tentant de retenir les sons douloureux du châtiment de nos erreurs. Le destin lui-même semble nous punir ; et c'est sans réel espoir que j'accueille cette explication grossière, parfaitement conscient de la responsabilité que j'y porte.
09:43. Je n'ai pas le souvenir de ce moment où mon corps a accepté de sombrer dans l'inconscience et l'inattention de mes erreurs. J'affronte, non sans peur, mais la magie au tournant de mon ultime faiblesse ; j'affronte, chevalier aveugle enrobé de cette culpabilité monstrueuse à laquelle rien ne semble pouvoir échapper. Mes cris s'étouffent à mesure que mes dents serrent le drap abîmé de mon lit, scellant la douleur de mon erreur de ce silence condamné.
11:01. Le brasier de mon corps a presque disparu.
L'agonie demeure, étouffé par le soulagement d'un stress disparu.
13:32. Mes mains répondent enfin à mon corps, laissant l'impuissante immobilité au bon vouloir des souvenirs désagréables de mon année invisible.
Je n'ai pas le réflexe de regarder l'heure, cette fois, mais une voix semble me tirer d'outre-tombe, raccrochant cette réalité à l'histoire insolente d'un justicier un peu fou pour ce monde. Ignorant les craquements grossiers de mon corps à l'agonie, ma conscience se dresse, une fois encore - renvoyant les hurlements capricieux du corps à l'arrière-plan de ces pensées insolentes. Le pire, ce n'est pas tant l'agonie en crescendo, ni le rappel interminable du némésis de mon corps. Le pire, ce fut sûrement d'affronter son regard lorsque mon bras meurtri balaya la porte qui séparait nos deux entités, forçant la confrontation de deux animaux ainsi blessés, autant de corps que d'une confiance fissurée.
« Je ne suis pas en état de t'accueillir comme il se doit, mais fais comme chez toi. J'écouterai ce que tu es venue me dire. »