I'm very very very lost.

Il est onze heures, tu es devant le grand portail de ton nouvel établissement scolaire. La grande bâtisse semble t'écraser ; de part sa grandeur, mais surtout car t'es vraiment une naine. 1M58 à 15 ans, franchement, t'es mal foutue. Tu avances maintenant sur la grande allée de graviers, ta valise à la main. Situation comique, en soit, elle est quasiment aussi grosse que toi. Tu lèves le nez en l'air, il fait beau, le ciel est dégagé, pas un nuage : C'est une magnifique journée de début de printemps.
Les gens autour de toi, plus spéciaux les uns que les autres, ne semblent pas te voir, et vaguent à leurs occupations, plus ou moins bizarres, je ne m'attarderais pas dessus. Une douce odeur d'herbe coupée règne, tu es heureuse, ça a l'air cool comme endroit.

Tu arrives devant une porte, après deux ou trois minutes de réflexion intense, tu te décides enfin à l'ouvrir. Harmony ? T'es con.
Le hall est grand, tu te frottes les yeux : les murs blancs leur font mal. Encore une fois, c'est bourré de monde, et personne ne semble ne serait-ce que remarquer qu'une nana vient d'entrer. On pourrait même croire que tu es invisible. Tu sors ton paquet de fraises tagada de ta poche, et en mange une. C'est bon, les bonbons. Mais Anastasia, ta... Ta deuxième maman ? Disait qui fallait mieux manger des légumes. Mais c'est pas bon ! Les adultes sont vraiment des gens trop bizarres, ils ont l'air d'être débordés alors qu'ils font que parler entre eux. Plus tard, tu as décidé que tu ne serai pas adulte. Bref, parenthèse fermée, revenons à tes fraises tagada.

Une bande de filles s'avance vers toi, elles sont grandes, elles ont de grand talons, elles rient. Tu lèves les yeux, penches la tête et sors de ce silence, qui durait maintenant depuis que tu avais passé le grand portail. Tu tends ton paquet de bonbons«  Vous voulez des fraises tagada ? » Harmony ? T'es con.
Une d'entre elle éclate de rire, s'exclame «  Tu sais qui on est ? » Tu secoues la tête, réponds du tac au tac «  Beeen... Non, c'est la première fois que je vous vois. » et reprends dans un geste de recul, ton paquet de fraises, si elles sont désagréables comme ça, pas de bonbons. Une p*te est là, pas d'tagada. -Vous pouvez applaudir ma source là-

Tu décides de faire demi-tour, gonfle les joues et cherche quelqu'un, qui pourrait :
1- Te dire quoi faire
2- T'expliquer pourquoi on veut pas de tes fraises tagada
3- Et surtout, partager ton paquet de bonbons, c'est toujours meilleur à plusieurs.

Avançant, déambulant dans le grand hall, tu trouves enfin quelqu'un. Il est grand, il est blond, il est grand et... Il est blond. Tu es blonde, tu es gentille, donc logiquement, il est blond, il est gentil. Du moins c'est ton raisonnement. Il est donc blond, grand et gentil. Tu avances vers lui, tire sa manche et demande timidement :

« -Monsieur... Tu peux... je... Je suis perdue. »

Harmony, combien de fois devrais-je t'expliquer que si t'oublies des mots dans tes phrases, les gens comprendront pas ? Tu sais quoi ? T'es con.

Le jeune homme se retourne, et après un certain temps de réflexion -car oui, il faut le deviner, qu'en dessous d'un mètre soixante, y'a encore des gens-, te remarque, semble réfléchir. Blond à beau rimer avec con, avec une moitié de phrase, personne ne comprendrait ce que tu souhaites. Il trifouille tes long cheveux blonds, se penche en avant afin d'être à ta hauteur, et demande alors :

▬ Mais bien sur que je peux, mais ça dépend tu veux quoi ?

