Je crois que je me suis perdue en chemin... [Eden]

Décidément, l'orientation, ce n'est pas mon fort. J'avais quitté le pensionnat pour faire un tour de la ville (oui oui, je visite la ville avant le pensionnat. J'ai toujours fonctionné bizarrement)...
Bref, je suis paumée, je sais plus par où repasser pour retourner à l'internat. C'est pas faute d'avoir essayé, mais rien y fait, avec mon mauvais sens de l'orientation, je déboule toujours ici.
Le pire, c'est que c'est blindé de monde. Ça vole dans tous les sens. Des enfants qui crient, la foule qui part dans toutes les directions possibles, et moi, immobile au milieu. Cherchez l’intrus.

« J'aime pas les enfants. J'aime pas la foule. J'aime pas cet endroit »

Rien d'étonnant. Je n'aimais pas grand chose de toute façon. Mais le plus énervant pour moi, c'était de ne pas réussir à regagner mon internat alors que je venais à peine d'y arriver. LA HONTE.
C'est à ce moment là qu'un petit, pas plus de 5 ans, me marcha sur le pied droit. J'ai été surprise, et je lui ai crié

« MAIS T'ES FOU ! Regarde un peu où tu marches ! »

Suite à quoi tout le monde m'a regardé hyper mal. Eh ben je m'en fiche, ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus. Le petit s'est mis à pleurer, chose encore plus insupportable. J'ai cru que j'allais le noyer dans une fontaine, ou le balancer du haut d'un ravin. Mais j'ai pas eu le temps, parce que ses parents l'ont récupérer avant. Ils ont sûrement eu peur que je massacre leur fils à la tronçonneuse. Du moins c'est ce qu'inspirait leur regard posé sur moi.

Deux heures passèrent. Deux heures durant lesquelles cette place ne désemplissait pas. Je m'étais assise sur le bord d'un mur, faute de place sur les bancs. J'ai dû me plaindre longuement pendant ces deux heures. Mais j'ai pas cherché à regagner l'internat. J'en avais déjà marre. Ahh, ma vie est définitivement ratée. Je commençais à parler toute seule :

« Bah, au final, ça sert à rien que j'y retourne. Je sais même plus comment utiliser mon pouvoir. Ça date trop, la dernière utilisation. Qui sait si mon pouvoir s'est pas barré ? Et puis il sert tellement à rien... »

Et puis quand j'ai relevé la tête, j'ai cru voir quelqu'un qui se baladait, avec l'uniforme du pensionnat.

« Si je retrouve cette personne, je pourrais sans doute le suivre & retourner dans l'internat ni vu ni connu ! Ouuuh bonne idée ! »

pensai-je tout fort.

Alors je me suis mise à la recherche de la personne en uniforme...

A force de courir dans tous les sens, j'ai fini par retrouver la personne en uniforme : une fille, brune, pas très grande. J'étais tellement fière de moi, j'allais enfin pouvoir rentrer. Suffisait juste de ne pas se faire repérer, sans quoi j'allais passer pour une véritable andouille, et pour mon arrivée, c'était pas souhaitable.
Alors j'ai commencé à la suivre. Je pouvais pas me permettre de laisser trop de distances, parce que sinon, avec tout ce monde, j'allais la perdre, et HORS DE QUESTION de laisser passer ma chance !
Mais je n'avais pas pensé à un détail : Cette fille ne voulait apparemment pas rentrer tout de suite. Elle se baladait tranquillement, en fait.

Le temps passait, et on tournait en rond. J'ai cru qu'elle allait me faire faire toutes les boutiques ! Je mourrais d'envie d'aller la voir et de lui dire de rentrer. Oui mais, elle m'aurait pris pour une folle. Alors j'ai soupiré à chaque fois qu'elle rentrait dans une boutique. Les premières fois, je la suivais dans le magasin. Mais je me disais qu'au niveau discrétion c'était pas génial. Du coup, après, j'attendais devant les entrées, telle un homme désintéressé qui attend sa femme partie voir des bijoux ou de la lingerie. Je me sentais vraiment bête.

« J'ai vraiment pas choisi la bonne personne ... »

Dis-je tout fort. Ouais mais voilà, y'avait strictement personne à par elle, sur place. J'ai vraiment la poisse, faut croire !

La demoiselle sorti enfin. Mais là, son attitude avait carrément changé. Elle divaguait, me faisait courir, cette fois. Mon dieu, mais qu'est ce qu'elle fait ?

