Ya contrôle ?! Eh galèèèèèère ! [Pv - Gautier]

Cette journée promettait d'être semée de contrariétés en tout genre. Journée qui avait commencée par la merveilleuse idée de son réveil qui fut de tomber en panne, au départ ceci n'avait pas dérangé Lisbeth qui tuerait pour quelques heures de sommeil en plus le matin. Cependant, elle eut une tout autre réaction lorsqu'elle fut tirée de son sommeil par les rayons du soleil qui percèrent entre les lattes des volets de sa chambre en découvrant l'heure sur l'horloge de son portable. Il était dix heures et demi passées, ce qui lui vaudrait déjà plusieurs heures de retard en cours. Elle sauta dans une jupe, enfila des chaussettes hautes dépareillées et un t-shirt qui traînait par terre sans vérifier que c'était bien le sien, une paire de chaussures et attrapa son sac de cours. Après un rapide tour à la salle de bain où elle se brossa les dents et s'attacha les cheveux en un chignon lâche sans même les coiffer, elle emporta son maquillage dans son sac et partit le ventre vide en direction des salles de cours.

Il fallait maintenant monter les trois étages sans ascenseur qui la séparait de son prochain cours... Elle n'avait d'ailleurs aucune idée de quelle matière il s'agissait, sachant qu'elle avait oubliée son emploie du temps dans sa chambre. L'heure était bientôt terminée, donc elle décida d'attendre dans le couloir et de rattraper sa classe pendant l'intercours. La sonnerie retentit effectivement dans le couloir un quart d'heure plus tard, Lisbeth croisa ses camarades de classe. Elle eut droit à quelques sarcasmes sur son absence ainsi que sur sa gueule enfarinée et sa tenue désassortie, puis vint son premier cours de la matinée, étant également le dernier.
Une leçon d'histoire, tout ce qu'il y a de plus ennuyant. Bien sur, Lisbeth portait une grande attention au contenu des dires du professeur. L'heure n'avait commencée que depuis environs vingt minutes, que son téléphone portable voulu faire des siennes. Le câble de son casque s'était décroché de la prise de son appareil, ce qui déclencha la lecture automatique en haut parleur de la dernière chanson qu'elle avait écouté : My Sharona. Peut être que l'enseignant n'aimait pas The Knack (quel blasphème si ce fut le cas !), en tout cas il confisqua le portable de Lisbeth. Ceci découragea la jeune femme à suivre la suite de la leçon. Le professeur ne voulu même pas lui rendre un fois l'heure de cours terminée, malgré tout les arguments et les faux sanglots de son élève.

Pause déjeuner. La nourriture était vraiment infecte, il n'y avait même pas de dessert digne de ce nom. Assise à la table de trois de ses camarades de classe, dégustant l'abject repas à la texture peu accueillante, la conversation portait sur les cours qu'elle avait manqué. Ils lui racontèrent en fait tout les potins de la matinée, pour finir sur un :

« - Et toi Lis', j'imagine que tu as encore révisé comme une malade pour le contrôle de ce soir ? »

Les yeux de l'intéressée faillirent sortir de leurs orbites à l'entente de cette nouvelle. Pas le temps de manger ! Elle prit les renseignements nécessaires sur le test auprès de ses interlocuteurs, et partit comme une furie débarrasser son plateau repas. Elle n'avait pas noté cet examen, elle qui était si appliquée dans ses études, elle avait oublié ! Son ventre criait famine, son portable était en la possession de son prof d'histoire, tout ceci n'étaient pas de superbes conditions pour travailler. Grimpant, une fois encore, quatre par quatre les marches du bâtiment des salles de classes, elle chercha l’emplacement de la salle intemporelle, qui d'après ce qu'on lui avait dit devait se trouver sur le même étages que les salles de D et C. Ayant parcouru l'étage pendant une demi heure sans trouver cette maudite porte, elle baissa les bras et se dit que pour une fois, elle ira à ce test au feeling.

La cloche teinta dans l'établissement, annonçant la reprise. Les trois heures qui suivirent furent toutes aussi fastidieuses les unes que les autres, et sans le faire paraître, Lisbeth se faisait beaucoup de soucis pour le contrôle de la dernière heure. A la sonnerie, elle se précipita hors de la salle de classe pour se mettre à la recherche de cette « Putain de porte de salle intemporelle de mes deux que j'ai pas  ». Avant la fin des cinq minutes d'intercours, elle la trouva ! Située comme par hasard derrière un placard pour les femmes de ménages dont la porte était incessamment ouverte, un cadran d'horloge démonté servait d'entré. C'était une curieuse pièce, tout y était d'un blanc immaculé, on ne pouvait distinguer le sol des murs. Elle s'installa juste à coté de la mystérieuse porte, adossée contre un mur, elle sortit tout ses bouquins et cahiers et potassa. L'absence de musique la déconcentrait beaucoup, sans compter sur les gargouillis constants de son estomac. Mais, elle devait se motiver...