Tu regardes tes pieds, réfléchis pendant dix bonnes secondes, puis relèves la tête, tout sourire :
« -Ben je viens d'arriver, par la porte là- Tu désignes la porte d'entrée du doigt, bien qu'il n'y en ait qu'une ; payes ta logique. Puis te retournes vers lui- Et je sais pas trop je dois faire quoi. »

Tu le fixes, avec cette bouille adorable, cette bouille de bébé trop ehzjgfheuzio. Tes deux yeux bleus rivés sur son visage, et plus particulièrement sur ses cheveux blonds. Tu restes accrochée à sa manche, si bien qu'on aurait pu croire que ta vie en dépend. Puis, une illumination, tu penses à ton paquet de bonbons. Tout le monde aime les bonbons. Tout le monde, quand il est normalement constitué. Donc, pas beaucoup de gens ici... m'enfin. Tout le monde qu'il est gentil, tout l'monde aime les sucreries.
Tu tends ton paquet au jeune homme, puis penches la tête :
« Si t'es gentil, tu peux prendre des bonbons, sinon t'en prends pas, d'accord ? »

Ta technique, que tu trouves pour ta part, infaillible, a l'air vraiment idiote de l'extérieur. Mais soit, faisons avec. Si il est gentil, il le prendra, ton bonbon. Et si il te dit quoi faire, c''est encore mieux.

Il pioche deux trois bonbons et les porte à ses lèvres sous ton air émerveillé. Bien que la situation n'ai rien de comique, tu es heureuse ; il est gentil.
Il s'empresse de te répondre, entre deux mastiquement, il réplique alors «
▬ tu chais où elle se trouve ta chambre en moins ? »

Tu secoues la tête négativement, avant de levez le nez vers lui, qui continue allègrement de t'ébouriffer les cheveux :
« Je crois pas.. Dis.. je peux dormir avec toi ce soir... ? Baisses la tête, et chuchotes, ayant honte des paroles suivantes, de la confession ultime que tu vas lui faire : J'ai peur du noir, y'a trop de monstres sous mon lit... Bien que la demande puisse être mal interprétée venant d'une personne plus mature, sorti de ta bouche, cette phrase semble tout à fait normale. Tu es en totale contradiction avec le mot "Pudeur".

Tu frottes tes yeux, puis lève la tête, tout sourire – Les gens qui n'ont pas le sourire ne peuvent espérer en recevoir-, balayant d'un revers de main ta confession des plus intimes.
▬ Je préfère les bonbons qui piquent, but thanks.

Ton sourire s'agrandit, jusqu'aux oreilles, laissant découvrir de belles dents blanches et alignées ; chose surprenante, tu te gaves de sucreries. Tu prends note dans ton esprit : Le mec aux cheveux blonds aime les bonbons qui piquent.
Il te trifouilles les cheveux, te voilà avec ta gueule de tous les matins. Tu remets légèrement ta longue chevelure blonde dans un état convenable, dans ce geste de sexytude incarnée, celui qui n'intervient que quand tu ne fais pas attention. Puis réponds sans réfléchir :

« J'ai 15 ans ! Enfin je crois. Et toi, t'as quel âge ? »

Tu joue avec tes doigts, ne sachant pas quoi en faire maintenant que tu ne t'agrippes plus à cet inconnu aux cheveux jaunes. Tu décides de ranger ton paquet de bonbons dans ta poche puis enlèves ton pull, l'attaches autour de ta taille, laissant apparaître un magnifique débardeur blanc - qui ne le restera pas longtemps- et t'exclames alors : « Fait chaud ici ». Si ta tête avais été qualifiée en smiley, on aurait pu écrire «ToT », bien que cette représentation soit bien schématique.
Il n'est même pas 11 heures du matin, et bien que le temps soit dans un bon jour, si il change et que tu attrapes froid, ça sera de ta faute.

▬ Ohhh, tu viens peut-être de quelque part où il fait froid ?

Tu hoches la tête, avant de réfléchir au nom de la ville dans laquelle tu as grandis. Tu finis par trouver : « Londres.. Et toi, tu viens de où ? »

Londres... Magnifique ville, vraiment, si ce n'est que quand il ne pleut pas... Il pleut. Comme toute capitale c'est animé jour et nuit ; bien que tu te sois rarement baladée après dix-neuf heures, on ne sait jamais qui se promène dans les rues à une heure si tardive (sachant que tu te couches à vingt heures trente, c'est tard, dix-neuf heures.) Tu as peut-être vécu autre part, mais tu ne t'en souviens pas.