« Cette fille est folle »

J'avais perdu sa trace ! Je courrais un peu partout. Est ce qu'elle m'avait repéré ? Non, j'étais vraiment une pro en matière de discrétion. Pas possible. Cette fille est juste folle. Oui, ça doit être ça. En attendant, j'ai perdu mon unique espoir de regagner le pensionnat. Ma vie est injuste, vraiment.

Eh puis d'un coup, je sens que l'on m'attrape. J'ai pas mis longtemps pour réagir, j'ai cru que j'allais entrer en mode -Je fais des prises de catch face à une agression-
Mais alors que je m'apprêtais à faire illustre représentation de ma force, la personne (a laquelle je tournais le dos) parla.

« AH HA ! Je t’ai eu ! Alors, pourquoi tu me suis, hein ? Depuis combien de temps ? Tu veux me voler mon argent, c’est ça, hein ? T’as encore des progrès à faire mon petit ! »

C'est une fille qui me parlait. J'ai mis du temps à comprendre ce qu'on me racontais, toujours concentrée dans ma prise de catch. Et là, une lumière : C'était la fille que je suivais. Obligé. Elle me relâcha, alors je me retournai et constatais que c'était bien elle. Et euh... JE RÊVE OU ELLE M'A QUALIFIÉE DE « PETIT » ??

« Mais pourquoi tu me suis depuis tout à l’heure ? »

Ahahahaha. Je m'étais fait avoir comme une bleue en fait. Tu m'étonnes qu'elle soit partie en zigzag pour me semer... Elle était donc pas si folle que ça en soi.

« Je ne suis pas petite. Et puis je ne te suivais absolument pas... ! »

Quitte à pas être crédible, autant ne pas l'être jusqu'au bout !! Mais vite je me dis que j'allais passer pour une psychopathe. Alors, j'ai soupiré, et puis j'ai fini par dire, en essayant de garder un ton aussi neutre que possible :

« Je suis perdue. Je dois retourner au pensionnat, mais depuis plusieurs heures, je suis coincée ici. Je t'ai donc suivi en passant que tu pourrais m'y ramener. »

Honte absolue. J'ai regardé le sol. J'ai cru que j'allais me barrer en courant, en fait. En plus elle était un peu plus grande que moi, malheur . Oui, honte suprême, j'vous jure !

Mon dieu, ma journée était visiblement mauvaise.

« Ahem… Fallait venir me le demander ! Je t’aurais volontiers accompagné jusqu’au pensionnat. Allez, suis-moi ! »

Ah bah oui bien sûr ! Je ne suis pas le genre de personne qui va demander service aux gens ! Je n'ai besoin de rien ni de personne. Là j'étais juste perdue, car je n'avais pas encore localisé le chemin. Si elle ne m'avait pas vue, je ne lui aurais rien demandé, et ça aurait été bien plus simple. En plus je ne savais même pas si c'était une personne de confiance. Alors je dis, calmement mais fermement :

« Je ne fais pas confiance aux gens comme cela. Si j'avais été te voir, tu aurais aussi très pu me perdre dans la forêt ou autre chose de ce style ! »

En plus, si elle m'avait paumé dans la forêt, je me serais sentie bien naze. Et je lui aurait fait manger ses cheveux, avec une détermination sans faille. Rien qu'en y pensant, je suis devenue énervée. Je pinçais mes lèvres, consciente que ça n'était pas arrivé, mais que si elle le faisait, elle était morte.
Et puis j'ai relevé la tête, je l'ai regardé droit dans les yeux. C'est alors qu'elle eu des mimiques étranges et qu'elle dit :

« Raaaaah ! Mais qu’est-ce que je suis bêêêêête ! »

J'avais envie d’acquiescer. Chose que je ne fis pas, car c'était mon seul espoir de rejoindre le dortoir. Je ne savais pas trop quoi lui dire pourtant. Alors... Ben je dis rien.

« Ecoute, j’ai perdu un sac en voulant t’attraper. Il doit sûrement être dans la masse, là. Tu veux pas m’aider à le retrouver ? Et après, promis, je te raccompagne. Ça sera pas long ! D'accord ? »

OH NON. Maintenant, elle veut me réduire à l'esclavage en plus ? Me forcer à chercher quelque chose qui LUI appartient alors que je ne la connais même pas ! Si ça se trouve, elle veut profiter de ce moment pour me semer ! Oui, j'en étais sûre ! Cette fille est bien plus peste qu'elle veut le faire croire !