La curieuse porte de la salle grinça péniblement près d'une minute après son arrivée, se refermant derrière un garçon de petite taille au regard un peu ahuri. Lisbeth ne lui adressa qu'un simple regard par dessus son cahier, pour s'y replonger aussitôt. Bon, c'est vrai qu'elle n'avait pas fait preuve d'une grande courtoisie en n'ayant pas même daigner le saluer, mais le temps pressait. Il s'installa, et fit mine de lui aussi réviser. Lisbeth le regardais de temps à autre (car il restait quand même pas si mal foutu pour un minus), et remarqua qu'en fait il avait totalement laissé tombé au bout d'à peine cinq minutes, et sentit son regard atterrir sur elle. Ce n'était pas son genre de baisser les yeux sur un coup d’œil persistant, mais c'était pas un cancre qui allait l'empêcher d'étudier, si ? Rooh, et puis c'était peut être le moyen de faire une nouvelle rencontre finalement.

Elle l'étudia plus en détail. Elle avait certes déjà remarqué au premier coup d’œil qu'il était assez agréable à regarder. Il avait un côté brun ténébreux, ses yeux déjà noir assombrissait d'une façon grave son visage pourtant tout rebondi relativement enfantin. Il portait aussi un chapeau, ce n'était pas commun à emporter dans un Pensionnat où l'on passe la plus part du temps à l'intérieur des salles de classe, et ajouté à son bermuda de jean il avait un air de touriste... Il était quand même assez drôle à regarder, c'était pas commun d'avoir cette allure là dans ce genre d'établissement où la plus part des gens venaient de familles huppées. Il pouvait pas être méchant.
Elle se redressa et s'assit en tailleur en prenant soin de lisser sa jupe, puis posa son matériel à côté d'elle et se frotta les yeux en posant ses coudes sur ses jambes, puis cala sa tête dans ses paumes et le fixa pour attirer son attention, avant d'engager la conversation :

«  - Quelle journée de mer'- ...pourrie. T'as l'air aussi désespéré que moi, j'me trompe ? Avant de le laisser répondre, elle rajouta : J'm'appelle Lisbeth, Lisbeth O'Padmey, ou tu peux m’appeler Liz si tu préfères. »

Elle embellit sa courte présentation d'un de ses plus jolis sourires puisqu'il n'avait pas l'air mécontent qu'elle engage la conversation, et puis peut importe son comportement, ça serait tellement mieux que de se taper des pages et des pages de cours en une seule fois, qui plus est sans musique.

Sa réponse fut un peu trop brève au goût de Lisbeth, mais c'était certainement lié à l'infime tremblement de sa voix. La jeune fille troqua son sourire pour une moue contrariée, tandis que Gautier, puisque c'était son nom, affichait une mine profondément découragée en feuillant son cahier sans même plus prendre la peine de le lire. Le silence s'installa entre les deux adolescents, silence qui fut momentanément brisé par un long soupir. Lisbeth cherchait quelque chose à dire, sans pour autant paraître pot de colle ou sans brusquer sa nouvelle connaissance qui avait eut l'air d'un lapin dans les phares d'une voiture après ces quelques mots échangés. Elle tortillait entre ses doigts une mèche de ses cheveux tombant de son chignon qu'elle se décida finalement à refaire. Bizarrement la solution lui vint par cette action ; finalement, pourquoi pas l'aider ?

Cette naïve gentillesse lui avait souvent porter préjudice, elle aimait aider les autres et recommençait chaque fois que nécessaire que ce soit avec des inconnus, ses propres amis et même avec ces personnes qui profitaient de sa générosité en pensant qu'elle ne s’apercevrait de rien, pourtant elle continuait même si elle avait conscience qu'on se servait d'elle. Elle s'en fichait royalement, Lisbeth à toujours eut peur de passer pour quelqu'un de méchant même si pour cela elle devait passer pour la boniche de service, situation un peu délicate pour une jeune personne. Mais Gautier ne semblait pas mauvais, au contraire, son regard reflétait beaucoup de sincérité, son expression dure n'était pas mesquine. En plus elle n'avait rien à y perdre vu qu'ils ne se connaissaient pas, de toute façon ce n'était pas ça qui allait l'empêcher d'être serviable une fois de plus avec quelqu'un, et elle avait une idée qui lui trottait dans la tête depuis un moment.

« - Tu veux que je te donne un coup de main pour étudier ? C'est toujours plus sympa à deux et.. Oh attends, j'ai une idée ! J'ai besoin d'aide pour un truc moi aussi, on fait ça donnant donnant ? »

Elle n'avait pas sourit cette fois-ci, disons plutôt qu'elle s'était retenue de sourire de toute ses dents comme tout à l'heure, elle s'était donc contenter de se mordre légèrement les lèvres comme à chaque fois qu'elle était gênée par une situation quelconque. Ce n'était pas dans son habitude de faire des marchés, elle se sentait un peu mal de poser une condition à sa charité, enfin elle n'avait pas voulu exposer ça sous cette forme là car il était évident pour elle que s'il refusait elle ne serait pas moins disposée à lui apporter son aide.