Un doux début de soirée pour un doux début d'été. C'était en se promenant à la découverte de l'île que Julia tomba sur ce bâtiment aux courbes atypiques et mal entretenu alors que tous les autres étaient propres et d'un style plus classique. La grande bâtisse était encerclé d'un muret et de grillage qui laissait au passant la possibilité de découvrir ce lieu si singulier. Curieuse et attirée par toutes ces choses que personne ne regarde jamais Julia fit le tour pour trouver une entrée sans la moindre connaissance de ce que renfermait le bâtiment. Le soleil commençait à être assez bas dans un ciel sans nuage et ses rayons se reflétaient sur la longue rangée de fenêtres installée en diagonale de façon à éblouir quiconque passera par là quand le soleil cèdera sa place au crépuscule puis aux ténèbres de la nuit.
Très loin de baisser les bras, la rousse dont la tignasse habituellement cuivrée avait désormais des reflets de feu, plissa les yeux et garda une main sur son front pour faire coupe soleil. Plus loin, elle croisa deux grandes colonnes et un portail donnant accès à l'entrée du bâtiment. Julia poussa la grille qui résista aux peu de forces de la jeune fille mais fini par céder dans des grincements assourdissant. Avant de suivre le petit chemin de dalles grises, elle poussa les plantes grimpantes de la colonne qui cachait une petite plaque de fer gravée.
PLANETARIUM
DE
PRISMVER
Ainsi, il y avait un planétarium abandonné sur l'île... Tant mieux pour elle, elle a toujours voulu aller dans un de ces bâtiments si peu prisé de l'homme moyen. Julia, elle, trouvait ça si beau. Les étoiles, ces astres si petits dans ciel et à la fois tellement gigantesque ! Aussi magnifique que triste, ces étoiles, visible aujourd'hui étaient si loin dans l'univers qu'au moment où l'Homme les voyait dans le ciel, elles étaient déjà mortes, éteinte.
Un petit sourire étira les lèvres de Julia puis elle quitta le bitume du trottoir pour les dalles séparées par de petites plantes qui poussaient, preuve de la non activité du lieu. Le bâtiment devrait sans doute être clos mais elle tenta sa chance. Après une dizaine de mètres de dalles, trois marches taillées dans la même pierre que le bâtiment donnaient accès à la grande porte. Une porte en bois ornée, un bois ancien et dense, pas comme le "bois" des meubles en kit de chez Ikea.
Julia passa les doigts sur les petites sphères qui donnaient du relief à la porte. La poignée, elle aussi travaillée, était en forme de galaxie en spirale. De surprise en surprise, c'était sans doute un des plus beau bâtiment qu'elle eût la chance de voir. Julia appuya sur la poignet qui, contrairement au portail, s'ouvrit sans rechigner. Le système devait être plus travaillé et à l’abri.
Un parfum d'ancien lui monta d'abord au nez quand elle prit une goulée d'air puis entra.
La pénombre régnait et les yeux de la jeune rousse devaient s'y habituer pour trouver l'interrupteur. Elle tâta plusieurs fois avant de trébucher sur une console fixée au sol. Plusieurs boutons blancs apparaissaient et elle appuya au hasard sur un d'entre eux qui alluma les grandes lumières du plafond. Julia se trouvait dans une sorte d'antichambre où se trouvait plusieurs consoles semblables à celle qu'elle venait d'utiliser. Elle passa de l'une à l'autre. La quasi totalité n'avait pas d'indication quant à l'utilité des consoles. D'autres, par contre avaient des étiquettes, parfois effacées, qui indiquaient leur fonction. Elle appuya sur celle des étoiles. En retardant autour d'elle, Julia remarqua que les murs internes étaient comme neufs, peint en blanc. Elle se retourna et se dirigea vers la porte noire et l'ouvrit.
Le spectacle qui s'offrait maintenant à elle était à la hauteur de ses espérances. Plutôt que des chaises se trouvait des fauteuils qui offraient une position semi couchée. L'immense plafond était constellé de milliers, peut être de millions de petits points, de taille et de couleurs différentes. Passant en plein milieu, une longue traînée dense, presque laiteuse. La voie lactée. Alors qu'elle avançait en observant le plafond Julia trébucha et se rattrapa à un des fauteuils sur lequel elle s'installa. Émerveillée, le sourire aux lèvres et heureuse comme une gamine à qui on avait fait le plus beau cadeau du monde, Julia ne pût s'empêcher de se dire que sa mère aurait sans doute aimé profiter du spectacle.
Le bras tendu, elle pointait du doigt un groupe d'étoiles, celui qui formait la constellation du Lion, plus loin celle de la Grande Ourse. Mais sa surprise fût encore plus grande quand, en passant son doigt d'une constellation à l'autre, les groupes se disloquèrent et partirent chacun dans un sens différent, comme un ciel plein d'étoiles filantes elle se demanda alors si elle avait droit à des vœux ici aussi...
Julia retenta l'expérience en faisant mine d'attraper plusieurs étoiles qui se regroupement pour en former une plus grosse. Ainsi, ce planétarium devait être fait du pouvoir de quelqu'un de l'île... Une si belle création ! La grosse étoile se scinda alors en plusieurs plus petites qui reprirent peu à peu leurs places d'origine. En en prenant une, Julia la fît partir d'un mouvement rapide du bras dans un coin et elle réapparu dans le coin opposé pour ralentir, lentement, et faire plusieurs fois le tour de la pièce. Ces étoiles avaient un drôle d'effet sur la rousse qui fermait doucement les yeux à mesure que l'étoile ralentissait pour finalement sombrer dans le sommeil...