Pensant avoir démasqué un criminel, j'ai ri. Et j'ai dit, avec mon ton le plus ironique ;

« Si tu m'avais gentiment laissé te suivre tout à l'heure, sans rien dire... Ça ne serait pas arrivé. Et puis j'ai pas envie de t'aider. Parce que tu as dit que j'étais « petit ». Alors tant pis pour toi. Sur ce... »

Et je tournais les talons, telle une vraie... Une vraie garce, y'a pas d'autre mot. J'ai continué de tourner en rond sur la place. Je regrettais un peu ce que j'avais dit dans le sens où j'avais aucune chance de rentrer maintenant. Mais d'un autre côté... Non, je retournerais pas la voir. Hors de question que je laisse quelqu'un me traiter de petit et que je lui rende service par la suite !

En continuant ma marche, j'ai fini par tomber sur un sac. Au beau milieu de la foule. Une chance qu'il soit encore intact, que personne n'ait marché dessus. J'ai pris le sac dans mes mains, et puis j'ai pensé tout haut

« Et si c'était le sien ? »

Et je fais quoi maintenant ? Je vais le lui rendre ? Ou bien je l'écrabouille moi même. Je n'étais quand même pas aussi sadique. Quoi que... Elle m'avait quand même traitée de « petit » ! Chose IMPARDONNABLE ! Mais bon. J'allais quand même essayé de lui rendre. Pas que je veuille m'excuser de l'avoir envoyer balader, mais quand même, je ne suis pas une voleuse. Alors j'ai farfouillé un peu la place, le sac toujours avec moi. J'ai fini par la voir, visiblement en train de chercher ce que je tenais. Alors je me suis approché. Par derrière, discrètement .

Et puis j'ai tendu le bras, sans la regarder, et j'ai dit froidement :

« Tiens. Ne crois pas que je le cherchais, je suis tombée dessus par hasard hein. »

Je ne la regardais toujours pas, je me pinçais les lèvres. Et j'attendais sa réaction.

Elle a sourit en voyant que je lui tendait le machin.
Je l'ai vu du coin de l’œil. Oui parce que je ne bougeais pas quand même, au jeu de la statue, je suis assez balèze. Ah, j'avais l'air fine, en train de tendre un sac à une fille que je ne regardais pas !
Elle fini par prendre son sac. Tant mieux. Mais j'ai quand même gardé la même pose, bras tendu, fixant ailleurs. J'avais l'air très fine. Lorsqu'elle parla, je repris une pose plus... Normale, me retournant face à elle.

« Oh merci ! J’espère que rien n’est brisé à l’intérieur… »

J’espérais aussi, au fond. Oui parce que si j'avais ramené un truc complètement bousillé, qui nous dit que... Qu'elle n'allait pas me perdre dans les bois par la suite ! Par vengeance ? Parce qu'elle aurait cru que c'était peut être moi qui le lui avait volé, et qui l'avait abîmé !

« Ouf ! Ça va. Tout est resté intact ! »

Ouf oui. J'avais moins de risque de me retrouvée perdue dans les bois, là. Oh, ça ne voulait pas dire que j'étais contente pour elle ! Bien sûr que non ! Je me fichais bien de ce machin qu'elle avait perdu ! Ce qui m'importait, c'était que je rentre... DANS MA CHAMBRE ! J'en mourrais d'envie à présent. S'il y avait bien un pouvoir que j'aurais aimé avoir c'est celui de me téléporter. Comme ça j'aurais pu rentrer toute seule.

Je la regardais. Elle releva la tête et me sourit. J'ai détourné le regard. Je n'avais pas envie qu'on me gêne, encore moins en public. Oh, cela me faisait penser que cette jeune fille avait un pouvoir elle aussi... J'ignorais lequel. J'ignorais tout de cette fille. Jusqu'à même sa classe. Son dortoir... TOUT . Et pourtant, je l'avais aidée. Mais contre mon gré, hein !

« Allez. Maintenant, à moi de remplir ma part du contrat : je te ramène au bercail ! Tu veux que je t’accompagne jusqu’aux cabanes ? »

« Je voudrais bien, oui... Je suis en cabane 5. Je n'y suis jamais allée, alors j'aimerais bien que tu me ramènes jusque là bas, si ça ne te dérange pas. Merci ».

Je gardais le ton le plus neutre possible. Mais en vrai j'avais envie d'exploser de joie, de savoir que j'allais ENFIN rentrer. J'aurais presque pu pleurer avec toute l'émotion qui me submergeait. Mais je restais neutre, froide et distante. Passer pour une folle hystérique, non merci.

Suite à cela, je suivis la fille qui acceptait de me ramener jusque là...

HRP : Fin ~ Suite aux cabanes, dans le prochain épisode :3
Je CLÔTURE (oui j'aime ce mot. Vraiment :p )