Tu prends la main de Cale et l’entraînes vers la dame de l'accueil, elle te dira peut être quelle chambre tu as. Arrivé à destination, tu remarques que tu dépasses à peine le comptoir, et tu as beau te mettre sur la pointe des pieds, elle ne te remarques pas. Tu gesticules, t'agrippes comme tu peux au rebord, rien n'y fait, elle te calcule pas.
Soudain, une illumination ! Cale, c'est vrai, il est grand lui. Tu espères sincèrement qu'il t'aidera, parce que sinon t'es dans la merde. Qu'il parle à ta place, te porte, te pose sur le comptoir, qu'importe, qu'il t'aide, simplement.

Cale te soulève, tu sursautes, tu ne t'attendais pas à une pareille compréhension. Ce pourrait-il qu'entre blonds il y ait une certaine télépathie ? Tu secoues la tête, faut arrêter de penser à des conneries pareilles. Et arrêtes de penser tout court aussi, ton cerveau surchauffe là. Tu t'assieds sur le comptoir ; balance tes jambes dans le vide en souriant, le monde est petit vu d'en haut. Aussi petite sois-tu, tu as rarement ce genre d'occasion. Il demande à la vieille de l'accueil (vu de près on dirait une momie, brrr, y'a aussi des avantages à être petit, finalement...)

▬ ça serait pour savoir dans quelle chambre loge mademoiselle....... Il te regarde :  Mademoiselle... Je t'ai demandé ton nom ?"


Tu secoues la tête, réponds timidement «  Harmony... Harmony William Gray. » Ton deuxième prénom est masculin, ton premier prénom est original, et ton nom de famille tu ne sais pas d'où il vient. Mais ça, tu t'en fous, tu as deux prénoms, tu les dis. Avec Anastasia tu devais les dire quand tu te présentais aux grandes personnes de toute façon, donc c'est devenue une habitude. C'est comme le « merci maman de m'aimer tant » Je déconne pas, ma mère me le faisais dire ça., au début, tu pensais que c'était un mot, et tu le disais à chaque fois sans réfléchir ni comprendre. Bien tes prénoms c'est la même chose.
Elle farfouille dans son tiroir, une multitude de trésors en sortent. Tu les regardes avec des yeux d'enfant, des trésors, tu en avais plein. Des cailloux de couleur, des animaux en pâte à mâcher, des papiers de présentation de chocolat.. Ta boite à trésors en était remplie. La dame sort un paquet de papiers, vous regarde avec insistance. Elle fait peur, on dirait une sorcière. Tu te tais pour l'instant, mais agrippe à la main du jeune homme, on sait jamais, elle pourrait très bien te manger un truc comme ça...

▬ La demoiselle n'a pas encore de chambre. Elle peut poser ses affaire ici, ça prendra juste quelques heures.

Tu souris alors, saute du comptoir et atterris par terre avec une facilité déconcertante. Si on oublie le fait que tu ai manqué de t'étaler comme merde, mais ce n'est qu'un détail, puis tu tenais la main de Cale de toute façon.

Tu laisses tes affaires près de la dame, emmène le blond un peu plus loin. Tu tires sur sa main, le forçant à se baisser, te mets sur la pointe des pieds avant de glisser à son oreille :

-On dirait une sorcière la dame... Je serais pas obligée de revenir la voir, dis, dis ? Parce que là, j'suis sûre elle m'a rien fait parce que t'étais à côté et que comme t'es grand, fort et blond – Car avouons le, la blondeur en est sûrement pour beaucoup -, mais si je suis toute seule, elle va être méchante, j'en suis sûre...

Confessions faites, tu acceptes de le lâcher pour qu'il se relève. Tu sautilles un peu plus loin, te retournes, attendant visiblement qu'il se bouge, et demande alors :

-Oh... Et toi, c'est quoi ton prénom à toi ?